Le Giallo

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Mallox
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Re: Le Giallo

Message par Mallox »

Bonjour à tous,

Juste pour préciser que la liste de psychovision est une liste évolutive.
Elle s'affine petit à petit. Au fur et à mesure que les films sont découverts ou revus.
"Dans les replis de la chair" n'est en effet pas tout à fait un giallo.
Récemment, on a redécouvert par exemple "Le Orme" qu'on a déplacé dans les "un pied dedans mais pas trop". :lol:
Idem pour des films régulièrement classés dans les gialli mais qui n'en sont le pas le quart d'un !
A cet égard, "A Complicated Girl" de Damiano Damiani n'a rien à y faire
Idem pour "Disons, un soir à dîner", que l'on trouve un peu partout sur le net classé en-dedans. Mais qui n'est qu'un film... euh... assez chiant :
http://www.psychovision.net/forum/viewtopic.php?t=4273

Enfin bref, on est parti sur la base initiale de prendre tout ce qui était répertorié à droite à gauche dans le genre, pour ensuite mieux élaguer ou affiner. ça se fait petit à petit... au gré des visions.

Pas mal de petites mises au point ont été effectuées récemment (ne surtout pas se fier à la liste présente sur notre forum - par pure paresse, on a mis un lien vers le site):
http://www.psychovision.net/films/database/215-giallo

Etant tombé à l'instant par hasard sur ce thread en flanant sur le net à propos de la sortie prochaine d'un incunable du genre (voir ci dessous), à bientôt j'espère dans un autre topic de cet excellent forum !

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Amore E Morte Nel Giardino Degli Dei
(aka Love and Death in the Garden of the Gods)

Regia: Sauro Scavolini
Anno: 1972
Con: Peter Lee Lawrence, Orchidea De Santis, Erika Blanc, Ezio Marano, Vittorio Duse, Bruno Boschetti, Carla Mancini...

Trama del film:

Azzurra e Manfredi, sorella e fratello abbandonati a se stessi, vivono sin dall'infanzia un torbido rapporto di amore-odio. Azzurra si sposa, pur mantenendo il rapporto con il fratello; questi, da parte sua, intreccia una relazione con Viola. Le cose allora si complicano fino a sfociare in un massacro finale.

Label DVD :

Produttore: CineKult
Distributore: Cecchi Gori HV

Formato Video: Anamorfico 16:9
Formato audio: Dolby Digital 2.0

Tipo Confezione: Amaray


* Sortie le 30 août 2011

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Pas de sous-titres anglais hélas...
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hellrick
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Hello, je pense que Le Coeur aux lèvres de Tinto Brass a davantage sa place dans la seconde catégorie, ce n'est pas vraiment un giallo, c'est trop expérimental...je dirais bien la même chose de La mort a pondu un oeuf mais beaucoup insiste pour le considérer comme tel...donc...
Dans la catégorie "presque" j'ajouterais surement Nero Veneziano et Byleth....probablement aussi le slasher Les Yeux de la Terreur. Alice Sweet Alice et La petite soeur du diable peut être également...ça se discute, comme toujours. Les Yeux de Julia devrait entrer dans cette catégorie, peut-être même dans la première :wink:

Mon début de classement critique: http://bis.cinemaland.net/html/list/list-giallo.htm
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Mallox
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Re: Le Giallo

Message par Mallox »

Je n'ai pas encore vu le Tinto Brass. Je le traine depuis des années et je n'arrive pas à passer le cap.
Je suis entièrement d'accord pour Byleth. Finalement si l'on veut un giallo à part entière de Leopoldo Savona, faut, je crois, voir La morte scende leggera, qui n'est pas si mal.
http://www.psychovision.net/forum/viewt ... ght=byleth
Quant Aux yeux de Julia, je l'ai vu il y a un petit mois, j'avoue n'y avoir pas pensé, mais maintenant que tu le dis, y a en effet de ça ! :wink:
Après, se pose toujours la question de la nationalité du giallo. Je dis surtout ça pour les films américains.
Par exemple, Le serpent d'Eric Barbier a également pas mal d'ingrédients du genre.
Bref, pas facile tout ça. Chacun semble en effet avoir sa vision et sa définition.

(Par contre, je ne connais pas du tout Nero veneziano, merci donc aussi pour le tuyau !)
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John Anderton
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Re: Le Giallo

Message par John Anderton »

Ayant acheté deux titres qui rentrent dans la catégorie Giallo, "Bloody Bird" et "La maison de la terreur", je suis bien content de compléter ma modeste collection du genre, après la mort de Neo Publishing. Quelqu'un peut me parler vite fait des différences de montage des deux versions de "La maison de la terreur" de Lamberto Bava ? La galette propose en effet deux montages avec quelques minutes d'écart... j'imagine que ce sont des plans gores coupés... ???
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hellrick
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Un pur giallo avec tous les codes du genre mais en provenance de Grande Bretagne...ça compte? Pour moi affirmatif :D

SCHIZO
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de Pete Walker
Avec Lynne Frédérick, John Leyton, Stéphanie Beacham, John Fraser, Jack Watson, Queenie Watts

"Schizophrenia... a mental disorder, sometimes known as multiple or split personality, characterised by loss of touch with the environment and alternation between violent and contrasting behaviour patterns.” Dès cette introduction en voix off, SCHIZO nous éclaire (de manière mensongère) sur la schizophrénie avant de proposer au spectateur un sympathique mais prévisible jeu de manipulation entre l’épouvante, le giallo et le psycho thriller.

Londres. La jeune Samantha Gray, une patineuse de renommée internationale, s’apprête à convoler avec Alan Falconer, un richissime homme d’affaires. L’événement fait la une de la presse « people » et attire l’attention d’un mystérieux personnage récemment libéré de prison. Ce-dernier commence à harceler Samantha par téléphone puis lui laisse un couteau ensanglanté en guise de cadeau de mariage. De plus en plus inquiète, la jeune femme se confie à son psychiatre, Leonard Hawtone, accessoirement l’amant de son amie, Beth. Pour Samantha le responsable de ses malheurs se nomme Haskins, l’amant et l’assassin de sa mère, revenu pour la punir. Samantha, en effet, fut témoin du crime durant son enfance. Cependant, Hawtone affirme qu’il ne peut s’agir de cet homme et, pour rassurer sa patiente, entame sa propre enquête. Hélas, il est égorgé dans son véhicule…

Dès son titre, SCHIZO se veut un hommage à Alfred Hitchcok et aux mécanismes du suspense abordés par PSYCHOSE dont le cinéaste décalque même, maladroitement, la célèbre scène de la douche. Mais Pete Walker, artisan habile du cinéma populaire anglais, puise à d’autres sources et s’inspire aussi des thrillers italiens des seventies. Il livre ainsi sa propre variation sur le giallo et en reprend, avec plus ou moins d’habileté, les clichés coutumiers: une jeune femme doute de son équilibre mental, un mystérieux voyeur harcèle l’héroïne et un assassin ganté de noir massacre son entourage,…Pete Walker ne résiste pas, non plus, à rejouer une des séquences les plus marquantes du classique de Dario Argento, LES FRISSONS DE L’ANGOISSE, et invite sa principale protagoniste à une séance de spiritisme qui tourne au drame. La médium, les yeux révulsés, halète « mon assassin est ici »…Un air de déjà vu. Enfin, citons l’influence plus diffuse ce Brian DePalma et en particuliers de son thriller SŒURS DE SANG.
Si SCHIZO reste modéré au niveau de l’érotisme (malgré quelques passages de nudité), la violence se fait, elle, plus démonstrative et les meurtres se révèlent sanglants et imaginatifs. Le crime le plus réussi, d’un point de vue cinématographique, se déroule à un arrêt d’autobus où une femme, vêtue d’un imperméable jaune, a le crane fracassé à coup de marteau. Le meurtrier, par la suite, propulse le corps de sa victime sous les roues d’un véhicule afin de simuler un accident. La même inspiration sadique se retrouve lorsqu’une aiguille à tricoter transperce le crane d’une femme de ménage pour ressortir par son œil dans un flot écarlate.
Dans la tradition du giallo, SCHIZO propose encore un flashback aux images classiquement floutées qui illustre un trauma enfantin dont les conséquences tragiques se font sentir des années plus tard.
Au niveau du casting, Lynne Frederick se montre convaincante dans son rôle d’héroïne menacée. Ayant débuté à seize ans, en 1970, dans le film d’anticipation TERRE BRULEE, Frederick poursuivit une carrière alternant téléfilms et œuvres de cinéma, dont plusieurs séries B comme LE CIRQUE DES VAMPIRES, PHASE IV et le western LES QUATRE DE L’APOCALYPSE de Lucio Fulci. En 1977, l’actrice épouse Peter Sellers, alors deux fois plus âgé, ce qui lui attire de nombreuses critiques. Sellers décède, en 1980, d’une crise cardiaque alors qu’il s’apprêtait à divorcer de Frederick, laquelle hérite de sa fortune et se remarie rapidement. Mais sa carrière cinématographique est, elle, ruinée. Elle meurt des suites de son alcoolisme en 1994, oubliée de la profession, à seulement 39 ans.
Dans les seconds rôles, SCHIZO permet de retrouver John Fraser (pour son dernier rôle au cinéma avant une reconversion à la télévision) et la playmate Stephanie Beacham, aperçue dans quelques films horrifiques comme LE CORRUPTEUR, INSEMINOID, HOUSE OF MORTAL SIN et DRACULA 73.
Des qualités d’interprétation certaines au service, hélas, d’un scénario trop balisé pour convaincre. SCHIZO manque, en effet, cruellement de nerf et, avec sa durée de 1h45, se révèle trop long pour maintenir l’intérêt, le whodunit étant éventé rapidement et les péripéties attendues. Dommage que Pete Walker n’ait pas davantage resserré son intrigue ou proposé quelques pistes annexes permettant de relancer la machine, définitivement essoufflée à mi parcours. Les rares essais de « misdirections » sont, pour leur part, trop grossier pour tromper les habitués de ces métrages jouant la carte de la manipulation jusqu’à leur twist final. Ce dernier s’avère bien amené mais attendu, le titre du film et la citation introductive (laquelle assimile d’ailleurs la schizophrénie au dédoublement de personnalité) permettent rapidement aux plus sagaces de deviner ou Pete Walker veut en venir.

Dans l’ensemble, SCHIZO se laisse suivre sans déplaisir mais sans vraie passion, son rythme languissant, ses longueurs et sa prévisibilité constituant autant d’handicaps. Malgré sa nationalité anglaise on peut toutefois le considérer comme un honnête « giallo », reprenant les thèmes familiers du genre, capable de plaire aux amateurs de ces thrillers manipulateurs même si nous sommes loin d’une vraie réussite.
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

PERVERSION STORY
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Ce thriller teinté d’érotisme, écrit et réalisé par Lucio Fulci, s’inscrit dans la vague du giallo « première manière », dit « giallo de machination » avant les hécatombes lancées par Dario Argento et ses suiveurs. Plus porté sur la psychologie, le drame et les atmosphères troubles que les crimes en série, ces métrages se situent dans la continuité des classiques du cinéma noir américain des années ’40 et développent le traditionnel triangle amoureux de la femme, le mari et la maîtresse. Sauf que, années ’60 et libération des mœurs oblige, les gialli de cette époque y ajoutent davantage d’éléments sulfureux, la maîtresse pouvant être (comme ici) bisexuelle afin de compliquer une intrigue déjà tortueuse.

A San Francisco, le célèbre docteur George Dumurier (Jean Sorel, beau gosse marseillais qui connut une belle carrière en Italie après avoir eu le rôle principal du BELLE DE JOUR de Bunuel) dirige une clinique privée renommée mais en proie à divers scandales. Son épouse, Susan (Marisa Mel, vue dans DANGER : DIABOLIK, LE TUEUR A L’ORCHIDEE ou CASANOVA 70), malade, succombe à une crise d’asthme et lui laisse un million de dollars en héritage. Cette somme attire l’attention de la police tant le couple semblait au bord de la rupture, George entretenant une relation avec la belle Jane quasiment au vu de tous. La situation se complique lorsque George rencontre une strip-teaseuse, Monica Weston, quasi sosie de son épouse disparue et prête à vendre son corps à George ou Jane si ceux-ci le désirent...

Dans la lignée de divers classiques (LES DIABOLIQUES et SUEURS FROIDES, bien évidemment mais également plusieurs polars et films noirs des années ‘40), PERVERSION STORY développe sa machination avec beaucoup de réussite même si l’intrigue, elle, n’est pas vraiment originale. On remarque d’ailleurs de nombreuses similitudes avec LIZ ET HELEN, réalisé peu avant par Riccardo Freda…sur un scénario de Fulci lui-même. Le canevas du triangle amoureux perturbé par le meurtre demeure de toute manière un lieu commun à de nombreux giallo de la fin des années ’60, souvent construit sur ce modèle (L’APPEL DE LA CHAIR, PARANOIA,…). Mais les qualités de PERVERSION STORY sont suffisantes pour transcender cet écueil et permettre au métrage de s’imposer comme un des meilleurs thrillers italiens des sixties.
L’interprétation, tout d’abord, s’avère de première classe, dominée par Jean Sorel en playboy décontracté piégé dans une machination mortelle. Pas vraiment sympathique, ce « héros » est présenté comme un quasi escroc qui reste avec son épouse malade pour profiter d’une fortune dépensée dans les bras de sa maîtresse. Cependant, il n’est clairement pas l’assassin de sa femme et Fulci va progressivement nous rapprocher de ce personnage traqué et piégé par une conspiration perverse visant à le mener tout droit à la chambre à gaz. Sorel, quoique pas toujours très expressif, se voit ici adéquatement dirigé, Fulci utilisant à bon escient son jeu limité et son côté légèrement ahuri et désorienté.
Marisa Mell, de son côté, se montre excellente dans un double rôle, celui de l’épouse rapidement hors jeu et celui d’une strip teaseuse / prostituée révélant régulièrement ses charmes appréciables. Enfin dans le rôle secondaire de l’indispensable inspecteur de police, nous retrouvons avec plaisir John Ireland (SPARTACUS, SALON KITTY) dans une belle composition.
Les séquences dénudées (quoique moins nombreuses que le titre et le sujet ne le laissent espérer) sont réussies et adroitement composées. Elles privilégient la suggestion et les effets de style, comme en témoigne la première scène érotique, filmée à travers les draps avec une belle recherche esthétique. Particulièrement inspiré, Fulci use d’une mise en scène inventive au service d’un scénario malin et, sans sombrer dans le tape à l’œil, livre quelques passages virtuoses. Le cinéaste se permet ainsi de beaux split-screens parfaitement maîtrisés, comme celui du laboratoire qui dynamise complètement cette scène et la rend mémorable.
La photographie, dans son ensemble, est d’ailleurs classieuse et superbe, invitant à une belle ballade dans les rues d’un San Francisco ensoleillé formidablement filmé tout en évitant les habituels clichés de cartes postales. La musique de Riz Ortolani épouse, pour sa part, l’intrigue à la perfection et alterne « lounge » décontracté et morceaux d’inspiration jazzy mélancoliques du plus bel effet.
Malheureusement, en dépit de toutes ses qualités, PERVERSION STORY s’avère un peu décevant dans son dernier tiers. Si l’explication de la machination arrive de manière abrupte mais reste bien menée et globalement crédible, la suite, soit une vingtaine de minutes, manque de nerf. Les tentatives de l’avocat pour empêcher l’exécution du héros (détenu dans le couloir de la mort de Saint Quentin) ne masquent pas complètement l’aspect convenu de cette dernière partie. La conclusion ironique reste, elle, trop classique et forcée pour convaincre d’autant qu’elle parait plaquée sur l’intrigue pour sauvegarder la morale. Un retournement souvent vu dans le giallo mais pas pleinement réussi.

Malgré ces quelques réserves, PERVERSION STORY demeure un des meilleurs exemples du « giallo de machination » et une belle réussite à l’actif d’un Lucio Fulci décidément étonnant dont on ne se lasse pas de découvrir les métrages « oubliés » ou « masqués » par la célébrité de sa tétralogie gore consacrée aux zombies à la charnière des seventies et des eighties.
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Re: Le Giallo

Message par Dr David Menard »

hellrick a écrit :Un pur giallo avec tous les codes du genre mais en provenance de Grande Bretagne...ça compte? Pour moi affirmatif :D

SCHIZO
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de Pete Walker
C'est marrant, j'ai souvent trouvé des points communs entre le giallo, ou du moins une partie du cinéma italien de série B et ces petits films qu'on pourrait presque appeler de la "britsploitation" (le terme existe ? Je n'ai pas cherché), ces petits thrillers anglais un peu crades, assez malsains de Pete Walker, Peter Collinson ("Fright" 1971), Sydney Hayers ("Assault", 1971, qui peut un peu faire pener à "Cosa avete fatto a Solange ?" de Massimo Dallamano)... Il y avait déjà des passerelles entre le fantastique gothique anglais des 50-60s, style Hammer et Mario Bava (le "père" du genre). Oui, je suis d'accord. Il peut y avoir des "gialli" anglais en quelque sorte :wink:

J'ai revu, il n'y a pas longtemps "Il tuo vizio..." de Martino et c'est vraiment une grande réussite, avec, autour de la référence principale à Poe, de bien belles percées par ci par là vers le conte de fée morbide. Et la composition de Luigi Pistilli est très fine, très habile... (c'est moi ou son personnage n'est pas si antipathique que ça ?) Si on y ajoute la Fenech ("Ti piace la nipotina ?" :wink: ), la Strindberg et le brushing d'Ivan Rassimov, alors...

En parlant de Martino, je pense que ça ne vous a pas échappé:

http://www.blue-underground.com/product.php?product=206 :D
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Re: Le Giallo

Message par jacques 2 »

Dr David Menard a écrit :
En parlant de Martino, je pense que ça ne vous a pas échappé:

http://www.blue-underground.com/product.php?product=206 :D
Certes mais beaucoup moins cher sur Amazon : :wink:


http://www.amazon.com/Torso-Blu-ray-Suz ... 887&sr=1-1
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Re: Le Giallo

Message par Dr David Menard »

jacques 2 a écrit : Certes mais beaucoup moins cher sur Amazon : :wink:
Très juste, mais j'en profitais pour faire un petit coup de chapeau à l'éditeur.
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hellrick
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

LA MORT CARESSE A MINUIT

Aujourd’hui largement connoté, le terme « giallo » désigne cependant, à l’origine, les romans policiers italiens publiés sous couverture jaune. D’où l’inclusion, dans ce sous-genre cinématographique flou, de titres ne répondant pas vraiment aux conventions à présent établies (assassin en cuir noir, érotisme, machination tortueuse) comme LA MORT CARESSE A MINUIT, lequel reprend des éléments typiques mais les cuisine à sa propre sauce, au risque de décontenancer les tenants de la tradition.
LA MORT CARESSE A MINUIT débute pourtant de splendide manière avec une séquence exceptionnelle qui présente son héroïne, la belle top modèle Valentina, volontaire pour tester un hallucinogène nommé HDS. Surveillée par un médecin, une infirmière et Gio Baldi, le directeur du magasine « Novella 2000 », Valentina reçoit la drogue et vit une série d’hallucinations dans lesquelles elle assiste au meurtre brutal d’une jeune femme. Le criminel, portant des lunettes noires et affublé d’un gant métallique garni de pointes acérées, frappe à plusieurs reprises sa victime qui succombe sous les coups. Le lendemain, Valentina constate que Gio Baldi relate cette expérience dans sa revue et n’hésite pas à révéler son identité, laquelle devait rester secrète. Le patron de presse se défend en affirmant que la mannequin va ainsi bénéficier d’une publicité inespérée mais son entourage se montre sceptique et même méprisant, y compris son compagnon Stefano qui ne croit guère en son histoire. Peu de temps après, Valentina reçoit un rendez-vous mystérieux dans un immeuble situé en face de son appartement. Il s’agit d’un piège et la jeune femme échappe de justesse au meurtrier vu durant son « hallucination ». Elle apprend également que le crime a bel et bien eu lieu six mois plus tôt, commis par un musicien drogué, depuis interné. A moins que celui-ci soit innocent et victime d’une machination visant à lui faire porter le chapeau ?
Producteur et scénariste, Luciano Ercoli se lance dans la mise en scène au tout début des années ’70 et, comme beaucoup de ses collègues italiens, prend en marche le train financièrement porteur du giallo. Coup sur coup, Ercoli livre trois films originaux et de qualité : PHOTO INTERDITE D’UNE BOURGEOISE, NUIT D’AMOUR ET D’EPOUVANTE et, enfin, LA MORT CARESSE A MINUIT, son troisième et dernier métrage dans ce genre (il réalisera cinq autres films durant les seventies). Tous trois brodent avec les conventions établies et mettent en vedette la belle Susan Scott (alias Nieves Navarro), alors épouse du cinéaste. La charmante actrice, après des débuts dans le western (UN PISTOLET POUR RINGO), devint une des figures emblématiques du thriller italien, tant par son physique avantageux que par son jeu maîtrisé avant de se laisser embarquer aux côtés de Laura Gemser dans quelques polissonneries comme EMANUELLE ET LES DERNIERS CANNIBALES.

Ecrit par Ernesto Gastaldi et Sergio Corbucci, le scénario de LA MORT CARESSE A MINUIT s’éloigne de l’habituelle hécatombe baroque et limite les meurtres, usant même d’un ton léger un peu déstabilisant. Si la première demi heure se conforme aux attentes et place le témoin involontaire d’un crime (ici une jeune femme ayant testé un psychotrope expérimental) dans la ligne de mire d’un assassin sadique, la suite prend une tournure inattendue. Ercoli délaisse, en effet, l’intrigue policière pour privilégier la psychologie des personnages, qu’il pimente de traits d’humour parfois caustiques. L’enquête en elle-même passe donc au second plan et avance de manière erratique, par coïncidences ou coups de chance souvent peu crédibles…mais n’est ce pas une caractéristique du giallo ? Durant trois quart d’heure, LA MORT CARESSE A MINUIT accuse cependant une sérieuse baisse de rythme et peine à réellement maintenir l’attention du spectateur, lequel devra attendre les quinze dernières minutes pour retrouver un cinéaste au meilleur de sa forme. Multipliant les rebondissements et autres révélations, parfois de manière précipitée ou via des flashbacks successifs, Ercoli retrouve en effet une belle énergie pour un climax sur les toits dans lequel intervient un surprenant tueur ricanant adepte du couteau. Un personnage délirant dans la meilleure tradition du bis italien, à l’image de l’assassin muni d’un gant métallique emblématique qui inspira, bien plus tard, celui de LAST CARESS, un giallo français référentiel. Dommage que cet aspect tendu et sec ne soit pas davantage présent dans le reste du métrage et accentue encore la mollesse d’une partie centrale qu’on espérait plus efficace. Néanmoins ce final spectaculaire, proche des polars musclés de la seconde moitié des années ’70, permet de conclure sur une note positive le long-métrage d’Ercoli et d’en rendre sa vision plaisante.

Débutant comme un giallo, se poursuivant de manière posée et légère avant de s’achever comme un polar nerveux riche en bagarres brutales, LA MORT CARESSE A MINUIT sort suffisamment de la routine pour mériter une vision mais reste une relative déception, plus intéressante que pleinement convaincante.
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

PARANOIA

Né en 1931, Umberto Lenzi débute sa carrière en tant que critique et scénariste puis réalise son premier film, MARY LA ROUSSE FEMME PIRATE en 1961. Suite à ce succès populaire, Lenzi enchaîne, durant les sixties, les histoires de pirates, un western correct, des imitations de James Bond, etc. avant de proposer une excellente adaptation d’un fumetti italien en 1966 : KRIMINAL. A la fin des années ’60, le cinéaste se lance dans le giallo, alors largement en vogue, avec le triptyque UNE FOLLE ENVIE D’AIMER (alias ORGASMO mais sorti aux Etats-Unis sous le titre « Paranoia »), SI DOUCES SI PERVERSES et PARANOIA. Au cours des années ’70, Lenzi continuera de proposer des gialli (MEURTRE PAR INTERIM, LE TUEUR A L’ORCHIDEE, SPASMO, L’ŒIL DANS LE LABYRINTHE,…) avant de s’imposer auprès des amateurs de gore via ses célèbres mais nettement plus bis L’AVION DE L’APOCALYPSE ou CANNIBAL FEROX.

Réalisé en 1970, PARANOIA appartient, comme UNE FOLLE ENVIE D’AIMER et SI DOUCES SI PERVERSES, au giallo « première manière », dit « de machination », proche du policier traditionnel et du film noir américain. L’intrigue s’inspire, comme bien d’autres, de l’excellent LES DIABOLIQUES de Clouzot ou encore du roman « Le talentueux Mr Ripley » de Patricia Highsmith, adapté de fort belle manière par René Clément sous le titre PLEIN SOLEIL. L’influence d’Hitchcock reste également perceptible, en particuliers dans certains éléments de l’intrigue, puisés dans REBECCA ou SUEURS FROIDES. Difficile d’ailleurs de lister les (trop) nombreux gialli qui s’inspirent des œuvres précitées et adoptent une construction similaire, citons seulement quelques exemples parmi tant d’autres, comme L’APPEL DE LA CHAIR et LIZ ET HELEN.

Victime d’un accident de voiture lors d’une course automobile, la belle et riche Helen (Carroll Baker) s’accorde une convalescence méritée auprès de son ex mari, Maurice (Jean Sorel) et de la nouvelle épouse de ce-dernier, Constance (Anna Proclemer). Au fil des jours passés dans la villa, l’atmosphère se réchauffe et Helen renoue avec Maurice tout en recevant également les avances de Constance. Cette dernière ne supporte plus les infidélités de son époux et imagine de le supprimer avec l’aide d’Helen mais la jeune femme, retombée amoureuse de Maurice, prend parti pour celui-ci. Le couple reformé profite d’une sortie en mer pour assassiner Constance et couvrir le meurtre en organisant un accident de bateau. Malheureusement, Susan, la fille de Constance (et accessoirement maîtresse de ce chaud lapin de Maurice !), soupçonne les amants…

Loin des hécatombes sanglantes qui rendront célèbrent Dario Argento et ses successeurs, PARANOIA s’inscrit dans une logique « à l’ancienne ». Le métrage, en effet, refuse les mécanismes horrifiques et les meurtres brutaux au profit d’une machination savante qui se déroule sous un brûlant soleil. Au bord de piscines, sur des petits bateaux de plaisances ou dans des demeures luxueuses, le métrage de Lenzi déroule une intrigue située dans une « bonne société » où règnent pourtant, sous le vernis des apparences, le meurtre, la tromperie et le sexe. Le cinéaste filme cette première partie du métrage avec un côté classieux qui frôle, parfois, l’esthétique « roman photo » et privilégie les tenues distinguées et le glamour « papier glacé ». Les jeunes et séduisantes demoiselles, pour leur part, dégustent des cocktails uniquement vêtues de bikini sexy au son d’une musique « lounge » sympathique et se disputent les faveurs du séducteur, incarné par Jean Sorel. Acteur français vu dans BELLE DE JOUR de Bunuel, Sorel s’imposa comme un familier du giallo avec L’ADORABLE CORPS DE DEBORAH, PERVERSION STORY et quelques autres succès sortis entre la fin des années 60 et le milieu des années ’70. Un destin similaire à celui de Carroll Baker qui, à l’approche de la quarantaine, entama elle aussi une seconde carrière dans le thriller italien. Les deux acteurs, ici très convaincants, rivalisent de malice et de machiavélisme pour donner du piment à un métrage sinon un peu trop fade et prévisible pour maintenir l’intérêt.
Après une heure de projection, la fille de la victime résume, en quelques mots, l’essentiel de l’intrigue : « Un homme et une femme, jadis marié, se revoient et retombent amoureux l’un de l’autre. Mais l’homme s’est remarié, aussi ils imaginent un plan pour se débarrasser de l’épouse ». Bref, du classique et, malheureusement, trop de métrages ont déjà utilisé de semblables ressorts dramatiques pour réussir à surprendre les habitués du giallo. De plus, PARANOIA manque cruellement d’inventivité ou de folie pour s’imposer parmi les réussites du « cinéma de machination ». Comme souvent, un coup de théâtre inattendu survient dans les dernières minutes, immédiatement suivi par un second twist, malchanceux pour les « amants criminels ». Une juste punition semble dire Lenzi, à l’image de ses confrères, soucieux de sauver, de justesse, la morale de son intrigue et de punir les coupables.
Parmi les réussites du métrage on note cependant, outre l’interprétation déjà citée, le talent du directeur de la photographie, Guglielmo Mancori. Fasciné par les miroirs, il compose de nombreux plans intéressants, joue sur les reflets ou place une action au premier plan et une seconde reflétée par un miroir. De belles idées régulièrement utilisée par le giallo même si, à l’époque du tournage, elles étaient encore novatrices. Dommage que Lenzi, malgré ses efforts, ne réussisse jamais à mener en bateau le spectateur. Difficile, par conséquent, de s’impliquer dans un complot dont les rebondissements restent attendus et trop mécaniques en dépit des rouages bien huilés du scénario.

Petit thriller d’honnête facture, PARANOIA est loin d’être désagréable mais se trouve desservi par une intrigue prévisible et mollassonne pour laquelle il est difficile de se passionner. Le métrage manque de nerf pour convaincre et seuls les nostalgiques du giallo « première manière » risquent de vraiment y trouver satisfaction, même si on a vu bien pire dans le genre.
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hellrick
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DEVIL BLADE - CHASSE CROISE SUR UNE LAME DE RASOIR

Les années ’70 furent une décennie fertile pour le bis italien et les producteurs, après avoir épuisé les filons du péplum et du western, se jetèrent sur le thriller avec l’avidité d’affamés découvrant un restaurant au cœur du désert. Evidemment, tous les gialli sortis entre 1970 et 1980 ne sont pas de grande qualité et tous ne peuvent rivaliser avec les classiques signés Bava, Argento, Martino, Lenzi ou Fulci. Si peu de films se révèlent franchement catastrophiques, beaucoup se situent simplement dans une honnête moyenne et constituent d’aimable mais anodins divertissements policiers, sitôt vus et sitôt oubliés.
Pas vraiment concluant, DEVIL BLADE est de ceux là et emprunte au classique FENETRE SUR COUR d’Alfred Hitchcok son point de départ, à savoir la vision d’un meurtre par un témoin involontaire bientôt empêtré dans une intrigue tordue.

Lors d’une promenade la jeune Kitty (Susan Scott), énervée par le retard de son petit ami Alberto, utilise une longue-vue touristique (ces appareils fixés sur un socle et dans lesquels il faut mettre des pièces) pour tenter de le localiser. Mais, en parcourant la ville à l’aide de cet instrument, la demoiselle assiste à l’assassinat d’une jeune femme par un mystérieux tueur vêtu du noir. Kitty et Alberto se rendent au commissariat et la police ne tarde pas à découvrir l’identité de la victime, nommée Martinez. Hélas, les révélations de la presse sur cette affaire entrainent de nouveaux crimes car l’assassin, qui se sent menacé, élimine tous les témoins potentiels. Le seul indice réside dans la claudication du meurtrier, lequel se déplace en s’aidant d’une canne. Un vendeur ambulant et une vieille dame désireuse de monnayer ses informations tombent, à leur tour, victimes de l’insaisissable maniaque. Après la mort d’une prostituée qui tentait de révéler la vérité à la police, Alberto découvre le lien entre tous les assassinats…à savoir une Académie de danse.

Très classique dans son déroulement, DEVIL BLADE multiplie les suspects, du compositeur Marco (l’habitué Simon Andreu) à la journaliste Lidia (Anuska Borova) en passant par la jumelle de cette dernière, handicapée et marchant avec une canne. Les crimes, de leur côté, manquent de hargne mais s’avèrent bien ficelés et raisonnablement sanglants, précédés par des moments d’angoisse et de suspense effectifs. Malheureusement, l’intrigue reste trop familière pour réellement emporter l’adhésion. Bien sûr, Maurizio Pradeaux tente de maintenir l’attention (et la tension) en multipliant les suspects puis balade son détective improvisé dans différents décors afin de brouiller les pistes. Hélas, tout cela aboutit à un résultat confus et à des révélations parfois mal maîtrisées qui paraissent accidentelles ou hasardeuses. L’indice qui oriente l’enquête vers le monde de la danse tombe ainsi comme un cheveu sur la soupe lorsque Susan Scott actionne un enregistreur audio pour faire écouter à son mari ses prouesses vocales d’apprentie chanteuse. Dur à avaler !
Les nombreuses (fausses) pistes jetées en pâture au spectateur ne sont pas toujours très convaincantes, elles non plus. En outre, le cinéaste insiste trop lourdement sur certains détails et amène une réaction paradoxale des familiers du giallo, lesquels, rodé à ces grossières « misdirections », comprennent rapidement où Pradeaux veut en venir et ne sont pas dupes de ces chemins de traverse trop évidents.
A ces divers défauts, DEVIL BLADE ajoute encore un humour assez lourd lors de scènes qui frôlent le remplissage et apportent peu à l’enquête. Susan Scott se déguise par exemple en prostituée pour coincer le meurtrier mais le suspect arrêté par les tonitruantes autorités se révèle être…le vieux commissaire, laissé dans l’ignorance de cette opération. Un gag facile mais qui traduit également la tendance des cinéastes italiens de thrillers à ridiculiser une police souvent présentée comme inefficace et glandeuse.

Aidé par la présence de la séduisante et fréquemment dénudée Susan Scott (vue dans quantité de gialli), DEVIL BLADE donne cependant la vedette au plus transparent mais toutefois efficace Robert Hoffman (SPASMO, LE VIEUX FUSIL). La mise en scène de Pradeaux, elle, ne possède aucune personnalité et manque cruellement de rythme ou de nervosité, excepté lors des scènes de meurtres, lesquelles paraissent motiver un minimum le cinéaste.
Les décors, la musique et la résolution de l’enquête ne sont, eux, ni bons ni mauvais, et se situent dans une moyenne honnête mais routinière. DEVIL BLADE constitue donc, malheureusement, un bel exemple de giallo banal et sans saveur particulière.

Excepté de brefs éclats de violence sanglante ou une nudité complaisante, DEVIL BLADE ne se différencie guère d’un quelconque téléfilm policier et seul son climax angoissant relève un peu une sauce bien trop fade pour contenter les amateurs.

Bref, ce produit banal, loin d’être honteux mais bien en deçà des grandes réussites du genre, est aujourd’hui noyé dans la masse de la centaine (!) de longs-métrages similaires sorti durant les seventies. Si l’ensemble reste relativement plaisant et acceptable, les longueurs du film le réserve cependant aux « completistes » du giallo.

(pas édité en dvd zone2 et "introuvable" sauf dans les cavernes) :wink:
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Message par Demi-Lune »

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Mais qu'avez-vous fait à Solange ? (Massimo Dallamano, 1972)

Déjà, bonjour le titre spoiler ! Dommage, parce qu'on parvient du coup à y voir un peu clair bien avant la chute. Reste que ce giallo est plutôt honnête. Je suis loin de connaître en profondeur le genre (en fait, cela ne se cantonne pour l'instant qu'aux films d'Argento), mais il me semble que le giallo compte tout de même un bon paquet de purs produits d'exploitation bien craignos. En ce qui me concerne, ce film de Massimo Dallamano ne saura être rangé dans cette catégorie. De facture très classique (c'est-à-dire loin de toute outrance formelle), Mais qu'avez-vous fait à Solange se repose avant tout sur un scénario policier plutôt intéressant et au suspense savamment entretenu. Le film présente plusieurs motifs visuels traditionnels du genre (l'assassin ganté, les jeunes victimes féminines, un casting hétéroclite, l'érotisme ambiant...) mais demeure mesuré dans le graphisme de sa violence, qui choque plus par la force de la suggestion ou de quelques coupes savantes au montage (la "pénétration" de l'arme blanche). Il y a quand même un plan de cadavre nu, avec l'arme encore plantée, qui reste osé. Dallamano n'a absolument pas la virtuosité technique ni le sens inné de la réalisation d'un Argento, aussi se contente-t-il de filmer fort classiquement dans le Cinémascope consacré du genre, avec efficacité, ne s'autorisant que peu de plans épatants (il y a bien quelques visions subjectives de l'assassin, mais c'est tout). C'est bien l'histoire qui fait de ce giallo un bon cru, car ce ne sont pas les acteurs de seconde zone ou la VF à se pendre qui consolident l'ensemble. Outre qu'elle s'articule autour d'un mystère qui apparaîtra plutôt bien vu et bien agencé dans sa mécanique d'éliminations successives, le scénario me paraît présenter deux éléments dignes d'être remarqués.
Spoiler (cliquez pour afficher)
D'abord, dans la tradition du giallo, le témoin du meurtre inaugural, qui ne se souvient pas précisément de ce qu'il a vu - tout l'enjeu réside dans sa capacité à affiner le souvenir d'une image-clé -, est également le personnage central, celui qui va mener les investigations à son compte. Or, ici, la jeune fille témoin fait office d'héroïne, jusqu'à ce qu'elle soit éliminée sauvagement au bout de 40 minutes. L'effet n'est pas neuf mais fonctionne toujours autant dans son imprévisibilité. Ensuite, la motivation du meurtrier répond autant à une vengeance, expliquée de manière logique, qu'à une motivation vouée à connaître un grand succès dans le registre du slasher, à savoir la punition phallique face au péché féminin de la chair. En gros, Dallamano illustre littéralement ce que le slasher évoquera de manière lancinante, à savoir que la perte de la virginité est radicalement répréhensible : ici, un prêtre déguisé se charge de punir ces jeunes lycéennes propres sur elles mais qui s'adonnent en cachette à toutes sortes de péchés. Quelle est la part d'ironie là-dedans ? Difficile à dire.

En bonus track, le très beau thème composé par Ennio Morricone, qui a d'ailleurs été la source de mon intérêt pour découvrir ce film.

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Le venin de la peur / Carole / Les salopes vont en enfer (mon titre préféré :mrgreen: ) (Una lucertola con la pelle di la donna) (Lucio Fulci, 1971)

Plus atypique est ce giallo-ci. "Un lézard dans une peau de femme", littéralement. Avec son ouverture bizarroïde, qui plonge directement le spectateur dans les rêves déviants de sa protagoniste, Fulci rentre dans le vif du sujet sans un mot et appose à son film un parfum d'érotisme (sans doute sulfureux pour l'époque) dont il semble qu'il soit ensuite matriciel des giallos à venir. Ce qui est fascinant, c'est que les effets de mise en scène relativement kitsch de Fulci, pour dépeindre cet onirisme moite et inquiétant, deviennent vraiment intéressants et marquants dans leur côté imparfait. C'est peut-être con à dire, mais il y a un vrai charme, un surprenant intérêt artistique, dans cette mise en scène qui paraît un peu improvisée, hasardeuse comme dans bien des séries B italiennes. Le montage est approximatif, mais la musique de Morricone sublime déjà les images. Un lit perdu dans un néant noir, des tentures qui volent, une belle blonde souriante, une autre nana qui tombe au ralenti dans son manteau de fourrure, des bottes en cuir 70's, des cheveux au vent... je ne sais pas pour vous, mais moi je trouve ça assez fort, visuellement ! C'est-à-dire que les faiblesses techniques de Fulci créent, en l'occurrence, une incomparable atmosphère. Je ne sais pas comment mieux l'expliquer... dans sa spontanéité, Fulci parvient à fabriquer un pur onirisme plus convaincant en tant que tel que bien des films qui se frottent à la question de la représentation visuelle de rêves. Le scénario de ce giallo est pas mal, Fulci nous réserve quelques scènes sanguinolentes qui viennent nous rappeler à qui nous avons affaire. Mais ce qui fait tout l'intérêt de ce film, outre ses scènes de rêve, c'est sa dimension psychanalytique, même si elle est un peu convenue. Fulci ne réalise pas qu'un bête giallo de plus, ce film a quelque chose de particulier qui le distingue du tout venant. Mais le fait est que je l'ai vu en VO sans sous-titres sur Youtube, aussi n'y ai-je pas pris autant plaisir que je l'aurai voulu. J'aimerais beaucoup le revoir à l'avenir dans de meilleures conditions, afin notamment de mieux saisir les tenants et les aboutissants du scénario.

Pareil : le thème de Morricone. Un classique de sa période giallo, très beau, à la fois obsédant, rassurant et inquiétant. Un des morceaux que je préfère dans sa discographie. Avec en prime des extraits du film.
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Message par johell »

Deux gialli parmi mes préférés! :D
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

LES RENDEZ VOUS DE SATAN

Sous ce titre folklorique sans doute destiné à attirer les amateurs de films sataniques sortis dans le sillage de L’EXORCISTE, se dissimule un très classique mais plaisant giallo. Réalisé en 1971, il ne connaîtra cependant une exploitation dans les salles françaises que cinq ans plus tard sous une affiche complètement farfelue.

L’intrigue se révèle à la fois conventionnelle et embrouillée, dans la grande tradition du thriller italien. Après l’assassinat brutal de deux jeunes femmes dans un même immeuble, Andrea, le propriétaire (l’habitué George Hilton) propose à Jennifer et son amie Marylin d’y emménager et de poser pour sa prochaine campagne publicitaire. Andrea se rapproche rapidement de Jennifer, laquelle est également poursuivie par son ex-époux, partisan d’une secte vouée au libertinage sexuel. Cependant, l’homme meurt à son tour et la police commence à soupçonner Andrea mais celui-ci, victime d’une peur phobique du sang, parait incapable de commettre ces crimes brutaux. Dans l’entourage de Jennifer, les morts se succèdent et la vérité reste nébuleuse.

Réalisateur bien connu des amateurs de westerns, Guiliano Carmineo s’est illustré, sous le nom d’Anthony Ascott, en créant le personnage de Sartana, figure emblématique de l’Ouest made in Cinecittà. Si ses meilleurs réussites se trouvent dans le western (avec des titres comme LE MOMENT DE TUER ou DJANGO ARRIVE, PREPAREZ VOS CERCUEILS), le cinéaste se frotta, selon les époques, à d’autres genres porteurs comme l’érotisme (L’EMPRISE DES SENS), la comédie grivoise (LA CHAMPIONNE DU COLLEGE), la science fiction « post nuke » (LES EXTERMINATEURS DE L’AN 3000) ou le gore (RATMAN). Bizarrement, Carmineo goûta peu aux charmes du giallo et LES RENDEZ-VOUS DE SATAN constitue son unique incursion dans ce domaine. Pourtant, si le long-métrage ne peut rivaliser avec les plus belles réussites du genre, le résultat s’avère plaisant. Le cinéaste a, en effet, eut l’intelligence de s’appuyer sur une équipe technique rodée qui comprend le fameux scénariste Ernesto Gastaldi, le compositeur Bruno Nicolai et le directeur photo Stelvio Massi (lequel fut par la suite un cinéaste d’exploitation bien connu et signa, sous le pseudonyme de Max Steel, les nauséeux MONDO CANE 3 et MONDO CANE 2000).
Le casting, lui aussi, rassemble quelques pointures du cinéma de genre européen, dont les inévitables Edwige Fenech et George Hilton, héros de très nombreux gialli et une fois de plus utilisés à bon escient par Carmineo.
LES RENDEZ VOUS DE SATAN se suit donc avec plaisir même si, hélas, il ne dépasse jamais une honnête moyenne et ne surprendra nullement les habitués. Son classicisme s’avère, en effet, à la fois rassurant (tous les éléments attendus sont présents) et frustrant (aucune surprise à attendre de cette intrigue tortueuse mais aux rebondissements routiniers). L’association de talents rassemblés aurait put donner une œuvre marquante mais débouche, au final, sur un film sympathique malheureusement noyé dans la masse des dizaines de titres similaires sortis au cours des années ‘70.
Bien sûr, Carnimeo entretient l’attention du spectateur et lui proposa une galerie conséquente de suspects, chaque habitant de l’immeuble dans lequel se déroulent les meurtres cachant, en effet, un secret. L’architecte est trop charmeur pour ne pas figurer parmi les suspect en dépit de sa peur affirmée du sang, la voisine lesbienne semble bizarre, la vieille dame dissimule quelque chose et sa lecture effrénée de revues policières la rend soupçonnables tandis que le vieux professeur jouant du violon à longueur de journée pourrait, lui aussi, être l’assassin.
Dans la tradition du giallo, le criminel, bien évidemment vêtu de noir, commet quelques crimes graphiques (mais point trop) à l’arme blanche qui permettent d’intéressants tableaux morbides. Souvent efficace, la mise en scène donne au long-métrage un rythme nerveux, se permet quelques coquetteries visuelles aujourd’hui un brin datées mais plaisantes pour les nostalgiques des seventies et dispense un érotisme timide agréable à l’œil.
Le scénario, pour sa part, ne s’égare pas trop sur le terrain des explications psychanalytiques vaseuses et demeure crédible ou, du moins, vraisemblable, loin de certains délires abracadabrants vus dans les gialli ultérieurs.
Si le rythme d’ensemble reste un peu mollasson, le derniers tiers de ces RENDEZ VOUS DE SATAN s’accélère et propose, au final, une conclusion satisfaisante même si, à ce moment, l’identité du tueur semble évidente.

Sans s’élever au niveau des meilleurs giallo, LES RENDEZ VOUS DE SATAN reste une production sans temps morts qui se suit avec plaisir pour les amateurs, lesquels ne seront probablement guère surpris par l’intrigue mais passeront néanmoins un bon moment à démêler les fils de l’enquête pour percer à jour l’identité du maniaque.
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