Enchanted Island-1958
Scénario : James Leicester d'après la nouvelle d'Herman Melville "Taipee"
Production: Benedict Bogeaus.
Une mutinerie entre les membres d'un équipage accostant sur une des îles Marquises, amène deux hommes à se fondre dans la jungle.
Ils sont recueillis par des indigènes dont ils ne tardent pas à découvrir qu'il s'agit de typees, réputés être de redoutables cannibales.
Avant dernier film de l'abondante filmographie d'Allan Dwan,
Enchanted Island est peut être, avec
Escape to Burma et
Pearl of the south Pacific, des films produits par Benedict Bogeaus, celui qui a le plus souffert des affres du temps.
Tavernier et Coursodon, dans 50 ans de cinéma américain, décrivent assez justement l'état des lieux : couleurs hideuses (en tout cas passées), distribution de seconde division (excepté Arthur Shields, cynique à souhait), en effet Dana Andrews, embué dans l'alcool, n'est plus que l'ombre de lui même et Jane Powell, vahiné assez peu crédible, n'est sauvée du ridicule que par ses descendances européennes.
Alors, que reste t-il, me direz vous pour soutenir l'effort et prolonger jusqu'au terme, une expérience en l'état, calamiteuse ?
Eh bien, justement, d'efforts, je n'en ai pas fait, me laissant agréablement bercé par les dons de narrateurs de Dwan, sa caractéristique première.
Comme chez Melville (la nouvelle dont est tirée cette adaptation est semi autobiographique) , voire le Poe de "Gordon Pym", il y a dans ce film de Dwan, une musicalité d'une douceur élégiaque, s'accordant à merveille avec l'esprit "Rousseauiste" du réalisateur.
Certes, les indigènes typee sont décrits de façon très conventionnelle et occidentale, mais à travers l'affrontement d'attitude entre le chef de la tribu et son sorcier à l'égards des blancs, c'est une belle leçon d'humilité que nous donne Dwan sur cette civilisation, soit disant sauvage.
Car sauvage, elle l'est sans doute, mais en harmonie avec une nature, dont elle n'entend pas la dominer.
On regrettera toutefois la fin du film, comme une concession trop évidente à la logique hollywoodienne.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Dana Andrews s'enfuit pour rejoindre "sa" civilisation.
Quoiqu'il en soit, ce film rare d'Allan Dwan, diffusé il y a quelques années sur TCM, fut une belle surprise, ne quittant plus mon esprit depuis ce week end.
Inexplicable, c'est peut être là tout le charme...