L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jack Griffin
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L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par Jack Griffin »

Le film ressort en copie restauré au reflets medicis à Paris. Conditions à privilégier pour avoir une chance de se laisser entrainer et se perdre (avec Delphine Seyrig) dans ce labyrinthe de couloirs et d'allées de jardins, en comptant sur son Shining pour ressentir.

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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

J'ai beaucoup de mal avec les premiers films de Resnais, mais celui-ci je ne l'ai pas vu. Peut-être qu'en effet, le voir en salle m'aidera à l'apprécier (j'espère).
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Strum
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Message par Strum »

-Kaonashi Yupa- a écrit :J'ai beaucoup de mal avec les premiers films de Resnais, mais celui-ci je ne l'ai pas vu. Peut-être qu'en effet, le voir en salle m'aidera à l'apprécier (j'espère).
Un conseil si le film te parait abscons: Lis L'invention de Morel de Bioy Casarès.
Sabsena
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Re: L'année dernière à Marienbad (Resnais, 1961)

Message par Sabsena »

Avec L'année derniere à Marienbad, Resnais touche à la perfection absolue. Il nous emmene dans un univers quasi-irréel, impressionnants logs travellings, personnages figés, beauté totale des images, qualité esthetique et poetique unique, à travers l'histoire d'un homme qui cherche à faire comprendre à une jeune femme qu'ils se sont rencontrés un an plutot, sublimes images de Delphine Seyrig qui pose comme dans un tableau.

L'année derniere à Marienbad est l'un des plus grands chefs d'oeuvre du cinema, je pense meme le chef d'oeuvre du cinema francais.
Vous conviendrez qu'il vaut mieux arroser quelqu'un que de l'assassiner. Fernando Rey : Cet obscur objet du désir.
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Miss Nobody
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Re: L'année dernière à Marienbad (Resnais, 1961)

Message par Miss Nobody »

Pas forcément très abordable, "L'année dernière à Marienbad" reste une experience unique, et mérite vraiment que les curieux s'y attarde.

Une chose est certaine, le grand écran me semble être le meilleur support pour le découvrir.
Je l'ai moi-même vu en salle en janvier dernier.
Pour ceux que ça interesse, voilà ce que j'en avais écrit à l'époque:
L’année dernière à Marienbad
Dans une immense et riche demeure, filmée dans un noir et blanc contrasté par une caméra aérienne et virtuose, des répliques sentencieuses et troublantes résonnent et se perdent en écho le long de couloirs interminables. Difficile d’accès, et sûrement toujours enveloppé de mystère après plusieurs visions, « L’année dernière à Marienbad » est un film dédaléen et déroutant qui se contemple plus qu’il ne se comprend vraiment. Car si «Marienbad » est une authentique splendeur visuelle, il s’agit également d’un vrai casse-tête pour ce qui sommeille d’esprit logique et rationnel en chacun de nous. On ne parvient jamais clairement à trouver des repères. Ni le temps, ni l’espace, ni les costumes ou les décors, ne semblent vouloir nous aider à nous y retrouver, nous donner des points d’appui, nous rassurer quant à l’utilité finale de notre quête désespérée de sens. Attendre patiemment des éclaircissements s’avère finalement vain : les informations sont distribuées au compte-goutte pendant le film et, loin de dénouer la situation, s’entremêlent aux précédentes pour parachever l’impression de désordre. Cependant, fasciné, on persiste, on continue à avancer à l’aveugle, on s’enfonce un peu plus encore dans ce film-labyrinthe, dont on sort un peu confondu, à la fois déçu et émerveillé. Une belle expérience.
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Watkinssien
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Re: L'année dernière à Marienbad (Alain Resnais, 1961)

Message par Watkinssien »

Je me joins aux louanges pour cet admirable film labyrinthique, profond questionnement sur la mémoire (le thème majeur de Resnais), porté par un rythme hypnotique et fascinant, techniquement sublime.

L'un des rares films où l'on se perd avec délectation.
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L'H qui aimait le Cinéma
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Re: L'année dernière à Marienbad (Alain Resnais, 1961)

Message par L'H qui aimait le Cinéma »

Petit délice.L'un des films phares de la filmographie irréprochache de Delphine Seyrig ( initiales D.S pour une déesse ...).Et si "Inland empire " était le " Marienbad " de Lynch ?
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Demi-Lune
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Re: L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par Demi-Lune »

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Mon premier Resnais. Que dire d'un film comme L'année dernière à Marienbad ? L'évocation de son seul titre annihile déjà toute capacité de ma part à en parler pertinemment. Faut-il l'accepter comme bloc artistique au-delà de toute compréhension, ou tenter de le décortiquer plan par plan pour approcher l'intelligibilité de ses charmes vénéneux ? En tout cas, je comprends maintenant pourquoi on en fait une préfiguration lynchienne. Pour ma part, je n'en resterai qu'à dire qu'il s'agit d'un labyrinthe narratif tout à fait fascinant dans sa déstructuration complexe, ou potentiellement agaçant dans son côté masturbatoire, c'est selon... j'avoue être passé d'une extrême à l'autre pendant 1h30. Mais difficile de nier le pouvoir entêtant de ce voyage onirique. Comme les personnages fantomatiques, on déambule d'abord dans la mécanique de Resnais de la manière la plus rigide et égarée qui soit, avant qu'il se dégage progressivement de la petite musique du réalisateur une véritable force intrigante et obsédante. Et c'est alors impossible de décrocher, et que la perplexité éprouvée est peu à peu chassée par un grand magnétisme, à la fois formel et narratif (exemple : l'alliance phrasé/mouvements d'appareil/musique d'orgue lors de l'histoire du couple statuaire dans le parc : ou comment cette symbiose et cette pleine maîtrise des outils cinématographiques enrichit la sculpture d'une force quasi fantastique). La mise en scène est magnifique. Tout est d'un tel brio millimétré, c'est fabuleux... Malgré tout, ce film, qui a tous les atours du chef-d'oeuvre, a à mes yeux cette faiblesse d'ensorceler mon esprit mais de rester désespérément sec sur le volet émotionnel - et c'est là que Lynch fait toute la différence pour moi.

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Dernière modification par Demi-Lune le 16 août 11, 18:24, modifié 2 fois.
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Major Tom
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Re: L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par Major Tom »

Demi-Lune a écrit :Mon premier Resnais.
:o
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Re: L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par zigfrid »

lors de sa diffusion sur arte ,j'ai tenu disons 5 minutes; j'ai surement eu tort,mais non,non,vraiment je n'ai pas pu.. :oops:
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Demi-Lune
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Re: L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par Demi-Lune »

Major Tom a écrit :
Demi-Lune a écrit :Mon premier Resnais.
:o
Eh oui. :|
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Major Tom
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Re: L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par Major Tom »

Demi-Lune a écrit :Malgré tout, ce film, qui a tous les atours du chef-d'oeuvre, a à mes yeux cette faiblesse d'ensorceler mon esprit mais de rester désespérément sec sur le volet émotionnel - et c'est là que Lynch fait toute la différence pour moi.
C'est un peu maladroit comme formule, ça me conforte dans l'impression que tu compares trop souvent avec des choses qu'on connaît depuis, sans te replacer dans un certain contexte. Un point de vue trop contemporain que je trouve un peu dommage car autrement ce que tu dis est intéressant. ;)
Par exemple, être moins touché par des peintures de Giotto parce qu'on connaît aujourd'hui ce qu'a fait De Vinci et que son travail à lui est encore plus formidable, pourquoi pas? Mais regretter qu'il n'y ait pas chez Giotto ce qui fait la différence avec De Vinci (enfin, ce qu'il a fait deux siècles plus tard) pour l'accepter vraiment en tant que chef-d'œuvre... ben c'est non seulement une réflexion inutile mais surtout ce que j'appelle bien un point de vue contemporain. :lol: Autrement, l'un comme l'autre ont réalisé un exploit en leur temps. ;)
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Demi-Lune
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Re: L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par Demi-Lune »

Je comprends ce que tu veux dire.
En évoquant David Lynch, je suis peut-être tombé dans un piège facile... en effet, il est si aisé de voir de profonds parallèles narratifs entre L'année dernière à Marienbad et l'univers lynchien que la comparaison, même si elle n'est peut-être pas très pertinente d'un point de vue historique, est quand même très tentante. En affirmant ma préférence à Lynch, je ne cherche pas tant à déprécier l'apport du film de Resnais (notamment dans le langage narratif), que marquer, tout simplement, mon ressenti selon lequel, à univers oniriques, complexes et déstructurés que l'on peut potentiellement mettre en perspective, celui de Lynch me paraît en l'occurrence présenter une facette émotionnelle et humaine qui fait défaut à Marienbad. Lequel est tout à fait obsédant mais n'en reste pas moins froid, cérébral, pour moi. Bien que je n'aie jamais considéré Kubrick et son cinéma comme des tombeaux de glace, j'imagine que ce que je ressens à l'égard de Marienbad, malgré toutes ses qualités, doit être assez similaire à ce qu'éprouvent les détracteurs du Maître, qui trouvent parfois que ses films ne véhiculent aucune émotion.
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Re: L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par Federico »

Je n'avais jamais fait le rapprochement entre Marienbad et le cinéma de Lynch mais il y a de l'idée... Je crois que ce dernier est beaucoup plus charnel et sensuel que Resnais (même si on peut être troublé par le phrasé si particulier de Delphine Seyrig). Malgré les ans, Marienbad reste un film étrange, dans lequel j'avoue ne rentrer qu'une fois sur deux. Un long-métrage expérimental "forcément" (comme dirait l'autre) très marqué par son époque littéraire. Je ne sais pas si il y a encore aujourd'hui beaucoup de lecteurs de Robbe-Grillet. Un regret perso, par rapport à ce qu'on nomma le "nouveau roman" : que personne n'ait osé adapter au cinéma "La route des Flandres" ou "Le vent" de Claude Simon (je ne sais pas pourquoi mais j'aurais bien vu quelqu'un comme Atom Egoyan s'y coller).
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: L'Année Dernière à Marienbad (Alain Resnais - 1961)

Message par Amarcord »

Federico a écrit :Je n'avais jamais fait le rapprochement entre Marienbad et le cinéma de Lynch mais il y a de l'idée... Je crois que ce dernier est beaucoup plus charnel et sensuel que Resnais (même si on peut être troublé par le phrasé si particulier de Delphine Seyrig). Malgré les ans, Marienbad reste un film étrange, dans lequel j'avoue ne rentrer qu'une fois sur deux. Un long-métrage expérimental "forcément" (comme dirait l'autre) très marqué par son époque littéraire. Je ne sais pas si il y a encore aujourd'hui beaucoup de lecteurs de Robbe-Grillet. Un regret perso, par rapport à ce qu'on nomma le "nouveau roman" : que personne n'ait osé adapter au cinéma "La route des Flandres" ou "Le vent" de Claude Simon (je ne sais pas pourquoi mais j'aurais bien vu quelqu'un comme Atom Egoyan s'y coller).
C'est bien de rappeler le nom de Robbe-Grillet quand on parle de Marienbad, car son apport personnel sur ce film "de" Resnais est sans doute très sous-estimé (enfin, c'est une impression, en même temps qu'une intuition, disons). Quand on voit les films que Robbe-Grillet a réalisés par la suite (même si son cinéma est sans doute moins "maîtrisé" que celui de Resnais), on se dit que Marienbad est au moins autant son film que celui de Resnais.
Sinon, je pense qu'il n'y a quasiment plus personne pour lire, aujourd'hui, Robbe-Grillet (ni même, plus généralement, des oeuvres estampillées "nouveau roman"... Un ou deux Duras qui surnagent, peut-être ?... Un Sarraute ? Mais c'est vraiment tout). Il n'y a qu'à voir le sort réservé aux films de Robbe-Grillet chez nous (strictement invisibles, alors qu'en Italie, ils sont quasiment tous édités en DVD). Et le cinéma de Duras est à peine mieux servi.
[Dick Laurent is dead.]
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