Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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G.T.O
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par G.T.O »

Dunn a écrit :Absolument, d'ailleurs je trouve que Melancholia est l'anti tree of life ! autant ce dernier se veut l'apologie de la création de l'homme par Dieu etc..son paradis, son arbre de vie, alors que Melancholia se veut un film plus humain, pessimiste sur l'humanité tel que nous la vivons actuellement.Le fait que nous soyons interdit de voir en dehors de la maison de Claire, nous renforce sur ce sentiment d'anti-humanité, devenu égoiste, matérialiste, mais au final ils ne sont pas plus heureux que les autres, et voyant cette planète arrivé, ils se sentent pris au piège et assurément sans éspoir alors qu'ils ont beaucoup de moyens! Ce que je dis toujours, le jour où cela arrive, même les plus riches y passeront aussi !!
Encore et toujours les mêmes simplifications : Malick = Dieu, création, paradis...et Kinder Surprise. Le bon chrétien Malick n'a qu'à bien se tenir, voilà l'antéchrist protestant Von Trier et sa métaphysique négativiste. Ce n'est pas flatteur ni pour l'un ni pour l'autre.
Dans les deux cas, il y a clairement un questionnement religieux, disons métaphysique. De là, à dire, qu'ils font dans l'illustration du dogme chrétien, faut pas pousser mémé...
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Major Tom
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Major Tom »

G.T.O a écrit :
Dunn a écrit :Absolument, d'ailleurs je trouve que Melancholia est l'anti tree of life ! autant ce dernier se veut l'apologie de la création de l'homme par Dieu etc..son paradis, son arbre de vie, alors que Melancholia se veut un film plus humain, pessimiste sur l'humanité tel que nous la vivons actuellement.Le fait que nous soyons interdit de voir en dehors de la maison de Claire, nous renforce sur ce sentiment d'anti-humanité, devenu égoiste, matérialiste, mais au final ils ne sont pas plus heureux que les autres, et voyant cette planète arrivé, ils se sentent pris au piège et assurément sans éspoir alors qu'ils ont beaucoup de moyens! Ce que je dis toujours, le jour où cela arrive, même les plus riches y passeront aussi !!
Encore et toujours les mêmes simplifications : Malick = Dieu, création, paradis...et Kinder Surprise. Le bon chrétien Malick n'a qu'à bien se tenir, voilà l'antéchrist protestant Von Trier et sa métaphysique négativiste. Ce n'est pas flatteur ni pour l'un ni pour l'autre.
Dans les deux cas, il y a clairement un questionnement religieux, disons métaphysique. De là, à dire, qu'ils font dans l'illustration du dogme chrétien, faut pas pousser mémé...
C'est en effet très réducteur, il n'y a pas que de la religion dans Tree Of Life. Malick nous emmerde aussi avec l'écologie. :idea:
mannhunter
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par mannhunter »

Major Tom a écrit :C'est en effet très réducteur, il n'y a pas que de la religion dans Tree Of Life. Malick nous emmerde aussi avec l'écologie. :idea:
:lol:

répète après moi: "Brother, sister..."
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G.T.O
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par G.T.O »

Bon, bon, enfin vu le Melancholia de Von Trier.

Avant toute chose, ayons l'honnêteté de préciser que je n'ai pas vu l'intégralité de la filmographie du Monsieur.
De ceux que j'ai vu, c'est-à-dire les films de la dernière période, Breaking the Waves, Dancer in the Dark, les Idiots, Antichrist, Dogville, je crois n'en aimer aucun. Néanmoins, je lui reconnais quelques qualités comme sa versatilité, sa direction d'acteurs, et, et......c'est à peu près tout. :? Ce que je n'aime pas : son manichéisme, du type gentils/pas gentils, sa soif de déclin, sa propension à utiliser la grosse artillerie pour faire pleurer Janine auquel participe la mise en scène constituée de gros plan, zooms, de tremblements intempestifs ( qui a parlé d'un renouvellement esthétique, hein ? ) et d'éclairage dépréciatif, façon chiotte turc, monochrome ( jaunâtre ou marronnasse), ses actrices hystéro et suicidaires, le tout au service d'histoire au tracé prévisible et déterministe.

A présent, que dire de Melancholia ? Qu'est-ce que je retiens de ce nouvel opus ?
Je ne peux pas dire que j'ai beaucoup aimé. Le postulat était excitant : les histoires de fin du monde donnent souvent lieu à des films intéressants, dramatiquement fort et permettent aux réalisateurs attachés de donner libre cours à des visions sombres et spectaculaires. Bref, du tout bon pour le cinoche. Partant de cet a priori favorable pour ce type de sujet, j'y suis allé.

Le premier mot qui me vient, c'est celui de lourdeur. Melancholia est un film d'une pesanteur incroyable. Tout y est en acier inoxydable. Le déterminisme de Von Trier et sa misanthropie légendaire s'y épanouissent pleinement. Une planète surnommé Melancholia, vague relecture du thème antique de l'influence de Saturne sur le tempérament, est sur le point d'entrer en collision avec la Terre. Quelque part sur cette dernière, Justine ( Kristen Dunst) se marie. C'est la première partie indique le film.
Et déjà très vite, on saisit que tout cela, le cérémonial du mariage, fait un peu chier l'ami Lars. En effet, on comprend, très rapidement, que le bonheur file la nausée au célèbre agoraphobe. Oui, nous chuchote t-il, le bonheur est une maladie que les hommes cherchent à contracter désespérément mais il n'existe pas. Il n y ' a que la mort !!!! ( prenez une grosse voix de ténor). Pire, nous hurle t-il, cette chose inconcevable et détestable qu'est le bonheur, la société, nos proches, nous l'impose. Oui, le bonheur est devenue aux yeux de ce moraliste, une nécessité contemporaine, un simulacre, un objet de consommation courante qui rassure nos proches et, pire des engeances, nous rend insouciants, légers, gai et amnésiques. Le bonheur est une curée car il nous fait oublier la mort. La critique n'est pas très subtile ni très nouvelle, voire un peu inquiétante, mais qu'importe, puisque l'ophtalmologiste Lars va nous corriger tout ça avec ces binocles de l'apocalypse. A ce moment et à d'autres, on imagine sans mal la tête du cinéaste, grimaçant de dégoût, tel un curé fanatique échappé du Nom de la Rose, face au spectacle de l'insolence et désinvolture humaine. Ecrire des personnages et des situations pour les mettre en charpie : voilà ce qui amuse cet obsédé de Dreyer. Un mariage pour voir roucouler un couple uni, même illusoirement, non, non, que nenni. Brisons le, pointons les travers, la petitesse, la vilénie, le mensonge, l'hypocrisie et blabla. Allez, Justine courage : ta mère est une grosse conne mais qui a des raisons de l'être, ton papa est un gigolo pathétique, ton mec, un gentil neneu rêveur, ton boss, une crevure intégrale, ton beau-frère, un obsédé du fric et ta soeur, une angoissée qui donne le change. Bienvenue dans le monde de Von Trier-land !
A ce stade, on ne désespère pas tout de suite. On patiente, en se disant qu'il nous fatigue avec sa rengaine de vieux con et sa photo dégueu, que la 2ème partie va enfin prendre de la hauteur sur ce minable règlement de compte. Mais, non, ce château où se déroule l'action du film, se transforme de manière aussi réduite et déterministe que les cases représentant la ville de Dogville. La fin du monde approche, moment de stase : inertie des 2 soeurs, le suicide est palpable, la planète photoshopée se rapproche un peu plus, comme Justine les chevaux sont calmes , Wagner qui, pour la 20ème fois rejoue son ouverture de Tristan et Isolde, creusant davantage l'écart avec l'esthétique grand huit du film, lequel tente, dans un dernier effort, de nous faire croire que nous assistons à du grand cinéma. Alors, Melancholia, du grand cinéma ? Reste à voir. Petit théâtre filmé ? Y a des chances.
Aladdin Sane
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Aladdin Sane »

Mama Grande! a écrit :Je ne comprends vraiment pas ce que le débat misogynie/féminisme vient faire ici...
Pareillement, c'est hors de propos (comme mon post :) ) et ça entâche un avis bien argumenté et développé par ailleurs (de toutes façons, je considère que le débat en question est tout aussi inapproprié pour Antichrist qui traite entre autres choses de gynophobie, et qui n'est pas plus misogyne que misandre, je ne saisis pas très bien comment on peut passer à côté du sens de la scène finale, qui est un peu la clé interprétative du film, claire comme de l'eau de roche au regard des recherches sur la sorcellerie que le personnage interprété par Gainsbourg a entreprises pour l'écriture de sa thèse. Si c'est de la misogynie, il va falloir redéfinir le sens de ce mot...mais bon peut-être que certains trouvent Do the right thing raciste ou xénophobe :lol: ).
Dunn a écrit :J'ai également adoré pour ma part , ce film ne cesse de trotter dans ma tête par ses différents métaphores..spoiler j'adore l'introduction pleine de beauté, mais surtout le début du chapitre 1 où les mariés n'arrivent pas à sortir de ce virage avec leur limousine, comme si le mariage était semé d'embuche difficile et que le leur est déjà condamné...
Ce qui renvoie à l'incapacité des personnages de franchir ce fameux pont, qu'ils soient à cheval, à pied ou à bord d'un véhicule électrique...leur destin est scellé, et au lieu de fuir, autant l'affronter
Spoiler (cliquez pour afficher)
Mama Grande! a écrit :Ce que montre Lars Von Trier, à mon avis, est que tous les désirs humains (matériels ou spirituels) perdent leur sens face au néant. Sauf peut-être les liens familiaux? Seule lueur d'espoir du film? Même Justine se sort de son apathie pour rassurer son neveu, et verse une larme
[/quote]
Je fais peut-être fausse route, mais j'ai plutôt eu l'impression qu'il n'y avait aucune lueur d'espoir et que les liens familiaux ne sont finalement que "bullshit" face à la catastrophe, une simple bouée de sauvetage à laquelle on se raccroche péniblement sans trop y croire. L'empathie dont fait preuve Justine me semble motivée par autre chose qu'un simple lien filial, c'est davantage le différentiel émotionnel qu'il y entre elle et les autres qui finit par la toucher, comme la sérénité dont fait preuve l'enfant (clairvoyance, absence de lucidité ?) face à l'agitation de sa mère qui, phagocytée jusqu'à l'os par son angoisse, finit par en oublier son fils, malgré toutes les vaines tentatives de le prendre sous son aile. Ce qui reste de cette famille a beau se recueillir et se tenir la main, il y a un monde entre eux, ils ont tous les trois une façon si différente (voire même antipolaire) de réagir face à cet évènement, que je vois surtout trois personnes (trois planètes ? :D ), seules, face à leur mort imminente...ça permet de tirer enfin la chasse sur la guimauve sentimentale qui englue n'importe quelle fiction faisant croiser fratrie et apocalypse.
Sinon malgré le procédé dialectique de la construction du film en deux parties rattachées à une perception temporelle complètement différente, j'ai trouvé ça assez fort de les avoir mises toutes deux sous tension, si bien que le film m'a paru continuellement oppressant...dans la première partie, je ne peux être que tendu face à cette grande mascarade sociale à laquelle Justine doit adhérer et faire semblant de s'en contenter et dans la deuxième, face à l'angoisse impulsive, communicative et déstabilisante de Claire. Je suis assez stupéfait par la façon dont LVT arrive à toucher chez moi le (les) point(s) sensible(s), quel que soit le sujet abordé :|
Ce petit mot "Pourquoi" est répandu dans tout l'univers depuis le premier jour de la création, Madame, et toute la nature crie à chaque instant à son créateur : "Pourquoi ?"
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par AlexRow »

G.T.O a écrit :Partant de cet a priori favorable pour ce type de sujet, j'y suis allé.
C'est ce qui est dommage. J'ai tout découvert du film en salle et je n'ai pas appris son postulat avant la seconde partie, ce qui permet un changement d'angle de vue passionnant. Pour le reste de ta critique, on sent que tu te fais plaisir. Certaines de tes formules sont plutôt drôles (éclairage de chiottes turques) mais ça me donne quand même un peu l'impression d'un démolissage en règle. Mais je partage le léger agacement unanime sur les tics de caméra tremblante.
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par G.T.O »

AlexRow a écrit :
G.T.O a écrit :Partant de cet a priori favorable pour ce type de sujet, j'y suis allé.
C'est ce qui est dommage. J'ai tout découvert du film en salle et je n'ai pas appris son postulat avant la seconde partie, ce qui permet un changement d'angle de vue passionnant. Pour le reste de ta critique, on sent que tu te fais plaisir. Certaines de tes formules sont plutôt drôles (éclairage de chiottes turques) mais ça me donne quand même un peu l'impression d'un démolissage en règle. Mais je partage le léger agacement unanime sur les tics de caméra tremblante.
Faut bien partir de quelque chose, vu que je ne pouvais partir de mon rapport à Von Trier. :wink:
C'est un petit démolissage, effectivement. Car je suis allergique à son dolorisme.
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par AlexRow »

G.T.O a écrit : Faut bien partir de quelque chose, vu que je ne pouvais partir de mon rapport à Von Trier. :wink:
C'est un petit démolissage, effectivement. Car je suis allergique à son dolorisme.
Dolorisme ? Je n'en vois pas une trace ici. Ce terme s'appliquerait bien à la Passion selon Mel Gibson, filmant avec complaisance (concupiscence ?) la douleur physique. Melancholia me semble plutôt imprégné d'angoisse existentielle, celle qui étreint le "savant" (celui qui sait) face à l'immensité de l'univers et à l'absence de sens de l'existence. Pour moi, la première partie est l'illustration de cette définition de la mélancolie car Justine SAIT ce qui va se passer par ses rêves et flotte dans cet état où tous les rituels et toutes les conventions apparaissent crûment comme des baudruches vides de sens. Bon on y est sensible... Ou pas.
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par ApOk »

AlexRow a écrit :
G.T.O a écrit : Faut bien partir de quelque chose, vu que je ne pouvais partir de mon rapport à Von Trier. :wink:
C'est un petit démolissage, effectivement. Car je suis allergique à son dolorisme.
Dolorisme ? Je n'en vois pas une trace ici. Ce terme s'appliquerait bien à la Passion selon Mel Gibson, filmant avec complaisance (concupiscence ?) la douleur physique. Melancholia me semble plutôt imprégné d'angoisse existentielle, celle qui étreint le "savant" (celui qui sait) face à l'immensité de l'univers et à l'absence de sens de l'existence. Pour moi, la première partie est l'illustration de cette définition de la mélancolie car Justine SAIT ce qui va se passer par ses rêves et flotte dans cet état où tous les rituels et toutes les conventions apparaissent crûment comme des baudruches vides de sens. Bon on y est sensible... Ou pas.
J'en sors à peine et je l'ai ressenti comme ça aussi. En tout cas, ce film est une des plus belles allégories que j'ai pu voir au cinéma.
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par cinephage »

Il y a quelque chose de la vanité dans ce très beau film de Lars von Trier... Il y a aussi un peu de trifouillage de l'âme...
Après tout, n'assistons-nous pas au jour le plus heureux de la vie d'une jeune fille dépressive, et à la réalisation du cauchemard d'une femme souffrant d'anxiété ?
Comme pour tous les films contemporains évoquant la fin du monde, le rapprochement avec la société de consommation occidentale renferme forcément une certaine validité, mais j'ai tendance, comme Tom, à avoir du mal à privilégier une piste interprétative sur une autre : le film est si riche... D'ailleurs, pour rebondir sur ton rapprochement avec les peintres anglais de la fin XIX°, on remarque clairement dans le film une Ophélia de John Everett Millais parmi les oeuvres que manipule Kirsten Dunst.
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par cinephage »

Aladdin Sane a écrit :
Mama Grande! a écrit :Je ne comprends vraiment pas ce que le débat misogynie/féminisme vient faire ici...
Pareillement, c'est hors de propos (comme mon post :) ) et ça entâche un avis bien argumenté et développé par ailleurs (de toutes façons, je considère que le débat en question est tout aussi inapproprié pour Antichrist qui traite entre autres choses de gynophobie, et qui n'est pas plus misogyne que misandre, je ne saisis pas très bien comment on peut passer à côté du sens de la scène finale, qui est un peu la clé interprétative du film, claire comme de l'eau de roche au regard des recherches sur la sorcellerie que le personnage interprété par Gainsbourg a entreprises pour l'écriture de sa thèse. Si c'est de la misogynie, il va falloir redéfinir le sens de ce mot...mais bon peut-être que certains trouvent Do the right thing raciste ou xénophobe :lol: ).
C'est un axe d'analyse radicalement attaché à l'oeuvre de LVT (tout comme celui du racisme est attaché au à celle de Spike Lee), qui ressurgit de film en film : on lui a notamment reproché une certaine complaisance à décrire les parcours de femmes en souffrance. Je n'adhère pas à ce point de vue, et partage ton interprétation d'Antichrist, mais il ne me parait pas forcément absurde d'examiner les films sous cet angle.
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par AlexRow »

cinephage a écrit :Il y a quelque chose de la vanité dans ce très beau film de Lars von Trier... Il y a aussi un peu de trifouillage de l'âme...
Complètement. Ce qui permet de ne pas percevoir ce film (que) comme un monceau de négativité mais comme une invitation à modérer notre orgueil et à réévaluer nos priorités avant qu'il soit trop tard.
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par ApOk »

cinephage a écrit :D'ailleurs, pour rebondir sur ton rapprochement avec les peintres anglais de la fin XIX°, on remarque clairement dans le film une Ophélia de John Everett Millais parmi les oeuvres que manipule Kirsten Dunst.
Et au début du film, l'un des tableaux que l'on retrouve aussi dans les livres est une référence indirecte à Tarkovski, qui l'avait utilisé dans Solaris.

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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par riqueuniee »

Même san avoir vu le film, on remarque, grâce à l'affiche, l'allusion à l'Ophélie de Millet.
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odelay
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par odelay »

Très beau film de LVT qui m'a vraiment bouleversé. On retrouve les deux styles de filmer du réalisateur : l'esthète qui cherche à faire les plus belles images (comme dans EUROPA) et le côté pris sur le vif avec la caméra à l'épaule, les zooms et dézooms, le flou et le pas flou qui, il faut bien l'avouer, fatiguent très vite (comme dans Breaking the waves ou Dancer in the Dark). Mais celà n'empêche pas d'entrer dans le film. Bien on contraire. On a une empathie incroyable pour le personnage de Dunst dans la première partie. On a vraiment pitié pour elle qui doit subir ce mariage qui a couté si cher comme l'aime à le rappeler Kiefer. Si on ajoute une mère totalement indigne et une soeur qui essaye de faire bonne figure avec un brin d'autorité qui est vite dépassée par les événements, on comprend que son rétablissement va prendre pas mal de temps.

Dans la 2è partie, même si le personnage de Dunst nous touche et nous effraie encore plus, l'empathie va aller plus vers celui de Gainsbourg qui au début paraissait assez froid. Elle sent que quelque chose ne va pas autour d'elle et veut par tous les moyens se rassurer. C'est elle qui va complètement perdre pied vers la fin et sa fuite impossible va être l'un des moments les plus touchants du film. Que faire dans ces conditions? Ce sentiment terrible d'enfermement et d'impossibilité d'agir quoiqu'on tente de faire m'a énormément parlé. Essayer de trouver la paix de l'esprit quand c'est impossible est l'une des gageurs du film. Charlotte Gainsbourg est absolument remarquable dans ce rôle, tout comme Kirsten Dunst d'ailleurs. L'une n'a pas volé son prix à Cannes et l'autre aurait très bien pu l'avoir (on imagine que le fait de l'avoir eu il y a deux ans n'a pas joué en sa faveur évidemment, mais bon, elles auraient très bien pu le partager).

En tout cas c'est un film qui assome et qui je pense restera longtemps dans les mémoires.


Une dernière chose, en ce moment je me refais des saisons de 24h chrono. J'ai enchaîné tout de suite après avec Mélancholia. Et ben ça fait bizarre de voir JAck Bauer en mari de Gainsbourg si près de ses intérets personnels (même si le personnage a ses bons côtés et est assez complexe surtout dans la 2e partie). Mais il est excellent.
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