C'est marrant car j'ai tendance à penser ça au début du film avec deux comédiens qui ne paraissent pas être très à l'aise avec le phrasé de Blier et surtout des dialogues qui semblent être une parodie de Blier, puis plus le film avance, plus les acteurs se fondent dans les l'univers de Blier en devenant vraiment formidables et tout semble couler plus facilement. Le film devient même vraiment émouvant et on croit au côté Bunuellien des situations. Un film qui a aps mal de défauts néanmoins mais j'ai vraiment apprécié sur la longueur.Kevin95 a écrit :Notre histoire (Bertrand Blier)
Film sans histoire comme le dit le réalisateur (on est habitué avec Blier, la plupart de ses films partent d'un pitch tenu pour partir en vrille dès le premier quart d'heure), Notre histoire est surtout resté dans les mémoires pour avoir offert à Delon un rôle surprenant et pour lequel il se dépasse. En le découvrant, je m'aperçois que cette réputation n'est pas volée, le père Delon est dément dans son rôle de looser alcoolo, n'en fait jamais des caisses et de surcroits, utilise son fameux regard froid (de samouraï) non pas pour montrer sa force mais au contraire toute la fragilité et la tristesse de son personnage. Le reste du casting est tout aussi bon et on aurait touché au chef d'œuvre si Blier ne dérivait pas trop son film à quelques occasions (qui nous fait perdre la relation amoureuse Delon / Baye).
Bertrand Blier
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
- odelay
- David O. Selznick
- Messages : 13148
- Inscription : 19 avr. 03, 09:21
- Localisation : A Fraggle Rock
Re: Notez les films de octobre 2008
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 264
- Inscription : 12 déc. 09, 21:09
- Localisation : Corbeil Sud
Re: Bertrand Blier
A ce titre c'est étonnant de voir à quel point Noiret et Bouquet, dans un film pourtant plus qu'anecdotique, s'emparent du phrasé de Blier comme peu d'acteurs ont su le faire...
"Je suis venu, j'ai bu, j'ai vomu." Cules Jésar.
- Profondo Rosso
- Howard Hughes
- Messages : 18529
- Inscription : 13 avr. 06, 14:56
Re: Bertrand Blier
Notre Histoire (1985)
[
Abordé dans un compartiment de première classe d'un train par une jeune femme désemparée qui s'offre à lui, un garagiste s'installe dans la vie de celle-ci contre son gré.
Un des Blier les plus déroutants qui trouve en partie les raisons de sa forme atypique dans sa genèse. En effet le réalisateur désireux de travailler de longue date avec Alain Delon, avait finit par avoir l'accord de celui ci avec le producteur Alain Sarde avec comme seule condition d'avoir Nathalie Baye comme partenaire. Blier se retrouve ainsi avec un casting en or pour son prochain film mais pas d'histoire, d'autant qu'il doit rédiger son scénario à toute vitesse vu l'emploi du temps de ministre de Delon. Le résultat de cette gestation dans l'urgence va donner un drôle de film, brinquebalant, chaotique et génial.
L'ouverture si elle est surprenante reste encore dans des voies "conventionnelles" comparé à la suite. Alain Delon, quarantenaire dépressif et alcoolique se fait aborder dans le compartiment d'un train par Nathalie Baye pour une étreinte destinée à en rester là. Il n'en sera rien puisque Delon se raccroche maladivement à cette apparition en s'installant chez elle, en vain puisqu'il s'avère que Donatienne (Nathalie Baye) est est encore plus torturée et autodestructrice que lui.
Progressivement, la construction est de plus en plus déterminée par les émois des personnages plutôt que par un un fil narratif classique. Si on avait l'habitude chez Blier de cette tonalité en rêve et cauchemard, réalité et absurde dans Buffet Froid ou Calmos, l'idée est poussée ici au summum de ses possibilités. Alain Delon (qui était encore un très grand acteur à l'époque) malmène brillamment son image en promenant tout du long une mine hébétée abrutie par les hectolitres de bières qu'il boit tout du long. C'est donc du long songe, de la vision hallucinée et des angoisses d'un alcoolique qu'il est question avec son non sens, ses flottements et son rythme laborieux. Cette option laisse plusieurs fois le spectateur dubitatif tant on se demande où Blier veut aller (le long épisodes avec Galabru et le voisinage) d'autant qu'il s'amuse constamment à redéfinir le sens de ce qui nous est raconté par l'intermédiaire des personnages qui au coeur même du récit expliquent où se moque du scénario.
Le coeur du récit, c'est la tour à tour mystérieuse, sensuelle, torturée Nathalie Baye chimère après laquelle court Delon, celle derrière laquelle tous son mal être et besoin d'affection se manifeste. La conclusion semble donner un sens à tout ce qui à précédé, mais rien n'est moins sûr. Amours perdus ou retrouvé, déception amoureuse ou souvenir magnifié, tout est possible tant la douleur de l'absente aura déterminé l'avancée en montagne russe de cette histoire, leur histoire. Malgré l'insuccès public et critique, les audaces de Blier seront récompensé par un César du scénario et du meilleur acteur pour Delon, et les expérimentations tentées ici trouveront une forme plus accessible dans le plébiscité Trop belle pour toi. 5/6
[
Abordé dans un compartiment de première classe d'un train par une jeune femme désemparée qui s'offre à lui, un garagiste s'installe dans la vie de celle-ci contre son gré.
Un des Blier les plus déroutants qui trouve en partie les raisons de sa forme atypique dans sa genèse. En effet le réalisateur désireux de travailler de longue date avec Alain Delon, avait finit par avoir l'accord de celui ci avec le producteur Alain Sarde avec comme seule condition d'avoir Nathalie Baye comme partenaire. Blier se retrouve ainsi avec un casting en or pour son prochain film mais pas d'histoire, d'autant qu'il doit rédiger son scénario à toute vitesse vu l'emploi du temps de ministre de Delon. Le résultat de cette gestation dans l'urgence va donner un drôle de film, brinquebalant, chaotique et génial.
L'ouverture si elle est surprenante reste encore dans des voies "conventionnelles" comparé à la suite. Alain Delon, quarantenaire dépressif et alcoolique se fait aborder dans le compartiment d'un train par Nathalie Baye pour une étreinte destinée à en rester là. Il n'en sera rien puisque Delon se raccroche maladivement à cette apparition en s'installant chez elle, en vain puisqu'il s'avère que Donatienne (Nathalie Baye) est est encore plus torturée et autodestructrice que lui.
Progressivement, la construction est de plus en plus déterminée par les émois des personnages plutôt que par un un fil narratif classique. Si on avait l'habitude chez Blier de cette tonalité en rêve et cauchemard, réalité et absurde dans Buffet Froid ou Calmos, l'idée est poussée ici au summum de ses possibilités. Alain Delon (qui était encore un très grand acteur à l'époque) malmène brillamment son image en promenant tout du long une mine hébétée abrutie par les hectolitres de bières qu'il boit tout du long. C'est donc du long songe, de la vision hallucinée et des angoisses d'un alcoolique qu'il est question avec son non sens, ses flottements et son rythme laborieux. Cette option laisse plusieurs fois le spectateur dubitatif tant on se demande où Blier veut aller (le long épisodes avec Galabru et le voisinage) d'autant qu'il s'amuse constamment à redéfinir le sens de ce qui nous est raconté par l'intermédiaire des personnages qui au coeur même du récit expliquent où se moque du scénario.
Le coeur du récit, c'est la tour à tour mystérieuse, sensuelle, torturée Nathalie Baye chimère après laquelle court Delon, celle derrière laquelle tous son mal être et besoin d'affection se manifeste. La conclusion semble donner un sens à tout ce qui à précédé, mais rien n'est moins sûr. Amours perdus ou retrouvé, déception amoureuse ou souvenir magnifié, tout est possible tant la douleur de l'absente aura déterminé l'avancée en montagne russe de cette histoire, leur histoire. Malgré l'insuccès public et critique, les audaces de Blier seront récompensé par un César du scénario et du meilleur acteur pour Delon, et les expérimentations tentées ici trouveront une forme plus accessible dans le plébiscité Trop belle pour toi. 5/6
-
- Directeur photo
- Messages : 5339
- Inscription : 27 sept. 10, 00:54
- Contact :
Re: Bertrand Blier
Aujourd'hui on profite de la sortie du Bruit des Glaçons dans quelques jours en DVD & BR pour vous proposer en plus de la critique de ce dernier, celle de Calmos, son film le plus fou (et peut-être le plus génial...)
http://www.1kult.com/2011/01/14/critiqu ... and-blier/
http://www.1kult.com/2011/01/14/critiqu ... and-blier/
Dernière modification par 1kult le 21 mai 11, 13:39, modifié 1 fois.
1Kult.com, le Webzine du cinéma alternatif en continu !
------------
Le site : http://www.1kult.com
Le facebook : http://www.facebook.com/1kult
le twitter : http://www.twitter.com/1kult
Le compte viméo : http://www.vimeo.com/webzine1kult
------------
Le site : http://www.1kult.com
Le facebook : http://www.facebook.com/1kult
le twitter : http://www.twitter.com/1kult
Le compte viméo : http://www.vimeo.com/webzine1kult
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: Bertrand Blier
Tenue de soirée (1986)
Alors là, pour mon premier Blier, c'est une révélation ! Quelle crudité, quelle audace dans les dialogues ! Je ne pense pas qu'on pourrait sortir un tel film aujourd'hui à moins que la censure dénature tout ce qui en fait justement le sel. Le plus fabuleux, c'est que le trio d'acteurs, énorme et courageux, joue à fond l'outrance verbale dont fait preuve le scénario de Blier, ce qui rend le film extrêmement drôle en dépit de son acidité constante (il faut d'ailleurs souligner les participations de Marielle et Cremer, inoubliables) et sa dureté psychologique. Malgré la vulgarité déployée à tours de bras, malgré le pathétisme qu'inspirent certaines facettes des personnages, Blier allie génialement la verve choquante avec de vrais moments émouvants grâce au talent des comédiens qui, à mon sens, ne rendent pas caricaturale cette approche débridée de l'homosexualité. Et esthétiquement, Tenue de soirée est très travaillé, ce qui n'enlève rien. Vraiment un très grand film, j'aurais même pu sortir le "chef-d'oeuvre" si je ne trouvais que le finale fût un peu en-deçà de mes espérances et que, globalement, la dernière demi-heure est moins bien rythmée que tout ce qui a précédé. Défi casse-gueule fabuleusement relevé pour ma part.
Alors là, pour mon premier Blier, c'est une révélation ! Quelle crudité, quelle audace dans les dialogues ! Je ne pense pas qu'on pourrait sortir un tel film aujourd'hui à moins que la censure dénature tout ce qui en fait justement le sel. Le plus fabuleux, c'est que le trio d'acteurs, énorme et courageux, joue à fond l'outrance verbale dont fait preuve le scénario de Blier, ce qui rend le film extrêmement drôle en dépit de son acidité constante (il faut d'ailleurs souligner les participations de Marielle et Cremer, inoubliables) et sa dureté psychologique. Malgré la vulgarité déployée à tours de bras, malgré le pathétisme qu'inspirent certaines facettes des personnages, Blier allie génialement la verve choquante avec de vrais moments émouvants grâce au talent des comédiens qui, à mon sens, ne rendent pas caricaturale cette approche débridée de l'homosexualité. Et esthétiquement, Tenue de soirée est très travaillé, ce qui n'enlève rien. Vraiment un très grand film, j'aurais même pu sortir le "chef-d'oeuvre" si je ne trouvais que le finale fût un peu en-deçà de mes espérances et que, globalement, la dernière demi-heure est moins bien rythmée que tout ce qui a précédé. Défi casse-gueule fabuleusement relevé pour ma part.
-
- King of (lolli)pop
- Messages : 15433
- Inscription : 14 avr. 03, 15:14
Re: Bertrand Blier
La voix grave de Marielle, sublime en bourgeois désabusé, la nonchalance de Depardieu avec son pantalon en cuir et son tatouage d'ancien détenu. Les yeux de cocker de Blanc, le panache de Miou-Miou, le tout avec des dialogues savoureux, à la fois provoquants et désopilants. Peut-être que Blier n'a jamais fait mieux depuis, même si j'avais bien aimé son Combien tu m'aimes ?
Je vote pour Victoria Romanova
- Boubakar
- Mécène hobbit
- Messages : 52282
- Inscription : 31 juil. 03, 11:50
- Contact :
Re: Bertrand Blier
Le bruit des glaçons (2010)
Dans plusieurs interviews (presse et bonus dvd), Bertrand Blier confesse que son plus grand tort est de ne pas savoir conclure ses films. Et malheureusement, ça se vérifie encore avec son dernier opus, alors que le pitch de départ est vraiment génial.
Le réalisateur arrive quand même à nous faire rire sur un sujet plutôt grave, et il est bien aidé par une interprétation de qualité (surtout Anne Alvaro, formidable), et une certaine gratuité à nous dévoiler les seins de Christa Thiret (qui n'a pas un grand intérêt dans l'histoire). Ensuite, dès l'apparition de la troupe tzigane, je trouve que le film perd de son mordant, de cette dualité entre le cancer de Faulque et cet écrivain devenu une vraie loque. Dommage, car la réalisation est de très bonne tenue, c'est mieux que ses derniers films, mais la suite se débine aussi vite que le départ est excellent.
Dans plusieurs interviews (presse et bonus dvd), Bertrand Blier confesse que son plus grand tort est de ne pas savoir conclure ses films. Et malheureusement, ça se vérifie encore avec son dernier opus, alors que le pitch de départ est vraiment génial.
Le réalisateur arrive quand même à nous faire rire sur un sujet plutôt grave, et il est bien aidé par une interprétation de qualité (surtout Anne Alvaro, formidable), et une certaine gratuité à nous dévoiler les seins de Christa Thiret (qui n'a pas un grand intérêt dans l'histoire). Ensuite, dès l'apparition de la troupe tzigane, je trouve que le film perd de son mordant, de cette dualité entre le cancer de Faulque et cet écrivain devenu une vraie loque. Dommage, car la réalisation est de très bonne tenue, c'est mieux que ses derniers films, mais la suite se débine aussi vite que le départ est excellent.
- Père Jules
- Quizz à nos dépendances
- Messages : 16901
- Inscription : 30 mars 09, 20:11
- Localisation : Avec mes chats sur l'Atalante
Re: Bertrand Blier
Si j'étais un espion (1967)
Film bizarre, aux antipodes de ce dont Blier se rendra coupable quelques années plus tard. L'histoire d'un banal petit médecin de quartier (campé par un Bernard Blier comme d'habitude admirable) aux prises avec de mystérieux personnages à la recherche d'un autre (non moins mystérieux). Ambiance à la limite de la paranoïa, incompréhension du spectateur qui comprend peu à peu de quoi il s'agit (sans, il faut bien le dire, tout comprendre exactement). Un film qui laisse la sensation étrange d'avoir aimé sans pouvoir dire pourquoi. Serait-ce ce noir et blanc étouffant ? ce montage rapide ? cette caméra qui filme au plus près ses acteurs ? Reste une séquence proprement remarquable: celle où Matras (personnage joué par Bruno Cremer, lui aussi parfait, lui aussi comme d'habitude) interroge longuement le docteur. C'est avec un talent évident que Blier fils instaure un climat de tension, filme un rapport de domination qui tournera au fil du film à la défaveur de celui qu'on croyait intouchable.
J'ai vraisemblablement besoin d'encore un peu de recul pour tout saisir, tout comprendre, tout aimer.
Reste qu'il s'agit d'une découverte marquante à n'en point douter.
Film bizarre, aux antipodes de ce dont Blier se rendra coupable quelques années plus tard. L'histoire d'un banal petit médecin de quartier (campé par un Bernard Blier comme d'habitude admirable) aux prises avec de mystérieux personnages à la recherche d'un autre (non moins mystérieux). Ambiance à la limite de la paranoïa, incompréhension du spectateur qui comprend peu à peu de quoi il s'agit (sans, il faut bien le dire, tout comprendre exactement). Un film qui laisse la sensation étrange d'avoir aimé sans pouvoir dire pourquoi. Serait-ce ce noir et blanc étouffant ? ce montage rapide ? cette caméra qui filme au plus près ses acteurs ? Reste une séquence proprement remarquable: celle où Matras (personnage joué par Bruno Cremer, lui aussi parfait, lui aussi comme d'habitude) interroge longuement le docteur. C'est avec un talent évident que Blier fils instaure un climat de tension, filme un rapport de domination qui tournera au fil du film à la défaveur de celui qu'on croyait intouchable.
J'ai vraisemblablement besoin d'encore un peu de recul pour tout saisir, tout comprendre, tout aimer.
Reste qu'il s'agit d'une découverte marquante à n'en point douter.
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: Bertrand Blier
La femme de mon pote (1983)
Ce qui frappe dès le départ, c'est l'épatante maîtrise de la mise en scène de Blier. Il y a une gestion de la lumière, des discrets travellings et du Cinémascope qui annoncent quasiment l'aboutissement formel de Tenue de soirée et Trop belle pour toi. Malheureusement, La femme de mon pote ne peut à mon avis prétendre rejoindre le niveau de ces deux œuvres. Le thème abordé, pourtant, est particulièrement judicieux, et s'inscrit dans cette fascination pour le triangle amoureux qui caractérise une bonne partie des films de Blier. Mais comme souvent, après une première partie fort prometteuse et convaincante, le scénario commence à s’essouffler, peu porté par le rythme qui ici tire sensiblement en longueur. Ce petit défaut coutumier au réalisateur est souvent contrebalancé par une écriture pleine de fulgurances verbales et d'idées provocantes. Or, La femme de mon pote est plus mesuré et ne semble pas aller tout à fait jusqu'au bout de son sujet finalement très dramatique. Le dilemme du personnage de Coluche aurait pu être plus prononcé, plus dérangeant, plus implacable émotionnellement, dans la veine de la fatalité du futur Trop belle pour toi. Le film aurait peut-être dû intégralement tendre vers le drame. Je trouve que la tonalité douce-amère, intéressante sur le papier mais frustrante dans le résultat, révèle plutôt l'hésitation de Blier à trouver le bon angle pour traiter cette histoire qui, à mon avis, requérait un traitement plus dur, plus audacieux. Je le regrette parce qu'à plusieurs reprises Coluche sait se montrer idéalement grave et sensible (cf. par exemple la scène où il gife Huppert et lui met les points sur les i). Cependant, Lhermitte dans le rôle du cocu naïf puis sadique et Huppert en profiteuse ulcérante se montrent probants, même si la misogynie du film touche ici une démonstration lourde voire irritante.
Il y a quand même ce monologue brillant :
Ce qui frappe dès le départ, c'est l'épatante maîtrise de la mise en scène de Blier. Il y a une gestion de la lumière, des discrets travellings et du Cinémascope qui annoncent quasiment l'aboutissement formel de Tenue de soirée et Trop belle pour toi. Malheureusement, La femme de mon pote ne peut à mon avis prétendre rejoindre le niveau de ces deux œuvres. Le thème abordé, pourtant, est particulièrement judicieux, et s'inscrit dans cette fascination pour le triangle amoureux qui caractérise une bonne partie des films de Blier. Mais comme souvent, après une première partie fort prometteuse et convaincante, le scénario commence à s’essouffler, peu porté par le rythme qui ici tire sensiblement en longueur. Ce petit défaut coutumier au réalisateur est souvent contrebalancé par une écriture pleine de fulgurances verbales et d'idées provocantes. Or, La femme de mon pote est plus mesuré et ne semble pas aller tout à fait jusqu'au bout de son sujet finalement très dramatique. Le dilemme du personnage de Coluche aurait pu être plus prononcé, plus dérangeant, plus implacable émotionnellement, dans la veine de la fatalité du futur Trop belle pour toi. Le film aurait peut-être dû intégralement tendre vers le drame. Je trouve que la tonalité douce-amère, intéressante sur le papier mais frustrante dans le résultat, révèle plutôt l'hésitation de Blier à trouver le bon angle pour traiter cette histoire qui, à mon avis, requérait un traitement plus dur, plus audacieux. Je le regrette parce qu'à plusieurs reprises Coluche sait se montrer idéalement grave et sensible (cf. par exemple la scène où il gife Huppert et lui met les points sur les i). Cependant, Lhermitte dans le rôle du cocu naïf puis sadique et Huppert en profiteuse ulcérante se montrent probants, même si la misogynie du film touche ici une démonstration lourde voire irritante.
Il y a quand même ce monologue brillant :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54840
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: Bertrand Blier
Pour info, il me semble que c'est Dewaere qui devait à l'origine tenir le rôle. Mais ce con a eu la mauvaise idée de se suicider entre-temps...Demi-Lune a écrit :Le dilemme du personnage de Coluche aurait pu être plus prononcé, plus dérangeant, plus implacable émotionnellement, dans la veine de la fatalité du futur Trop belle pour toi. Le film aurait peut-être dû intégralement tendre vers le drame.
Il est évident qu'en ayant choisi de le remplacer par Coluche, Blier allait opter pour un ton plus comique et léger (même si Tchao Pantin était sorti la même année, et avait montré le côté dramatique de Coluche).
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2854
- Inscription : 30 oct. 06, 16:51
- Localisation : 7bis, rue du Nadir-aux-Pommes
Re: Bertrand Blier
Ah bon ? Un choix qui n'aurait pas été très judicieux, puisque, sur les deux mecs, l'un est censé avoir "écraser" physiquement l'autre. Or, en mettant Dewaere en face de Lermithe, je ne suis pas sûr qu'on aurait pu dire à coup sûr lequel des deux "écrase" l'autre. Et puis, ces deux-là ensemble... bof, je trouve que ça colle pas comme duo.Ratatouille a écrit :Pour info, il me semble que c'est Dewaere qui devait à l'origine tenir le rôle.
En revanche, la présence de Dewaere aurait peut-être (sans doute) permis au film d'aller vers quelque chose de plus intéressant qu'il n'est finalement : une sorte de sous "Bronzés font du ski". Reste Huppert, le seul bon souvenir que je garde de ce film très mineur à mon sens.
[Dick Laurent is dead.]
-
- Machino
- Messages : 1134
- Inscription : 29 sept. 10, 18:33
Re: Bertrand Blier
D'après Wikipédia, il devait en fait tenir le rôle de Lhermitte et Miou-Miou celui d'Isabelle Huppert. Et quand Dewaere s'est suicidé, Miou-Miou a finalement décliné le rôle.Ratatouille a écrit :Pour info, il me semble que c'est Dewaere qui devait à l'origine tenir le rôle.Demi-Lune a écrit :Le dilemme du personnage de Coluche aurait pu être plus prononcé, plus dérangeant, plus implacable émotionnellement, dans la veine de la fatalité du futur Trop belle pour toi. Le film aurait peut-être dû intégralement tendre vers le drame.
-
- Régisseur
- Messages : 3143
- Inscription : 1 févr. 04, 11:25
Re: Bertrand Blier
Oui oui, Dewaere devait tenir le rôle finalement tenu par Thierry Lhermitte. Pour la petite anecdote, il devait aussi tenir le rôle principal du "Prix du danger" de Boisset, repris par Gérard Lanvin.
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54840
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17125
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: Bertrand Blier
De plus en plus, le style Blier fait mouche sur moi.
Je considère Les Valseuses comme son chef-d'oeuvre, implacable, poétique, libre, drôle, triste, anarchique...
Mais j'adore également des films comme Préparez vos Mouchoirs, Buffet Froid, Beau-Père, Trop Belle pour toi, Combien tu m'aimes ? et Le Bruit des Glaçons...
Je considère Les Valseuses comme son chef-d'oeuvre, implacable, poétique, libre, drôle, triste, anarchique...
Mais j'adore également des films comme Préparez vos Mouchoirs, Buffet Froid, Beau-Père, Trop Belle pour toi, Combien tu m'aimes ? et Le Bruit des Glaçons...
Mother, I miss you