Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Eusebio Cafarelli
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Message par Eusebio Cafarelli »

Roy Neary a écrit : Quand on tourne en NB, on éclaire en conséquence, on choisit des types d'émulsions en conséquence, on traite les décors et les costumes en conséquence, on étalonne en conséquence. Et c'est la même chose pour la couleur évidemment.
Les directeurs photo sont des artistes qui ont la main mise sur tous ces éléments (et plusieurs des directeurs photo de l'âge d'or de Hollywood étaient de très grands maîtres de la lumière, des artistes de très haute volée). Ainsi, virer les couleurs d'une image NB finement travaillée est non seulement une atteinte à une création artistique, mais aussi une atteinte plutôt appréciable de la qualité de l'image elle-même. :wink:
Il n'est qu'à regarder les bonus de Mark Dickson détective pour s'en convaincre.
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Eusebio Cafarelli
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Message par Eusebio Cafarelli »

Commissaire Juve a écrit :Non, absolument pas. :) Et je le répète, je ne l'ai sans doute jamais vu en entier en couleur ! (beurk !)

En noir & blanc, c'est très beau. Pareil pour Le ciel peut attendre.

Moi, Gene Tierney, je préfère la voir en Noir & Blanc. Hé, c'est mon choix ! :lol:
Encore un triste exemple des violences policières :wink: :lol:
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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

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Mais je comprends tout... mais oui...

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Allez, donnez-moi vos masques ! Et que ça saute !

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Message par dortmunder »

PECHE MORTEL (John M STAHL) 1946

Mélodrame noir.... tourné dans un superbe technicolor. Esthétique proche de Douglas SIRK.
Idylle de carte postale (jeunes beaux et riches), évoluant insidieusement vers la folie et le drame.
Script solide, belle photographie et excellente distribution.
Gene TIERNEY campe à la perfection la folie et la jalousie machiavélique (elle n'a que 26 ans l'année du tournage !), et beaucoup de plaisir à revoir Cornel WILDE (l'inspecteur DIAMOND d' Association Criminelle de Joseph H LEWIS), en mari dépassé par les évenements. Tous 2 bien épaulés par la fraicheur de Jeanne CRAIN et l'ensemble du casting.
Seule l'écriture du procès semble baclée et manque de crédibilité par rapport à l'ensemble, avec un procureur trop vindicatif et des interrogatoires vites expédiés.
Tu peux la secouer tant que tu veux, la dernière goutte est toujours pour le pantalon. Vieux proverbe
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Phnom&Penh
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Re: Péché Mortel

Message par Phnom&Penh »

C’est amusant de déterrer de vieux topics, on retrouve de sympathiques disputes :)


Nombreux spoilers !
Le personnage d’Ellen Berent est-il donc si scandaleux, si noir, pour qu’on la qualifie toujours de névrosée psychopathe, dont on découvre peu à peu la vraie nature au cours du film ? J'ai toujours trouvé qu'on noircissait beaucoup ce personnage que je vois plus en amoureuse incomprise qu'en monstre froid et névrosé.

Quand elle rencontre Richard Harland dans un train, ce dernier est un séduisant écrivain, ayant visiblement assez de succès pour être connu et qu’on imagine volontiers libre et sans attaches.
Ellen Berent, elle, est une belle jeune femme fiancée à Russel Quinton, un ambitieux juriste qui brigue la place de procureur et, lors de la rupture des fiançailles initiée par Ellen, lui fera comprendre que sa femme passerait après sa campagne et ses ambitions. Un procureur qui lui signifie clairement qu’il cherchera à se venger et qui, à la fin du film, brigue déjà la fonction de gouverneur.

Leave her in Heaven commence dans les paysages fordiens du Nouveau Mexique. On peut y voir une allusion au Far-West, cet espace de liberté dans lequel Ellen chevauche en répandant les cendres de son père tant aimé.

Les espoirs de liberté d’Ellen se brisent lorsque le médecin de Danny, le frère handicapé de Richard, se scandalise quand Ellen lui demande de ne pas insister pour que Danny s’installe avec le couple, dans la maison des Rocheuses au bord d’un lac.
Dans cette maison, Ellen s’approche un matin de son mari endormi pour le réveiller doucement. La voix joyeuse de Danny leur parvient alors, d’un porte-voix installé à la tête du lit de son mari.

Lors de la fameuse scène de la barque sur le lac, Ellen chaussera ses lunettes noires, et décidera de s’affranchir des lois du monde. Non pas tant quand Danny refuse d’aller vivre avec les Berent, mais après que Danny ait ingénument indiqué qu’il comptait bien passer sa vie entre Richard et Ellen.

Un Richard bien faible de caractère qui comprend que Danny a été tué par sa femme, qui se tait et qui, sans lui en parler, invite la mère et la sœur d’Ellen à vivre quelque temps avec eux. Mme Berent juge sa fille avec acrimonie et si Ellen est un personnage jaloux, sa mère n’appréciait guère les relations privilégiées de son mari avec sa fille et en garde une aigreur certaine. La mièvre et si conforme Ruth Berent, elle, ne cache pas son intérêt pour son beau-frère.

Mme Berent suggère lourdement à sa fille d’avoir un enfant pour mieux s’attacher son mari. Richard prendra bien soin de sa femme qui se retrouve clouée au lit par la grossesse, et, entre temps, il se rapproche encore un peu plus de Ruth.

Après l’avortement provoqué, nous changeons à nouveau de cadre. Mais la mer qui borde la maison sur le Pacifique n’est pas symbole de liberté retrouvée mais de mort. Toujours aussi entourée, Ellen est condamnée moralement par ses proches. Condamnée sans espoir puisque qu’elle n’est plus qu’un obstacle qu’on évite et qu’on craint. Elle choisit la mort mais cherche à se venger d’une manière qui n’est pas dérisoire puisque Ruth se retrouve à deux doigts d’être condamnée du meurtre de sa sœur.
Heureusement, la condamnation finale portera sur elle, la morale aura le dessus et, malgré une légère punition pour Richard, les deux personnages les plus mièvres du film pourront se marier et tenter d’oublier cette sorcière d’Ellen.

J’éprouve de la sympathie pour le personnage d’Ellen Berent, plus fait pour le Far West de son père que pour l’American Way of Life. Quitte à être une garce, elle aurait au moins mérité une mort à la Duel au Soleil plutôt qu’un huis clos aux parois en papier à cigarette. Leave Her in Heaven est décidément un plus beau titre que Péché Mortel.

Une critique de Péché Mortel par Gérard Courant, cinéaste indépendant, acteur et écrivain de cinéma. Je ne connaissais pas cette personne et j’ai découvert son site avec intérêt.

Péché Mortel par Gérard Courant
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

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Cathy
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par Cathy »

Je reposte ici ma critique sur Péché Mortel, cela évitera à Nestor de le faire :fiou: !

Leave her to Heaven - Pêché Mortel - Stahl

Un auteur à la mode épouse une jeune femme rencontrée dans un train. Celle-ci se montre rapidement égoïste et bizarre.

Stahl plus connu pour ses grands mélodrames dont les remakes furent souvent signés par Douglas Sirk signe ici la réalisation d'un film noir, même si nous sommes ici en présence d'un technicolor flamboyant (à noter que le DVD présente le même défaut que certaines anciennes VHS, à savoir une bande "rosatre" sur l'extrémité droite de l'écran). Gene Tierney est ici loin des femmes douces, belles et victimes qu'elle a souvent incarnées, au contraire elle est la garce intégrale, jalouse maladivement avec son visage d'ange et ses pensées si horribles. Il est intéressant de voir le caractère psychologique de cette jeune femme qui n'est pas loin d'évoquer une forme d'inceste, son mari lui rappelle son père décédé récemment et qu'elle aimait plus que tout. Gene Tierney est absolument magnifque dans ce film avec ce rôle d'ange maudit et manipulateur.
Cornel Wilde est parfait en mari dépassé par les évènements et faible. Son seul moment de force lui devra la prison (ce n'est un spoiler - vu que le film est en flash back et qu'on sait dès le début qu'il sort de deux ans de prison). Jeanne Crain est charmante et tout à fait crédible en cousine et "soeur" de cette héroïne si sombre. Un très beau film au suspense bien mené et qui malgré les re-visions ne s'altère pas avec le temps. Vincent Price est parfait en fiancé délaissé et procureur haineux. Stahl a sans doute privilégié le côté mélodramatique au côté film noir notamment lors du procès, mais cela donne plus de force aux aveux du mari. La photographie est assez superbe notamment celle de Back the Moon et ce lac à la fois beau et inquiétant. La musique de Max Steiner amplifie d'ailleurs ce sentiment d'oppression qui surgit régulièrement.
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par Wagner »

Je ne pense pas que le meurtre gratuit caractérise le monstre, serial killer qui n'avait rien à reprocher à ses victimes. Le fait qu'on puisse comprendre la motivation d'Ellen n'enlève rien à sa folie, d'autant plus dangereuse qu'elle est quelque part raisonnée, calculée et revendiquée.
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par Miss Nobody »

Péché mortel

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Je vais me faire taper sur les doigts...

...Pourtant c'est avec beaucoup de bonne volonté que je lui ai redonné une chance, mais "Péché Mortel" est un film qui, définitivement, m'ennuie. A vrai dire, il se trouve que je n'aime pas Gene Tierney. Or Gene Tierney est le film: la moitié des plans consiste en une exhibition de ses yeux de chats réhaussés par des faux-cils interminables, ou de sa petite bouche trop rouge qui, parfois, laisse apparaître des quenottes éclatantes. Mais rien à faire, même dans le Technicolor le plus flamboyant, je suis totalement insensible au charme lisse de Gene; je trouve même (sans mauvaise foi, aucune) son sourire assez effrayant et son jeu d'actrice plutôt piètre.
Malheureusement, j'ai bien l'impression que, pour peu qu'on échappe à l'emprise de sa beauté, il ne nous reste pas grand chose dans ce film auquel se raccrocher. Son partenaire, Cornel Wilde, par exemple, hérite d'un personnage fade qu'il incarne d'ailleurs de manière tout à fait inexpressive. Difficile d'imaginer que ce terne écrivaillon puisse être l'objet d'une passion dévorante. Et c'est pourtant ce que veux nous faire croire le scénario, mélodrame de facture assez classique qui débute par un flash-back totalement surfait (introduit en substance comme ceci: « Vous voyez cet homme là-bas? Je vais vous raconter son histoire, tout en sirotant mon café... Garçon, s'il vous plait! ». Ouille). Suivent quarante minutes d'une romance à peu près banale où sont semés quelques indices du désenchantement à venir. Le mariage conclu trop vite se délitera évidemment. La belle princesse, inadaptée socialement, possessive et narcissique, va se mouvoir en plante vénéneuse. Malgré une amorce pénible, on ose alors espérer que le film va se changer en un thriller glaçant, écorchant comme il se doit l'American Way of Life. Sauf que non: aucune atmosphère ne nous enveloppera jamais et le suspense restera quasi-nul, malgré deux pics dramatiques qui avaient du potentiel (la noyade de Danny et la chute provoquée dans les escaliers). Le film s'achèvera même, comble de l'agacement, par un procès assez grotesque et un happy-end mielleux.

Non, définitivement, à mon goût « Péché Mortel » n'est pas ce qu'il aurait pu être, c'est à dire un film noir à la frontière des genres, perturbant et envoûtant. La seule chose que j'en retiendrais pour mes annales personnelles est cette magnifique photographie Sirkienne: un Technicolor flamboyant, presque aveuglant, qui renforce toute l'imagerie du mélo hollywoodien (les excès de maquillage,la garde-robe minutieusement repassée, les intérieurs riches et proprets) et qui donne au film, faute d'autre chose, une charmante odeur de naphtaline.

5,5/10
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par riqueuniee »

J'aime bien Gene Tierney, mais je ne suis pas trop fan du film non plus. A cause du scenario, plus que de l'interprétation. On ne sent pas vraiment ce qui aurait dû être le corps de l'histoire : une femme qui ne s'adapte pas à sa nouvelle famille (qui, je trouve, ne lui facilite pas forcément les choses) , qui éprouve un amour exclusif, et qui sombre dans la folie criminelle.
Sur un thème pas très éloigné, je préfère Un si doux visage avec Jean Simmons.
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Watkinssien
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par Watkinssien »

Dommage, pour moi ce film est une merveille ! :?
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par Cathy »

Watkinssien a écrit :Dommage, pour moi ce film est une merveille ! :?
Entièrement d'accord, un grand choc quand je l'avais découvert, et la peur d'être déçue en le revoyant, mais qui fut vite écartée, car j'ai été de nouveau très mais très emballée ! Maintenant il est vrai que Gene Tierney est le centre du film et si on n'aime pas l'actrice, c'est plus difficile d'accrocher !
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par Watkinssien »

Idem... J'ai découvert le film il y a quelques mois (il a, si mes souvenirs sont bons, été même un film du mois).

J'ai été saisi par la beauté de la mise en scène, son travail remarquable sur les couleurs, ce lyrisme qui appartient bien à Stahl.

Et puis, j'ai de la chance de ce côté-là, j'adore Gene Tierney, sa présence fonctionne de manière magnétique sur mes yeux de cinéphile.

En revanche, sa beauté ne m'empêche absolument pas de savourer les réelles qualités cinématographiques de ce drame romanesque...
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Re: Péché Mortel

Message par riqueuniee »

Phnom&Penh a écrit :C’est amusant de déterrer de vieux topics, on retrouve de sympathiques disputes :)


Nombreux spoilers !
Le personnage d’Ellen Berent est-il donc si scandaleux, si noir, pour qu’on la qualifie toujours de névrosée psychopathe, dont on découvre peu à peu la vraie nature au cours du film ? J'ai toujours trouvé qu'on noircissait beaucoup ce personnage que je vois plus en amoureuse incomprise qu'en monstre froid et névrosé.

Quand elle rencontre Richard Harland dans un train, ce dernier est un séduisant écrivain, ayant visiblement assez de succès pour être connu et qu’on imagine volontiers libre et sans attaches.
Ellen Berent, elle, est une belle jeune femme fiancée à Russel Quinton, un ambitieux juriste qui brigue la place de procureur et, lors de la rupture des fiançailles initiée par Ellen, lui fera comprendre que sa femme passerait après sa campagne et ses ambitions. Un procureur qui lui signifie clairement qu’il cherchera à se venger et qui, à la fin du film, brigue déjà la fonction de gouverneur.

Leave her in Heaven commence dans les paysages fordiens du Nouveau Mexique. On peut y voir une allusion au Far-West, cet espace de liberté dans lequel Ellen chevauche en répandant les cendres de son père tant aimé.

Les espoirs de liberté d’Ellen se brisent lorsque le médecin de Danny, le frère handicapé de Richard, se scandalise quand Ellen lui demande de ne pas insister pour que Danny s’installe avec le couple, dans la maison des Rocheuses au bord d’un lac.
Dans cette maison, Ellen s’approche un matin de son mari endormi pour le réveiller doucement. La voix joyeuse de Danny leur parvient alors, d’un porte-voix installé à la tête du lit de son mari.

Lors de la fameuse scène de la barque sur le lac, Ellen chaussera ses lunettes noires, et décidera de s’affranchir des lois du monde. Non pas tant quand Danny refuse d’aller vivre avec les Berent, mais après que Danny ait ingénument indiqué qu’il comptait bien passer sa vie entre Richard et Ellen.

Un Richard bien faible de caractère qui comprend que Danny a été tué par sa femme, qui se tait et qui, sans lui en parler, invite la mère et la sœur d’Ellen à vivre quelque temps avec eux. Mme Berent juge sa fille avec acrimonie et si Ellen est un personnage jaloux, sa mère n’appréciait guère les relations privilégiées de son mari avec sa fille et en garde une aigreur certaine. La mièvre et si conforme Ruth Berent, elle, ne cache pas son intérêt pour son beau-frère.

Mme Berent suggère lourdement à sa fille d’avoir un enfant pour mieux s’attacher son mari. Richard prendra bien soin de sa femme qui se retrouve clouée au lit par la grossesse, et, entre temps, il se rapproche encore un peu plus de Ruth.

Après l’avortement provoqué, nous changeons à nouveau de cadre. Mais la mer qui borde la maison sur le Pacifique n’est pas symbole de liberté retrouvée mais de mort. Toujours aussi entourée, Ellen est condamnée moralement par ses proches. Condamnée sans espoir puisque qu’elle n’est plus qu’un obstacle qu’on évite et qu’on craint. Elle choisit la mort mais cherche à se venger d’une manière qui n’est pas dérisoire puisque Ruth se retrouve à deux doigts d’être condamnée du meurtre de sa sœur.
Heureusement, la condamnation finale portera sur elle, la morale aura le dessus et, malgré une légère punition pour Richard, les deux personnages les plus mièvres du film pourront se marier et tenter d’oublier cette sorcière d’Ellen.

J’éprouve de la sympathie pour le personnage d’Ellen Berent, plus fait pour le Far West de son père que pour l’American Way of Life. Quitte à être une garce, elle aurait au moins mérité une mort à la Duel au Soleil plutôt qu’un huis clos aux parois en papier à cigarette. Leave Her in Heaven est décidément un plus beau titre que Péché Mortel.
J'avais "zappé" cette anaylse du film. Elle rejoint (en ce qui concerne le personnage d'Ellen) ce que j'en pense. La 'gentille" famille ne me le semble pas tant que ça, elle est même plutôt étouffante. Pas étonnant que Ellen (sans doute déjà psychologiquement très fragile) bascule ainsi. Une fin à la Duel au soleil aurait en effet mieux convenu au personnage.
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Demi-Lune
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par Demi-Lune »

Miss Nobody a écrit :Péché mortel

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Je vais me faire taper sur les doigts...

...Pourtant c'est avec beaucoup de bonne volonté que je lui ai redonné une chance, mais "Péché Mortel" est un film qui, définitivement, m'ennuie. A vrai dire, il se trouve que je n'aime pas Gene Tierney. Or Gene Tierney est le film: la moitié des plans consiste en une exhibition de ses yeux de chats réhaussés par des faux-cils interminables, ou de sa petite bouche trop rouge qui, parfois, laisse apparaître des quenottes éclatantes. Mais rien à faire, même dans le Technicolor le plus flamboyant, je suis totalement insensible au charme lisse de Gene; je trouve même (sans mauvaise foi, aucune) son sourire assez effrayant et son jeu d'actrice plutôt piètre.
Malheureusement, j'ai bien l'impression que, pour peu qu'on échappe à l'emprise de sa beauté, il ne nous reste pas grand chose dans ce film auquel se raccrocher. Son partenaire, Cornel Wilde, par exemple, hérite d'un personnage fade qu'il incarne d'ailleurs de manière tout à fait inexpressive. Difficile d'imaginer que ce terne écrivaillon puisse être l'objet d'une passion dévorante. Et c'est pourtant ce que veux nous faire croire le scénario, mélodrame de facture assez classique qui débute par un flash-back totalement surfait (introduit en substance comme ceci: « Vous voyez cet homme là-bas? Je vais vous raconter son histoire, tout en sirotant mon café... Garçon, s'il vous plait! ». Ouille). Suivent quarante minutes d'une romance à peu près banale où sont semés quelques indices du désenchantement à venir. Le mariage conclu trop vite se délitera évidemment. La belle princesse, inadaptée socialement, possessive et narcissique, va se mouvoir en plante vénéneuse. Malgré une amorce pénible, on ose alors espérer que le film va se changer en un thriller glaçant, écorchant comme il se doit l'American Way of Life. Sauf que non: aucune atmosphère ne nous enveloppera jamais et le suspense restera quasi-nul, malgré deux pics dramatiques qui avaient du potentiel (la noyade de Danny et la chute provoquée dans les escaliers). Le film s'achèvera même, comble de l'agacement, par un procès assez grotesque et un happy-end mielleux.

Non, définitivement, à mon goût « Péché Mortel » n'est pas ce qu'il aurait pu être, c'est à dire un film noir à la frontière des genres, perturbant et envoûtant. La seule chose que j'en retiendrais pour mes annales personnelles est cette magnifique photographie Sirkienne: un Technicolor flamboyant, presque aveuglant, qui renforce toute l'imagerie du mélo hollywoodien (les excès de maquillage,la garde-robe minutieusement repassée, les intérieurs riches et proprets) et qui donne au film, faute d'autre chose, une charmante odeur de naphtaline.
Je me retrouve absolument dans tous les points soulevés par ton commentaire, Miss, à la virgule près : insensibilité face à la beauté de Gene Tierney qui est la raison d'être du film, inconsistance falote de Cornell Wilde lequel campe un personnage dont on s'étonne bien qu'il suscite une telle passion - passion d'ailleurs amenée au terme d'une romance elle-même expédiée et pas du tout crédible... La psychologie des personnages est caricaturale, tandis que l'écriture scénaristique se montre peu subtile et échoue à intéresser (que ce soit la possessivité maladive, le mode de vie de cette époque, ou le tournant "thriller" emprunté au bout d'une heure : rien ne satisfait vraiment). Tout cela est bien balourd à mon goût et seules quelques scènes éparses (la rencontre dans le train, la noyade) convainquent dans leur traitement, laissant momentanément dévoiler une atmosphère empoisonnée qui aurait dû être la sève intégrale de cette œuvre. Déception, donc, que ne contrebalance pas tout à fait l'incontestable prestige formel et la classe de l'habillement, bien que le dvd ne leur rende pas toujours justice.
Lord Henry
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Re: Péché Mortel (John M. Stahl - 1945)

Message par Lord Henry »

Grand souvenir d'avoir découvert ce film à l'occasion du ressortie en salle, il y a plus d'une dizaine d'années.
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