Peter Cushing (1913-1994)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Julien Léonard
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Peter Cushing (1913-1994)

Message par Julien Léonard »

Peter Cushing
1913 - 1994
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Peter Cushing reste encore aujourd'hui l'un des acteurs britanniques les plus marquants de l'histoire du cinéma. Sa filmographie, longue et pourvue de nombreux films passionnants, reste un modèle du genre pour tous les admirateurs du cinéma d'horreur anglais. Devenu l'une des stars de la Hammer dès 1957 et son interprétation miraculeuse du baron Frankenstein dans Frankenstein s'est échappé, Cushing n'a cessé d'irradier l'écran. Acteur fétiche du grand metteur en scène Terence Fisher, il fut l'un des fers de lance du gothique et du fantastique à l'anglaise.

Une voix immédiatement reconnaissable, une diction parfaite, un charisme extrêmement solide, un physique anguleux, une gestuelle vive, un jeu calculé confinant au génie et une réelle modernité dans son rapport au métier d'acteur lui permettent de demeurer cette légende fascinante encore aujourd'hui. Homme simple, intelligent, aux goûts normaux, il fut autant un acteur rigoureux qu'un mari follement amoureux. Il ne se remettra d'ailleurs jamais de la mort de sa femme, Helen (en 1971). Le visage marqué, attendant patiemment son heure tout en restant le gentleman qu'il a toujours été, Peter Cushing continuera néanmoins son métier entouré d'amis proches tels que Christopher Lee.

Les plus jeunes le connaissent pour avoir été l'un des méchants dans le premier Star Wars sorti en 1977, mais il fut beaucoup plus que cela. Prêtant six fois ses traits au baron Frankenstein (dont cinq sous la direction de Fisher : un cycle de films exceptionnels basé sur le principe de la variation) et quatre fois à Van Helsing, il incarne à la perfection le scientifique prêt à tout, froid et méthodique, mais aussi l'aventurier stylé, à la présence rassurante. Un homme bien, toujours gentil et agréable dans sa vie privée comme sur les tournages, plein d'humour, et professionnel jusqu'au bout des doigts... bref, un modèle d'acteur qui ne laissa de mauvais souvenir chez aucune des personnes ayant travaillé avec lui ou l'ayant fréquenté. Ses rôles marquants furent nombreux, mais si je devais constituer un top 10 parmi ses films, je pencherais pour celui-ci (respectant un ordre chronologique) :

Le redoutable homme des neiges (The abominable snowman) – Réalisé par Val Guest (1957) / Hammer
Frankenstein s’est échappé (The curse of Frankenstein) – Réalisé par Terence Fisher (1957) / Hammer
La revanche de Frankenstein (The revenge of Frankenstein) – Réalisé par Terence Fisher (1958) / Hammer
Le cauchemar de Dracula (Horror of Dracula) – Réalisé par Terence Fisher (1958) / Hammer
L’impasse aux violences (The flesh and the fiends) – Réalisé par John Gilling (1960) / Triad
Les maîtresses de Dracula (The brides of Dracula) – Réalisé par Terence Fisher (1960) / Hammer
Frankenstein créa la femme (Frankenstein created woman) – Réalisé par Terence Fisher (1967) / Hammer
Le retour de Frankenstein (Frankenstein must be destroyed) – Réalisé par Terence Fisher (1969) / Hammer
La chair du diable (The creeping flesh) – Réalisé par Freddie Francis (1973) / Tigon
Frankenstein et le monstre de l’enfer (Frankenstein and the monster from hell) – Réalisé par Terence Fischer (1974) / Hammer
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Bibliographie (sélective, uniquement constituée de documents que je possède et connais, donc parcellaire) :

Fantastyka n°6 (magazine) : Intéressant dossier de 10 pages sur l'acteur.

Fantastyka n°9 (magazine) : Numéro spécial Peter Cushing, avec un dossier de 30 pages comprenant une biographie, une filmographie, des anecdotes, l'émouvante rencontre avec Bernard Charnacé, ainsi que de nombreuses photographies.

Fantastyka n°15 (magazine) : Un numéro contenant un dossier spécial sur Terence Fisher (plus de 35 pages), avec de nombreuses informations et illustrations, et bien sûr ses rapports de travail avec Cushing.

L'écran fantastique n°19 (magazine) : Dossier spécial sur l'acteur, très intéressant, mais qui sera repris, augmenté et corrigé dans Fantastyka n°9.

Peter Cushing : An autobiography (livre) : L'autobiographie passionnante et émouvante de l'acteur. Il s'y livre simplement et s'avère très touchant. Il évoque sa jeunesse, sa carrière en détails, et son amour inconditionnel pour sa femme.

Peter Cushing : The gentle man of horror and his 91 films (livre) : Une superbe biographie éditée par McFarland, l'autorité incontestée en matière d'études sur le cinéma fantastique américain et anglais de façon générale (on leur doit d'exceptionnels ouvrages sur la Universal et ses films d'horreur, Bela Lugosi, Boris Karloff...).

Peter Cushing : Past forgetting (CD audio) : Près de 2H25 à écouter Peter Cushing lisant des passages entiers de son autobiographie. Pour inconditionnels, évidemment, mais sa voix, sa façon de lire et la sympathie qu'il dégage immédiatement font merveille.

A noter que l'on trouve aussi de magnifiques photographies de films de la Hammer et donc également avec Peter Cushing dans la boutique Movies 2000 sur Paris, ou bien encore sur le site Movie market. Je me suis laissé tenter plusieurs fois par les deux formules et je ne le regrette absolument pas. Les reproductions sont à chaque fois splendides.
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Cet acteur hors-norme, totalement dévoué à son métier, méritait bien l'ouverture d'un sujet pour lui tout seul.
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Lord Henry
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par Lord Henry »

Personnellement, j’enlèverais bien le Val Guest et le Freddie Francis pour glisser à leurs places Le Chien des Baskervilles et Twins of Evil.

S'il n'est pas le plus marquant des Sherlock Holmes, le film, lui, n'en demeure pas moins plastiquement superbe et parfaitement fidèle à la thématique fishérienne.

Quant au second, Cushing y compose un impressionnant fanatique puritain et par ailleurs, il s'agit de l'une des dernières vraies réussites de la Hammer:

Dernière modification par Lord Henry le 29 mars 11, 21:47, modifié 1 fois.
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Julien Léonard
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par Julien Léonard »

Les deux films sont effectivement intéressants (surtout Le chien des Baskerville, bien que je le trouve inégal). Mais bon, il fallait que j'en choisisse un nombre limité. :wink:

La chair du diable m'a toujours impressionné, d'abord parce qu'il reprend un style de récit et un rebondissement final rappelant Frankenstein s'est échappé, et ensuite parce que Cushing y joue un mari qui vient de perdre sa femme avec une vérité déchirante (et pour cause, ce malheur venait de lui arriver). La malaise du film est considérable et certaines séquences flanquent vraiment la frousse. Freddie Francis est un cinéaste inégal mais régulièrement solide, et jusqu'ici j'aime bien ses contributions au genre.

Le redoutable homme des neiges est très intéressant sur le fond, particulièrement dans sa seconde moitié. Cela aurait pu être ridicule et ennuyeux, alors qu'à l'arrivée c'est tout à fait excellent.
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Demi-Lune
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par Demi-Lune »

Un acteur très apprécié des holmésiens ; il faut dire que son physique émacié et marquant seyait plutôt au personnage.
Dans sa carrière foisonnante que je suis loin de prétendre maîtriser, Cushing est avant tout, à mes yeux, le Grand Moff Tarkin de La Guerre des étoiles ; Lucas achèvera son hommage en 2002 en convoquant Christopher Lee.
Lord Henry
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par Lord Henry »

J'aurais bien mentionné Scream and Scream Again, l'une des oeuvres les plus fortes auxquelles sont nom soit associé; malheureusement, il n'y fait qu'une apparition.
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hellrick
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par hellrick »

Lord Henry a écrit :J'aurais bien mentionné Scream and Scream Again, l'une des oeuvres les plus fortes auxquelles sont nom soit associé; malheureusement, il n'y fait qu'une apparition.
Je confesse n'avoir pas beaucoup aimé ce film pourtant bien apprécié... :oops:
J'ajoute par contre ses nombreux films à sketches où à chaque fois il a un petit rôle, forcément, mais toujours mémorable, en particulier dans TALES FROM THE CRYPT
Et j'ai beaucoup d'affection pour LA MALEDICTION DES PHARAONS

(après vérification sur imdb j'ai vu 42 de ses films :wink: )
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par jacques 2 »

Pour moi, Peter Cushing est avant tout le meilleur Frankenstein de l'histoire du Cinéma ... :)
Cet acteur pouvait passer de la totale bonté à la cruauté et au cynisme avec une facilité déconcertante : la plupart de ses incarnations en devenaient assez ambigües et donc très riches ...
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par julien »

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Il faisait une bonne prestation aussi sur Cash on Demand, un petit thriller de la Hammer où il interprétait un banquier froid et impavible, qui se retrouvait soudainement à la merci d'un voleur de coffre fort.
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par someone1600 »

Un excellent acteur sans aucun doute. Merveilleux dans les roles du baron Frankenstein et du professeur Van Helsing pour la Hammer et un des méchants mémorable du cinéma dans le role du Grand Moff Tarkin.

Excellente idée Julien Léonard d'offrir un topic a un tres grand acteur. :D
Lord Henry
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par Lord Henry »

En baisser de rideau, Peter Cushing a repris une ultime fois le personnage de Sherlock Holmes pour un téléfilm, The Masks of Death. Comme un salut adressé aux plus belles années de sa carrière, la production réunissait certains des piliers de la Hammer: Roy Ward Baker, Anthony Hinds, Roy Ashton et Malcolm Williamson

Le film est disponible sur YouTube; autant en profiter tant que ça dure.
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par O'Malley »

Excellente idée que ce topic pour un comédien qui a toujours beaucoup compté dans ma cinéphilie.

Je considère aussi La chair du diable comme une petite réussite, en tout cas bien supérieur à la plupart des films d'épouvante de la Hammer, à la même époque...

Je rajouterai un autre rôle mémorable de Cushing: dans Le retour des Cybernautes de Robert Day (épisode de The Avengers) ou il était délicieusement sadique et séducteur (vis à vis d'Emma Peel) en scienfique qui transforme les hommes en robot...
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par Julien Léonard »

La chair du diable est pourtant un petit film produit par la Tygon (une société qui doit avoir produit quatre ou cinq films à tout casser), mais il fonctionne fichtrement bien.

Sinon, hors Hammer toujours, je viens d'acquérir Asylum, Tales from the crypt, The vault of horror et The beast must die. De l'inégal sans aucun doute, mais on verra bien. Cushing rules !

Selon vous, qu'est-ce que vaut And now the screaming starts ? J'en ai lu de petites critiques plutôt élogieuses, mais je désirerais avoir votre avis. :wink:
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O'Malley
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par O'Malley »

Julien Léonard a écrit :La chair du diable est pourtant un petit film produit par la Tygon (une société qui doit avoir produit quatre ou cinq films à tout casser), mais il fonctionne fichtrement bien.

Sinon, hors Hammer toujours, je viens d'acquérir Asylum, Tales from the crypt, The vault of horror et The beast must die. De l'inégal sans aucun doute, mais on verra bien. Cushing rules !

Selon vous, qu'est-ce que vaut And now the screaming starts ? J'en ai lu de petites critiques plutôt élogieuses, mais je désirerais avoir votre avis. :wink:
Asylum : pas vu mais très bonne réputation; il paraît le film à sketches le plus réussi de la Amicus.

Tales from rhe crypt, plus revu depuis l'époque où il passait sur M6 (donc une éternité) mais un film à sketchs très efficaces avec un rôle très original pour Peter Cushing ( :shock: ) et surtout l'histoire de la patte de lapin qui exauce les voeux (la quatrième il me semble) impressionnante psychologiquement dans son dénouement.

The vault of horror est plaisant si on adhère au film fantastique à sketches, sans plus.

The beast must die se laisse voir, un peu ridicule par moments mais il repose sur un postulat ludique amusant.

And now the screaming starts: pas vu...

Lord Henry pourra t'en dire plus, il me semble. :wink:
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par riqueuniee »

Asylum (ROy Ward Baker, 1972) est un excellent film à sketches , qui bénéficie d'un scenario de Robert Bloch. A sketches, si on veut : il y a un thème général : un psychiatre doit reconnaître parmi quatre pensionnaires d'un asile l'ancien directeur, devenu fou. Chacun aura donc droit, avant la conclusion, à son histoire. Les "sketches" sont de très bonne tenue (entre horreur et fantastique), et le film, dans son entier, est très bien mené. On peut voir aussi Christopher Lee dans ce film, mais les deux comédiens (sauf erreur) ,ne se croisent pas.
Je ne connais pas les autres films.
Lord Henry
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Re: Peter Cushing (1913-1994)

Message par Lord Henry »

O'Malley a écrit :
And now the screaming starts: pas vu...

Lord Henry pourra t'en dire plus, il me semble. :wink:


C'est gentil d'en appeler à mes supposées lumières. Et comme je ne suis pas chiche, je vous donne deux avis pour le prix d'un:

Deux décennies durant (60-70), le studio Amicus put légitimement se poser en rival de la Hammer sur le terrain de l’Epouvante « made in England », en revanche il ne sut attirer à lui des réalisateurs aussi prestigieux que Terence Fisher, John Gilling et autre Peter Sasdy, et dut généralement se satisfaire des services de Freddie Francis ou Roy Ward Baker.


The beast must die (1974)

Par un week-end de pleine lune, un grand chasseur (Calvin Lockhart) réunit sur ses terres huit invités associés chacun à une mort mystérieuse, dans l’espoir que les circonstances dévoileront le loup-garou qui se dissimule parmi eux.

The beast must die ne semble guère avoir marqué les esprits. Il est vrai que les rares figures emblématiques du genre incluses dans la distribution – Peter Cushing et Anton Diffring – sont assignées à des seconds rôles, et que l’œuvre ne relève pas du film à sketches, genre auquel l’Amicus était identifié.
Pourtant, derrière la caméra, Paul Annett fait montre de plus d’allant que les précités faiseurs maison, et le scénario – d’après une nouvelle de James Blish – tente un astucieux mariage entre le « whodunit » à la Agatha Christie et le film de lycanthropie. Si le mélange des genres se fait prometteur – l’ouverture semble s’inspirer de la série Le prisonnier – le résultat final pâtit des ficelles par trop grossières qui tissent l’intrigue à énigme - ainsi que du recours superfétatoire à un « gimmick » prélevé chez William Castle.


~~~And now the screaming starts! (1973)

Les malédictions familiales ont la vie dure. Tenez, si grand-père Fengriffen (Herbert Lom) n’avait pas été un dépravé, la jeune épouse (Stephanie Beacham) de son petit-fils (Ian Ogilvy) ne serait pas victime d’une main baladeuse.
Une main dépourvue de bras !

Il n’est guère aisé de jouer la carte du film d’époque lorsque l’on se montre avare de ses deniers. L’essentiel du budget alloué par le producteur Milton Subotsky semble avoir été consacré à la réalisation de l’intérieur cossu d’un château censé se dresser dans la campagne britannique du dix-neuvième siècle. Mais une fois le décor posé, il apparaît que pour les parties intéressées le style se confonde avec la lenteur. Et là où une intrigue rebattue eût exigé que l’on y instillât quelque atmosphère, alors que seul le souffle du Fantastique eût animé cet imperturbable enchaînement de clichés, il faut nous accommoder de la mise en images apathique du routinier Roy Ward Baker.
Fort heureusement, dans l’adversité, la conscience professionnelle des acteurs (Peter Cushing en tête) ne saurait être prise en défaut.

On nous promettait un cri, mais c’est en vérité un bâillement que l ‘ on peine à étouffer.
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