Ou de l'inutilité totale de faire un remake à partir d'un film français sympathique et distrayant, mais guère fameux (
Anthony Zimmer de Jérôme Salle)... Là où Salle réussissait quand même à poser une ambiance assez envoûtante et délivrait une mise en scène intéressante, l'Allemand von Donnersmarck confirme à mes yeux les faiblesses de sa technique, qui ne cherche jamais à s'élever plus haut que la simple mise en images scolaire. Au moins, il nous épargne les tremblements de caméra hystériques, c'est toujours ça de gagné. Mais revenons à l'ambiance... c'était pour moi la qualité principale d'
Anthony Zimmer, objet hitchcockien et élégant qui, du moins pendant une heure, savait ménager un bon suspense dans une économie, une distance glacée, une imagerie sophistiquée mais pas appuyée, qui étaient plutôt plaisants. Même si son issue était prévisible, le scénario restait agréable et ne se faisait jamais doubler par le tandem Attal/Marceau (qui, à côté de leurs avatars américains, paraissent nettement plus "réalistes"...).
The Tourist, ce n'est rien de tout cela ; c'est, fondamentalement, un pur film de stars bâti autour de leur badinage ennuyeux et emballé dans une glamourisation barbante, avec Venise de carte postale et photographie lourdement léchée. Le scénario n'est plus qu'un prétexte à une mise en valeur presque grotesque du tandem amoureux : le couple d'acteurs semble constamment prendre la pose comme des mannequins, se devant d'instaurer une alchimie qui n'arrivera jamais, tant Depp, et non son personnage, semble tétanisé par l'attraction animale de Jolie, laquelle apparaît aussi maniérée et étudiée dans ce film que Carla Bruni dans la vraie vie.
The Tourist se veut décontracté (il ajoute des touches d'humour qui tombent sans cesse à plat) et sophistiqué, il n'est jamais que lourd, totalement désincarné, formaté pour le public américain - on prend bien le temps d'expliquer, pour que personne ne soit jamais perdu, et on se permet même un symbolisme pachydermique (Janus
). L'ensemble se suit sans trop d'ennui, mais c'est insipide et vite oublié.
Profondo Rosso a écrit :The Tourist de Florian Henckel von Donnersmarck
Un remake plutôt réussi du film français "Anthony Zimmer". L'original malgré son pitch attrayant donnait dans le sous Hitchcock sauce TF1 pas très attrayant et cette relecture le surclasse en tout point. la première moitié est très bonne avec Pearce en ombre mystérieuse et insaisissable, la séduction entre Johnny Depp emprunté et une Angelina Jolie mystérieuse et élégante. C'est vraiment elle qui tire son épingle du jeu avec ce personnage courant après un amour chimère et soudainement émue par un type aussi attachant qu'insignifiant. Florian Henckel von Donnersmarck délivre une réalisation d'une belle élégance dans un Venise de rêve et la bande son splendide de James Newton Howard confère un indéniable aspect classieux et léché au film. Seul problème surtout quand on a vu l'original, Johnny Depp même en monsieur tout le monde a un peu trop de prestance et d'allure (même s'il retrouve par intermittence ses mimiques de Jack Sparrow) pour le rôle et du coup
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- le twist final se devine assez vite quand dans l'original le côté terre à terre de Yvan Attal laissait un peu plus de place à la surprise
. Du coup la seconde partie fait preuve d'un petite décontraction et second degré qui casse un peu l'élégante froideur du début, pas désagréable mais malgré ses gros défauts "Anthony Zimmer" tenait son rang de thriller jusqu'au bout. Par contre nouveau charisme (ils ont vraiment magnifiés et mis en valeur) alchimie et émotion, l'histoire d'amour entre Depp et Jolie est autrement plus poignante surtout pour la comparaison entre Sophie Marceau et Angelina Jolie. 4/6
nobody smith a écrit :THE TOURIST de Florian Henckel Von Donnersmarck
Alors là je pige pas trop la finalité de ce remake. Non parce que si l’idée c’était de faire une production hollywoodienne qui ressemble à un téléfilm, le plaisant film de Jérôme Salle se suffisait amplement. En dépit d’un effort de mondialisation assez épatant (résumons, il s’agit du remake d’un film français par un major américain avec un réalisateur allemand et dont l’action a été transposés à Venise), the tourist brille par son exécution dans une banalité confortable. Agréable à suivre même si on a vu l’original, le film souffre d’un “visuel chic” qui n’est pas à la mesure du degré d’éclat attendu pour une telle réinvestiture. Anthony Zimmer composait avec ses moyens pour offrir une mise en scène assez attrayante. The tourist arrive à peine au même résultat avec un budget qu’on peut soupçonner plus confortable. Saupoudré de fautes de goût assez incroyables (la poursuite en bateau aussi palpitante que du Derrick), le remake a surtout le mérite d’offrir un cast assez sympathique. Je ne pense pas tant au couple Jolie/Depp qu’à des seconds rôles aussi prestigieux que sous-exploité que ce soit Timothy Dalton ou Rufus Sewell qui fait ni plus ni moins qu’un figurant. Du talent gâché en gros, ce qui résume assez bien l’état de ce tourist.
Nestor Almendros a écrit :THE TOURIST de Florian Henckel von Donnersmarck
Quelle douche froide! Ce second film du réalisateur de l'excellent LA VIE DES AUTRES me fait tomber de bien haut. Je n'avais pas détesté ANTHONY ZIMMER, contrairement à certains ici, et je me réjouissais que quelqu'un de talentueux se colle à son remake, espérant comme d'habitude voir les erreurs gommées et le potentiel décuplé. Malheureusement, ma préférence restera au film de Jérôme Salle...
Quel manque d'ambition, tout d'abord. L'original français était une sorte d'exercice de style élégant et potentiellement intéressant. THE TOURIST est une baudruche plombée par un second degré nauséeux qui fait très rapidement dégonfler l'ensemble. Je comprends quelque part la volonté de ressuciter les thrillers élégants et populairesdu temps jadis, comme on pouvait en faire dans les années 50 ou 60. J'ai plusieurs fois pensé à des films comme CHARADE (Stanley Donen) dont ce TOURIST semble vouloir suivre la trace. Mais il ne le fait que de très loin, et bien maladroitement. Car le film apparait dès sa première séquence comme une vaste blague décontractée. Le suspense est vaporeux, l'action peu crédible: la filature des policiers français est tellement ridicule qu'on ne peut prendre au sérieux le reste de l'intrigue (celle, plus tard des mafieux russes - autre cliché bien lourd - et des policiers en bateau vaut aussi son pesant de cacahuètes...). Prenons également l'exemple de la musique illustrative et de l'ambiance (qui déborde souvent vers la comédie) pour cerner en quelques instants les enjeux du scénario et du film. On ne cherche plus le bel ouvrage: on est dans la séduction du pauvre, le clinquant basique, pour servir une soupe facile et digeste au spectateur endormi qui n'a pas besoin de cerveau pour comprendre. Le film est clairement destiné aux ménagères peu loquaces du dimanche soir. Navrant de la part de Johnny Depp (qui n'est certes plus à quelques erreurs de parcours près) et surtout de la part de Florian Henckel von Donnersmarck qui se fourvoie lamentablement dans cet opus qui contraste de façon sidérante avec son premier film. Angelina Jolie, devenue l'égérie d'une époque où le plastique est roi, confirme cette filiation avec une prestation poseuse et sans vie.
Poubelle!
Rockatansky a écrit :Déjà que je le trouvais un peu surestimé comme réalisateur, ça ne va pas me convaincre d'aller voir son film.
Demi-Lune a écrit :Ta déception, Nestor, par rapport aux attentes que tu avais placées dans ce cinéaste allemand, me rappelle le débat que nous avions eu sur le topic de La Vie des Autres, au sujet de la différence entre le classicisme et l'académisme de la mise en scène de Florian Henckel von Donnersmarck. N'ayant pas vu The Tourist, je ne me hasarderai pas à tirer de conclusions, d'autant qu'il s'agit d'une grosse machine US avec et conçu pour des stars (dans laquelle il n'est pas toujours aisé pour un metteur en scène d'imposer son identité), mais je me demande quand même si les louanges n'auraient pas été trop tôt décernées au réalisateur. Pour moi, La Vie des Autres fonctionnait avant tout grâce à son histoire et à ses interprètes. Apparemment, avec The Tourist, von Donnersmarck ne peut se raccrocher ni à l'un ni à l'autre. Du coup, ses limites deviennent peut-être plus visibles.