D'accord aussi...hellrick a écrit :Je suis avec toi!Demi-Lune a écrit :Les Dents de la mer ? Fucking masterpiece.
Effectivement, quand on pense à ce qu'était un "blockbuster" à l'époque et quand on compare à ce qui sort aujourd'hui (même si je ne jette pas forcément toutes les major productions à la poubelle, loin de là... les fatwas contre le grand Satan Hollywood, j'ai donné là dedans, plus jeune, mais passons), il est évident que du point de vue de l'écriture, des différents talents impliqués dans tel ou tel domaine technique ou artistique (je ne sais plus quel critique avait comparé ces beaux grands films hollywoodiens des '60s-'70s à des cathédrales, dans le sens où chaque "corporation", chaque "métier", musique, photo, montage etc., y faisait participer ses meilleurs "artisans"... J'aime bien cette idée), de la direction d'acteur etc. on est vraiment loin des tendances actuelles (exceptées peut-être les tentatives de renouer justement avec ce type de cinéma à la Spielberg chez JJ Abrams...) même si, effectivement, il faut bien comprendre que ce film s'inscrivait tout de même dans une logique de production purement commerciale. (Même s'il les dépasse par 1000 coudées, c'était un film vendu comme un film"catastrophe", produit dans la lignée des Airport, des Tours Infernales etc.)
En ce qui me concerne, JAWS que j'étais bien trop jeune pour voir en salles à l'époque de sa sortie, est vraiment un film qui m'a "accompagné" toute ma vie. L'ayant vu et revu un nombre incalculable de fois sur tous types de supports vidéo jusqu'au plaisir récent de la redécouverte sur grand écran en "home" projection (un bon conseil, en passant, si vous avez la chance de pouvoir le faire, n'hésitez pas à revoir les films que vous n'avez pu voir qu'à la télé dans votre vie, sur grand écran, lors de reprises en salles ou chez vous si vous avez le matériel adéquat... On n'a jamais vraiment "vu" un film si on ne l'a vu que sur une télé, fin de la parenthèse), je le connais par coeur. Comme pour beaucoup de cinéphiles passionnés de "mise en scène", de "forme", de montage etc., c'est un film qui vous fait comprendre dans votre jeunesse, beaucoup de choses sur la réalisation (même si la plupart des "trucs" sont empruntés à Hitchcock, on le sait) et à conseiller aux cinéphiles en herbe, pour prendre conscience de manière amusante du rôle joué par le "monsieur derrière la caméra" (avant de mettre la barre plus haut)
Et on y voit aussi à quel point, pour un réalisateur intelligent de film "commercial" à suspense, les scènes "entre" les morceaux de bravoure, les moments calmes et intimistes, ou drôles et décalés sont au moins aussi importants que les scènes "chocs" dont l'effet peut finir par s'émousser au fil des visions successives. D'ailleurs, avec le temps, on s'attache de plus en plus à des petits détails, des choses parfois presque insignifiantes à première vue mais qui marquent finalement notre esprit. Sans vraiment comprendre pourquoi, j'ai un faible pour cette scène vers le début, où Martin Brody parcourt la Main Street d'Amity grouillante de vie, avec ses préparatifs d'ouverture de saison estivale, l'assurance et l'entrain du personnage qui ne se doute pas encore du cataclysme imminent qui va secouer le petit monde sur lequel il pense avoir le contrôle, loin de New York et des dangers de la grande ville... Les petites discussions des habitants d'Amity, juste avant l'attaque contre le petit Alex, sur la différence entre les "insulaires" et les "continentaux" me rappelle quelque chose que je connais bien, jusqu'au fameux "Bad hat, Harry !" qui a donné son nom à la maison de production de Bryan Singer, si je ne m'abuse ?, tous ces petits moments me mettent en joie (même si les scènes d'anthologie continuent encore de me fasciner et, bien sûr, comme tout le monde, j'en suis sûr, le fameux "USS Indianapolis" speech).
Même si je suis un défenseur acharné de la VO, je dois avouer un faible pour la VF "d'époque" très bien faite, avec d'excellents comédiens et assez sympathique, avec ces trouvailles de "(sur)traduction" ("jardingue" ) très marrantes quand on compare avec les dialogues en VO... Ce sont ces dialogues en VF qu'on s'amuse à se réciter ou à se lancer, quand l'occasion se présente, entre "initiés" (Quand on a épuisé tous les "classiques" de Quint, on peut varier un peu... "non, sans blague, vous voulez un bretzel ?" - à dire avec la bouche pleine )
Allez, j'arrête, je pourrais en parler encore longtemps... Oui, en ce qui me concerne, JAWS reste un film "compagnon". Entre un Bergman et un Fellini, on y revient toujours, un peu comme des "vacances"... avec un requin en plus !