Le Nouveau Testament (1936) avec S. Guitry, Betty Daussmond, Jacqueline Delubac et Pauline Carton
Le Dr Marcelin (S. Guitry) surprend sa femme en voiture avec son amant. Celle-ci est fort inquiète lorsqu'elle ne le voit pas rentrer un soir pour un dîner entre amis. On ramène son veston. Dans une poche, elle trouve un testament et l'ouvre...
Cette comédie très enlevée de Guitry dynamite les conventions sociales. Le Dr Marcelin va provoquer une belle panique parmi ses amis et au sein de sa famille. Son testament contient des révélations sur chacun qui ne sont pas bonnes à dire. On y découvre que l'adultère a été pratiquée par chacun. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. L'hypocrisie générale se doit d'être maintenue pour pouvoir conserver une sorte de façade acceptable. Chacun donc décide à la fin de revenir en arrière -s'il on peut dire!- pour repartir sur un nouveau pied et tenter d'ignorer la vérité qui leur a sauté à la figure. Il est fort amusant de voir Guitry jouer le papa de son épouse Jacqueline Delubac. Ne reconnait-il pas ainsi la grande différence d'âge entre eux ? Les seconds rôles sont conçus avec amour. Pauline Carton, en secrétaire, n'a qu'une seule scène, mais c'est un petit bijou d'humour. Quant au domestique, il cherche en vain quel nom ses patrons pourraient lui donner (
C'est ma 16ème place et à chaque fois un nom différent !) Guitry produit un mélange de vacherie et d'humour tel que nul autre ne sait les faire. Un vrai bonheur.
Sur le disque du film, il y avait un supplément très intéressant : un extrait d'une émission d'Armand Panigel (vers 1965) où il discutait de Guitry avec Robert Lamoureux, Jacques Siclier, Henri Agel et François Truffaut. j'ai entendu plusieurs choses ahurissantes durant cette émission. En même temps, elle m'a permis de me replonger dans cette époque où la 'qualité française' en prenait pour son grade. Tout d'abord, j'ai été très amusée par les considérations d'Henri Agel, drapé dans sa dignité de professeur, qui appelle Guitry un petit-maître. Après tout, pourquoi pas ? Mais, son argumentation devient particulièrement spécieuse lorsqu'il décrète que Guitry est un affreux petit-bourgeois qui n'avait de succès qu'auprès des provinciaux et autres gens de peu de lettres. Il y a là un mélange de mépris, de condescendance et de préjugés assez effarant !
Truffaut, bien sûr, défend Guitry, ainsi que Pagnol. Par contre, Il descend en flammes, d'une phrase, René Clair, Julien Duvivier et Jacques Feyder.
Il en rajoute même pour dire que
Les Gens du Voyage (1939, J. Feyder) est un film absolument sans aucun intérêt...
A-t-il même vu ce film ? Franchement, je me le demande. Enfin, il m'a semblé que dans les années 60, les critiques se faisaient leur opinion avec des préjugés. Certains cinéastes sont sur la Liste A: Renoir, Pagnol, Guitry, Gance. Par contre, les autres comme Feyder, Duvivier et Clair, sont au purgatoire. Les raisons me semblent peu claires et certainement pas du tout motivées. Je crois que malheureusement il reste des traces de cette classification totalement arbitraire chez les critiques. Heureusement, les cinéphiles de base eux préfèrent juger par eux-mêmes en regardant les films!