(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)
Z
Le cinéma de Costa-Gavras, tel qu’il s’épanouira dans les films suivants, s’exprime de manière presque canonique dans cette vibrante dénonciation coup-de-poing du totalitarisme, qui métaphorise de façon à peine voilée l’avènement d’une dictature. C’est du grand cinéma politique, dont le degré d’engagement se nourrit des armes puissantes du cinéma : le montage nerveux, l’investissement des acteurs, l’intrigue dense et serrée sont tous au service du décryptage opéré par l’auteur, celui d’un état qui bascule dans le fascisme, et celui d’une conscience qui s’y oppose.
5/6
L’aveu
Militantisme fiévreux et intelligence dans la façon de le faire valoir, là encore. Costa-Gavras poursuit son réquisitoire. Il braque cette fois sa caméra sur l’insoutenable processus d’aliénation des régimes communistes en Europe de l’Est, suivant le calvaire d’un homme que la machine étatique s’efforce de plier à sa volonté. L’enfer des geôles néo-staliniennes, l’horreur des tortures physiques et psychologiques, la logique monstrueuse de la soumission au parti sont dévoilées avec une force imparable.
5/6
Etat de siège
Dénonciation politique, troisième chapitre. Costa-Gavras revient à l’inspiration de
Z en une analyse précise des étapes menant un pays d’Amérique du Sud à un régime dictatorial. En éclairant le rôle occulte tenu par la CIA, son accointance avec les groupes révolutionnaires armés et les actions paramilitaires menées au profit d’intérêts économiques contradictoires avec le bien-être du peuple, le film efface toute afféterie au profit d’une sobriété quasi-documentaire, et captive.
4/6
Missing
La filmographie de Costa-Gavras s’articule avec une logique exemplaire, suivant une cohérence sans faille. Le sujet qu’
Etat de siège traitait sur un mode exclusivement politique, ce nouvel opus l’approfondit de manière plus intime, à travers le drame familial d’un individu emporté dans la tourmente. Une fois de plus, le cinéaste livre une œuvre qui a valeur de témoignage historique (c’est une radiographie précise de coup d’état chilien et du régime de Pinochet), mais l’intègre dans une sensibilité plus directement émouvante, qui doit beaucoup à Lemmon et Spacek.
5/6
Music box
Investissant cette fois le genre fertile du film de procès, le réalisateur compose une chronique judiciaire dont la dynamique narrative s’inféode exclusivement au doute croissant de son héroïne, attaquant sur un angle original la question de l’horreur nazie. Le cas de conscience est fort, passionnant, ouvre sur des perspectives assez inédites chez Costa-Gavras : le rapport filial, l’héritage culturel volant en éclats sous la révélation progressive d’une vérité inconcevable.
5/6
Amen
Le cinéaste aborde la Shoah à travers un double combat mis en parallèle mais poursuivant la même finalité : avertir le monde et l’opinion de l’horreur à l’œuvre, notamment face à l’inertie coupable du Vatican. La résonance et l’universalité du propos assurent un intérêt constant, que la maîtrise tranquille et sans esbroufe du cinéaste alimente avec une humilité toujours au service de son sujet. Un film sobre et utile, de cette utilité sans doute nécessaire qui a toujours été la marque de l’auteur.
4/6
Le couperet
Thriller social à la tonalité mi-glaçante, mi-sarcastique, un peu en marge des œuvres précédentes. José Garcia y personnifie les dérives et le désespoir d’un individu dévoré par un capitalisme cannibale, et contraint pour survivre de procéder à l’exécution pure et simple de ses rivaux. La métaphore de notre monde déshumanisé n’est pas des plus subtiles, mais ce mélange d’accusation à charge et d’humour noir est efficace.
4/6
Pas vu les autres.
Mon top :
1.
Z (1968)
2.
L’aveu (1969)
3.
Missing (1982)
4.
Music box (1989)
5.
État de siège (1973)
Le réalisateur engagé et militant entre tous, qui a toujours su employer intelligemment les moyens du cinéma pour faire passer son discours. Son œuvre est un témoignage passionnant des dérives politiques et sociales du monde contemporain.