Notez les films naphtas - Septembre 2011

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Profondo Rosso
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Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Profondo Rosso »

Sang et or de Robert Rossen (1947)

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A la veille d'un match truqué, le boxeur Charlie Davis est assailli par le souvenir d'un certain "Ben". Troublé, il se rend chez sa mère qui le repousse puis visite une chanteuse de cabaret. Dans le vestiaire, toujours sous le choc, il tente de recouvrer ses esprits et repasse en revue sa carrière.

Body and Soul est un des films manifeste d'une nouvelle génération d'artiste à Hollywood qui par leurs ancrage ethnique et social (John Garfield une fois la notoriété venue systématiquement associé à un personnage juif de basse extraction) et leur expérience de la crise des années ainsi que leur sensibilité de gauche orienteront leurs films dans une direction plus ouvertement politisée et engagée que leur prédécesseur. Cette vague sera bientôt brisée par le Maccarthysme mais donnera néanmoins quelque grands films. On retrouve ici deux futurs blacklistés avec Abraham Polonski (qui passera à la mise en scène suite au succès du film) au scénario et l'acteur emblème du mouvement John Garfield. L'authenticité des milieux prolétaire dépeint, le récit en forme de déchéance et de rédemption et la dimension morale anticipe grandement le Raging Bull de Scorsese (qui a toujours relevé l'influence de Polonski sur son travail) même si Sang et Or est néanmoins typique de son époque avec sa structure en flashback et la photo James Wong Howe lorgnant sur le film noir. On peut également penser à Rocky (le final qui rappelle beaucoup celui du premier volet) puisque malgré la noirceur on est plus proche de la bienveillance du film d’Avildsen que du nihilisme désespéré de Scorsese.

L'histoire dépeint donc l'ascension et la chute de Charlie Davis (John Garfield), gamin du cru qui ne voit que ses poings comme échappatoire à sa condition. John Garfield transpire l'authenticité en jeune loup qui en veut et l'empathie est immédiate à travers les différents drames traversés, les difficultés à joindre les deux bouts et l'environnement hostile parfaitement saisi par la caméra de Rossen. La personnalité farouche de Charlie sera aussi positive dans sa rage pour gravir les échelons et brise ses adversaire sur le ring que négative lorsque grisé par l'argent et les tentations diverses il ne saura écouter ses proches (excellente et touchante Lili Palmer en fiancée déçue, tout comme Anne Revere en mère clairvoyante) lorsqu'ils l'avertiront des liaisons dangereuses qu'il entretient désormais. Le film est ainsi très sombre dans sa description des basses manœuvres de la pègre pour qui les boxeurs ne sont que de la chair à canon sacrifiée sur l'autel des paris clandestin, ce dont Charlie profitera malgré lui et sera la victime également. Surnommé le "Gabin du Bronx" à ses débuts, on peut dire que Garfield mais Polonski aussi entretient l'analogie avec la France tant le final positif et rédempteur peut faire penser à ceux qu'on trouvait dans le cinéma du Front Populaire où malgré les obstacles et la noirceur l'espoir et venait à bout de tous les obstacles. C'est donc également le cas ici avec un époustouflant et long combat final (tous les autres auront été volontairement elliptique car sans enjeux pour nous préparer à celui-ci) où la réalisation tout en mouvement de Rossen, l'engagement physique de Garfield et le crescendo dramatique intense le voit enfin retrouver son honneur et vaincre ses démons. Une superbe conclusion, rageuse et poignante.
Lord Henry
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Lord Henry »

Des Frissons sur la Peau (1973) - Jess Franco

Inquiet de la santé mentale de son épouse Barbara, Gordon Douglas demande à son ami le psychanalyste Michel Dreville de venir l'examiner. Celui-ci, qui fut autrefois l'amant de la jeune femme, se présente le jour même où elle disparaît mystérieusement. Le rejet par la mer d'un cadavre féminin défiguré va conduire Michel à mener sa propre enquête.

Sous un titre respectable mais néanmoins aguicheur, Des Frissons sur la Peau cache la version habillée du plus suggestif Tendre et Perverse Emmanuelle que Jess Franco signa en 1972 – apparemment quelques plans "hardcore" ont échoué dans la corbeille de la salle de montage.   Seule une comparaison entre les deux permettrait de déterminer si la nature du film s'en trouve significativement altérée. En l'état, peut-on avancer que cet accès de pudeur donne le premier rôle aux ingrédients policiers de l'intrigue et fait glisser l'ensemble dans un registre plus traditionnel. Néanmoins, Jess Franco a construit son histoire sur un jeu apparent de paradoxes dont l'assemblage dessine en creux l'insaisissable vérité de son héroïne. Avant toute chose, Barbara se définit comme une absence ; physiquement, elle disparaît au début du film et d'un point de vue existentiel, un sentiment de vacuité, une douloureuse absence à elle-même, va présider à ses choix hasardeux. Mais cette absence la place précisément au cœur des événements, fantasme obsessionnel dont chaque protagoniste s'empare et qui décide de leurs actes. Le mystère de sa disparition renvoie à son énigme intime et la résolution de l'un semble conditionnée par l'élucidation de l'autre.
Cet effacement du récit la condamne à n'exister qu'au discours indirect. Âme perdue en quête de son reflet envolé du miroir, elle se voit une nouvelle fois spoliée de son identité, désormais livrée aux seuls témoignages et souvenirs de ceux qui l'ont croisée. Une passivité narrative, métaphore subliminale d'un destin prisonnier du regard d'autrui, dont la traduction littérale et l'issue logique prendra la forme de la captivité, incarcération conjugale sans remise de peine.
Chez Franco, la libération passe par le sexe. Si le sexe peut être aliénation au désir masculin, il offre aussi à la femme la possibilité d'asseoir son pouvoir sur ce même désir, de renverser un rapport de domination, voire de se passer des hommes.

Contrairement aux idées reçues, le metteur en scène ibère soigne la manière – mais il l'a toujours fait pour peu qu'il en eût l'envie ou les moyens, au point que sa réalisation en paraîtrait étrangement sage. Peintre-cinéaste, il range son travail sous des dominantes de bleu et de rouge, mais l'artiste sait aussi user à bon escient de l'ironie. Une esthétique de roman-photo nappe les émois de son héroïne, dérision vaporeuse des abandons bourgeois , et Jess Franco aime à rappeler la tradition du mélodrame hollywoodien ; l'épilogue, déclamatoire et enfiévré, n'est pas plus ridicule qu'une scène tirée d'un film de Douglas Sirk . Son utilisation du zoom, cheval de bataille de ses détracteurs, échappant en apparence à tout impératif dramatique, jette le trouble sur des scènes que l'on croirait anodines. Le spectateur, en éveil devant cet arbitraire trompeur, est gagné par le sentiment que la surface des choses bruisse d'un envers énigmatique et inquiétant. Par ailleurs, le public des cinéphiles s'amusera du clin d’œil que lui a destiné le réalisateur en nommant l'un des inspecteurs chargés de l'enquête, Siodmak.
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Flavia
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Flavia »

Les deux cavaliers (Two Rode Together) - John Ford (1961)

Le shérif Guthrie McCabe (James Stewart) boit tranquillement une bière sur la terrasse de sa maison quand il voit arriver un groupe de cavaliers dirigé par un vieil ami, le lieutenant Jim Gary (Richard Widmark). Sur ordre du commandant Frazer, ils doivent récupérer des prisonniers blancs capturés par les Commanches durant les dix dernières années.

Nous sommes loin d'une vision idéaliste de l’Amérique et de la conquête de l’Ouest, le shérif Guthrie McCabe est ici alcoolique et corrompu, alors qu'un shérif représente l’ordre et la droiture. A l'inverse, le lieutenant Jim Gary est un homme intègre, mais cela n'empêche pas une sincère amitié entre les deux hommes, montrée dès le début du film lors d'une discussion entre eux au bord de la rivière. Le film prend son temps, instaure une ambiance, d’abord chaleureuse, puis devient inquiétante au fur et à mesure de son déroulement.

Ce film est d'une profonde humanité, et les deux comédiens principaux, James Stewart, en anti-héros est génial, son personnage de shérif corrompu est lucide, Il ne se fait aucune illusion sur la nature humaine et Richard Widmark, impeccable, est l’incarnation de l’héroïsme militaire.

Très bonne surprise.
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Rick Blaine
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Rick Blaine »

:D

Un John Ford parfois considéré comme mineur mais que j'adore!
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Flavia
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Flavia »

Rick Blaine a écrit ::D

Un John Ford parfois considéré comme mineur mais que j'adore!
Si tous les films ''mineurs" étaient du même acabit, je suis partante :)
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Jeremy Fox
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit ::D

Un John Ford parfois considéré comme mineur mais que j'adore!
Certains même le trouvent très mauvais mais ils lui redonneront certainement une seconde chance :fiou: :oops:
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Flavia
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Flavia »

Jeremy Fox a écrit :
Rick Blaine a écrit ::D

Un John Ford parfois considéré comme mineur mais que j'adore!
Certains même le trouvent très mauvais mais ils lui redonneront certainement une seconde chance :fiou: :oops:
A ce point :o
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Rick Blaine a écrit ::D

Un John Ford parfois considéré comme mineur mais que j'adore!
Certains même le trouvent très mauvais mais ils lui redonneront certainement une seconde chance :fiou: :oops:
:D C'est intéressant, et je l'avais noté, nous considérons tous les deux Ford comme un réalisateur majeur, mais notre hiérarchie de ses films diffère pas mal. :wink:

Pour revenir au film, soyons honnête, la plupart des spécialiste du réalisateur le trouvent mauvais. On peut le considérer lent et poussif, j'imagine que ces défauts existent, mais je ne les ressens pas, je trouve un charme fou à ce film et à ces personnages.
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Jeremy Fox
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Jeremy Fox »

Autant j'adore Les Cavaliers (The Horse Soldiers), considéré souvent lui aussi comme très mineur, autant Les deux cavaliers m'est resté en travers de la gorge

Lisez plutôt :oops:
Sommet de 'j'menfoutisme' cinématographique indigne de John Ford et de n'importe qui d'autre d'ailleurs. Et ceci à tous les niveaux. Scénario indigent (Frank Nugent quand même :shock:), mise en scène absente et (ou ) paresseuse, musique nullissime (George Duning quand même :shock:) , scènes d'actions qu'on dirait sortie d'une série Z. Même sur la direction d'acteur (James Stewart quand même :shock: ), Ford a abdiqué si l'on excepte Widmark qui se sort plutôt bien de ce gâchis.

On savait Ford capable du pire en étant ultra-formaliste (Dieu est mort) ; malheureusement il est aussi capable du pire quand il réalise son film en ayant l'air de s'en fiche comme d'une guigne.

Je sais que Ford peut être nonchalant (Wagonmaster, chef d'oeuvre à mes yeux) mais je ne vois aucune nonchalance ici ; plutôt de la paresse. Je me trompe peut-être mais c'est mon ressenti devant cette immense déception.
Impatient de le revoir car je n'arrive même pas à croire ce que j'ai écrit :mrgreen:
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Rick Blaine
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Rick Blaine »

Ah oui d'accord... :mrgreen:

Il part de loin quand même, j'ai bien peur que tu ais du mal à le sauver à la revision. :D Mais il faut le tenter quand même!
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hellrick
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par hellrick »

J'avais beaucoup aimé également, en particuliers les dialogues souvent assez savoureux :wink:
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cinephage
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par cinephage »

Jeremy Fox a écrit :Autant j'adore Les Cavaliers (The Horse Soldiers), considéré souvent lui aussi comme très mineur, autant Les deux cavaliers m'est resté en travers de la gorge

Lisez plutôt :oops:
Sommet de 'j'menfoutisme' cinématographique indigne de John Ford et de n'importe qui d'autre d'ailleurs. Et ceci à tous les niveaux. Scénario indigent (Frank Nugent quand même :shock:), mise en scène absente et (ou ) paresseuse, musique nullissime (George Duning quand même :shock:) , scènes d'actions qu'on dirait sortie d'une série Z. Même sur la direction d'acteur (James Stewart quand même :shock: ), Ford a abdiqué si l'on excepte Widmark qui se sort plutôt bien de ce gâchis.

On savait Ford capable du pire en étant ultra-formaliste (Dieu est mort) ; malheureusement il est aussi capable du pire quand il réalise son film en ayant l'air de s'en fiche comme d'une guigne.

Je sais que Ford peut être nonchalant (Wagonmaster, chef d'oeuvre à mes yeux) mais je ne vois aucune nonchalance ici ; plutôt de la paresse. Je me trompe peut-être mais c'est mon ressenti devant cette immense déception.
Impatient de le revoir car je n'arrive même pas à croire ce que j'ai écrit :mrgreen:
Je suis en effet très surpris par cet avis : car s'il y a nonchalance ici, c'est celle du plaisir de retrouver des acteurs de talent, de tourner en extérieur pour ce qui risque d'être une des dernières fois. Et rares sont les personnages fordiens qui ressemblent autant aux descriptions de Ford qu'on trouve dans divers ouvrages que celui qu'incarne, non sans un certain humour et détachement, James Stewart.
Pour moi, il s'agit d'un film sur l'amitié, sur l'aventure au sens noble du terme (ici, l'aventure en territoire indien s'approche d'un tournage en extérieur, d'une certaine façon), et d'une belle déclaration d'amour au western. Un film dont les enjeux sont sans doute traités avec légèreté, mais dont les personnages accrochent le spectateur, et dont l'amitié et le plaisir à caracoler en pleine nature parait tout sauf feinte.
J'en parle de mémoire, ça fait quelques temps déja, mais c'était pour moi un Ford certes mineur, mais extrêmement sympathique.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Lord Henry »

Moi aussi, je l'aime beaucoup. C'est un film d'une grande liberté, où tout passe par le verbe et la violence y résulte de l'échec du dialogue.
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Strum
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Strum »

Je rejoins les avis qui diffèrent de celui de Jeremy. Certes, c'est un film où l'on peine à retrouver le génie pictural dont témoignent les grands films de son auteur, mais ça reste par ses personnages, son humour et ses thèmes, un film éminemment fordien. J'ai donc pris beaucoup de plaisir à ce film sympathique et chaleureux, où l'on a l'impression délicieuse que Ford filme des bavardages aux marges du récit, comme des à-côtés du tournage. Sans doute qu'à la fin de son aventure westernienne, Ford préférait parler ou discuter que montrer.
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Watkinssien
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Re: Notez les films naphtas - Septembre 2011

Message par Watkinssien »

Strum a écrit :Je rejoins les avis qui diffèrent de celui de Jeremy. Certes, c'est un film où l'on peine à retrouver le génie pictural dont témoignent les grands films de son auteur, mais ça reste par ses personnages, son humour et ses thèmes, un film éminemment fordien. J'ai donc pris beaucoup de plaisir à ce film sympathique et chaleureux, où l'on a l'impression délicieuse que Ford filme des bavardages aux marges du récit, comme des à-côtés du tournage. Sans doute qu'à la fin de son aventure westernienne, Ford préférait parler ou discuter que montrer.
Oui on peut appeler cela vulgairement des "films de détente" (car, il y a beaucoup de travail pour faire un film qu'il soit mauvais ou bon). Des films simples et tranquilles qui émergent d'une filmographie emplie d'oeuvres majeures ou plus ambitieuses, mais qui ne sont jamais véritablement mauvais...
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