Ken Loach

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Boubakar
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Re: Ken Loach

Message par Boubakar »

Ladybird (1994)

Des films de Loach que j'ai pu voir pour le moment, celui-ci me parait être le meilleur.
C'est un très beau film, mais il est dur à suivre, tellement les tragédies s'amoncellent autour du couple Maggie/Jorge.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ça va jusqu'à la "saisie" du deuxième enfant, alors que celle-ci vient de naître à peine, sans oublier les voisins langues de pute, ou les engueulades du couple.
Crissy Rock, qui jouait là son premier rôle :shock: , est vraiment magnifique d'intensité, et on croit sans peine aux divers maux qui la rongent.

Bien que ça ne soit pas très beau, mais en accord avec le sujet, ça reste un film dramatique assez poignant, voire injuste, mais qui ne peut laisser indifférent.
Akrocine
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Re: Ken Loach

Message par Akrocine »

Test de Kes chez Criterion :

http://www.dvdbeaver.com/film2/DVDreviews26/kes.htm

Mouai le DvD MGM est déjà quasiment parfait :lol:
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Jack Griffin
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Re: Ken Loach

Message par Jack Griffin »

Voilà un film pour lequel je dezonnerai bien ma platine...Il n'est pas annoncé en zone 2 par hasard?
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Boubakar
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Re: Ken Loach

Message par Boubakar »

Jack Griffin a écrit :Voilà un film pour lequel je dezonnerai bien ma platine...Il n'est pas annoncé en zone 2 par hasard?
Le film est déjà sorti chez Les films du paradoxe :

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Jack Griffin
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Re: Ken Loach

Message par Jack Griffin »

Ah oui mais je voulais parler d'un BR en fait...Je crois qu'on peut se gratter. :(
L'image de cette edition dvd est bonne ?
Joe Wilson
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Re: Ken Loach

Message par Joe Wilson »

Looking for Eric

Ken Loach parvient à donner une crédibilité à l'apparition d'Eric Cantona, au-delà de clichés et de figures de style. Il offre également un beau rôle à Steve Evets, qui incarne le dépassement d'un passé consumé par la honte de soi avec beaucoup de justesse. Et les allusions footballistiques, loin d'être gratuites, impriment une trace d'une légère euphorie.
On peut cependant regretter un scénario trop forcé dans la seconde partie, surjouant l'idée d'une rédemption sans retrouver l'équilibre initial.
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Akrocine
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Re: Ken Loach

Message par Akrocine »

Ken Loach documentary to get first screening after 40 years

http://www.guardian.co.uk/film/2011/jul ... -screening
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Profondo Rosso
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Re: Ken Loach

Message par Profondo Rosso »

Ladybird (1994)

Maggie a eu quatre enfants de quatre hommes différents. A la suite d'une liaison violente, l'assistante sociale lui retire la garde de ses enfants. Elle rencontre Jorge, refugié latino-américain et parvient enfin au bonheur. Ensemble, ils vont tout tenter dans un long combat contre l'administration pour reprendre les enfants de Maggie.

Ken Loach réalisait un de ses films les plus poignants et captivant avec Ladybird. Loach y développait un récit habilement construit et nettement moins linéaire que ces œuvres précédentes servant un propos lucide et implacable sur les faillites du système. Le film s’ouvre sur la rencontre entre notre héroïne Maggie (Crissy Rock) avec Jorge (Vladimir Vega) émigré sud-américain auquel elle va raconter son histoire illustrée en flashback. Tout comme il le fera dans Carla’s Song (1995), Ken Loach évite toute ficelle romantique pour lier ses personnages. Ce sont les épreuves et les douleurs qui les lieront, leur détresse respective qui vont les rapprocher. On apprend ainsi le passé violent et douloureux de Maggie, l’ayant amenée à avoir quatre enfants de père différents, à fréquenter systématiquement des hommes brutaux et à en perdre la garde.

Sans négliger le parcours pénible de Maggie, Loach ne la pose pas non plus en victime innocente du système. Sa responsabilité est clairement engagée sur certains drames de sa vie tel cet incendie se déclenchant dans la chambre de ses enfants alors qu’elle se trouve au karaoké ou sa tentative d’enlèvement lorsqu’ils lui seront retirés une première fois. Ken Loach ne masque pas les défauts de son héroïne et critique le système dans la façon dont il l’enfonce dans ses travers sans lui proposer de vraies solutions pour s’en sortir. Formant avec Maggie un couple d’opprimés, Jorge narre à son tour les péripéties l’ayant menés en Angleterre et sortant d’un régime fasciste il a un regard idéaliste du fonctionnement des institutions de son pays d’accueil. Comme dans Carla’s Song ou Bread and Roses, Jorge fait office d’écho à des personnages symptômes en lutte avec le système.

Cette absence d’accompagnement des institutions se signalera cruellement lorsque Maggie tentera de remettre de l’ordre dans son existence. La société ne lui pardonne pas ses erreurs passée et s’appuie sur celles-ci pour la priver du bonheur. On assistera ainsi par deux fois à l’enlèvement des nourrissons du couple de manière physiquement et psychologiquement très éprouvante, se déroulant à la maternité même. Les tribunaux où vont se défendre Maggie et Jorge sont des lieux de stigmatisation et d’oppression où leur mode de vie est scruté et jugé. Le caractère indompté de Maggie (Crissy Rock à fleur de peau est époustouflante) de Maggie la rend face à cette injustice incapable de s’adapter, de jouer le jeu du système pour parvenir à ses fins. On le constatera lors de l’accueil agressif réservé à l’assistance sociale à chacune de ses visites. Maggie face à ses désillusions ne devient qu’un bloc de haine et de désespoir, tout comme Jorge découvrant l’injustice au sein de cette terre promise étrangère. Loach fait perdre à leur appartement sa dimension apaisante en en faisant un lieu de repli narcissique et de renoncement. Il perd aussi portée intime avec l’intrusion à tout moment de la police ou des assistantes sociales.

La conclusion s’avère terrible et paradoxale. On quitte Maggie après un nouvel et insoutenable enlèvement de son bébé tandis qu’un carton nous indique qu’elle et Jorge ont finalement pu enfin fonder une famille mais qu’ils n’ont jamais revus leurs aînés. Loin d’être une facilité (inspiré d’une histoire vraie l’issue fut effectivement de cet ordre) ce paradoxe exprime parfaitement le propos de Ken Loach. Contrairement à nombre de ses films, le réalisateur ne s’attaque pas à l’inefficacité des structures sociales. Leur action est nécessaire et logique mais ne fonctionne que sur une logique de privation, de punition ne tient compte que des faits au détriment de l’individu. Maggie ne sera qu’un pion, qu’une affaire de plus à résoudre pour une entité froide et austère oubliant l’humain et ne la mettant jamais en position de s’en sortir. Comme dans Carla’s Song (vrai film jumeau de ce Ladybird) le poids du passé s’avère insurmontable et empêche les héros d’avancer. 6/6
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Jeremy Fox
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Re: Ken Loach

Message par Jeremy Fox »

Jimmy's Hall - 2014

Irlande années 30. Le clergé et les puritains ont toujours la mainmise sur les habitants, fustigeant ceux qui se permettent de profiter des joies et plaisirs de la vie. Jimmy est sur leur liste noire, ayant osé réouvrir un dancing, suprême outrage !

Il est évident dès le départ que la cause défendue par le cinéaste nous est acquise. Seulement, alors que dans les années 90 Loach arrivait à nous faire nous indigner, il a de nos jours perdu une bonne partie de cette capacité, seules quelques séquences éparses retrouvant la puissance qu'il arrivait à insuffler à l'ensemble de ses meilleurs films jusqu'à The Navigators. Son cinéma a toujours été un peu manichéen mais son cinglant humour salvateur (Raining Stones), sa hargne (Ladybird) ou son pouvoir de conviction (Land and Freedom) ont un peu déserté son cinéma qui depuis quelques années est devenue tiède et finalement assez banal.

Jimmy's Hall n'est pas déplaisant, son scénario est bien construit (contrairement à Timbuktu qui possède pas mal d'éléments communs avec le film de Loach) et le casting n'est pas mauvais. Mais on aurait aimé plus de fougue, plus de mouvement, ... plus de cinéma.
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Rick Blaine
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Re: Ken Loach

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit : Son cinéma a toujours été un peu manichéen mais son cinglant humour salvateur (Raining Stones), sa hargne (Ladybird) ou son pouvoir de conviction (Land and Freedom) ont un peu déserté son cinéma qui depuis quelques années est devenue tiède et finalement assez banal.
Pas encore vu Jimmy's Hall, mais avais tu vu le précédent (La Part des anges) ? Je trouve que pour le coup, son humour salvateur était bien présent !
(Ceci dit je connais, et apprécie, surtout le Loach des années 2000, je n'ai pas encore pu prendre le temps de découvrir ce qui précède, surtout que les DVD sont difficiles à acquérir)
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Jeremy Fox
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Re: Ken Loach

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Son cinéma a toujours été un peu manichéen mais son cinglant humour salvateur (Raining Stones), sa hargne (Ladybird) ou son pouvoir de conviction (Land and Freedom) ont un peu déserté son cinéma qui depuis quelques années est devenue tiède et finalement assez banal.
Pas encore vu Jimmy's Hall, mais avais tu vu le précédent (La Part des anges) ? Je trouve que pour le coup, son humour salvateur était bien présent !
(Ceci dit je connais, et apprécie, surtout le Loach des années 2000, je n'ai pas encore pu prendre le temps de découvrir ce qui précède, surtout que les DVD sont difficiles à acquérir)
Oui exact pour la part des anges mais dans mon souvenir son sujet n'était pas très polémique. C'est son cinéma engagé qui je trouve a perdu beaucoup de sa puissance et de son impact. Je me souviens de la séance de Ladybird qui fut éprouvante tellement Ken Loach tapait fort ou de celle de Raining Stones au cours de laquelle on riait aussi fort que l'on arrivait à s'indigner. Hormis un scénario bien mieux construit, je rapproche ma déception de Jimmy's Hall de celle de Timbuktu : des sujets forts et à l'arrivée de petits pétards mouillés. Ceci dit le Loach se regarde sans ennui et avec un certain plaisir.
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Re: Ken Loach

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit : Oui exact pour la part des anges mais dans mon souvenir son sujet n'était pas très polémique.
Certes, c'est vrai.
On verra ce que donne ce Jimmy's Hall, dont le sujet m’intéresse et pour lequel j'ai une certaine attente. Du coup si c'est à peine mieux que Timbuktu, ça va m’énerver. :mrgreen:
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Re: Ken Loach

Message par cinephage »

Jeremy Fox a écrit : Oui exact pour la part des anges mais dans mon souvenir son sujet n'était pas très polémique.
Le ton était à la comédie, mais à quelques mois d'un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, un film mettant en exergue le pillage du patrimoine écossais (à savoir le whisky) par des étrangers fortunés rapporté à la misère dans laquelle vivent les jeunes écossais me parait tout de même de nature à alimenter les polémiques.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Ken Loach

Message par Jeremy Fox »

cinephage a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Oui exact pour la part des anges mais dans mon souvenir son sujet n'était pas très polémique.
Le ton était à la comédie, mais à quelques mois d'un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, un film mettant en exergue le pillage du patrimoine écossais (à savoir le whisky) par des étrangers fortunés rapporté à la misère dans laquelle vivent les jeunes écossais me parait tout de même de nature à alimenter les polémiques.
Exact. Je ne me souvenais même plus du sujet. :oops: Ce que je voulais surtout dire est que pour ce film, Loach n'avait pas dans l'intention de réaliser un "brûlot".
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Re: Ken Loach

Message par cinephage »

Jeremy Fox a écrit :
cinephage a écrit : Le ton était à la comédie, mais à quelques mois d'un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, un film mettant en exergue le pillage du patrimoine écossais (à savoir le whisky) par des étrangers fortunés rapporté à la misère dans laquelle vivent les jeunes écossais me parait tout de même de nature à alimenter les polémiques.
Exact. Je ne me souvenais même plus du sujet. :oops: Ce que je voulais surtout dire est que pour ce film, Loach n'avait pas dans l'intention de réaliser un "brûlot".
Parce que c'est une comédie. Mais la situation de départ des jeunes écossais est vraiment catastrophique, et en toute vraisemblance, pourrait avoir un dénouement dramatique.
Ici, l'Ecossais malin s'en tire (précisément en découvrant le patrimoine écossais et ses valeurs) et parvient à arnaquer le riche américain un peu vulgaire, mais c'est parce que c'est une comédie.

Le point de départ est d'ailleurs très crédible, la suite du film, bien que joyeuse, l'est moins. Loach, à mon avis, n'a rien perdu de son mordant, il a juste décidé de changer de ton pour ce film.
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