T'inquiète, il n'y a pas que Tavernier a avoir adoré ; c'est un film qui m'a toujours semblé faire l'unanimité d'où peut-être aussi une partie de la déception pour certains. J'ai bien aimé mais m'attendais à être beaucoup plus ému que ça.joe-ernst a écrit :Je l'ai aussi commandé suite à l'avis de Tavernier, mais vos critiques ne sont guère enthousiasmantes...Nestor Almendros a écrit :PLACE AUX JEUNES (MAKE WAY FOR TOMORROW) - 1937
Après le récent et enthousiaste avis de Betrand Tavernier sur son blog, j'ai voulu tester ce McCarey récemment sorti chez Bac Vidéo.
Leo McCarey (1896-1969)
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Re: Re:
Je suis étonnée de vos commentaires sur Make Way for Tomorrow. Je trouve que ce film est un chef d'oeuvre aussi bien au niveau de l'exécution que que l'interprétation. Et si pour la scène finale, vous n'êtes pas en larmes, il faut avoir un coeur de pierre. McCarey tenait énormément à ce film qui fut un flop lors de sa sortie. En effet, c'est l'un des rares films hollywoodiens dépourvu d'intrigue sentimentale et qui se concentre sur la vie d'un couple agé. Il y a d'innombrables scènes absolument fantastiques dans ce film: comme lorsque Beulah Bondi réalise que son fils (T. Mitchell) va la mettre dans un hospice, elle lui dit vouloir y aller de son plein gré pour lui épargner cette humiliation. Avez-vous vu comment Thomas Mitchell se recroqueville en réalisant le sacrifice de sa mère ? Ou la seconde 'lune de miel' du couple dans un grand hôtel ? Franchement, ce n'est certainement pas un film flamboyant, mais, plus un petit chef d'oeuvre impressionniste qui est fait de petites touches pleines d'humanité et de réalisme.joe-ernst a écrit :Je l'ai aussi commandé suite à l'avis de Tavernier, mais vos critiques ne sont guère enthousiasmantes...Nestor Almendros a écrit :PLACE AUX JEUNES (MAKE WAY FOR TOMORROW) - 1937
Après le récent et enthousiaste avis de Betrand Tavernier sur son blog, j'ai voulu tester ce McCarey récemment sorti chez Bac Vidéo.
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Justement, j'adore les films 'impressionnistes', les chroniques sans forcément de fortes intrigues (Un dimanche à la campagne fait d'ailleurs partie de mes films préférés) et je pense ne pas avoir un coeur de pierre ayant au contraire la larme relativement facile.Ann Harding a écrit : Et si pour la scène finale, vous n'êtes pas en larmes, il faut avoir un coeur de pierre. Franchement, ce n'est certainement pas un film flamboyant, mais, plus un petit chef d'oeuvre impressionniste qui est fait de petites touches pleines d'humanité et de réalisme.
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Je constate en lisant ce topic que Leo McCarey ne fait pas tout à fait l'unanimité... Au delà du débat visant à préférer le premier ou le second Elle et lui (pour ma part, j'ai adoré l'original, Charles Boyer et Irène Dunn formant un merveilleux duo, et je préfère laisser s'écouler un peu de temps avant de découvrir le remake, histoire de le voir sans trop chercher à le comparer pendant le visionnage), il semble que c'est l'oeuvre tout entière qui partage...
Ainsi de Place aux jeunes, qui m'a tant plu, mais qui ne déchaine pas l'enthousiasme de tous. Pourtant, tout comme Ann Harding, je suis épaté par la vérité discrète du récit, des personnages, des situations qui sont extrêmement émouvantes, quoique jamais romanesques ou cinématographiques. J'irais même jusqu'à suggérer que McCarey désamorce les situations dramatiques dans son film.
Et ce choix d'un vérisme assez inhabituel pour un film hollywoodien me semble appuyer ce propos avec une force que ne saurait avoir un film plus mélodramatique, qui jouerait l'émotion plutôt que la raison ou le vraisemblable... Par sa sobriété et le refus de monter certaines situations en épingles, le récit gagne en universalité, et, paradoxalement, en force. C'est un sacré choix de mise en scène.
Ainsi de Place aux jeunes, qui m'a tant plu, mais qui ne déchaine pas l'enthousiasme de tous. Pourtant, tout comme Ann Harding, je suis épaté par la vérité discrète du récit, des personnages, des situations qui sont extrêmement émouvantes, quoique jamais romanesques ou cinématographiques. J'irais même jusqu'à suggérer que McCarey désamorce les situations dramatiques dans son film.
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Et ce choix d'un vérisme assez inhabituel pour un film hollywoodien me semble appuyer ce propos avec une force que ne saurait avoir un film plus mélodramatique, qui jouerait l'émotion plutôt que la raison ou le vraisemblable... Par sa sobriété et le refus de monter certaines situations en épingles, le récit gagne en universalité, et, paradoxalement, en force. C'est un sacré choix de mise en scène.
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
McCarey a finalement peu tourné pour quelqu'un qui a traversé les plus belles périodes de Hollywood ... c'est lui qui je crois a été script-girl à ses débuts !! Il a supervisé et mis en scène des fabuleux Laurel & Hardy (Liberty par exemple) ... ses comédies souvent teintées de mélo n'étaient jamais méchantes (le méconnu Good Sam) ... Rally round the Flag, Boys est peut-être un peu surcoté ... mais bon Indiscreet ... An Affair to remember bien sûr ... Ruggles of red Gap c'est pas rien ... bon ... Going my Way est "un peu appuyé" mais c'est sympa si je me souviens bien ...
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Un très bon moment passé avec l'excellent Lune de miel mouvementée, et l'occasion de dire mon attachement grandissant à Ginger Rogers. Je n'ai encore jamais été déçu par une de ses prestations, et la découverte progressive de sa filmo est un vrai régal
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
L'extravagant M.Ruggles - 1935
Compte tenu des bonnes critiques lues ici et là à son propos, « L'extravagant M. Ruggles » fut pour moi une grosse déception. En effet, ce que l'on présente comme étant le premier chef d'oeuvre du réalisateur Leo McCarey m'a semblé être avant tout une comédie vieillotte et largement dispensable, qui ne m'encourage pas à découvrir le reste de sa filmographie (dont je ne connais pour l'instant, que le mélodrame un peu lourd « Elle et Lui »).
Notons que, comme souvent, la traduction française du titre est totalement imbécile, puisque Mr Ruggles n'a rien d'extravagant, pas plus que le Mr Deeds de Capra ou même le Mr Cory de Blake Edwards. A croire que le terme « extravagant » n'était alors utilisé que pour qualifier les pauvres qui s'échappait de leurs conditions. Ce Monsieur Ruggles donc, Marmaduke de son prénom, est un majordome anglais, soumis et consciencieux. Gagné au jeu par un couple d'américains plutôt vulgaires, il va être contraint de se rendre à Red Gap, une petite ville perdue au milieu des Etats Unis, et va y apprendre les belles valeurs américaines (la liberté, l'égalité, la libre entreprise...).
Le début du film, qui se déroule à Paris et qui joue beaucoup sur la caricature outrancière ainsi que sur le comique de situation, m'a semblé vraiment indigeste. Le discours patriotique/éducatif qui transpire de la quasi-totalité du film m'a parut bien lourd également. Même la fameuse scène reprenant les mots de Lincoln m'est apparue désespérément longue. La fin en revanche, à partir de l'arrivée de Lord Burnstead à Red Gap globalement, était plus légère et maîtrisée et relevait le niveau de l'ensemble. J'ai même été un brin émue par le happy-end, et les petites perles dans les yeux de Ruggles, définitivement intégré, entouré, libre et heureux.
Quant à l'acteur principal du film, l'admiré Charles Laughton, je ne l'ai pas non plus trouvé si extraordinaire que cela. Il faut bien avouer que l'homme a un physique intéressant (les gros plans de son visage, à la limite du monstrueux, sont par exemple assez impressionnants) mais j'ai eu beaucoup de mal à accrocher à son jeu désincarné et maniéré, bien que celui-ci est fini par me séduire après un long moment d'adaptation. J'ai été plus charmée par le personnage haut en couleur joué par Charles Ruggles, un américain « type » souvent ridicule mais toujours sympathique.
J'ai finalement été peu enthousiasmée par cette comédie, qui manque à mon goût bien trop de finesse pour pouvoir rivaliser avec d'autres oeuvres de la même époque (celles de Lubitsch notamment). Mais c'est surtout le côté très propagandiste, qui vente les qualités du système américain (et qui a alourdit beaucoup de films de Frank Capra également), qui m'a le plus agacé.
Puisqu'on en vient vite à les comparer, je dois dire qu'entre Capra et McCarey, indubitablement, mon coeur penche vers le premier.
Notons que, comme souvent, la traduction française du titre est totalement imbécile, puisque Mr Ruggles n'a rien d'extravagant, pas plus que le Mr Deeds de Capra ou même le Mr Cory de Blake Edwards. A croire que le terme « extravagant » n'était alors utilisé que pour qualifier les pauvres qui s'échappait de leurs conditions. Ce Monsieur Ruggles donc, Marmaduke de son prénom, est un majordome anglais, soumis et consciencieux. Gagné au jeu par un couple d'américains plutôt vulgaires, il va être contraint de se rendre à Red Gap, une petite ville perdue au milieu des Etats Unis, et va y apprendre les belles valeurs américaines (la liberté, l'égalité, la libre entreprise...).
Le début du film, qui se déroule à Paris et qui joue beaucoup sur la caricature outrancière ainsi que sur le comique de situation, m'a semblé vraiment indigeste. Le discours patriotique/éducatif qui transpire de la quasi-totalité du film m'a parut bien lourd également. Même la fameuse scène reprenant les mots de Lincoln m'est apparue désespérément longue. La fin en revanche, à partir de l'arrivée de Lord Burnstead à Red Gap globalement, était plus légère et maîtrisée et relevait le niveau de l'ensemble. J'ai même été un brin émue par le happy-end, et les petites perles dans les yeux de Ruggles, définitivement intégré, entouré, libre et heureux.
Quant à l'acteur principal du film, l'admiré Charles Laughton, je ne l'ai pas non plus trouvé si extraordinaire que cela. Il faut bien avouer que l'homme a un physique intéressant (les gros plans de son visage, à la limite du monstrueux, sont par exemple assez impressionnants) mais j'ai eu beaucoup de mal à accrocher à son jeu désincarné et maniéré, bien que celui-ci est fini par me séduire après un long moment d'adaptation. J'ai été plus charmée par le personnage haut en couleur joué par Charles Ruggles, un américain « type » souvent ridicule mais toujours sympathique.
J'ai finalement été peu enthousiasmée par cette comédie, qui manque à mon goût bien trop de finesse pour pouvoir rivaliser avec d'autres oeuvres de la même époque (celles de Lubitsch notamment). Mais c'est surtout le côté très propagandiste, qui vente les qualités du système américain (et qui a alourdit beaucoup de films de Frank Capra également), qui m'a le plus agacé.
Puisqu'on en vient vite à les comparer, je dois dire qu'entre Capra et McCarey, indubitablement, mon coeur penche vers le premier.
4/10
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Un peu pareil. Après avoir vu et aimé le brillant et méconnu-issime "Ce bon vieux Sam", j'attendais monts et merveilles de ce Ruggles. Au bout d'un quart d'heure, le soufflé retombe, c'est lent, lent et, euh, lent quoi, un peu comme l'interminable série de gros plans de Ruggles attablé devant une limonade et dépité par l'attitude de son nouveau maître. Il faut se résoudre à le prendre comme un film mignon et léger et là ça fonctionne déjà un peu mieux.
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Nestor n'aura pas à le faire, donc je recopie ici mon avis sur L'extravagant Mr. Ruggles que j'avais apprécie, notamment Marmaduke !
L'extravagant Mr Ruggles - Ruggles of Red Gapes (1935) - Leo Mc Carrey
Suite à une partie de poker perdu, Ruggles valet britannique traditionnel est cédé à des américains parvenus. Il les suit, fait son arrivée à Red Gap. Cela ne sera pas sans conséquence pour le noble majordome .
Leo McCarrey réussit une comédie entrainante autour de Charles Laughton qui est un Ruggles particulièrement convaincant que ce soit en valet obséquieux, limite dérangeant dans son jeu très maniéré ou en touchant homme libéré. Naturellement on sent aussi le côté "prechi precha" cher aux comédies de Capra notamment avec l'évocation du discours de Lincoln à Gettysburg, même si celui-ci est important dans l'évolution sociale de Ruggles mais bon ceci est un détail. Plusieurs scènes sont particulièrement réussies et drôles notamment la rencontre entre les deux américains qui évoquent quelque part les rencontres entre le Capitaine Haddock et son vieil ami dont j'ai oublie le nom "fidji fidji" et surtout la scène d'ivresse qui s'ensuit.
Dommage toutefois que les sous-titres soient un peu "mesquins" de nombreuses répliques ne sont pas traduites, la copie est un peu "grise" également, mais on passe un bon moment en compagnie de
L'extravagant Mr Ruggles - Ruggles of Red Gapes (1935) - Leo Mc Carrey
Suite à une partie de poker perdu, Ruggles valet britannique traditionnel est cédé à des américains parvenus. Il les suit, fait son arrivée à Red Gap. Cela ne sera pas sans conséquence pour le noble majordome .
Leo McCarrey réussit une comédie entrainante autour de Charles Laughton qui est un Ruggles particulièrement convaincant que ce soit en valet obséquieux, limite dérangeant dans son jeu très maniéré ou en touchant homme libéré. Naturellement on sent aussi le côté "prechi precha" cher aux comédies de Capra notamment avec l'évocation du discours de Lincoln à Gettysburg, même si celui-ci est important dans l'évolution sociale de Ruggles mais bon ceci est un détail. Plusieurs scènes sont particulièrement réussies et drôles notamment la rencontre entre les deux américains qui évoquent quelque part les rencontres entre le Capitaine Haddock et son vieil ami dont j'ai oublie le nom "fidji fidji" et surtout la scène d'ivresse qui s'ensuit.
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Dommage toutefois que les sous-titres soient un peu "mesquins" de nombreuses répliques ne sont pas traduites, la copie est un peu "grise" également, mais on passe un bon moment en compagnie de
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Place aux jeunes (1937)
Un vieux couple, Lucy et Barkley Cooper, réunissent leurs enfants pour leur annoncer qu'ils risquent de perdre leur maison s'ils ne trouvent pas rapidement une somme relativement importante. Chacun des enfants a une bonne raison d'échapper à cette facture. Il est finalement décide que Lucy ira habiter chez Georges, et Barkley chez Cora jusqu'à ce que Nellie ait un appartement assez grand pour les héberger ensemble. La cohabitation s'avère vite difficile.
Interrompant le cycle d'une suite de comédie à succès, Place aux jeunes voyait McCarey s'attaquer à ce qu'il considérait comme son film le plus important et personnel avec ce drame poignant. La même limpidité, sincérité et absence d'esbroufe par lesquels il savait amener gags et les éclats de rire sera ici appliquée pour cette fois pour provoquer les larmes. L'histoire, simple, est à la fois typique de son contexte de crise des années 30 mais tout à la fois terriblement universel. Un vieux couple (Beuhla Bondi et Victor Moore) endetté est contraint de quitter sa demeure faute de moyen et de s'installer séparément chez leur enfants. Commence là une lente déchéance.
Une des grandes forces du film, c'est la simplicité de son traitement où une certaine austérité narrative et un manque d'emphase dramatique volontaire ne rendant finalement l'émotion que plus forte. Les deux vieillards vont ainsi constater peu à peu à quel point il constitue une gêne pour leur entourage, du simple fait de leur présence et de l'attention qu'ils nécessitent. Il n'y pourtant aucun méchant, aucun personnage réellement négatif dépeint par McCarey et le script explicite toutes les raisons valables rendant difficile cette cohabitation forcée (manque de moyens financiers, exiguïté des logis) mais n'exclut certainement pas l'injuste égoïsme et le sentiment de rejet dont sont l'objet Lucy et Bark qui n'ont comme tort que de voir leur rythme se ralentir dans un naturel cycle de la vie quand leur entourage déborde d'énergie et d'activités. La cruauté et la tendresse se mêle ainsi lorsque Beuhla Bendi par sa démarche incertaine puis les grincements de sa chaise à bascule a le tort de troubler la leçon de bridge de sa belle-fille, et ce n'est pas l'émotion d'une conversation téléphonique en fin de séquence qui atténuera l'agacement révoltant dont auront fait preuve les joueurs auparavant. Victor Moore aura aussi droit à son lot d'humiliation entre les soins forcés et mécanique de sa fille et la condescendance d'un jeune médecin.
La performance extraordinaire de Victor Moore et Beuhla Bondi est à saluer d'autant plus qu'il n'avait absolument l'âge des rôle. C'est particulièrement vrai pour une Beula Beundi à peine quarantenaire qui par la force du maquillage, de l'allure frêle et du regard résigné qu'elle parvient à adopter exprime toute la fragilité et la détresse de cette femme. La scène où elle anticipe l'annonce de son fils de l'envoyer en maison de retraite est une des plus touchante du film et une nouvelle fois la sobriété voulue par McCarey rend le tout d'autant plus insoutenable (et comme le soulignait Ann Harding Thomas Mitchell fabuleux dans sa réaction), tout comme cet autre court moment où elle demande à sa petite-fille le droit d'entretenir ses maigres illusions.
De courte retrouvailles en forme de retour vers un passé où ils avaient la vie devant eux est accordé à notre couple le temps d'une belle et longue séquence à New York se concluant dans l'hôtel de leur lune de miel. Comme durant tout le film le ton souffle le chaud (la nostalgie ressentie à la vue du tableau de l'ancien hall de l'hôtel tel qu'ils l'ont connut) et le froid (la mine dubitative du couple le maître d'hôtel parlent du bonheur qu'ils ont eu à voir grandir leur cinq enfant et la terriblement lucide blague de Victor Moore) qui culmine avec une déballage que nous n'entendrons pas où Bark dit enfin à ses enfants l'opinion qu'il a d'eux. L'alchimie, la tendresse complice du couple et l'amour ressenti dans les regards échangés du vieux couple magnifie ces derniers instants avant une issue inéluctable. Ultime audace de McCarey, la séparation finale esquive une issue de mélodrame facile (qui aurait sans doute assuré un plus grand le succès du film plutôt que la gêne ressentie) attendu. Ce n'est pas la mort qui séparera Bark et Lucy, mais l'indifférence d'un monde pour lequel ils sont désormais un poids dans une dernière scène poignante. L'insuccès du film sera un tel crève coeur pour McCarey qu'en recevant l'année suivante l'Oscar du meilleur réalisateur pour Cette sacrée vérité réalisé dans la foulée, il déclarera que c'est pour le mauvais film. Il semble que le sujet était aussi dérangeant pour Hollywwood et les spectateurs de l'époque que ne l'était les personnages eux même dans le cadre du film. 6/6
Un vieux couple, Lucy et Barkley Cooper, réunissent leurs enfants pour leur annoncer qu'ils risquent de perdre leur maison s'ils ne trouvent pas rapidement une somme relativement importante. Chacun des enfants a une bonne raison d'échapper à cette facture. Il est finalement décide que Lucy ira habiter chez Georges, et Barkley chez Cora jusqu'à ce que Nellie ait un appartement assez grand pour les héberger ensemble. La cohabitation s'avère vite difficile.
Interrompant le cycle d'une suite de comédie à succès, Place aux jeunes voyait McCarey s'attaquer à ce qu'il considérait comme son film le plus important et personnel avec ce drame poignant. La même limpidité, sincérité et absence d'esbroufe par lesquels il savait amener gags et les éclats de rire sera ici appliquée pour cette fois pour provoquer les larmes. L'histoire, simple, est à la fois typique de son contexte de crise des années 30 mais tout à la fois terriblement universel. Un vieux couple (Beuhla Bondi et Victor Moore) endetté est contraint de quitter sa demeure faute de moyen et de s'installer séparément chez leur enfants. Commence là une lente déchéance.
Une des grandes forces du film, c'est la simplicité de son traitement où une certaine austérité narrative et un manque d'emphase dramatique volontaire ne rendant finalement l'émotion que plus forte. Les deux vieillards vont ainsi constater peu à peu à quel point il constitue une gêne pour leur entourage, du simple fait de leur présence et de l'attention qu'ils nécessitent. Il n'y pourtant aucun méchant, aucun personnage réellement négatif dépeint par McCarey et le script explicite toutes les raisons valables rendant difficile cette cohabitation forcée (manque de moyens financiers, exiguïté des logis) mais n'exclut certainement pas l'injuste égoïsme et le sentiment de rejet dont sont l'objet Lucy et Bark qui n'ont comme tort que de voir leur rythme se ralentir dans un naturel cycle de la vie quand leur entourage déborde d'énergie et d'activités. La cruauté et la tendresse se mêle ainsi lorsque Beuhla Bendi par sa démarche incertaine puis les grincements de sa chaise à bascule a le tort de troubler la leçon de bridge de sa belle-fille, et ce n'est pas l'émotion d'une conversation téléphonique en fin de séquence qui atténuera l'agacement révoltant dont auront fait preuve les joueurs auparavant. Victor Moore aura aussi droit à son lot d'humiliation entre les soins forcés et mécanique de sa fille et la condescendance d'un jeune médecin.
La performance extraordinaire de Victor Moore et Beuhla Bondi est à saluer d'autant plus qu'il n'avait absolument l'âge des rôle. C'est particulièrement vrai pour une Beula Beundi à peine quarantenaire qui par la force du maquillage, de l'allure frêle et du regard résigné qu'elle parvient à adopter exprime toute la fragilité et la détresse de cette femme. La scène où elle anticipe l'annonce de son fils de l'envoyer en maison de retraite est une des plus touchante du film et une nouvelle fois la sobriété voulue par McCarey rend le tout d'autant plus insoutenable (et comme le soulignait Ann Harding Thomas Mitchell fabuleux dans sa réaction), tout comme cet autre court moment où elle demande à sa petite-fille le droit d'entretenir ses maigres illusions.
De courte retrouvailles en forme de retour vers un passé où ils avaient la vie devant eux est accordé à notre couple le temps d'une belle et longue séquence à New York se concluant dans l'hôtel de leur lune de miel. Comme durant tout le film le ton souffle le chaud (la nostalgie ressentie à la vue du tableau de l'ancien hall de l'hôtel tel qu'ils l'ont connut) et le froid (la mine dubitative du couple le maître d'hôtel parlent du bonheur qu'ils ont eu à voir grandir leur cinq enfant et la terriblement lucide blague de Victor Moore) qui culmine avec une déballage que nous n'entendrons pas où Bark dit enfin à ses enfants l'opinion qu'il a d'eux. L'alchimie, la tendresse complice du couple et l'amour ressenti dans les regards échangés du vieux couple magnifie ces derniers instants avant une issue inéluctable. Ultime audace de McCarey, la séparation finale esquive une issue de mélodrame facile (qui aurait sans doute assuré un plus grand le succès du film plutôt que la gêne ressentie) attendu. Ce n'est pas la mort qui séparera Bark et Lucy, mais l'indifférence d'un monde pour lequel ils sont désormais un poids dans une dernière scène poignante. L'insuccès du film sera un tel crève coeur pour McCarey qu'en recevant l'année suivante l'Oscar du meilleur réalisateur pour Cette sacrée vérité réalisé dans la foulée, il déclarera que c'est pour le mauvais film. Il semble que le sujet était aussi dérangeant pour Hollywwood et les spectateurs de l'époque que ne l'était les personnages eux même dans le cadre du film. 6/6
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Content que tu aies apprécié ce film qui m'a procuré l'une de mes plus grande émotion de cinéma.
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Je plussoie allègrement !daniel gregg a écrit : Content que tu aies apprécié ce film qui m'a procuré l'une de mes plus grande émotion de cinéma.
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Oui acquisition un peu au hasard et très belle découverte, à part Elle et Lui je ne connaissais que les comédie de McCareyWatkinssien a écrit :Je plussoie allègrement !daniel gregg a écrit : Content que tu aies apprécié ce film qui m'a procuré l'une de mes plus grande émotion de cinéma.
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Pas vu le film, mais seulement avec le pitch on comprends l'émotion qu'un tel film peut donner... ca me fait un peu penser a Tokyo Story.
Top 20 actuel
http://www.shompy.com/someone1600/l10080_frfr.html
Mes dvd
http://someone1600.dvdaf.com/
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Re: Leo McCarey (1898-1969)
Ce n'est pas un péché (1934)
En 1892, la chanteuse Ruby Carter quitte Saint-Louis a la suite d'une déception sentimentale pour aller chanter à La Nouvelle-Orleans.
Belle of the nineties est un des quelques films qui trouvait grâce au yeux de McCarey en ce début de carrière où il simple exécutant il se mettait au service de talents comiques établis comme Les Marx Brothers, Harold Lloyd ou encore W.C Fields. Il réalise ici un pur véhicule à la personnalité exubérante de Mae West qui, appelée par la Paramount en mal de stars rentable y exporta avec brio toute l'extravagance et la provocation qui avait fait sa rennomée à la scène. Après les succès de Lady Lou et I'm No Angel elle est désormais toute puissante au sein du studio où elle a désormais le choix de ses partenaires et réalisateurs. Elle est d'ailleurs écrit le script de Ce n'est pas un péché (détails amusant le titre français reprend celui d'origine en anglais It Ain't No Sin refusée par a censure en pleine montée du Code Hays qui entre en application cette même année) et peut être considérée bien plus que McCarey (dont la personnalité ne transparait guère) comme l'auteure du film.
Tour à tour comédie musicale, comédie romantique, portrait de femme, film de gangsters, le film ne se place au sommet d'aucun des genres qu'il survole, dévoré par la présence de son héroïne. Pas de vraie raison de s'émouvoir de l'histoire d'amour tant Roger Pryor (et tout les personnages masculins avec) s'avère transparent en jouet de Mae West. Cette dernière ne relève pas non plus les séquences musicales avec sa chorégraphie disons minimaliste et son chant agréable mais pas inoubliable. Mae West représente donc la plus grande limite du film mais aussi son meilleur atout car tout les griefs précédemment cités s'estompent face sa présence extraordinaire. Mensurations insensées corsetée dans des robes flamboyantes et changeantes à chaque scène, déhanché ravageur et gouaille irrésistible truffée de dialogues à double sens constituent les atouts de l'actrice parfaite de dédain et de vulgarité assumée. On a réellement d'yeux que pour elle, son assurance et sa sensualité insolente et le reste n'a finalement que peu d'importance. McCarey rend le tout visuellement fort attrayant avec cette reconstitution pittoresque des salles de spectacles et de jeu d'époque grâce à la belle photo de Karl Struss et la direction artistique impeccable. A signaler une superbe séquence musicale où les tourments sociaux de travailleurs noirs se mêle à ceux sentimentaux de Mae West, le montage alterné entre les deux s'estompant progressivement pour les mélanger dans la bande sonore et en fondu enchaîné. Les amateurs de jazz apprécieront également la présence Duke Ellington et son orchestre (une des grandes satisfactions de McCarey sur ce film) durant les passages sur scène dont un My old flamme où on les distingue tous. Bref une grosse sucrerie un peu creuse, mais succulente ! 4/6
En 1892, la chanteuse Ruby Carter quitte Saint-Louis a la suite d'une déception sentimentale pour aller chanter à La Nouvelle-Orleans.
Belle of the nineties est un des quelques films qui trouvait grâce au yeux de McCarey en ce début de carrière où il simple exécutant il se mettait au service de talents comiques établis comme Les Marx Brothers, Harold Lloyd ou encore W.C Fields. Il réalise ici un pur véhicule à la personnalité exubérante de Mae West qui, appelée par la Paramount en mal de stars rentable y exporta avec brio toute l'extravagance et la provocation qui avait fait sa rennomée à la scène. Après les succès de Lady Lou et I'm No Angel elle est désormais toute puissante au sein du studio où elle a désormais le choix de ses partenaires et réalisateurs. Elle est d'ailleurs écrit le script de Ce n'est pas un péché (détails amusant le titre français reprend celui d'origine en anglais It Ain't No Sin refusée par a censure en pleine montée du Code Hays qui entre en application cette même année) et peut être considérée bien plus que McCarey (dont la personnalité ne transparait guère) comme l'auteure du film.
Tour à tour comédie musicale, comédie romantique, portrait de femme, film de gangsters, le film ne se place au sommet d'aucun des genres qu'il survole, dévoré par la présence de son héroïne. Pas de vraie raison de s'émouvoir de l'histoire d'amour tant Roger Pryor (et tout les personnages masculins avec) s'avère transparent en jouet de Mae West. Cette dernière ne relève pas non plus les séquences musicales avec sa chorégraphie disons minimaliste et son chant agréable mais pas inoubliable. Mae West représente donc la plus grande limite du film mais aussi son meilleur atout car tout les griefs précédemment cités s'estompent face sa présence extraordinaire. Mensurations insensées corsetée dans des robes flamboyantes et changeantes à chaque scène, déhanché ravageur et gouaille irrésistible truffée de dialogues à double sens constituent les atouts de l'actrice parfaite de dédain et de vulgarité assumée. On a réellement d'yeux que pour elle, son assurance et sa sensualité insolente et le reste n'a finalement que peu d'importance. McCarey rend le tout visuellement fort attrayant avec cette reconstitution pittoresque des salles de spectacles et de jeu d'époque grâce à la belle photo de Karl Struss et la direction artistique impeccable. A signaler une superbe séquence musicale où les tourments sociaux de travailleurs noirs se mêle à ceux sentimentaux de Mae West, le montage alterné entre les deux s'estompant progressivement pour les mélanger dans la bande sonore et en fondu enchaîné. Les amateurs de jazz apprécieront également la présence Duke Ellington et son orchestre (une des grandes satisfactions de McCarey sur ce film) durant les passages sur scène dont un My old flamme où on les distingue tous. Bref une grosse sucrerie un peu creuse, mais succulente ! 4/6