Alain Cavalier

[Boubakar]

René (2001)

Je ne connaissais pas le cinéma d'Alain Cavalier avant de voir ce film, et ça m'a touché, sans doute parce que je me suis reconnu dans cette histoire.
Cet homme de 155 kgs voit sa femme disparaitre sans raisons, mais pense que c'est à cause de son poids, d'où sa décision de faire un régime, que l'on va suivre grâce à la petite caméra DV du réalisateur, qui chope vraiment ce qu'il faut dans ce film assez libre.
Comme je l'ai déjà dit, le fait d'avoir suivi un régime (mais ça n'était pas aussi important que le personnage de René) fait que je comprenais le désarroi et la détresse de cet homme qui se demande attristé pourquoi sa femme l'a laissé tomber, voulant même se suicider. Mais il va décider de se battre pour essayer de la reconquérir, et on le voit souffrir dans cette quête de la perte de poids, jusqu'à ce qu'il perde trente kilos (la différence entre le début et la fin du film est assez frappante, il est vrai), et lui montrera que ce n'est pas forcément cette femme qu'il veut séduire à nouveau...
Le film a beau être assez court, il est parfois ponctué de quelques petites longueurs, mais ça n'empêche que ça reste très attachant.

[Nestor Almendros]

PATER (2011)

Alain Cavalier est un cinéaste atypique que je rapprocherais peut-être un peu de Godard. Leurs parcours se sont éloignés de "l'industrie" mais ils continuent leur bonhomme de chemin dans leur coin, en creusant le sillon de leur art, en cherchant d'autres possibilités de création, illustrant assez bien ce que sont un auteur et un artiste. C'est le premier film disons "expérimental" (ou plutôt de "de vidéaste") de Cavalier que je vois. C'est un objet unique qui participe à ses recherches rendues possibles par les progrès techniques (caméras que l'on peut utiliser soi-même à la maison) et ce support vidéo qui le fascine depuis des années (je crois me souvenir qu'il y avait déjà des bonus assez proches dans la forme sur le dvd de THERESE).
Toutes ces singularités m'ont fait appréhender PATER comme une sorte de récréation ludique et légère d'un jeune cinéaste de 80 ans. Il cherche, propose: à nous d'adhérer ou pas. J'avoue que sur la longueur l'exercice est peut-être un peu lassant car la structure informelle, l'absence de ligne, l'errance dans l'improvisation finissent par donner l'impression de temps morts (ou ce genre de choses) pour moi qui suis très accroché à la fiction. Pourtant il y a de très bons moments dans le film. Il y a beaucoup d'humour et certaines scènes sont troublantes. Cavalier joue avec la fiction et le réel d'une manière intéressante, laissant ces univers se téléscoper, se mélanger, se parler. J'avoue aussi que le choix de Vincent Lindon a tout me plaire: j'aime l'acteur et l'homme. Il y a de savoureux moments où l'homme se laisse aller dans des monologues surréalistes (la conversation avec le propriétaire de son immeuble) d'où ressortent souvent des réflexions justes ou intéressantes (lorsqu'il se rend compte qu'il pense comme son personnage et qu'il se demande pourquoi le vrai gouvernement ne lui demande pas son avis). Evidemment ceux qui le détestent auront du mal à supporter le film car c'est autant un exercice de style que parfois un quasi acte d'amour à cet acteur (le film est tellement "work in progress" que l'on s'en éloigne aussi parfois). Si c'est grâce à Lindon que l'on parle autant du film en ce moment (par rapport aux dernières réalisations de Cavalier, sorties plutôt confidentiellement) c'est tant mieux et cela permet à ce cinéaste pertinent et quelque part impertinent de sortir d'un petit palcard (qu'il doit certainement trouver confortable).

[ballantrae]

Je ne suis pas très tenté par ce Pater malgré les éloges lus ici et là: l'idée de voir , totalement libre et co auteur Lindon, ne me semble pas un argument suffisant pour le voir plutôt qu'un autre film.
Ces dernières années, je n'ai pu voir les films de Cavalier car trop confidentiels, trop peu diffusés. Le dernier en date, c'était Vies dont j'ai surtout retenu le segment Welles qui avait un côté documenteur ( style F for fakes donc très wellesien dans son propos du moins).
J'ai acquis le DVD de Thérèse chez arte vidéo: de la très belle ouvrage qui rend justice à un travail d'orfèvre que ce soit sur le plan plastique ou sonore. J'avais vu le film à sa sortie en 1986 et ce fut un vrai choc esthétique tant le propos était à rebours des options que prenait le cinéma français des 80' que ce soit pour le meilleur ( Mauvais sang) ou pour le pire ( 37,2 le matin).
En boni, le film de limosin sur Cavalier (Cavalier, sept chapitres, cinq jours, 2 pièces-cuisine) de la série cinéastes de notre temps ...à mon sens l'un des meilleurs de la série.Notons aussi, trois films de cvalier: Georges de la tour vraiment très intéressant, Lettre d'alain Cavalier et vingt ans après qui valent surtout pour leur captation de la voix si singulière de l'auteur. Le DVd est accompagné par un livret montrant le scénario avec découpage.
De Cavalier, j'aimerais beaucoup revoir Libera me qui m'avait fait une grosse impression à sa sortie par ses paris culottés et tenus de bout en bout avec en,core une fois un son et des choix plastiques renversants de beauté mais aussi Un étrange voyage que j'avais trouvé assez indéfinissable, proche par des moyens spécifiques, des errances des films de Delvaux (mais je me trompe peut-être tant le souvenir est lointain).Ses Portraits pour arte étaient des moments de grande TV: fragiles, émouvants, très tenus plastiquement ( un peu le sens de l'économie documentaire d'une Agnès Varda pour ses Daguerreotypes).

[Chrislynch]

Juste pour faire contrepoids à Nestor et essayer de vendre un peu le film, qui ne possède que 6 votes au moment où j'écris, dans le top 2011 chez Karras. Je remets ici ma petite note que j'avais mis là-bas :

Démonstration du cinéma « image de la réalité ». Un vieux sage du cinéma qui s’amuse et amuse avec son outil de toute une vie. Et tout ça, sans prétention, dans la plus grande simplicité et pour par un rond. Du cinéma qui refait le monde et qui rit de ce qu’il est en train de faire. Tout ça n'est en définitive qu'un jeu de rôle. Sous cette distance, à la fois de ton et de forme, Cavalier balance aussi toute l’intimité de son vécu et de sa pensée, mais avec délicatesse. Ses idées sur la France, la politique, l’homme ; il ne cherche pas à les imposer mais offre d’innombrables pistes de réflexion. En douceur, Cavalier se fait philosophe. Après ce film, pour moi, Cavalier définitivement un grand cinéaste.

[Roy Neary]

Aujourd'hui, DVDClassik met en ligne sa chronique de La Chamade, film d'Alain Cavalier qui repose essentiellement sur le charisme et la beauté insondable de Catherine Deneuve.
L'analyse du film est signé Phylute, grand admirateur du cinéaste qui signait ici un film classique bien éloigné de ses expérimentations formelles qu'on lui connait depuis 30 ans.

La Chamade

[Tancrède]

c'est complètement nul La chamade, le beau roman de Françoise Sagan a été terriblement affadi.

[Nomorereasons]

c'est complètement nul La chamade, le beau roman de Françoise Sagan a été terriblement affadi.

et soudain, c'est le drame...

[Tancrède]

c'est complètement nul La chamade, le beau roman de Françoise Sagan a été terriblement affadi.

et soudain, c'est le drame...

n'en déplaise à tes a priori débiles, Sagan c'est très bien (tout du moins les deux livres que j'ai lus). ça vaut mieux que Nimier par exemple.

[Nomorereasons]

et soudain, c'est le drame...

n'en déplaise à tes a priori débiles, Sagan c'est très bien (tout du moins les deux livres que j'ai lus). ça vaut mieux que Nimier par exemple.

Du calme! tu me rappelles ma petite soeur (en envisageant que j'en aie une)

[Jeremy Fox]

J'avais beaucoup d'à priori sur Françoise Sagan et du coup je ne l'ai découvert que cet été ; je suis immédiatement tombé amoureux de Bonjour Tristesse

[Nomorereasons]

J'avais beaucoup d'à priori sur Françoise Sagan et du coup je ne l'ai découvert que cet été ; je suis immédiatement tombé amoureux de Bonjour Tristesse

En fait j'ai bien aimé aussi Bonjour Tristesse.

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tout ça c'était pour voir si Tancrède est toujours le Le Pen de dvdclassik

[ballantrae]

Tu y vas fort non?
A part cela , La chamade vaut largement le roman...Sagan n'est ni aussi mauvaise ni aussi merveilleuse ( "la petite musique" ) qu'on le dit!
Pas vraiment une classique à la Gracq, pas vraiment une moderne comparable à Simon, Sarraute,Duras: elle se trouve dans un entre deux un peu difficile à définir qui pourrait la rapprocher de la posture d'un Truman Capote ( période Tiffany) si celui ci n'avait rebattu les cartes avec In cold blood.

[Tancrède]

non, le roman est mieux parce qu'il est moins conventionnel et simplificateur que le film.

[Phnom&Penh]

pas vraiment une moderne comparable à Simon, Sarraute,Duras: elle se trouve dans un entre deux un peu difficile à définir qui pourrait la rapprocher de la posture d'un Truman Capote ( période Tiffany) si celui ci n'avait rebattu les cartes avec In cold blood.

Sagan, elle, avait l'élégance, le style, l'intelligence, la finesse, l'autodérision et la discrétion (ben oui). Ces qualités humaines, qui sont la matrice de son oeuvre, valent bien certains modernistes qui sentent souvent la posture.

Pour Capote, l'importance littéraire peut être comparée, à condition de ne pas faire de rapprochement psychologique entre les deux auteurs. Ce serait trop facile.

[ballantrae]

Je ne parlais que d'écriture, de stylistique,, de thématiques, de registres pour le mot "posture": Capote a le même culte de l'élégance et de la légèreté.
La psychologie ne m'intéresse que médiocrement pour jauger une oeuvre.
Sagan me semble tout de même moins importante que les auteurs cités plus haut ce qui n'en fait pas un écrivain médiocre mais un bon artisan de l'écriture.
Le film de Cavalier est tout de même élégant et racé même si ce n'est pas son meilleur et le roman est bien sans être exceptionnel: c'est certes meilleur que du Nimier mais question élégance de la langue ce n'est pas comparable à Gracq, Yourcenar,Ramuz: elle sait écrire et sait séduire mais cela relève de certainbes facilités qui pour ce roman ne sont pas encore des tics...
c'est comme Capote qui me semble agréable, séduisant mais pas comparable à Dos Passos, Steinbeck sans parler de Faulkner!
Mais bon, ce n'est pas un topic Sagan!!!