Shôhei Imamura (1926-2006)
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Ça c'est une super nouvelle !!!!!
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
L'évaporation d'un homme est une oeuvre qui a été pour moi essentielle à la compréhension des rapports qui unissent le cinéma et le documentaire, à travers la mise en scène et la notion de vérité.
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Deux très beaux films, certes !blaisdell a écrit :Le plus grand réalisateur japonais depuis la disparition de Kurosawa est mort à l'âge de 79 ans.
Deux fois palmes d'or à Cannes en 1983 (La ballade de Narayama) et en 1997 (L'anguille).
Mais je trouve que Yamada Yoji est un plus grand réalisateur encore.
On peut d'ailleurs acheter ses films chez Yes Asia, cf. http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 10&t=32718
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
T'as des billes chez eux?8140david a écrit :Deux très beaux films, certes !blaisdell a écrit :Le plus grand réalisateur japonais depuis la disparition de Kurosawa est mort à l'âge de 79 ans.
Deux fois palmes d'or à Cannes en 1983 (La ballade de Narayama) et en 1997 (L'anguille).
Mais je trouve que Yamada Yoji est un plus grand réalisateur encore.
On peut d'ailleurs acheter ses films chez Yes Asia, cf. http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 10&t=32718
Yamada, j'aime bien, mais de là à le comparer à Imamura...
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Chacun ses goûts !
Pour moi, Yamada est un cran au-dessus par rappport à Imamura.
J'en parle pour faire mieux connaître Yamada Yoji, qui doit être resté quasiment inconnu en France j'imagine.
Pour moi, Yamada est un cran au-dessus par rappport à Imamura.
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
16 films existent en DvD ou B-D sur les 27 films et documentaires que comptent la filmographie du réalisateur :
- 11'09''01 - September 11 (Segment) (2002) DvD First Run Features
- Warm Water Under a Red Bridge aka Akai hashi no shita no nurui mizu (2001) Wision et DeltaMac DvD
- Dr. Akagi aka Kanzo sensei (1998) DvD Kino Video et Studio Canal
- L'anguille aka Unagi (1997) DvD Films sans Frontieres
- Pluie Noire aka Kuroi ame (1989) DvD Films sans Frontieres
- The Ballad of Narayama aka Narayama bushikō (1983) DvD et B-D MoC
- Eijanaika (1981) DvD MK2
- Vengeance Is Mine aka Fukushû suru wa ware ni ari (1979) DvD Criterion, MoC et MK2 + B-D MoC
- Pirates of Buban aka Bubuan no KAizuko (Doc.) DvD Choses Vues (France)
- Profound Desires of the Gods aka Kamigami no Fukaki Yokubo (1968) DvD et B-D MoC
- A Man Vanishes aka Ningen jōhatsu (Doc.) (1967) DvD MoC et Choses Vues (France)
- The Pornographers aka Erogotoshi-tachi yori: Jinruigaku nyûmon (1966) DvD Criterion
- Intentions of Murder aka Akai satsui (1964) DvD Criterion
- The Insect Woman aka Nippon konchûki (1963) DvD Criterion
- Pigs and Battleships aka Buta to gunkan (1961) DvD Criterion et B-D MoC
- Stolen Desire aka Nusumareta yokujo (1958) DvD et B-D MoC
Il en manque 11 dont 7 sont des documentaires, à édité en DvD ou B-D . Et refaire aussi les 5 qui ne sont pas édités chez MoC ou Criterion.
- Zegen (87)
- Still in search of unreturned soldiers aka Zoku Mikikanhei o Otte 3 (Doc.)
- The Making of a Prostitute aka Karayuki-sanThe Making of a Prostitute (Doc.) -- Muhomatsu returns home aka Muhomatsu Kokyo ni Kaeru (Doc.) (73)
- I want to go far away, my Shimokita aka Toku e Ikitai; Ore no Shimokita (Doc.) (72)
- In Search of unreturned soldiers 2 - Thailand aka Mikikanhei o Otte 2 (Doc.) -- Search of unreturned soldiers aka Mikikanhei o Otte (Doc.) (71)
- History of Postwar Japan as Told by a Bar Hostess aka Nippon Sengoshi : Madamu onboro no Seikatsu (Doc.) (70) Visible en streaming VOSTF
- My Second Brother aka Nianchan (59) -- Lights of Night aka Nishi Ginza ekimae (59)
- Endless Desire aka Hateshinaki yokubô (58)
Merci à Gnome pour le complément d'info
- 11'09''01 - September 11 (Segment) (2002) DvD First Run Features
- Warm Water Under a Red Bridge aka Akai hashi no shita no nurui mizu (2001) Wision et DeltaMac DvD
- Dr. Akagi aka Kanzo sensei (1998) DvD Kino Video et Studio Canal
- L'anguille aka Unagi (1997) DvD Films sans Frontieres
- Pluie Noire aka Kuroi ame (1989) DvD Films sans Frontieres
- The Ballad of Narayama aka Narayama bushikō (1983) DvD et B-D MoC
- Eijanaika (1981) DvD MK2
- Vengeance Is Mine aka Fukushû suru wa ware ni ari (1979) DvD Criterion, MoC et MK2 + B-D MoC
- Pirates of Buban aka Bubuan no KAizuko (Doc.) DvD Choses Vues (France)
- Profound Desires of the Gods aka Kamigami no Fukaki Yokubo (1968) DvD et B-D MoC
- A Man Vanishes aka Ningen jōhatsu (Doc.) (1967) DvD MoC et Choses Vues (France)
- The Pornographers aka Erogotoshi-tachi yori: Jinruigaku nyûmon (1966) DvD Criterion
- Intentions of Murder aka Akai satsui (1964) DvD Criterion
- The Insect Woman aka Nippon konchûki (1963) DvD Criterion
- Pigs and Battleships aka Buta to gunkan (1961) DvD Criterion et B-D MoC
- Stolen Desire aka Nusumareta yokujo (1958) DvD et B-D MoC
Il en manque 11 dont 7 sont des documentaires, à édité en DvD ou B-D . Et refaire aussi les 5 qui ne sont pas édités chez MoC ou Criterion.
- Zegen (87)
- Still in search of unreturned soldiers aka Zoku Mikikanhei o Otte 3 (Doc.)
- The Making of a Prostitute aka Karayuki-sanThe Making of a Prostitute (Doc.) -- Muhomatsu returns home aka Muhomatsu Kokyo ni Kaeru (Doc.) (73)
- I want to go far away, my Shimokita aka Toku e Ikitai; Ore no Shimokita (Doc.) (72)
- In Search of unreturned soldiers 2 - Thailand aka Mikikanhei o Otte 2 (Doc.) -- Search of unreturned soldiers aka Mikikanhei o Otte (Doc.) (71)
- History of Postwar Japan as Told by a Bar Hostess aka Nippon Sengoshi : Madamu onboro no Seikatsu (Doc.) (70) Visible en streaming VOSTF
- My Second Brother aka Nianchan (59) -- Lights of Night aka Nishi Ginza ekimae (59)
- Endless Desire aka Hateshinaki yokubô (58)
Merci à Gnome pour le complément d'info
Dernière modification par Akrocine le 20 juil. 11, 20:38, modifié 4 fois.
"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Je pense encore avoir ma VHS
Sinon j'en ai 12, comme beaucoup j'imagine. Je me prendrais A Man Vanishes (que j'ai déjà vu).
Sinon j'en ai 12, comme beaucoup j'imagine. Je me prendrais A Man Vanishes (que j'ai déjà vu).
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Bon apparemment IMDB est vraiment pas à jour au niveau de la filmo d'Imamura
http://www.cinemasie.com/fr/fiche/perso ... urashohei/
Je met à jour ma liste
http://www.cinemasie.com/fr/fiche/perso ... urashohei/
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"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
L'évaporation d'un homme (1967)
Je ne peux que rejoindre l'enthousiasme général sur ce titre passionnant d'une rare pertinence dans sa mise en abîme réfléchie et troublante du documentaire et de la fiction. (d'où quelques SPOILERS)
J'aurai voulu en parler plus en longueur mais je l'ai vu il y a maintenant plus d'un mois et les souvenirs ne font plus imprécis.
La première partie est donc du pur documentaire : contexte sociale, chiffres, interviews des proches et des collègues, suppositions, tentatives de reconstitutions etc... Puis vient un moment surprenant où la fiancée tombe amoureux d'une personne de l'équipe du tournage alors qu'elle ressent une lassitude à chercher l'homme qu'elle aurait du épousé.
Avec cette rupture de ton humoristique, Imamura prouve déjà que par sa présence, une équipe de cinéma influence forcément ceux qu'elle filme, conditionne leur comportements, manipule leurs réactions et malmène l'objectivité.
Ca lance la deuxième partie qui radicalise encore plus ce discours. Le réalisateur essaye d'en savoir plus sur la double vie qu'aurait pu mener cet homme évaporé. L'enquête le conduit dans un village reculé où il aurait eut une liaison avec sa future belle-soeur. Un commerçant les as vu ensemble. Celle-ci nie, la fiancée ne la crois pas. La conversion monte, les propos se font plus violent, tout le monde campe sur sa position... sa vérité. L'histoire se dirige vers une impasse ?
Non. Tout ceci n'est qu'un film tourné dans un studio avec des acteurs professionnels. Mais le fond reste vrai. Où est donc passé cet homme ? A-t-il eut ou pas cette liaison ? Du coup les acteurs rejouent la scène dans une ruelle en interpellant les passants (sont-ils eux aussi des acteurs ? ) pour leur demander leurs avis.
Bilan ? Toujours une impasse et une incapacité à trouver quelle vérité est la bonne et si la vérité existe bel et bien ?
La vérité cinématographique, elle, n'existe en tout cas pas.
L'évaporation d'un homme est un film en tout cas indispensable pour qui s’intéresse à la mise en scène, au langage cinématographique et à la séparation (ou non) des genres. Un film bouillonnant, pas toujours rythmé avec quelques longueurs. Mais ces longueurs se justifient par ce que l'enquête piétine et s'égare dans toutes les hypothèses qui pourraient apporter une solution.
En revanche tout le dernière partie (plus de 30 minutes) qui filme la confrontation entre le vendeur et les deux soeurs est un joli tour de force qui pousse le débat dans une abstraction tant visuelle que thématique. Le propos a beau se répéter inlassablement, les nuances dans le découpage, la progression dans l'intensité du jeu des acteurs, la photographie de plus en plus obscurs renouvellent à chaque instant le dialogue pour devenir de plus en plus troublant et hypnotique tout en conservant un humour cinglant qui n'a pas peut de l'auto-dérision.
Un immense chef d'oeuvre pas facile à appréhender en une seule vision qui peu aussi en laisser plusieurs sur le carreau. Mon pote Guillaume d'1kult a rarement été aussi en colère qu'à la sortie de ce film qui est pour lui de le sommet absolu de anti-cinéma... Je lui ai répondu que c'était justement le propos du film, ça ne l'a pas convaincu
Je ne peux que rejoindre l'enthousiasme général sur ce titre passionnant d'une rare pertinence dans sa mise en abîme réfléchie et troublante du documentaire et de la fiction. (d'où quelques SPOILERS)
J'aurai voulu en parler plus en longueur mais je l'ai vu il y a maintenant plus d'un mois et les souvenirs ne font plus imprécis.
La première partie est donc du pur documentaire : contexte sociale, chiffres, interviews des proches et des collègues, suppositions, tentatives de reconstitutions etc... Puis vient un moment surprenant où la fiancée tombe amoureux d'une personne de l'équipe du tournage alors qu'elle ressent une lassitude à chercher l'homme qu'elle aurait du épousé.
Avec cette rupture de ton humoristique, Imamura prouve déjà que par sa présence, une équipe de cinéma influence forcément ceux qu'elle filme, conditionne leur comportements, manipule leurs réactions et malmène l'objectivité.
Ca lance la deuxième partie qui radicalise encore plus ce discours. Le réalisateur essaye d'en savoir plus sur la double vie qu'aurait pu mener cet homme évaporé. L'enquête le conduit dans un village reculé où il aurait eut une liaison avec sa future belle-soeur. Un commerçant les as vu ensemble. Celle-ci nie, la fiancée ne la crois pas. La conversion monte, les propos se font plus violent, tout le monde campe sur sa position... sa vérité. L'histoire se dirige vers une impasse ?
Non. Tout ceci n'est qu'un film tourné dans un studio avec des acteurs professionnels. Mais le fond reste vrai. Où est donc passé cet homme ? A-t-il eut ou pas cette liaison ? Du coup les acteurs rejouent la scène dans une ruelle en interpellant les passants (sont-ils eux aussi des acteurs ? ) pour leur demander leurs avis.
Bilan ? Toujours une impasse et une incapacité à trouver quelle vérité est la bonne et si la vérité existe bel et bien ?
La vérité cinématographique, elle, n'existe en tout cas pas.
L'évaporation d'un homme est un film en tout cas indispensable pour qui s’intéresse à la mise en scène, au langage cinématographique et à la séparation (ou non) des genres. Un film bouillonnant, pas toujours rythmé avec quelques longueurs. Mais ces longueurs se justifient par ce que l'enquête piétine et s'égare dans toutes les hypothèses qui pourraient apporter une solution.
En revanche tout le dernière partie (plus de 30 minutes) qui filme la confrontation entre le vendeur et les deux soeurs est un joli tour de force qui pousse le débat dans une abstraction tant visuelle que thématique. Le propos a beau se répéter inlassablement, les nuances dans le découpage, la progression dans l'intensité du jeu des acteurs, la photographie de plus en plus obscurs renouvellent à chaque instant le dialogue pour devenir de plus en plus troublant et hypnotique tout en conservant un humour cinglant qui n'a pas peut de l'auto-dérision.
Un immense chef d'oeuvre pas facile à appréhender en une seule vision qui peu aussi en laisser plusieurs sur le carreau. Mon pote Guillaume d'1kult a rarement été aussi en colère qu'à la sortie de ce film qui est pour lui de le sommet absolu de anti-cinéma... Je lui ai répondu que c'était justement le propos du film, ça ne l'a pas convaincu
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Pas mieux, j'ai, du coup, très envie de le revoir !
- gnome
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Il est à 20 cm de mon lecteur...
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Désir meurtrier (1964)
Un mère au foyer mène une existence stérile entre son mari et sa belle-mère qui l'étouffent et la rabaissent. Alors qu'elle se retrouve seule un soir, un cambrioleur la viole. Ce dernier tombe amoureux d'elle et revient la voir.
Il s'agit d'une pierre angulaire dans le mouvement de la nouvelle vague locale avec une histoire forte, osée et féministe. Imamura parvient à dresser un magnifique portrait de femme sur un sujet des plus délicats pour ne pas dire impossible : l'émancipation d'une femme amoureuse de son violeur.
Avec un tel sujet il serait facile de tomber dans des clichés nauséabonds mais le traitement d'Imamura en fait une œuvre mature, complexe, ambiguë d'une très grande richesse qui n'a pas peur de la durée (150 minutes) avec une mise en scène qu'on pourrait peut-etre qualifier de lente.
Mais la réalisation de Imamura est d'une telle puissance visuelle que l'évolution de son personnage se passe de dialogues explicatifs et psychologiques. Le spectateur est donc plus d'une fois saisi aux tripes par une utilisation ahurissante de l'espace, d'une photographie exceptionnelle et de plans filmés à l'épaule parfois très, très longs et virtuoses.
Comme à chaque fois chez Imamura, rien de gratuit formellement, tout est d'une cohérence visuelle et thématique en parfaite osmose avec la réalisation : refermée, sombre et oppressante au début, la mise en scène s'aère et s'éclaircie sur la longueur retrouvant une blancheur à la pureté virginale.
Cette rigueur n'exclut pas les fulgurances poétiques comme cette neige qui se met à tomber subitement dans une scène clé du film. La précision et la virtuosité du film étonnent d'ailleurs à plusieurs et on se demande comment le cinéaste a pu obtenir de tel résultat. Pourtant ce formalisme (voire cette expérimentation) ne fait jamais sortir du film car on s'identifie à l'héroïne grâce justement à ce travail d'orfèvres d'Imamura. Ainsi on vit chaque seconde de l'impressionnant plan-séquence sur les quais de la gare comme on sent la passion absurde de l'agresseur dans un plan rythmé par le balancement d'une ampoule ou comme on reçoit en pleine figure un accident imprévisible.
Désir meurtrier est un film qui échappe à toute règle, à tout schéma connu, à toute logique commerciale (les acteurs ont tous des physiques banals pour ne pas dire ingrats) pour un résultat hypnotique d'une densité psychologique et visuelle qui en fait un authentique chef d'œuvre. C'est aussi comme souvent avec Imamura un film très subversif envers le Japon qui attaque violemment le machisme d'une société qui se cache derrière une morale et des valeurs hypocrites.
Un mère au foyer mène une existence stérile entre son mari et sa belle-mère qui l'étouffent et la rabaissent. Alors qu'elle se retrouve seule un soir, un cambrioleur la viole. Ce dernier tombe amoureux d'elle et revient la voir.
Il s'agit d'une pierre angulaire dans le mouvement de la nouvelle vague locale avec une histoire forte, osée et féministe. Imamura parvient à dresser un magnifique portrait de femme sur un sujet des plus délicats pour ne pas dire impossible : l'émancipation d'une femme amoureuse de son violeur.
Avec un tel sujet il serait facile de tomber dans des clichés nauséabonds mais le traitement d'Imamura en fait une œuvre mature, complexe, ambiguë d'une très grande richesse qui n'a pas peur de la durée (150 minutes) avec une mise en scène qu'on pourrait peut-etre qualifier de lente.
Mais la réalisation de Imamura est d'une telle puissance visuelle que l'évolution de son personnage se passe de dialogues explicatifs et psychologiques. Le spectateur est donc plus d'une fois saisi aux tripes par une utilisation ahurissante de l'espace, d'une photographie exceptionnelle et de plans filmés à l'épaule parfois très, très longs et virtuoses.
Comme à chaque fois chez Imamura, rien de gratuit formellement, tout est d'une cohérence visuelle et thématique en parfaite osmose avec la réalisation : refermée, sombre et oppressante au début, la mise en scène s'aère et s'éclaircie sur la longueur retrouvant une blancheur à la pureté virginale.
Cette rigueur n'exclut pas les fulgurances poétiques comme cette neige qui se met à tomber subitement dans une scène clé du film. La précision et la virtuosité du film étonnent d'ailleurs à plusieurs et on se demande comment le cinéaste a pu obtenir de tel résultat. Pourtant ce formalisme (voire cette expérimentation) ne fait jamais sortir du film car on s'identifie à l'héroïne grâce justement à ce travail d'orfèvres d'Imamura. Ainsi on vit chaque seconde de l'impressionnant plan-séquence sur les quais de la gare comme on sent la passion absurde de l'agresseur dans un plan rythmé par le balancement d'une ampoule ou comme on reçoit en pleine figure un accident imprévisible.
Désir meurtrier est un film qui échappe à toute règle, à tout schéma connu, à toute logique commerciale (les acteurs ont tous des physiques banals pour ne pas dire ingrats) pour un résultat hypnotique d'une densité psychologique et visuelle qui en fait un authentique chef d'œuvre. C'est aussi comme souvent avec Imamura un film très subversif envers le Japon qui attaque violemment le machisme d'une société qui se cache derrière une morale et des valeurs hypocrites.
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
En espérant que Naruse Mikyo ait droit bientot à des BR de qualité.
En particulier:
When a Woman Ascends the Stairs (1960)
Mother (1952)
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)
Ps: D'Imamura, j'aime bien les derniers films:
Imamura Shohei - 1981 - La Ballade de Narayama
Imamura Shohei - 1989 - Pluie Noire
Imamura Shohei - 1997 - L'Anguille
Imamura Shohei - 1998 - Dr Akagi
Imamura Shohei - 1981 - La Ballade de Narayama
Imamura Shohei - 1989 - Pluie Noire
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