Notez les films naphtas - juillet 2011

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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monk
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par monk »

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La charge des tuniques bleues d'Anthony Mann

Voilà un western un peu différent: point de cowboys ici, mais des trappeurs travaillant pour l'armée. La nature et la raison contre la civilisation et le pouvoir. Mais ce n'est pas si simple: Jed le trappeur rêve d'être enrolé et admire l'uniforme même s'il ne semble pas fait pour ses rêgles, et il y a bien un capitaine honnête et sensé dans le fort, pourtant voué coeur et âme à l'armée.
Même si le film ne manque pas de moments de tension, il s'agit sans doute du western de Mann le plus léger dans sa forme, à l'image de sa chanson de générique, ou de son héros, Jed, léger et décontracté. Mais le film n'en est pas pour autant ininteressant, puisqu'il oscille toujours entre la Nature et la Civilisation, cherchant le meilleur compromis pour tous, au delà de tout manichéisme.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Si la Nature finie par gagner le coeur des femmes et que la Raison l'emporte sur le Pouvoir, la Civilisation gagne un bon soldat. Une fin douce amer donc.
Film aussi un peu plus ambitieux que certains de ses prédécésseurs, avec un grand nombre de figurant et un fort somme toute assez impressionnant comme décors, en plus des décors naturels, toujours de toute beauté.
Je garde !

J'en ai fini avec Mann pour le moment (Furies et Tin Star, ça sera pour plus tard). Prochain: 40 guns de Samuel Fuller !
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magobei
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par magobei »

monk a écrit :Prochain: 40 guns de Samuel Fuller !
Tu vas te régaler! :D
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Père Jules
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par Père Jules »

magobei a écrit :
monk a écrit :Prochain: 40 guns de Samuel Fuller !
Tu vas te régaler! :D
Rien que l'intro, tu vas tomber par terre :mrgreen:
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par feb »

Et Barbara :oops: :fiou:
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monk
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par monk »

Très impatient de voir celui-là effectivement. Mais je voulais "en finir" avec Mann d'abord :wink:
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par feb »

Red-Headed Woman - Jack Conway (1932)
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Deuxième du coffret Forbidden Hollywood Vol.1, Red-Headed Woman est le film que la Warner souhaite concurrencer en tournant Baby Face avec Barbara Stanwyck : autant dire que la mission est largement réussie tellement le film de la MGM est en dessous. Lent dans son déroulement, il ne se passe pas grand chose surtout si on le compare au film de Green et la miss Harlow a du mal à tenir la concurrence face à la miss Stanwyck.
Dans le film de Conway, Lilian/Lil'/Red (Jean Harlow) cherche à vivre la belle vie en essayant de séduire son patron William Legendre Jr. (Chester Morris) qui ne peut résister aux avances de cette femme et doit divorcer de la sienne. 'Lil' profite donc de cette vie dont elle rêvait mais se rend compte assez rapidement que le père William Legendre Sr. (Lewis Stone) et les amis voient d'un mauvais oeil sa présence du fait de ses origines et de son style. Elle profite alors de la venue en ville du magnat du charbon Charles B. Gaerste (Henry Stephenson) pour le séduire et le faire chanter afin de gagner la confiance des proches de son mari mais son coup tombe à l'eau. Humiliée, elle part à New York où elle prévoit de se marier avec Gaerste tout en ayant une liaison avec son chauffeur Albert (Charles Boyer :mrgreen: ) mais le fils Legendre est au courant du jeu de sa femme et le fait savoir à Gaerste.....

Autant j'apprécie Jean Harlow lorsqu'elle apparait dans des films comme Dinner at eight, Platinum blonde, Libeled Lady (en gros quand elle est entourée d'acteurs avec lesquels elle peut jouer comme Clark Gable, William Powell ou Myrna Loy) ou dernièrement Red Dust, autant je n'ai pas du tout accroché au rôle qu'elle tient dans ce film où elle est pourtant la vedette principale. L'actrice ne m'a pas semblé bien dirigée par Conway avec un jeu qui fait rapidement du sur-place là où Barbara Stanwyck est au contraire beaucoup plus à l'aise. De plus, Jean Harlow joue beaucoup sur un style "vulgaire" (ou tout du moins on cherche à lui faire jouer ce rôle) quand Stanwyck séduit par des jeux de regard, par des mots susurrés aux hommes ou par des postures subjectives mais qui restent "sobres".
Le reste du casting n'apporte rien d'exceptionnel : Chester Morris est assez fade comme mari, Lewis Stone est bien meilleur dans d'autres films (entres autres ceux avec Garbo), Henry Stephenson semble apprécier de se faire tripoter les cheveux par Jean Harlow et Charles Boyer apparait uniquement en toute fin de film comme chauffeur de Gaerste et comme french lover de "Lil"...et joue du Charle Boyer :mrgreen:

Je m'attendais à quelque chose de plus sérieux dans le traitement de l'histoire (même s'il faut reconnaitre que le film est un vrai film pré-code avec liaisons multiples, tenues dénudées et même une tentative de meurtre) et je pense que le visionnage de Baby Face a eu raison de ce Red-Headed Woman....5,5/10
Dernière modification par feb le 7 sept. 11, 20:23, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par feb »

Cain and Mabel - Lloyd Bacon (1936)

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Mabel O'Dare (Marion Davies) perd son job de serveuse à cause d'un client. Ce dernier va tenter de se faire pardonner en essayant de lui en trouver un nouveau et va réussir à faire engager la jeune femme comme danseuse dans un spectacle à Broadway. Au même moment le boxeur Larry Cain (Clark Gable), malgré son titre de champion fraichement acquis, n'arrive pas à remplir les salles et perd de l'argent. Les agents de Mabel et les entraineurs de Caine vont s'arranger pour créer une fausse romance entre les 2 personnes afin d'intéresser le public et que chacun y trouve son compte. Si au début, les 2 amoureux ne se supportent pas, ils vont petit à petit tomber amoureux et commencer à prévoir de tout quitter pour vivre leur vie ensemble. Le seul problème c'est qu'ils envisagent de le faire plus tôt que prévu et sans prévenir les gens autour d'eux....

Second film avec le couple Gable/Davies, Cain and Mabel est une comédie sympathique qui souffre malheureusement de 2 gros défauts : Marion Davies n'est vraiment pas à l'aise dans ce rôle et donne l'impression de réciter (c'est d'ailleurs étonnant comme Lloyd Bacon se sent obligé de filmer l'actrice face caméra de nombreuses fois dans le film comme si elle parlait à l'objectif :shock:) et le rythme du film est cassé par des passages du spectacle où est censée jouer Mabel qui s'avèrent mous, mals chantés et trop longs :arrow: un comble quand on sait que Bacon a réalisé 42nd street et Footlight Parade (même si c'est Busby Berkeley qui était aux manettes pour les passages dansés). C'est vraiment dommage car le reste du film est assez agréable et Clark Gable est fidèle à lui même, il réussit à rendre ses scènes drôles et dynamique (le meilleur passage étant celui de la bibliothèque où les 2 amoureux se retrouvent en cachette). Je pense que l'idée de départ, loin d'être originale, était suffisamment intéressante pour rendre le film dynamique et drôle mais ici la sauce ne prend pas : Marion Davies ne semble pas coller pas avec ce rôle (je pense qu'une actrice comme Irene Dunne ou Carole Lombard aurait été plus à l'aise), les séances de music-hall sont trop envahissantes sur la fin et, malheureusement, elles brisent le rythme du film.
Dernière modification par feb le 19 févr. 12, 16:00, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par feb »

La malle de Singapour (China Seas) - Tay Garnett (1935)
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Alan Gaskell (Clark Gable) est le capitaine d'un bateau reliant Hong Kong à Singapour avec à son bord une cargaison d'or cachée dans un rouleur-compresseur et de nombreux passagers plus ou moins liés au capitaine : Dolly "China Doll" Portland (Jean Harlow), dernière conquête de Gaskell qui fait tout pour rester avec lui et dont les manières et l'excentricité exaspèrent Gaskell, Jamesy MacArdle (Wallace Beery) un vendeur de porcs au passé douteux, Sybil Barclay (Rosalind Russell), une femme élégante de la haute société anglaise qui a connu autrefois le capitaine et Tom Davids (Lewis Stone), un ex-capitaine embauché par Gaskell avant le départ et marqué par une attaque de pirates dont il a été le seul survivant et qui traine depuis la réputation d'être un lâche. Durant le voyage, Gaskell va retomber amoureux de Barclay et rendre folle de jalousie China Doll qui, par vengeance, va aider MacArdle à mettre son plan à exécution : faire monter des pirates malais à bord afin de s'emparer de la cargaison d'or....

Quatrième des 6 films du couple Gable/Harlow (après The Secret Six, Red dust et Hold Your Man), China seas est un très bon film d'aventure saupoudré de comédie avec 3 acteurs parfaitement dirigés et à l'aise dans leur rôle : Clark Gable, une fois de plus :roll: , interprète avec beaucoup de charisme ce capitaine coincé entre 2 femmes au caractère et au style bien différents et retrouve un rôle très proche de celui qu'il tient dans Red dust. On peut dire la même chose pour Jean Harlow qui retrouve son partenaire de Red dust et qui campe une fois de plus cette femme du monde, amoureuse et fidèle mais très jalouse et pas forcément très distinguée. L'actrice est agréable à voir jouer (comme dans le film de Fleming) et je confirme ce que j'ai pu dire pour Red-Headed Woman : Harlow n'est jamais aussi bonne que lorsqu'elle est accompagnée d'acteurs solides à ses cotés. Wallace Beery interprète le rôle d'un négociant en porcs, qui laisse planer dès le début du film qu'il est tout sauf blanc comme neige et qui va le prouver par la suite en facilitant l'accès à bord à des pirates dans le but de voler la cargaison d'or. Ce rôle, qui accumule les qualités : traitre, roublard, menteur et voleur :mrgreen: , va comme un gant à l'acteur.
Autour on retrouve de très bons seconds rôles : une jeune et très jolie Rosalind Russell qui campe avec beaucoup de classe une femme anglaise très distinguée, qui a connu Gaskell de nombreuses années auparavant et souhaite de nouveau vivre à lui. Mais le capitaine a changé depuis tout ce temps et elle s'en rendra compte pendant le trajet. Lewis Stone interprète avec beaucoup de conviction le rôle de cet ex-capitaine considéré comme un paria et qui se sacrifiera lors de l'attaque laissant ainsi une meilleure de lui.

La réalisation de Tay Garnett est solide et le metteur en scène sait parfaitement diriger ses acteurs lors des scènes de dialogues ou lors de la scène de tempête assez spectaculaire où les marins doivent éviter de se faire écraser par le rouleau-compresseur tout en essayant de le raccrocher. L'ensemble est très bien mené, pas de baisse de régime trop importante, des acteurs qui font leur boulot et une qualité made in MGM :mrgreen: Le seul point noir du film étant la fin qui semble avoir été dictée par la différence qui existe entre Harlow et Russell : la 1ère est une star de la MGM et la seconde débute juste donc Alan Gaskell doit finir avec la 1ère malgré le fait qu'elle ait aidée MacArdle....
7,5/10
feb
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par feb »

Sa femme et sa secrétaire (Wife versus Secretary) - Clarence Brown (1936)
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L'éditeur Van Stanhope (Clark Gable) est mariée depuis 3 ans à Linda (Myrna Loy) et ils sont toujours aussi amoureux l'un de l'autre. Malgré les remarques de la mère de Van sur la beauté de sa secrétaire, Helen 'Whitey' Wilson (Jean Harlow), Linda fait confiance à son mari et sait que la relation reste strictement professionnelle. Mais la secretaire devient de plus en plus indispensable à Van quand il entreprend le rachat d'un concurrent et l'éditeur se fait de moins en moins présent auprès de sa femme. Lors d'une soirée, le couple se fache à propos de ce 3ème élément : Van refuse que sa secrétaire parte sur un autre poste prétextant le fait qu'elle lui est indispensable alors que sa femme aimerait le contraire. Pour s'excuser et lui montrer qu'elle se trompe, Van profite d'un déplacement professionnel à La Havane pour proposer un voyage à sa femme mais doit annuler au dernier moment car il doit absolument boucler l'affaire en cours. Il se rend donc seul à La Havane et demande à sa secrétaire de le rejoindre sur place. Lorsque Linda apprend cela et qu'elle n'arrive plus à joindre son mari, la jalousie prend le dessus....

5ème film du couple Gable/Harlow, 4ème film du couple Gable/Loy et réalisé par Clarence Brown, Wife versus Secretary avait tout pour être une comédie bien agréable mais malheureusement le film s'avère être un simple triangle amoureux sans prétention, au rythme très classique, à l'interprétation plus que correcte mais sans coup d'éclat et qui manque de passages réellement drôles pour que le film soit qualifié de pure comédie. Les 3 acteurs sont bons avec une mention spéciale à Jean Harlow qui interprète le role d'une secrétaire qui tombe amoureuse de son patron mais qui ne le montre pas et qui saura s'effacer devant sa femme. L'actrice présente une image bien différente de celle qu'elle peut avoir dans Red-Headed Woman ou China Seas et elle est ici élégante, discrète et sobre dans ses tenues et son allure. Clark Gable nous gratifie de quelques grimaces dont il a le secret mais ne semble pas forcer son talent tout le long du film et fait correctement son travail. Il saura parfaitement retranscrire sur la fin du film la déception qui est sienne de voir sa femme se méprendre sur sa relation avec Whitey. Myrna Loy est impeccable dans le rôle de la femme de Van qui va peu à peu croire que son mari le trompe. A noter la présence de James Stewart dans le rôle du prétendant de Whitey et qui fait presque office de figuration dans le film...étonnant de trouver l'acteur dans un rôle film où n'importe quel jeune premier de la MGM aurait fait l'affaire et où l'acteur semble être tout sauf à l'aise.
La réalisation de Clarence Brown est des plus classiques mais il nous gratifie de quelques plans bien emmenés surtout lorsqu'il profite de la taille de la résidence des Stanhope (grande comme 10 fois mon appart, la MGM savait faire des décors simples :mrgreen:) ou qu'il propose des plans simplement basés sur les regards échangés pour faire "passer" le texte : dans la chambre d'hotel, Harlow assise sur le lit où Gable est allongé comprend qu'il vaut mieux qu'elle aille dans sa chambre / lors de la dernière scène, Harlow et Loy se croisent à l'entrée du bureau et l'échange de regard suffit à comprendre le sentiment de chacune d'elle.
6,5/10
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hellrick
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par hellrick »

CINQ HOMMES ARMES

Ce très honnête western co-scénarisé par Dario Argento, CINQ HOMMES ARMES donne la vedette à Peter Graves, héros récurent de « Mission : Impossible ». Un choix logique tant le métrage ressemble à une déclinaison grand écran et transposée dans l’Ouest de la célèbre série télévisée, toutefois mâtinée d’un esprit « film de commando ». Le film suit par conséquent les préparatifs d’un vol audacieux, celui d’une belle quantité d’or, par cinq hommes aux capacités complémentaires : un grand stratège, un expert en armes blanches, un balèze à la force herculéenne, un acrobate et un vieux spécialiste de la dynamite. Comme dans tous les classiques de ce style, la préparation de l’attaque et le vol en lui-même occupent toute la partie centrale du métrage.

1915, en pleine révolution mexicaine. Le Hollandais, stratège émérite, rassemble quatre hommes pour une mission délicate : s’emparer d’une importante cargaison d’or convoyée par un train lourdement défendu. Une fois la mission remplie, le Hollandais a promis le pactole aux révolutionnaires mais, en réalité, il compte garder l’argent pour lui et ses hommes.

Rondement menée, l’intrigue permet quelques considérations nostalgiques et désabusées des différents protagonistes comme en témoigne un échange émouvant entre le vieux dynamiteur et le stratège.
- « Nous sommes quatre hors la loi pas très jeunes plus un gamin et nous avons contre nous une centaine de soldats, sans compter un train blindés et un canon […] cinq pauvres diables contre des mitrailleuses lourdes et des carabines à répétition, des engins qui n’existaient pas dans le bon vieux temps, on est des condamnés en sursis », déclare le vieillard.
- « alors pourquoi as-tu accepté de venir ? » réplique le Hollandais.
- « parce que je n’ai plus rien à perdre. Ca fait plusieurs années que nous sommes mort. Nous sommes finis. »
A l’image des westerns dit « crépusculaires », les héros de CINQ HOMMES ARMES sentent leur fin approcher mais préfèrent partir en beauté, lors d’un dernier coup, plutôt que vivre dans l’Ouest nouveau, celui de la modernité et des automobiles. Ce monde futur n’est pas le leur. D’où cette réunion incongrue entre une brute « ayant pataugé cinq ans dans le fumier », un samouraï réduit à participer à des spectacles de cirque, un jeune voleur traqué, un vieux joueur de poker expert en dynamite et un tacticien exilé et sans racines. Ces « cinq hommes armés » ont déjà un pied dans la tombe mais n’hésitent pas à prendre d’assaut un train lourdement armé convoyant cinq cents milles dollars capable d’alimenter la révolution. Si les bandits espèrent tout d’abord empocher cet argent, ils se rallient, au final et bon gré mal gré, aux insurgés. Le Hollandais révèle qu’il souhaite offrir son soutien aux révolutionnaires pour venger son épouse assassinée et ses complices, d’abord réticent, acceptent finalement cette nouvelle donne. Pas très vraisemblable mais l’honneur des voyous se voit ainsi restauré, in extremis, par cette bonne action rachetant tous leurs « péchés » précédents. Un grand éclat de rire conclut d’ailleurs ce métrage picaresque et divertissant, comme si nul n’était vraiment dupe de ce coup de théâtre mais que chacun voulait cependant croire en la rédemption des canailles.
Non dénué d’ampleur et de lyrisme, plus proche du modèle américain que de l’italien, CINQ HOMMES ARMES privilégie les grands espaces et les extérieurs majestueux, délaissant les gros plans sur les gueules burinées ou les lenteurs caractéristiques. La violence, elle, reste timide et CINQ HOMMES ARMES évite les excès « spaghetti » qui charment les aficionados et irritent les détracteurs. La musique d’Ennio Morricone, par contre, est toujours splendide et formidablement utilisée. Une des meilleures compositions du maestro, à découvrir sans tarder pour ses admirateurs.
La mise en scène de Don Taylor se montre, pour sa part, efficace et carrée, au service d’un script classique mais plaisant. La paternité du métrage est toutefois discutée puisque la version italienne crédite à ce poste le producteur Italo Zingarelli et certaines rumeurs laissent entendre que Dario Argento y aurait également participé. La distribution prestigieuse et les moyens conséquents assurent, eux, un spectacle agréable et rarement ennuyeux tant le rythme se révèle soutenu en dépit d’une durée conséquente de 105 minutes.
Entre les tics du western italiens (ici fortement atténués) et la majesté du grand frère américain, entre le film d’aventures enjoués et le western de fin de cycle, entre cynisme et exaltation de la Révolution, entre humour et commentaires désabusés sur un monde à l’agonie, CINQ HOMMES ARMES trouve étonnamment le ton juste et s’impose non comme un chef d’œuvre mais comme une belle réussite à consommer sans modération.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

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Lord Henry
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par Lord Henry »

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Une mine d'or abandonnée suscite la convoitise d'une bande de hors-la-loi. Sur place, ils sont confrontés aux héritiers des anciens propriétaires, après que ces derniers ont reçu une mystérieuse convocation. Tout ce petit monde va devoir faire face aux agissements d'un fantôme encapuchonné.


Haunted Gold semble avoir pour unique objet la mise en valeur des qualités athlétiques de John Wayne – qui se révèle ici bien piètre comédien. A la vérité, le film appartient essentiellement à son directeur de la photographie, Nicholas Musuraca ; son travail en fait tout l'intérêt. A la faveur des séquences nocturnes et d'un décor évoquant plus Le Chat et Le Canari ou The Old Dark House que la tradition du western, le technicien prend plaisir à tirer le film du côté du cinéma fantastique – le spectateur non averti pourrait se croire à certains moments devant un classique oublié de la Universal.
Tout cela serait bel et bon, sans la présence intolérable d'un stéréotype raciste en la personne du compagnon noir de John Wayne; pleutre, superstitieux, maladroit, constamment exposé au ridicule. Le dénie de dignité fait ici office de ressort comique, au point que le malaise croissant fini par céder le pas à l 'écœurement, voire à la colère.
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riqueuniee
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par riqueuniee »

Tchapaev (Gueorgui et Serguei Vassiliev, 1934). L'histoire de Tchapaev et de ses partisans, en lutte contre les Russes Blancs pendant la guerre civile en 1919. C'est de la propagande, c'est parfois maladroit (côté scenario ou dialogues, et interprétation), mais un certain humour (volontaire) dans la description des partisans (qui sont montrés comme des personnages assez pittoresques), et la qualité des images (il y a de très beaux plans, et quelques scènes vraiment réussies) compensent les faiblesses de l'ensemble.
Film vu avec ST anglais sur youtube , et non "saucissonné" (référence: chapaev 1934)
Dernière modification par riqueuniee le 19 juil. 11, 13:13, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par popcyril »

A Man Called Horse, d'E. Silverstein. Acheté très récemment dans un Wal-Mart à l'occasion de mes vacances, j'étais attiré par la belle jaquette et par le thème. Je ne m'attendais pas à un chef-d'oeuvre mais ce film vaut bien mieux que la petite réputation de son auteur. Quelques scènes un peu foireuses, d'autres magnifiques (notamment cette scène d'ouverture et tout ce qui se rapporte aux coutumes indiennes, c'est saisissant de réalisme et il est précisé que le Smithsonian Institute a été sollicité à cet effet). Le film est sorti la même année que Little Big Man, ce qui m'a l'air d'être tout sauf un hasard, tant les deux films semblent être de leur temps (1970). Ce qui est franchement réussi: le personnage de R. Harris, qui, comme nous, commence par prendre les Sioux par de parfaits sauvages, ne comprend rien à leur langue (non sous-titrée, un excellent point) ni à leur manière de vivre. On suit tout à fait son cheminement. L'empathie suscitée par le film pour des Indiens pas encore chassés de leurs terres par les Blancs (le film se situe dans la première moitié du 19ème siècle dans le territoire du Dakota ou du Montana), ne fait pas pour autant l'impasse sur la cruauté qui peut parfois s'exprimer dans leur mode de vie (voir
Spoiler (cliquez pour afficher)
l'abandon des femmes veuves ou sans fils pour les protéger, la tribu les laissant littéralement crever sur place et se partageant leurs possessions de leur vivant
). Quant à la fin, elle est cruelle mais réaliste,
Spoiler (cliquez pour afficher)
et le personnage de R. Harris, en dépit de toute l'affection qu'il peut éprouver pour la tribu, ne peut envisager d'y vivre. Il ne s'y est intégré que pour mieux s'en échapper, ce qui en fait un personnage assez ambivalent pour être intéressant.
Le transfert br est dans l'ensemble réussi, à quelques secondes près (un plan très abîmé et flou). Les couleurs flamboient, les costumes sont magnifiques, et franchement, ces paysages donnent envie d'y retourner!
Une belle découverte.
julien
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par julien »

riqueuniee a écrit :Tchapaev (Gueorgui et Serguei Vassiliev, 1934). L'histoire de Tchapaev et de ses partisans, en lutte contre les Russes Blancs pendant la guerre civile en 1919. C'est de la propagande, c'est parfois maladroit (côté scenario ou dialogues, et interprétation), mais un certain humour (volontaire) dans la description des partisans (qui sont montrés comme des personnages assez pittoresques), et la qualité des images (il y a de très beaux plans, et quelques scènes vraiment réussies) compensent les faiblesses de l'ensemble.
Film vu avec ST anglais sur youtube , et non "saucissonné" (référence: chapaev 1934)
La partition du film est signée Gavriil Popov. Celui-là même qui devait mettre en musique Le Pré de Bejine d'Eisenstein. Dans les années 30, il faisait de la musique assez audacieuse, complètement à contre courant des valeurs prônés par le réalisme socialiste. Dans le genre, sa 1er symphonie est vraiment étonnante. Après par contre il s'est nettement calmé, un peu comme Prokofiev d'ailleurs. Je connais pas cette musique mais s'il s'agit d'un film de propagande, je pense pas que ça soit tellement original.
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: Notez les films naphtas - juillet 2011

Message par riqueuniee »

Il y a peu de musique originale dans le film (en plus, si les images étaient belles, et la copie plus que correcte, le son, lui, était mauvais). On entend surtout les personnages chanter (probablement des airs russes traditionnels, plus quelques chants patriotiques -?-), le plus souvent en groupe. Ce qui, à l'oreille, sonne façon Choeurs de l'Armée Rouge.
Je précise que le film ne prend jamais des allures de film musical. C'est juste que, quelquefois, dans le film, les partisans chantent (dans les moments de pause, ou en partant au combat). Des moments comme on peut en voir dans nombre de films au sujet comparable. Et c'est surtout ça qu'on entend comme musique. Le film comporte finalement peu de scènes accompagnées de musique.
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