Costa-Gavras

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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aurélie
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Re: Costa Gavras

Message par aurélie »

Je me l'aime mon petit Costa-Gavras. Mine de rien il devient un des cinéastes dont j'apprécie le plus les films.
A quand un coffret Costa-Gavras ? car là il est très difficile de trouver ses films en DVD (sans que ce ne soit exhorbitant, j'entends).

Pendant très longtemps, le seul film de lui que j'avais vu, c'était Musix Box. Film que j'adore, avec des grandes performances de Lange et Mueller-Stahl, un score magnifique. Toute la partie en Hongrie étant l'apogée du film.
J'ai vu Amen, j'avais été déçu par le film. Je lui redonnerai sa chance, cela dit.


Depuis j'ai vu L'Aveu ; Missing ; Z ; L'état de Siège ; Section Spéciale ; La Main droite du diable.
Dans tous, il appuie là où ça fait mal et dénonce : les coups d'état militaire, ceux qui soutiennent (américains) ces coups d'état car sinon il y aurait de vilains gauchistes au pouvoir (aka communistes en puissance), les extrémistes aux USA (KKK), la France de Vichy (et d'après qui ne veut pas aborder le sujet), le stalinisme et ses parodies de 'procès'.

Ma + grosse claque dans la tronche, c'est l'Aveu. Montand est absolument époustouflant.
Puis, il y a 3 jours, j'ai enfin vu l'excellent 'Missing' avec les non moins excellents Jack Lemon, et Sissi Spacek.


Le moins bon dans cette liste c'est "la main droite...", le thème abordé devait être abordé et le film a des qualités mais je suis pas sûre de la nécessité de l'angle par lequel ça a été fait.
Spoiler (cliquez pour afficher)
le perso de debra winger infiltré qui 'tombe amoureuse' du perso de beranger
Je vais m'arrêter car sinon je pourrais en parler des heures de gavras.

Ah si, je sais que c'est mal mais j'ai eu un gros fou rire à une phrase du générique de fin de 'Section Spéciale' qui n'est pas censé être drôle :oops:
Bon vous savez on a toujours droits aux phrases comme "nous remercions la ville de ..." sauf que là c'était "nous remercions la commune de Vichy pour leur collaboration". :mrgreen: Oui je sais, j'ai un mauvais fond. :arrow:
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Nestor Almendros
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Re: Costa Gavras

Message par Nestor Almendros »

J'aimerais beaucoup revoir COMPARTIMENT TUEURS que j'avais vu à la tv (sur France 3) il y a près de vingt ans je pense et qui m'avait déjà bien titillé (trouvailles formelles, peut-être, avec aussi un rythme et une certaine efficacité, mais c'est bien flou, ça fait longtemps).
Là aussi, je trouve très curieux que ce film soit toujours invisible (avec Yves Montand quand même: il doit y avoir un public). Probable question de droits, encore une fois... :roll:
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Kevin95
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Re: Costa Gavras

Message par Kevin95 »

Nestor Almendros a écrit :J'aimerais beaucoup revoir COMPARTIMENT TUEURS que j'avais vu à la tv (sur France 3) il y a près de vingt ans je pense et qui m'avait déjà bien titillé (trouvailles formelles, peut-être, avec aussi un rythme et une certaine efficacité, mais c'est bien flou, ça fait longtemps).
Là aussi, je trouve très curieux que ce film soit toujours invisible (avec Yves Montand quand même: il doit y avoir un public). Probable question de droits, encore une fois... :roll:
Le film (excellent) est trouvable en entier sur Youtube. :wink:
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Costa Gavras

Message par Nicolas Mag »

aurélie a écrit : Le moins bon dans cette liste c'est "la main droite...", le thème abordé devait être abordé et le film a des qualités mais je suis pas sûre de la nécessité de l'angle par lequel ça a été fait.
Spoiler (cliquez pour afficher)
le perso de debra winger infiltré qui 'tombe amoureuse' du perso de beranger
moins bon peut être mais extremment audacieux car c'est un film plus hollywoodien que les autres et donc on a le droit à quelques facilités mais fallait le faire de sortir un film sur un tel sujet, le film est sorti à peu près en même temps que Mississippi Burning d'alan parker.
Bon vous savez on a toujours droits aux phrases comme "nous remercions la ville de ..." sauf que là c'était "nous remercions la commune de Vichy pour leur collaboration". :mrgreen: Oui je sais, j'ai un mauvais fond. :arrow:
M'etonnerait que ce soit pas fait exprès :wink:
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Re: Costa Gavras

Message par riqueuniee »

Le film a été tourné , pour certaines séquences, à Vichy. C'est sûr que la phrase, à la base très banale, fait bizarre dans ces conditions. Surtout en 1975, alors que la connotation du mot était encore très forte (personne n'aurait eu l'idée d'appeler ses employés ou collègues "collaborateurs" comme ça se fait maintenant).Est-ce volontaire ? Je ne suis pas sûre. Je pense plutôt qu'ils ont laissé passer ce vrai/faux jeu de mots.
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Thaddeus
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Re: Costa Gavras

Message par Thaddeus »

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(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)


Z
Le cinéma de Costa-Gavras, tel qu’il s’épanouira dans les films suivants, s’exprime de manière presque canonique dans cette vibrante dénonciation coup-de-poing du totalitarisme, qui métaphorise de façon à peine voilée l’avènement d’une dictature. C’est du grand cinéma politique, dont le degré d’engagement se nourrit des armes puissantes du cinéma : le montage nerveux, l’investissement des acteurs, l’intrigue dense et serrée sont tous au service du décryptage opéré par l’auteur, celui d’un état qui bascule dans le fascisme, et celui d’une conscience qui s’y oppose. 5/6

L’aveu
Militantisme fiévreux et intelligence dans la façon de le faire valoir, là encore. Costa-Gavras poursuit son réquisitoire. Il braque cette fois sa caméra sur l’insoutenable processus d’aliénation des régimes communistes en Europe de l’Est, suivant le calvaire d’un homme que la machine étatique s’efforce de plier à sa volonté. L’enfer des geôles néo-staliniennes, l’horreur des tortures physiques et psychologiques, la logique monstrueuse de la soumission au parti sont dévoilées avec une force imparable. 5/6

Etat de siège
Dénonciation politique, troisième chapitre. Costa-Gavras revient à l’inspiration de Z en une analyse précise des étapes menant un pays d’Amérique du Sud à un régime dictatorial. En éclairant le rôle occulte tenu par la CIA, son accointance avec les groupes révolutionnaires armés et les actions paramilitaires menées au profit d’intérêts économiques contradictoires avec le bien-être du peuple, le film efface toute afféterie au profit d’une sobriété quasi-documentaire, et captive. 4/6

Missing
La filmographie de Costa-Gavras s’articule avec une logique exemplaire, suivant une cohérence sans faille. Le sujet qu’Etat de siège traitait sur un mode exclusivement politique, ce nouvel opus l’approfondit de manière plus intime, à travers le drame familial d’un individu emporté dans la tourmente. Une fois de plus, le cinéaste livre une œuvre qui a valeur de témoignage historique (c’est une radiographie précise de coup d’état chilien et du régime de Pinochet), mais l’intègre dans une sensibilité plus directement émouvante, qui doit beaucoup à Lemmon et Spacek. 5/6

Music box
Investissant cette fois le genre fertile du film de procès, le réalisateur compose une chronique judiciaire dont la dynamique narrative s’inféode exclusivement au doute croissant de son héroïne, attaquant sur un angle original la question de l’horreur nazie. Le cas de conscience est fort, passionnant, ouvre sur des perspectives assez inédites chez Costa-Gavras : le rapport filial, l’héritage culturel volant en éclats sous la révélation progressive d’une vérité inconcevable. 5/6

Amen
Le cinéaste aborde la Shoah à travers un double combat mis en parallèle mais poursuivant la même finalité : avertir le monde et l’opinion de l’horreur à l’œuvre, notamment face à l’inertie coupable du Vatican. La résonance et l’universalité du propos assurent un intérêt constant, que la maîtrise tranquille et sans esbroufe du cinéaste alimente avec une humilité toujours au service de son sujet. Un film sobre et utile, de cette utilité sans doute nécessaire qui a toujours été la marque de l’auteur. 4/6

Le couperet
Thriller social à la tonalité mi-glaçante, mi-sarcastique, un peu en marge des œuvres précédentes. José Garcia y personnifie les dérives et le désespoir d’un individu dévoré par un capitalisme cannibale, et contraint pour survivre de procéder à l’exécution pure et simple de ses rivaux. La métaphore de notre monde déshumanisé n’est pas des plus subtiles, mais ce mélange d’accusation à charge et d’humour noir est efficace. 4/6

Pas vu les autres.

Mon top :

1. Z (1968)
2. L’aveu (1969)
3. Missing (1982)
4. Music box (1989)
5. État de siège (1973)

Le réalisateur engagé et militant entre tous, qui a toujours su employer intelligemment les moyens du cinéma pour faire passer son discours. Son œuvre est un témoignage passionnant des dérives politiques et sociales du monde contemporain.
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Demi-Lune
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Re: Costa Gavras

Message par Demi-Lune »

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Missing, porté disparu (1982)

Un bon film, même si j'avoue que je m'attendais à mieux encore.
La capacité de Costa Gavras à pointer le doigt sur de grandes problématiques politiques est toujours aussi efficace. Ici, la politique extérieure de l'administration Nixon en Amérique du Sud (bien que non nommément cité, le contexte est celui du renversement de Salvador Allende grâce à l'appui de la CIA et du putsch du général Pinochet) fait l'objet d'une critique féroce, entre stratégies de l'ombre sanglantes de containment face au communisme en Amérique du Sud, et cautionnement implicite, voire implication directe, face à des disparitions commodes relevant d'un arbitraire dictatorial qu'il convient d'appuyer.
Ce film s'inscrit bien dans ce courant du cinéma américain des années 1980 passant au crible la politique étrangère américaine dans sa chasse gardée sud-américaine (le Nicaragua avec Under Fire, le Salvador avec le film éponyme d'Oliver Stone). Le mystère qui continue de planer sur la mort de Charles Horman fait partager au spectateur la même frustration dégoûtée que les protagonistes du film, condamnés à vivre dans une incertitude entretenue au nom de la sécurité nationale américaine. A la manière d'un J.F.K., en moins percutant tout de même, Missing se veut un plaidoyer démocratique, une invitation citoyenne à chercher la vérité et à s'indigner des stratégies et les dérives opérées par le pouvoir politique. Jack Lemmon le répète régulièrement dans le film : "Je suis un citoyen américain !". Derrière cette affirmation, se lit la valeur fondamentale de ce statut, qui réclame respect et considération de la part des autorités élues et induit le droit salutaire à la dénonciation de leurs déviations.
La reconstitution du Chili de 1973, en proie à la terreur de la junte militaire qui se livre à l'épuration, est plutôt intéressante. Je trouve cependant que l'histoire n'est pas aussi prenante qu'elle aurait dû être. Costa Gavras montre bien le caractère kafkaïen de cette recherche, mais le mélange entre les souvenirs racontés et l'action présente n'est pas toujours très clair, et l'émotion paraît d'autant plus distante que cette histoire tragique aurait dû donner lieu à d'intenses portraits de proches dévastés par l'incompréhension et l'inquiétude. Or, Lemmon et Spacek ne m'ont pas paru toujours à la hauteur du poids émotionnel qui a forcément dû peser sur les personnes qu'ils incarnent : Spacek est d'une force inébranlable, Lemmon est longtemps très détaché.
Dernière modification par Demi-Lune le 17 juil. 13, 14:09, modifié 1 fois.
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Re: Costa Gavras

Message par AtCloseRange »

Lemmon et Spacek sont parfaits.
J'ai l'impression que tu critiques davantage les personnages que les interprètes en fait.
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Demi-Lune
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Re: Costa Gavras

Message par Demi-Lune »

AtCloseRange a écrit :J'ai l'impression que tu critiques davantage les personnages que les interprètes en fait.
Sans doute, quoique les deux soient liés, forcément. J'avoue que le comportement des deux personnages m'a vraiment surpris. Ils ont peut-être vraiment été comme ça, en vrai, qui sait. Entre l'épouse qui ne panique jamais, ne se met jamais en colère, et le père bougon et vieux jeu (limite si c'est pas pénible pour lui de se déplacer à l'étranger)... ce n'est que progressivement que les deux personnages (et donc les acteurs) donnent véritablement la mesure de leur détresse. Pendant longtemps, ils sont plutôt dans une attitude dédramatisante, mesurée, ils veulent croire que c'est une disparition momentanée, une fuite... A titre purement personnel, j'aurais tendance, si j'étais confronté à la même situation qu'eux, à totalement paniquer et à me faire les pires scénarios possibles, d'autant qu'ils sont quand même dans un pays en plein chaos. Mais pas eux. Du coup, oui, le relatif détachement dont font preuve Spacek et Lemmon, du moins dans la première partie du film, est étonnant et j'ai du mal à trouver ça cohérent par rapport à la gravité du contexte.
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Re: Costa Gavras

Message par Commissaire Juve »

L'aveu est re-passé sur France 2 ce soir... Avec les envies de meurtre que ce film provoque -- notamment contre le personnage incarné par Michel Vitold* -- c'est vraiment impeccable pour aborder la nuit sereinement.

* mais qu'est-ce que t'attends pour lui sauter à la gu*** et lui arracher le nez et les oreilles avec les dents ?

PS : quand Montand croise -- des années après -- un des meneurs d'interrogatoire, j'ai pensé à Patrick Dewaere racontant -- dans "Coup de tête" -- la promesse qu'il s'était faite de démolir la tronche de son adjudant de service militaire une fois de retour à la vie civile, et qui, après l'avoir croisé dans un Prisunic, s'était contenté de le saluer.
-- Il était là, avec son petit caddie. Il s'approche de moi en souriant et puis i' m'dit : "Oooh, ça va ?" Tu sais ce que je lui ai fait ?
-- Non ?
-- J'ai répondu : "Ça va."
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Re: Costa Gavras

Message par Commissaire Juve »

J'ai vu que Compartiment tueurs (1965) était proposé sur Youtube (découpé en neuf morceaux). Là, j'en suis au morceau n°7, mais mon PC vient de crasher pour la seconde fois (c'te vieille mer*** de Windows 7 :evil: ).

Je trouve ahurissant que ce film n'ait toujours pas été édité en DVD. Il y a une distribution incroyable (jusque dans les petits rôles) et -- en dehors de la séquence "lettre d'amour" avec Simone Signoret (passage plutôt gonflant) -- c'est vraiment sympa.

A un moment, Charles Denner a deux tirades assez fendardes. On dirait du Audiard, mais ça n'en est pas.

EDIT : c'est un film FOX. Quand on sait comment "La métamorphose des cloportes" a été traité (film FOX également) ; c'est mal barré pour une édition soignée.

EDIT 2 : oooh, je vois que lorsqu'il est sorti en VHS -- chez nous -- c'était Warner qui s'en était occupé. Eh bien : Messieurs Warner, vous seriez bien aimables de le sortir en DVD.
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Re: Costa Gavras

Message par Nicolas Mag »

à un moment l'editeur KG devait sortir tous ses (premiers) films mais finalement ils n'ont sortis que Z (aussi le thé au harem d'archmède et Latcho drom) mais la société a fait faillite :shock: :? depuis plusieurs années, rien ne sort à part Z ressorti dans le coffret Montand uniquement

Une honte quoi :evil:
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Re: Costa Gavras

Message par Léo Pard »

A noter la diffusion de Music Box ce soir à 23h30 sur HD1. Jamais vu, je tâcherai de l'enregistrer.
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AtCloseRange
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Re: Costa Gavras

Message par AtCloseRange »

Léo Pard a écrit :A noter la diffusion de Music Box ce soir à 23h30 sur HD1. Jamais vu, je tâcherai de l'enregistrer.
Immanquable même si j'imagine que c'est en VF.
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Re: Costa Gavras

Message par odelay »

VM pour music box ce soir. Grand film.
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