Peter Greenaway

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Aladdin Sane
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Re: Peter Greenaway

Message par Aladdin Sane »

NICOLAS mag a écrit :tiens le seul film du realisateur que j'ai vu The pillow book va sortir chez studio canal le 23 octobre :wink:
Hum c'est pas trop tôt ! j'en avais un peu le ras-le-bol de ma VHS baveuse....c'est la bonne nouvelle de la journée ! :D
Ce petit mot "Pourquoi" est répandu dans tout l'univers depuis le premier jour de la création, Madame, et toute la nature crie à chaque instant à son créateur : "Pourquoi ?"
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Sabsena
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Re: Peter Greenaway

Message par Sabsena »

Meurtre dans un jardin anglais, je m'attendais a un chef d'oeuvre et d'entrée tous ses personnages à perruque puis l'ensemble du film fut bien loin de mes attentes.
Le cuisinier, le voleur sa femme et son amant vraiment d'une crudité, j'ai rarement vu ca, pourtant j'ai aimé, mais je crois que le film derape un peu trop.
Vous conviendrez qu'il vaut mieux arroser quelqu'un que de l'assassiner. Fernando Rey : Cet obscur objet du désir.
bruce randylan
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Re: Peter Greenaway

Message par bruce randylan »

Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant ( 1989 )
Un tel titre m'avait toujours fait penser que le film était une comédie enlevé dans le genre de Lubitsch.
Autant dire que j'étais très mais alors très loin de la réalité... :lol:

Peter Greenaway ( dont c'est le 2ème film que le découvre après meurtre dans un jardin anglais, une splendeur visuelle mais trop froide pour moi ) concocte en fait un conte surréaliste d'une rare violence psychologique.
C'est même franchement pervers et carrément malsain sur la fin. J'avais presque l'impression de me retrouvé devant un Cat III hong-kongais bien déviant pour les 20 dernières minutes qui m'ont cloué sur place. :o

Heureusement d'ailleurs que cette fin arrive car le film commençait sérieusement à tourner en rond scénaristiquement en répétant inlassablement les mêmes gimmick visuel. Ca avait beau être d'une beauté formelle indéfinissable, la lassitude se faisait sentir malgré les acteurs avec en premier lieu un Michael Gambon qui compose un personnage que j'ai rarement connu aussi détestable, haissable, méprisable, odieux... Un ordure pourtant fascinante.
C'est clairement son flot verbal qui rythme le film et impose un tempo en opposition à la longueur des très long travelling millimétré à l'extrême qui parcourent un immense décor en plusieurs pièces qui sont autant de couleur que d'odeur culinaire. La photographie parvient ainsi à donner un valeur sensorielle aux images tant par les textures que par l'éclairage.

C'est assez osée et ça marche souvent à quelques détails près ( j'ai un peu de mal avec le chant du gamin par exemple ). Dommage que la machine mette du temps à se relancer.
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Joe Wilson
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Re: Peter Greenaway

Message par Joe Wilson »

Meurtre dans un jardin anglais

Un film fascinant pour le montage et la conception des plans...Greenaway réalise un travail d'orfèvre au niveau visuel, qui laisse peu à peu planer une ambiance opaque, brumeuse, contaminant jusqu'au bout le récit. C'est la sensation d'un vertige face à la manipulation du regard. Et la partition de Nyman accentue, par sa sécheresse et ses répétitions, une dimension abrupte et déroutante. La révérence baroque se dévoile avec un éclat amer.
Si l'oeuvre exprime une immense maîtrise, j'ai aussi été un peu gêné par une certaine raideur étouffante. La diction très appuyée des protagonistes renforce un aspect mécanique, presque grotesque...et cette distance s'avère assez troublante. Mais c'est un choix assumé, renforcé par une virtuosité rare.


Drowning by Numbers

Difficile de trouver une porte d'entrée dans un tel labyrinthe...il faut encore se laisser porter par la créativité de la mise en scène, particulièrement débridée. Le propos reste très ambigu même si le fil conducteur est l'obsession des nombres. Récités par les personnages ou aperçus dans l'image, ils représentent une vision du destin, une répétition hypnotique : Greenaway tisse d'ailleurs une trame ludique, presque irréelle : on peut citer les différents jeux qui découpent le récit, qui prend alors la forme d'un conte dans son mystère et son abstraction. Les compositions de Nyman jouent à nouveau un rôle décisif, cette fois-ci dans un mimétisme mozartien (puisque chaque développement est dérivé du même mouvement de la Symphonie Concertante)...elles renforcent l'idée d'une boucle, d'un retour en arrière permanent, ravagés par l'incertitude.
Il est alors facile de se perdre dans ce film à la conceptualité luxuriante, mais c'est justement parce qu'il déconcerte que Greenaway fascine. Reste aussi la perception d'une liberté d'interprétation démesurée, s'incarnant dans les non-dits de chaque plan.
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odelay
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Re: Peter Greenaway

Message par odelay »

bruce randylan a écrit :Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant ( 1989 )
Un tel titre m'avait toujours fait penser que le film était une comédie enlevé dans le genre de Lubitsch.
Autant dire que j'étais très mais alors très loin de la réalité... :lol:
:mrgreen:
Joe Wilson
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Re: Peter Greenaway

Message par Joe Wilson »

Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant

Un film fait d'excès et d'outrance, dans l'exacerbation des sentiments humains...Greenaway à son meilleur. La maîtrise de la mise en scène est exceptionnelle, à la fois fascinante et éprouvante, presque intimidante. C'est d'ailleurs le seul regret que je peux exprimer, une certaine distance vis à vis du récit : la composition est si éclatante qu'elle impose une relative rigidité. Mais ce n'est pas grand chose, et une seconde vision serait sans doute pour le reste.
Pour le reste, l'interprétation est franchement mémorable : Michael Gambon nous glace le sang à chaque apparition et parvient à ne jamais surjouer...son personnage ne tombe jamais dans le grotesque, ce qui permet au film de tenir un équilibre fragile et mémorable. D'une brutalité et d'une vulgarité inouie, il représente une démesure dans la violence. Un point de non-retour. Face à lui, Helen Mirren tire parfaitement son épingle du jeu : son interprétation est fine, subtile...elle offre une ambiguité éclatante, un contrepoint indispensable.
Richard Bohringer est moins impressionnant...même si son rôle est plus effacé, j'ai surtout été gêné par son accent très prononcé. Le langage chez Greenaway étant toujours une clef, sa prestation m'a paru laborieuse, presque affectée.
Encore une fois, la partition de Nyman est en adéquation avec les images...sèche, saccadée, solennelle, elle fait naître une sensation de répétition.
Enfin, les décors, l'utilisation du thème culinaire...autant d'éléments qui dessinent les perspectives d'un ballet funèbre. La limpidité des travellings fait le reste.
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Re: Peter Greenaway

Message par Wagner »

J'ai regardé ZOO suite à sa citation sur le topic Tree of Life, c'est décalé, impossible à juger après une seule vision, Greenaway dispose d'une telle culture qu'il faut se montrer prudent. En tout cas découverte dans d'agréable conditions, BFI l'ayant édité en blu-ray.
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Re: Peter Greenaway

Message par julien »

C'est probablement son film le plus mauvais. D'ailleurs lui même l'a reconnu. Il se perd un peu trop dans un formalisme intellectuel de pacotille. Il était un peu trop influencé par Resnais à cette époque. Son véritable style n'avait pas encore muri. Heureusement il s'est rattrapé un an après avec Le Ventre de l'Architecte.
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Re: Peter Greenaway

Message par Wagner »

Il y a tout de même des thématiques fortes (notre place dans l'évolution, notre rapport aux animaux, la signification de la mort et de la pourriture) et un traitement pour le moins personnel. J'écouterai à l'occasion le commentaire audio qu'il a laissé, il est assez habile dans l'exercice.
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Re: Peter Greenaway

Message par julien »

Ah oui le commentaire audio - si c'est le même qu'il y a sur le dvd Mk2 - est très enrichissant. A la limite je le trouve plus passionnant que le film lui-même. Greenaway c'est un sacré parleur qui a une vision extrêmement pointu du monde de l'art. Pas seulement du cinéma mais de l'art en général. Et puis il a un côté aussi pince sans rire très british souvent désopilant.
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Re: Peter Greenaway

Message par Wagner »

Le commentaire qu'il a laissé sur Meurtres dans un jardin anglais est hallucinant.
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Re: Peter Greenaway

Message par julien »

Ah oui clairement. Si je me souviens bien à un moment, il te fait même tout un cours sur l'historique de la perruque...
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Re: Peter Greenaway

Message par Amarcord »

A ce propos... Puisque vous évoquez les éditions MK2... Pour ceux que ça intéresse (et qui ne l'auraient pas déjà), le coffret 4 DVD est à moins de 22€ sur Amazon : s'en passer serait criminel !
>>> http://www.amazon.fr/Coffret-Greenaway- ... -2-catcorr
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Re: Peter Greenaway

Message par bogardofan »

Je viens de lire quelque part que Greenaway allait faire le remake de Mort à Venise. Est-ce vrai ? Et que faut-il en penser ? Moi, mon premier reflexe a été de dire non mais sait-on jamais ?

Que l'on fasse un remake d'un film quelconque qui sera grâce à cela une réussite, oui... Qu'un japonais fasse une nouvelle version d'un film disparu dans un des tremblements de terre qui ont fait disparaître beaucoup de films de l'entre deux guerres, d'accord. Mais que l'on s'attaque à l'un des chefs d'oeuvre du septième art....
(je pense à A bout de souffle made in USA).

Greenaway sera-t'il capable de maîtriser ce sujet et trouvera t'il l'acteur capable d'incarner ce personnage si délicat à interprêter et immortalisé par Bogarde, et capable aussi d'affronter ce rôle gouffre, de plonger dans les abysses d'un tel rôle. Il y a des défis impossibles à relever, comme dans un autre genre celle qui ajoué Scarlett O'Hara dans un feuilleton télévisé relatant la suite du film.
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Re: Peter Greenaway

Message par Jeremy Fox »

Quoiqu'il en soit, avec Greenaway aux manettes, il ne s'agira pas de remake mais de nouvelle adaptation. Ca n'a pas grand chose à voir puisque le matériel d'origine est un roman. Tout le monde a le droit de s'approprier une oeuvre littéraire pour en faire sa propre adaptation ; je ne compare pas ça à des remake de films.
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