Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Eigagogo
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Eigagogo »

Le Okamoto était d'ailleurs passé sur ... TF1 ^^ (début/mid 80s si je dit pas de bétise)
shaman
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Re: Topic naphtalinippon

Message par shaman »

cinephage a écrit :Lors de la projection, un type a d'ailleurs quitté la salle en protestant contre un film fasciste (le fait est qu'à aucun moment le film n'évoque les torts du Japon, ni ne suggère même que les uns ou les autres aient tort. La fatalité les oblige juste à accepter la défaite, une terrible épreuve pour un peuple qui se croit destiné à la victoire).
Le film tranche sur beaucoup de points avec les fresques guerrières nostalgiques produites à la même époque. Déjà, Okamoto s'attarde sur l'énième ironie d'une situation où les hommes sont dépassés par une réalité tout en refusant de l'admettre. D'où un ordre hiérarchique impérial complètement cassé qui dévoile une machine archaïque pleine de contradictions. Ce qui rend très intéressant l'une des lectures du film, c'est justement de constater à quel point Okamoto s'amuse à dévoyer visuellement le moindre symbole impérialiste tout en maintenant un cadre tragique très sérieux. C'est quand même un film qui montre une figure divine terriblement assistée et humaine (presque banale). Des militaires appliquer à la lettre un code impérial que l'Empereur ne comprend même plus (pour un film tourné en 1967 dans un Japon qui connaît une résurgence nationaliste).

C'est peut-être là l'une des traces du cynisme (ou réalisme ?) d'Okamoto, il n'y a ni fatalité, ni destin, juste des abrutis qui ont troqué leur peu d'humanité et temps de vie pour des valeurs mortes nées. D'ailleurs, après ce film, Okamoto enchaîne sur l'histoire complètement absurde d'un kamikaze abandonné dans son effort (et quelques années plus tard, le cinéaste s'offre l'une des plus grandes débâcles militaires du Japon, toujours avec un traitement limite pompier).

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magobei
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Message par magobei »

I Am Waiting (1957), de Koreyoshi Kurahara

Vendu comme un "film noir" par Criterion, I Am Waiting fait tout d'abord plus penser à une parabole humaniste façon L'ange ivre: c'est la rencontre de deux "paumés" au bout du monde, ie. le port de Yokohama. Scène d'ouverture d'ailleurs sublimée par son emballage expressionniste: les deux protagonistes, en imperméable clair, ressortent sur le noir de la nuit pluvieuse et de la mer, comme s'ils étaient sur le point d'être avalés par le néant.

Lui, Shimaki, ex-boxeur, n'a qu'une seule idée: quitter le Japon pour rejoindre son frère au Brésil. Elle, Saeko, ex-chanteuse vedette malade des cordes vocales ("un canari qui ne sait plus chanter"), fuit le cabaret où elle gagne sa croûte. Le duo est incarné par l'idole Yujiro Ishihara (dont le visage poupin convient à merveille à son rôle de "nice guy") et la très belle Mie Kitahara, deux icônes du mouvement "taiyozoku".

Shimaki recueille la belle fugueuse: elle va tomber amoureuse, mais lui reste fermé, ayant perdu foi dans le monde entier, craignant d'être à nouveau trahi - y compris par lui-même, comme le jour il a "perdu le contrôle", tuant un homme à mains nues. Dans sa 1ère première partie, le film est structuré autour de ces deux personnages; c'est presque un film de moeurs, reposant énormément sur les dialogues (on pourrait même lui reprocher d'être un poil bavard).

Dans la seconde partie, les gangsters font leur entrée, et on retombe dans les codes du yakuza eiga, une histoire musclée de vengeance.

C'est le premier film de Kurahara (qui réalisera plus tard Antarctica), et il n'est pas exempt de maniérisme; mais on ne boude pas son plaisir devant sa mise en scène stylée et théâtrale.

7,5/10
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Message par magobei »

Profound Desires of the Gods (1968), de Shohei Imamura

Wow. C'est assez somptueux: pour l'emballage, on dirait du Malick, avec ses beaux plans naturalistes. Pour le fond, aucun doute, on est chez Imamura: Profound Desires of the Gods partage d'ailleurs une parenté thématique avec la Ballade de Narayama, une même vision ambivalente (et sexuée) de la tradition, de la fondation d'une société: "Je m'intéresse à la relation entre la partie inférieure du corps humain et la partie inférieure de la structure sociale", disait Imamura (cité par Richie dans A Hundred Years of Japanese Film).

L'action se déroule sur une petite île au large du Japon, quasi coupée du monde, où le temps s'est arrêté. Les membres d'une famille, les Futori, vivent en paria depuis que le fils a fâché les dieux: un tsunami a déposé un immense rocher sur leurs terres, au milieu des rizières. Depuis, Nekichi (Rentaro Mikuni) creuse pour enterrer le rocher et effacer le stigmate de la faute. Un travail de Sisyphe. Le crime de Nekichi? Il a pêché à la dynamite, bousculant l'ordre des choses. Mais il paie aussi pour toute sa famille: les Futori sont des "bêtes", qui couchent entre frères et soeurs, père et fils. Tabou.

Superstitions, animisme fondent la communauté insulaire de Profound...; isolée, elle n'échappe pourtant pas à la pression de la civilisation, incarnée par une société sucrière, qui pousser les villageois à abandonner la culture du riz pour celle de la canne à sucre.

Autre dialectique centrale de l'oeuvre d'Imamura: civilisation vs. tradition primitive, état de nature. Il y a une vision élégiaque, contemplative, admirative, dans Profound..., à travers ces plans d'une nature sauvage, ces gros plans de crabes, de serpents, d'oiseaux, d'insectes. Mais c'est une vision ambivalente: car la tradition, garante d'une réalité immuable, où rien ne change, est aussi liée au pouvoir, à l'establishment. Maintenir ses ouailles dans l'ignorance, l'obscurantisme, est aussi une façon de conserver sa position pour le chef de la communauté. Et la jeunesse, titillée par les sirènes de Tokyo, ruent un peu dans les brancards. Un peu.

Mais à travers la photo gourmande (somptueux "Nikkatsuscope"), la violence des rituels, à travers ses images d'une vie grouillante, Profound... résonne d'abord comme une célébration de la vitalité primitive, de cet état de nature où sont restés les insulaires. A travers aussi leur sexualité débridée, voire incestueuse. Ultime ambivalence: la "vitalité hybride" des biologistes (et du Nom des gens :wink: ), le tabou se heurte ici à la vision mystique de la Création: le monde a été créé par un dieu mâle et un dieu femelle, frère et soeur, dans la cosmogonie de l'île (de même, les descendants d'Adam et Eve sont, techniquement, frères et soeurs, cousins et cousines; de même Dieu a sauvé ses créatures du Déluge en les faisant monter par paire dans l'arche de Noé).

Bref, c'est du beau cinéma, c'est du cinoche intelligent et iconoclaste, et en plus c'est dans une splendide édition Bluray.

8.5/10
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Message par bruce randylan »

magobei a écrit :I Am Waiting (1957), de Koreyoshi Kurahara
Avec le Suzuki, c'est le titre qui m'a fait acheter ce coffret (que je n'ai toujours pas regardé). J'avais adoré les deux films du réalisateur présentés à la MCJP lors de la rétro Nikkatsu : un type méprisable et dévotion ardente.

Depuis, je guette désespérément d'autre film du réalisateur, en vain... :(


Sinon, un peu les boules d'avoir raté la semaine dernière Le phénix de Kon Ichikawa (qui n'est passé qu'une seule fois :evil: ) ainsi que Jour de pluie et Koheji est vivant dont je ne pourrais pas voir les rediff et qui, d'après les amis qui y étaient, valaient vraiment le détour.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par magobei »

Matango (1963), d'Ishiro Honda
Eigagogo a écrit : Excellent film pessimiste et poétique, loin d'un simple "film d'aventure tropical au charme désuet", on est en plein dans son cycle des métamorphoses/mutations.
Effectivement, que voici une chouette série B. Pour l'ambiance, ça m'a fait penser un peu à Lost Continent, de Michael Carreras (enfin, la première partie du film), mais la toile de fond est totalement différente: on parle ici de mutations, liées aux essais nucléaires (thématique chère à l'auteur de Godzilla), Honda brossant une histoire mi-horrifique, mi-critique sociale.

La jeunesse dorée de Tokyo part en croisière dans le Pacifique, sur le yacht de l'héritier d'un grand keiretsu. Mais ils sont pris dans une tempête, et échouent sur une île déserte. Là, affamés, les sept jeunes gens sont mis sur un pied d'égalité, les barrières sociales s'effondrent: le fils de milliardaire, qui s'évertue à exhiber sa monnaie de singe, ces milliers de yens qu'il échange contre un oeuf de tortue, est mis au même niveau que le matelot. Et l'épilogue pose la question: les hommes qui ont muté pour avoir mangé le matango, le champignon magique de l'île, sont-ils vraiment plus déshumanisés que les fourmis industrieuses qui se pressent dans la mégalopole tokyoïte?

Bref, un film qui vaut son pesant de psilocybe, assez bien foutu (quelques étranges transitions dans le montage, toutefois), et pas trop plombé par ses FX rigolos.

6.5/10
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Re: Topic naphtalinippon

Message par monk »

Interressant, tu as pris quelle édition ?
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Message par magobei »

monk a écrit :Interressant, tu as pris quelle édition ?
hum, peux pas répondre à cette question :oops:

Mais celle de Media Blaster est pas mal semble-t-il:
http://www.dvdbeaver.com/film/DVDReviews14/matango.htm

Sinon, Humanity and Paper Balloons (1937), par Sadao Yamanaka

Film séminal, sans doute: on en trouve des échos dans Les bas-fonds de Kurosawa ou, plus récemment, dans Hana yori mo naho, de Kore-eda (sympathique variation sur l'histoire classique des 47 ronins).

Dans tous ces films coexistent la misère noire, le dénuement des bas quartiers, et la vitalité de leurs habitants, qui tirent le maximum du peu qu'ils ont. Notamment à travers l'humour: "L'humour, c'est la politesse du désespoir", disait Boris Vian, et ici les vannes fusent, les rires sont contagieux et tonitruants. Mais deux figures émergent de cette dynamique de groupe, un peu à part: il y a le coiffeur Shinza, prêt à tout pour sortir de sa condition, quitte à défier les yakuzas du quartier. Figure active, motrice et manipulatrice, qui contraste avec celle d'Unno, ronin, samouraï sans maître et donc sans argent, qui vivote avec sa femme dans les taudis (tirant sa subsistance des ballons de papier du titre). Contrairement à Shinza, qui refuse le système, défie le pouvoir, Unno ne s'imagine pas vivre en dehors; humilié, battu, il demeure incapable de se rebeller, immobile. Sauf, dans une des dernières scènes, lorsqu'il éclate d'un rire cathartique.

Le film alterne le chaud et le froid, scènes comiques, personnages truculents, et drame. Mais ce sont bien les deux figures tragiques d'Unno et de Shinza qui pilotent le récit, jusqu'à sa noire conclusion. Certains plans sont d'anthologie; la scène finale fait froid dans le dos. Même si l'armée a longtemps lâché la bride au cinéma (il a fallu attendre la fin de la guerre pour voir de vrais films de propagande, au sens où on l'entend en Occident, cf. D. Richie), il est quand même étonnant qu'un tel film, chargeant le système féodal, soit sorti en plein militarisme nippon.

8.5/10
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Re: Topic naphtalinippon

Message par Akrocine »

magobei a écrit :Humanity and Paper Balloons (1937), par Sadao Yamanaka
Je l'avais acheté en Janvier, tu me donne envie :D

J'ai été bien triste de lire ceci :

"Humanity and Paper Balloons [Ninjo kami fusen] was, tragically, his last film, and only one of three that survive today. In a short, six year, 22 film career Yamanaka..."
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Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

La MCJP annule les projections du cheval, des temps irresponsables du Japon et de l'archipel de la peur (qui étaient sous réserves) :(

La gare (Yasuo Furahata - 1981 pas vraiment naphta mais bon... presque)

Plusieurs moments de la vie d'un policier qui a connu une carrière olympique.


Je n'attendais rien de ce film et je me suis pris un gros coup de cœur.
C'est un film difficile à décrire. Il n'y a pas de narration suivi mais plusieurs moments éparses qui s'étalent sur une quinzaine d'année et qui mêle intimement sa vie privée et sa vie professionnelle : sa femme qu'il a du abandonner pour l'entrainement des JO ; une jeune femme qu'il a surveillé espérant que son frère criminel recherché prenne contact avec elle ; la culpabilité d'avoir du abattre deux preneurs d'otages, le souvenir d'un collègue assassiné, les quelques jours passés avec la tenancière d'un petit restaurant dans une ville bloquée lors d'une tempête.

Des moments filmés avec un lyrisme tout en retenu et une mélancolie sourde.
Ken Takakura trimballe son mal être, son malaise, sa maladresse avec une présence hypnotique. L'alchimie qu'il forme avec le réalisateur est évidente et l'un et l'autre se mettent au service de son personnage prisonnier de son métier, de ses engagements, de son passé, de ses fantômes.
Le réalisateur privilégie donc des scènes calmes, silencieuses, introspectives avec des explosions imprévisibles et fugaces de violences assez sanglantes qui impriment autant la mémoire du spectateur que du policier. On notera d'ailleurs un plan-séquence qui commence par une conversation au téléphone dans un bar qui vire en dispute avant de finir en bagarre dans une ruelle.
Les moments calmes sont filmés dans de longs plans qui reculent le plus possible un contre-champ, un gros plan, une parole. Ca crée ce sentiment à la fois grave, chaleureux, tendres qui évitent toute artifice, toute manipulation émotionnelle ; sans être contemplatif pour autant.

Furahata accorde une grande importance aux couleurs délavé (presque monochromatique) et aux décors accentuant la solitude tout en parvenant à faire vivre avec tout autant de justesse les personnages féminins. Il sait saisir le détail qui viendra les rendre vivantes : un pause dans un dialogue, une façon de chanter timidement de la variété passant à la télé, une manière de passer le temps sur le quai d'une gare.

Les 132 minutes passent ainsi très rapidement avec ce mélange de "spleen" et de tendresse.
Un film qui hante durablement.
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Re: Topic naphtalinippon

Message par magobei »

Je conclus en beauté le coffret Nikkatsu Noir de Criterion: je zappe un peu Rusty Knife, dans le lequel j'ai vu une variation un peu fade sur I Am Waiting (on retrouve d'ailleurs le même couple d'acteurs Yujiro Ishihara/Mie Kitahara). Non, les deux pièces de résistance, ce sont Cruel Gun Story (de Furukawa) et A Colt Is My Passport (de Nomura), les deux emmenés par Joe Shishido (le tueur de Branded to Kill chez Suzuki).

Dans Cruel Gun Story, Shishido monte le casse du siècle avec une bande de truands hétéroclite, qui compose une pittoresque galerie de portraits. L'affaire tourne au vinaigre, et finit en sanglant règlement de comptes: c'est un film hard-boiled, sec, servi par un excellent montage, très rythmé.

Très noir aussi, mais avec une bonne dose de style en plus, A Colt Is My Passport, se place dès l'ouverture sous le signe du western spaghetti, à travers un score très Morriconien; et le film finit en apothéose sur un duel final que n'aurait pas renié Leone. La très grande classe. Avec I Am Waiting, voici les trois perles de ce coffret, très recommandable.
Dernière modification par magobei le 20 mars 11, 18:36, modifié 1 fois.
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Message par gnome »

- Cache Cache Pastoral de Shuji Terayama 10/10

- Kuroneko de Kaneto Shindo 7.5/10
Un cran en dessous d'Onibaba cette histoire d'une mère et d'une épouse violées et assassinées par un poignée de samouraïs en déroute. Laissées pour mortes dans leur maison incendiées, suite à un pacte avec les forces obscures et par la "magie" d'un chat noir, elles vont revenir à la vie et n'auront de cesse de se venger des samouraïs jusqu'à ce que le fils (et époux) parti à la guerre ne revienne... en samouraï... Après le viol et l'incendie de la maison, la première partie se fait assez répétitive avec une série de meurtres perpétrés par les deux femmes damnées. Meurtres très bien mis en scène avec quelques très beaux plans comme celui où la jeune femme se déshabille derrière un voile. La mise en scène est intelligente mais le processus se montre un peu trop redondant. Ce n'est qu'à l'arrivée du fils que le film gagne réellement en profondeur avec le dilemme de l'épouse et les états d'âme de ce samouraï contraint par sa hiérarchie à combattre celles qu'il aime. Pas le chef d'oeuvre attendu, ni le meilleur film de Shindo, mais un bon film assurément.
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Message par beb »

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Dernière modification par beb le 31 mars 23, 16:40, modifié 1 fois.
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Message par gnome »

- Le frère cadet - Tendre et folle adolescence (Kon Ichikawa) 10/10
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Entre un père écrivain alcoolique et presque démissionnaire et une belle-mère bigote et handicapée qui se sert d’elle pour les basses besognes, Gen, une jeune fille d’une vingtaine d’années se sacrifie pour s’occuper de son frère cadet délinquant et le sortir des mauvais coups dans lesquels il se met.
Chaque Kon Ichikawa que je découvre est une nouvelle surprise qui me conforte dans l’idée que c’était un énorme cinéaste ou en tout cas un cinéaste dont la sensibilité me touche particulièrement et qui est en passe de devenir un de mes cinéastes de chevet.
Il livre ici, avec ce « Frère cadet » un drame familial et social tout en retenue évoquant avec beaucoup de justesse une adolescence à la dérive, en quête de sens et de repères doublé d’un superbe portrait de jeune femme (magnifiquement interprété par Keiko Kishi) et ce sans jamais tomber dans le pathos.
C’est peu dire que ce film est une petite merveille ou chaque plan, chaque mouvement de caméra coule de source. A noter la superbe photographie tout en pastels de Kazuo Miyagawa (Rashomon- Yojimbo) qui s’accorde parfaitement avec l’ambiance du film.


- L'archipel désert (Katsu Kanai) 7/10
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Après un probable désastre nucléaire, un homme est séquestré dans un étrange couvent dirigé par des nonnes irradiées et dégénérées. Celles-ci lui organisent un simulacre de procès parce qu'il a osé tenter de s'enfuir et qu'il a troublé la paix du couvent. Psychologiquement perturbé par les traitements que celles-ci lui infligent, l'homme entre dans un délire où il va vivre une série de péripéties surréalistes. Véritable fourretout d'images toutes plus barges les unes que les autres, le film voit ainsi son héros accoucher d'un enfant dans son dos, une protagoniste accoucher d'étranges hommes en pagne, une immense tête argentée ricanant dans le ciel d'une ville inconnue... Le film part ainsi dans tous les sens (tout en gardant le fil conducteur de notre héros) prétexte à toutes les expérimentations possibles jusqu'au final donnant en quelque sorte un sens à la mascarade.


- Sous la forêt des cerisiers en fleurs (Masahiro Shinoda) 7/10
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J'avais dit à l'époque toute ma déception devant Silence de Shinoda. Je n'avais pas retrouvé l'esthète de L'assassinat ou de Double suicide à Amijima, à l'étroit dans son format 1.33. Je ne reviendrai pas dessus. Ici, point de déception, Shinoda retrouve un champ large et le film est une splendeur visuelle de tous les instants. Chaque plan étant composé comme un toile de maître à la composition millimétrée. Les plans en forêt sont tout simplement superbes surtout quand le vent fait tournoyer une neige de pétales roses autour des personnages. Sur ce plan, le film est une vraie réussite. Il pèche cependant par certains points. Shinoda peine à un certain moment à rendre ses personnages un tant soit peu attachants; je pense principalement au personnage de Tomisaburo Wakayama qui ne prend réellement de la profondeur que passé la moitié du film, malgré l'interprétation impeccable de l'acteur. Ainsi, après une introduction très bien amenée, il y a une légère perte d'intérêt pour ce qui se passe et ce jusqu'à ce que les protagonistes se retrouvent en ville. La faute peut-être au manque d'enjeux réellement dramatiques à ce moment. Ce n'est que dans la deuxième partie que le personnage joué par Wakayama reprend pied et que le noeud du drame se joue. Un film qui m'a fait penser à L'empire de la passion d'Oshima, notamment dans son esthétique, ses couleurs chaudes et la représentation du Japon médiéval (le film de Shinoda se déroulant durant l'ère Edo).

- La forêt des fossiles (Masahiro Shinoda) 7/10
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Thriller psychologique et psychanalytique, La forêt des fossiles suit Haruo, étudiant en médecine écartelé entre un certain idéal humaniste de la médecine, une certaine morale, sa rancune envers une mère qui cherche à tout pris à reconquérir son fils et Eiko, une ancienne amie d'enfance qui va devenir sa maitresse et le pousser à l'irréparable. Ce film m'a mis mal à l'aise plus d'une fois pour diverses raisons qu'il me serait bien difficile à expliquer (la froide détermination de Eiko n'y est probablement pas pour rien). La réalisation de Shinoda est au couteau, précise comme un scalpel mais le film pèche un peu par le manque de charisme de l'acteur principal qui ne démérite cependant pas dans le rendu des sentiments contradictoires qui l'animent; le reste du casting s'en sortant admirablement bien. La peinture de la relation amour/haine que Haruo entretient avec sa mère est particulièrement bien rendue dans tout ce quelle a d'ambigu, de même que les tourments qui le travaillent.

- L'île du châtiment (Masahiro Shinoda) 10/10
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Un jeune homme revient sur les lieux où il a passé son enfance pour y exorciser de vieux démons afin de pouvoir avancer dans la vie. Difficile d'en dire beaucoup sur l'histoire sans dévoiler l'intrigue de ce thriller éprouvant et implacable où il est question de vengeance et d'un homme rattrapé par son passé. Shinoda est brillant ici. La construction de son film est impeccable et conduit inexorablement vers la révélation finale en ne dévoilant que petit à petit les divers éléments de l'intrigue. Après deux semi-déceptions, je retrouve ici le Shinoda qui m'avait enchanté avec le coffret Wild Side.
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Akrocine
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Tes avis sur Shinoda donnent envie :D Tu les as vues comment?
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