Tu as tenté de corrompre Boubakar ? ça peut marcher, qui sait...Demi-Lune a écrit :Impossible ! Boubakar veille au grain.Anorya a écrit :Je vais sans doute éditer pour mettre un ex-aequo.
cf le topic des commentaires sur votre film du mois.
Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
La version uncut dure 3h. Mais on ne perd pas énormément sur cette version internationale de 2h30. De la version originale (vu au cinéma ), je me rappelle la scène avec Takashi Shimura en médecin ; et de certaines scènes bien plus étendues, notamment toute la fin. L'histoire dans l'ensemble reste inchangée.Anorya a écrit :--2h32 contre 3h30 pour la version longue qui est plus dure à trouver apparemment. K-chan, tu confirmes ?
6/6.
Content que le film t'es autant plu.
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Encore un travail sublime de l'Empereur... Les admirateurs de Kurosawa ont généralement tendance à présenter Ran comme le film le plus abouti du cinéaste dans la dernière période de son œuvre, mais je m'inscrirai en contre-courant. J'ai trouvé en Kagemusha le couronnement des recherches formelles entreprises par Kurosawa dans ses films féodaux (imaginez un Château de l'araignée en couleurs avec des expérimentations plastiques fabuleuses), ainsi que le juste équilibre entre le goût de la fresque et la fluidité d'une narration qui ne confond pas lenteur avec longueur, et qui sait tirer de son canevas classique une belle puissance dramatique, moins axée sur l'affrontement guerrier que sur des réflexions psychologiques et politiques. Ran, pour moi, n'atteint pas totalement cette expression de plénitude artistique à laquelle est parvenue Kurosawa avec Kagemusha.
Ce film est l'écrin de fulgurances formelles - parfois jusqu'à en être hallucinées, comme en témoigne cette étonnante séquence onirique baignant dans des teintes fauves - se hissant sans problème dans ce que Kurosawa a filmé de plus beau dans toute sa carrière, et anticipant sur les magnificences de Rêves, que l'on peut considérer comme une continuation et une conclusion du travail visuel de Kagemusha. Il est d'ailleurs intéressant de savoir que Francis Ford Coppola est le co-producteur international de ce film, tant il m'a semblé retrouver, dans les partis pris esthétiques culottés pour un tel film "historique" (un exemple : le hors-champ nocturne de la bataille, montrée seulement sous une lumière rouge irréaliste entrecoupée de flashs bleutés graphiques), comme dans cette attirance pour des édifices-fleuves faisant la part belle à l'aliénation et/ou à la famille appréhendée en termes claniques, un peu de la personnalité du Napoléon du Cinéma. On peut même se hasarder à une comparaison avec Apocalypse Now, montagne sacrée fiévreuse d'une ambition démesurée, qui partage avec Kagemusha une même ampleur, un même point de vue désespéré sur l'addiction guerrière, un travail formel parfois déroutant.
Reste que le film demeure bien entendu éminemment kurosawien : l'orgueil, la soif de pouvoir, la rivalité clanique, le ressentiment familial conduisant au déchirement, sont autant de caractéristiques qui conduiront une fois encore les protagonistes au Chaos, comme s'il était consubstantiel à l'Histoire du Japon.
Mais il faut surtout remarquer cette évolution, film après film, du personnage du seigneur guerrier. Si Washizu est dans Le Château de l'Araignée un vaillant combattant pêchant par excès d'ambition, Shingen dans Kagemusha serait le même personnage s'il avait pu survivre et imposer sa loi meurtrière sur ses ennemis, avant que son ombre, le Kagemusha, apporte une forme de tempérance, d'innocence induite par sa véritable condition sociale ; Hidetora dans Ran serait alors le Kagemusha vieillissant qui aspirerait à transmettre à ses héritiers la fibre pacificatrice qui semble l'avoir animé dans son rôle de remplaçant. Ainsi, sur cette "trilogie" inconsciente, le seigneur chez Kurosawa conserve-t-il un même visage, mais progressivement rongé par le temps et les batailles, par l'amertume d'une vanité guerrière qui conduit les clans aristocratiques à l'anéantissement et le Japon à la destruction.
L'ombre de Shingen, qui ne sera, malgré tous ses efforts déployés, jamais que l'ombre du grand Maître craint de tous, permet à Kurosawa de questionner les fondements de l'incarnation politique décisionnelle. C'est un peu l'idée du "double corps du Roi", son enveloppe charnelle vouée à n'être sur Terre qu'un temps, et le corps institutionnel éternel qu'il représente, que l'on retrouve ici, mais de manière complexifiée et inversée : Shingen et le Kagemusha donnent leurs deux mêmes visages pour une même personnalité régnante (le daimyo), qui se retrouvera incarnée ensuite par le fils déshérité Katsuyori ; mais au travers de son échec militaire, causé par son impudence et son orgueil, Kurosawa semble nous dire que ce n'est pas tant le Corps éternel du régnant qui compte, mais plutôt la grandeur de l'âme de celui qui l'incarne, dont le corps n'est que terrestre. Le Kagemusha aura beau n'avoir jamais été que l'ombre d'un Maître trop grand pour lui (même dans ses rêves, Shingen ne veut pas de ce freluquet), il aura cependant montré les trésors de son courage, de sa fidélité, et de sa diplomatie.
Dernière modification par Demi-Lune le 31 janv. 14, 17:56, modifié 1 fois.
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Ce qui m'a le plus impressionné dans ce film c'est l'utilisation de la couleur, cette dernière est bien mise en avant.
Je n'ai point vu ces deux oeuvres antécédentes, mais j'ai eu l'impression que Kurosawa "se vengeait", par le biais de Kagemusha, d'avoir tourné trop longtemps sous les contraintes techniques de l'époque (le noir et blanc donc).
Je n'ai point vu ces deux oeuvres antécédentes, mais j'ai eu l'impression que Kurosawa "se vengeait", par le biais de Kagemusha, d'avoir tourné trop longtemps sous les contraintes techniques de l'époque (le noir et blanc donc).
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Le livret fourni avec l'édition Criterion a l'avantage de proposer la reproduction de quelques documents d'archives intéressants : des peintures préparatoires d'Akira Kurosawa pour le tournage de Kagemusha, qui font office de pré-storyboards, et que je livre ici pour quelques unes.
Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
J'aimerai bien découvrir ce joyau mais l'édition européenne est peu aguichante Donc, je pense casser ma tirelire pour Criterion. Ceci dit, superbe critique Demi-Lune
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Merci.Nass' a écrit :Ceci dit, superbe critique Demi-Lune
L'édition dvd Criterion propose effectivement une image superbe, mais à l'instar de tous les Criterion, découvrir un film de 3 heures avec des sous-titres anglais demande une certaine concentration qui peut éventuellement se révéler contre-productive (on passe son temps à vouloir, simultanément, réfléchir en anglais et faire une vague traduction mentale spontanée, et on peut ne plus profiter de l'histoire et des images).
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Je pense aussi qu'il est important de ne pas se laisser absorber par les sous-titres anglais (en cherchant à retraduire simultanément), qui certes doivent offrir des clefs de lecture, mais en complément de l'édifice visuel.
Kagemusha et Vivre sont les derniers Kurosawa "majeurs" qu'il me reste à découvrir....j'essaierai de me procurer les Criterion prochainement.
Et merci, Demi-Lune, pour cette critique enthousiasmante et les peintures préparatoires de Kurosawa, qui révèlent, dans l'éclat des couleurs et la vigueur des traits, un instantané de ses obsessions qui sont autant de pistes de réflexion.
Kagemusha et Vivre sont les derniers Kurosawa "majeurs" qu'il me reste à découvrir....j'essaierai de me procurer les Criterion prochainement.
Et merci, Demi-Lune, pour cette critique enthousiasmante et les peintures préparatoires de Kurosawa, qui révèlent, dans l'éclat des couleurs et la vigueur des traits, un instantané de ses obsessions qui sont autant de pistes de réflexion.
Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Je suis quasiment bilingue mais pas encore au point de faire un "va et viens" avec les yeux aussi spontané que sur des sous-titres fr. Ce que je vais faire, c'est acheter l'édition de la Fox pour une poignée d'euros et m'imprégner des sous-titres fr et ensuite en prendre plein la vue pour la version Criterion, sachant ainsi saisir la portée des enjeux exposés.Demi-Lune a écrit :Merci.Nass' a écrit :Ceci dit, superbe critique Demi-Lune
L'édition dvd Criterion propose effectivement une image superbe, mais à l'instar de tous les Criterion, découvrir un film de 3 heures avec des sous-titres anglais demande une certaine concentration qui peut éventuellement se révéler contre-productive (on passe son temps à vouloir, simultanément, réfléchir en anglais et faire une vague traduction mentale spontanée, et on peut ne plus profiter de l'histoire et des images).
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Dans son dernier guide des Blu-Ray, Les Années Laser annonce (page 154) Kagemusha en BD français, sans aucune autre précision... Croisons les doigts !
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Espérons une version longueAmarcord a écrit :Dans son dernier guide des Blu-Ray, Les Années Laser annonce (page 154) Kagemusha en BD français, sans aucune autre précision... Croisons les doigts !
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Re: Kagemusha (Akira Kurosawa - 1980)
Bonjour,
Ou puis-je trouver la version Toho avec les crédits en japonais en DVD svp (pas la version internationnale de la Fox)?
Merci
Ou puis-je trouver la version Toho avec les crédits en japonais en DVD svp (pas la version internationnale de la Fox)?
Merci