Ann Harding (1902-1981)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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The Unknown Man (1951) avec Walter Pidgeon, Ann Harding et Barry Sullivan

L'avocat Brad Mason (W. Pidgeon) accepte de défendre Rudi Wallcheck (K. Brasselle) accusé de meurtre. Il le fait acquitter et réalise peu après qu'il était coupable...

Je me suis embarquée dans cet opus de Thorpe sans grande illusion. Le film est mentionné dans l'Encyclopédie du Film Noir, alors je me suis dit qu'il avait peut-être un peu d'intérêt. Ce scénario tordu aurait certainement pu fournir un film bien plus captivant que celui-ci. Mais, évidemment Thorpe n'est pas un Fritz Lang, ni un Anthony Mann. Il se contente de filmer très platement un scénario sans aucune trace d'atmosphère. Les décors sont toujours sur-éclairés comme dans presque tous les films MGM de série. Pourtant le personnage joué par Walter Pidgeon n'est pas dénué d'intérêt. Cet avocat riche et célèbre perd pied en se mettant à la justice criminelle. Il se laisse abuser par un malfrat qui joue l'innocence. Par la suite, il tentera par tous les moyens de remédier à sa faute en poursuivant celui qui est derrière le racket qui affecte la ville. Il ira même jusqu'au meurtre de celui le contrôle. Puis, ironie du sort, il redevient le défenseur du malfrat innocenté, maintenant accusé du meurtre commis par lui-même. Hélas, Thorpe fait de tout cela une sorte de téléfilm sans ressort, sans rythme et sans mystère. Il rate même la scène finale pourtant assez passionnante dans ses excès.
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Pidgeon se fait sciemment assassiner par le malfrat pour qu'il soit condamné pour un meurtre.
Ann Harding n'a qu'un petit rôle de complément en épouse de Pidgeon. Un tout petit film noir gâché par un mauvais réalisateur...
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Tout en lisant la biographie d'Ann Harding (merci Francesco! :) ), je revisite certains de ses films des années 30.

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The Right to Romance (1933, Alfred Santell) avec Ann Harding, Robert Young et Nils Asther

Peggy Simmons (A. Harding) est une chirurgienne esthétique renommée et surmenée. Elle décide de partir en vacances en Californie. Elle y rencontre un play-boy, Bobby Preble (R. Young) qui ne pense qu'à faire la fête...

Les 'vehicles' pour les stars féminines des années 30 en disent plus long qu'il n'y parait sur la sociologie des années 30. Certes, on leur offre des rôles de femmes actives qui occupent des métiers parfois masculins comme Ruth Chatterton en femme d'affaires dans Female (1933, M. Curtiz) ou Irene Dunne en directrice de prison dans Ann Vickers (1933, J. Cromwell). Mais, généralement, elles rentrent dans le 'droit chemin' à la dernière bobine, en se mariant et en retournant au foyer. Ici, Ann Harding n'échappe pas à la règle. Elle interprète, avec son talent habituel, une chirurgienne qui aspire à la 'romance'. Elle est fatiguée de n'être considérée que comme un docteur et pas comme une femme. Abandonant la casaque de chirurgien parfumée à l'éther, elle part en robe de mousseline vaporeuse pour la Californie ensoleillée. Elle va tomber sur un prétendant qui est son antithèse absolu. Robert Young, encore tout jeunôt, lui fait une cour empressée bien qu'ils n'aient pratiquement rien en commun. Le mariage se révèle être un échec très rapidement : les différences d'âge, de métier et dans leurs relations sont trops grandes. Elle retourne alors vers son métier où elle réalise enfin que le partenaiare idéal était là, en la personne de son collègue biologiste, joué par le suédois Nils Asther. La trame de ce film est assez faible et convenue. Mais, ce qui le rend intéressant, c'est la performance d'Ann qui donne un merveilleux naturel et une grande spontanéité à son personnage. Elle ne cherche pas à surjouer ; elle nous offre simplement le portrait d'une femme simple, volontaire et généreuse. La photo est signée du français Lucien Andriot qui lui offre des gros-plans sublimes. Alfred Santell dirige tout cela avec compétance à défaut de génie. Un bon petit mélo grâce aux acteurs.
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Double Harness (La femme aux gardénias, 1933) de John Cromwell avec Ann Harding, William Powell et Henry Stephenson

A San Francisco, Joan Colby (A. Harding) flirte avec le riche célibataire John Fletcher (W. Powell). Un soir, elle s'arrange pour que son père, le colonel Colby (H. Stephenson), la trouve chez Fletcher en situation compromettante. John Fletcher est alors obligé de l'épouser...

Ce film pre-code disparut de la circulation pendant plus de 70 ans à cause de son scénario qui le rendait inapte à une ressortie. Il y avait de plus des problèmes de droits sur sur ce film RKO produit par Merian C. Cooper. TCM l'a restauré et ressortit en 2006 en DVD. Ce film marie avec bonheur la comédie et le mélodrame. Ann Harding trouve là l'un de ses rôles les plus intéressants face à un partenaire de choix, William Powell. Le film débute comme une comédie. En Joan Colby, Ann Harding nous donne sa philosophie du mariage qui, selon elle, est un contrat commercial où les sentiments n'entrent pour rien. Voyant sa jeune soeur dépensière et frivole convoler en justes noces, elle décide elle aussi de se marier. Pour se faire, elle suit un célibataire endurci, et fort riche, dans son appartement un soir. William Powell est formidable en coureur de jupons qui n'a pas la moindre intention de subir les chaînes conjugales. Leurs premières scènes sont rythmées par un dialogue étincelant, pleins de sous-entendus. Les deux acteurs forment un couple tout à fait crédible où chacun joue sa partie avec finesse et intelligence. La mise en scène de Cromwell est fluide et suit les protagonistes avec intelligence. Obligé d'épouser celle qu'il considérait comme une amie d'un soir, John Fletcher ne se dérobe pas, mais pense divorcer rapidement. Mais, évidemment, les sentiments s'en mêlent des deux côtés. Ann tombe amoureuse de son mari et lui, n'est certainement pas insensible, quoi qu'il en dise. Le film accuse une petite baisse de régime au milieu avant de repartir pour un final comique avec Reginald Owen en maître d'hôtel obséquieux. On ne peut qu'admirer la performance d'Ann qui donne humanité et émotion à son personnage. Lorsqu'elle doit révéler à son mari la machination qu'elle a conçue pour l'épouser, son visage reflète un mélange de soulagement et de désespoir. Un très joli film qui doit beaucoup au couple Powell-Harding.
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The Life of Vergie Winters d'Alfred Santell est un typique "véhicule" pour actrice. Comme la Warner avait Kay Francis et la MGM Norma Shearer, la RKO construisait des mélodrames, destinés en priorité à un public féminin, autour de la personnalité moins glamour et plus patricienne d'Ann Harding. Vergie Winters (Vierge et Hiver .. dans un film de Goulding le personnage d'Ann Harding s'appelle carrément Mary White ... on n'est pas plus explicite) est donc un parfait tear-jerkers qui reflète idéalement la sensibilité du temps (1934). Les modèles sont évidents (Madame X, La Faute de Madelon Claudet, Back Street ...), la postérité aussi (A chacun son destin où on reprend le thème de l'enfant illegitime adopté ailleurs et dont la mère ne peut suivre le destin que de loin). Avec un soupçon de "scandale en ville" qui fait le piquant du film (comme dans Les Murs de Jericho ) puisque le réalisateur s'applique, dès l'ouverture (une foule assiste au passage d'un corbillar), à croquer quelques figures marquantes du microcosme qu'on va nous représenter pendant 80 minutes. Le scénario (d'après une nouvelle de Louis Bromfield, l'auteur de la Mousson ou de Mrs Parkington) se focalise sur une silhouette spécifique, mais aére habilement la trame du film, grâce aux échappés vers des intrigues ou des personnages secondaires. L'intérêt principal du film réside, à mes yeux, non pas dans sa structure assez classique (une ouverture "contemporaine" avant un long retour en arrière "biographique") mais dans la manière dont le réalisateur a choisi de marquer le passage du temps à travers la mode, chose qui n'avait rien de spécifique à une époque où la nostalgie n'était pas de mise (ainsi Back Street est un bon exemple de ces films dans lequel le temps passe mais rien ne bouge). Comme Vergie tient une boutique de vêtements chaque changement de période est marqué par une visite de ses clientes venant se mettre au goût du jour (rituellement : années 10, années 20, années 30). C'est très joliment réalisé et suggéré.
Pour le reste tout est typique : ragots dans la ville, machinations, amours adultères mais sincères, vieillissement noble des héros, épouse aigrie et jalouse, enfant illégitime, femme qui se sacrifie (jusqu'à un point qui n'est pas sans évoquer le masochisme dans les dernières séquences où pas grand chose ne justifie son geste), morts dramatiques (deux, pleines d'impact d'ailleurs, par comparaison avec la narration sereine du film) etc etc etc ... Beau score de Max Steiner qui donne beaucoup de charme au film, quelques scènes marquantes dans le registre mélodramatique (la visite de la petite fille, en toute ignorance, dans la boutique de sa mère, les retrouvailles de la fin ...) et une interprétation irreprochable. John Boles était "l'homme fatal" du temps, c'est un bel objet de désir (on ne lui demande rien de plus), Helen Vinson est parfaite et les seconds rôles très efficaces. Ann Harding, enfin, malgré une lenteur expressive qui peut faire croire au statisme (certaines expressions peuvent rester figées sur son visage une seconde de trop) réussit l'épreuve de force haut la main et sa manière délicate d'interpréter le rôle donne d'autant plus de puissance aux moments les plus excessifs du film (elle a une scène de pleurs en prison réellement magnifique et très émouvante).

Bref un bon moment quand on aime le genre :D
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East Lynne (1931, Frank Lloyd) avec Ann Harding, Conrad Nagel, Clive Brook et Cecilia Loftus

En Angleterre, dans les années 1860, Lady Isabel (A. Harding) épouse Robert Carlyle (C. Nagel). Son mariage d'amour devient rapidement un enfer dans le domaine d'East Lynne où elle est constamment tenue à l'écart par sa belle-soeur, la terrible Cornelia (C. Loftus). Accusée injustement d'adultère par celle-ci, elle quitte son époux et est forcée de laisser son enfant derrière elle. Des années d'exil commencent...

Cette majestueuse production Fox est une adaptation d'un roman victorien d'Ellen Wood. Le film - qui était déjà la Nième version cinématographique de ce roman - fut un gros succès auprès du public et fut même nominé aux Oscars en 1931 dans la catégorie 'meilleur film.' La Fox engagea de grosses dépenses pour donner au film toutes les 'production values' possibles et elle se fait prêter Ann Harding par Pathé à grands frais. On est, de nos jours, vraiment étonné du standing d'un Frank Lloyd à cette époque. Ses films étaient régulièrement nominés aux Oscars alors que son style visuel n'avait rien de remarquable si on le compare à nombres de ses confrères à l'époque. Si cette production présente un intérêt, c'est essentiellement dû à la présence d'Ann Harding dans le rôle principal. Le sujet de ce mélodrame devait déjà être assez poussiéreux en 1931, mais le charme a opéré auprès du public.
L'héroïne se débat vaillamment dans un monde fait et dirigé par les hommes. La douce Lady Isabel est une victime de cette société patriarcale profondément injuste qui ne donne strictement aucun droit à une femme. Elle est une épouse et une mère. Mais, elle est totalement sous la coupe de son mari froid et absent quand elle n'est pas malmenée par sa détestable belle-soeur qui dirige le domaine d'une main de fer. Accusée à tord, elle ne peut que partir et renoncer à son enfant. En route pour un exil vers Calais, elle rencontre William Levison (Clive Brook) et décide de le suivre. Ils vivent ensemble -hors des liens du mariage- à Vienne, puis à Paris. Ils sont constamment poursuivis par les commérages et elle par l'épouvantable culpabilité d'avoir abandonner son fils. Les événement historiques les rattrapent dans le Paris assiégé et affamé de 1870. Le final est au diapason avec le suicide de l'héroïne après avoir revu une dernière fois son fils.
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Avec un rôle aussi chargé et mélodramatique, Ann Harding a fort à faire pour rendre son personnage crédible. Elle y parvient néanmoins, particulièrement durant la scène où elle explose littéralement face à son mari et sa soeur. Elle parvient enfin à exprimer la boule de frustrations et d'humiliations qu'elle a subie. Laissant libre court à son exaspération, elle dit tout sans ambages. Elle le paira cher, mais, elle ne recule pas. Face à elle, Conrad Nagel est raide comme un piquet et aussi expressif qu'une bûche. Cecilia Loftus est plus subtile en soeur machiavélique. Quant à Clive Brook, qui est souvent fort raide, il se montre finalement plutôt intéressant en amant de la belle. Ce diplomate déchu -qui est en partie responsable de la déchéance d'Isabel- donne une enveloppe consistante à cet homme égoïste qui ne comprend pas vraiment son sacrifice. La mise en scène de Lloyd est assez académique avec cependant quelques travellings bien venus. Il a pourtant à sa disposition des moyens importants comme pour la reconstitution du Paris de 1870 bombardé par les Prussiens. Le film peut se voir comme un mélo traditionnel de cette époque où le Hollywood des années 30 adorait les romans anglais victoriens.
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Devotion (1931, Robert Milton) avec Ann Harding, Leslie Howard et Robert Williams

A Londres, Shirley Mortimer (A. Harding) est exploitée par sa famille comme une servante. Elle rencontre l'avocat David Trent (L. Howard) et tombe amoureuse de lui. Elle se déguise en gouvernante d'enfants pour se faire embaucher chez lui...

Il ne faut pas confondre ce film avec le Devotion (1946) de C. Bernhardt sur la vie des soeurs Brontë. Les deux films n'ont rien à voir. Ici, il s'agit d'une intrigue tirée d'un roman sentimental anglais de Pamela Wynne. Cette histoire d'amour dans la bonne société londonienne vaut surtout pour ses interprètes. Outre la présence d'Ann Harding, on retrouve deux acteurs de grande qualité: l'anglais Leslie Howard et l'américain Robert Williams. Si Howard est entré dans la légende, Williams lui fut une étoile filante dans le cinéma des années 30. Il mourut en 1931 d'une péritonite laissant derrière lui sa pétillante interprétation dans Platinum Blonde (1931) de Capra, qui devrait être suffisante pour lui assurer l'immortalité. Ann Harding est ici issue de la bonne société, mais elle semble être la Cendrillon de la famille, celle qui est la bonne à tout faire. Fatiguée par cette existence, elle monte un stratagème pour se rapprocher de l'homme qu'elle aime. S'affublant d'une perruque sombre, de petites lunettes et d'une robe sinistre, elle se présente pour être bonne d'enfant chez lui. Affectant un accent cockney plutôt réussi, elle investit le toit de l'avocat et devient vite indispensable pour lui et son jeune fils. Il ignore tout de son identité. Mais, un de ses clients Norman Harrington (R. Williams), lui remarque immédiatement le déguisement de Shirley. Après quelques escarmouches, tout est bien qui finit bien. Si le film n'offre pas vraiment de surprises visuellement, on est en tous cas bien servis par les acteurs. Il y a une superbe alchimie entre Ann Harding et Leslie Howard. Et Robert Williams, dans un rôle secondaire, tire son épingle du jeu en peintre fantasque. Ann est superbement photographiée par Hal Mohr qui lui donne des airs de madone (une fois qu'elle a quitté son déguisement fort peu seyant). Ann semble bien s'amuser dans ce rôle 'double' qui lui permet de montrer l'étendu de son talent comique et dramatique. Cette production RKO-Pathé est fort agréable.
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East Lynne (1931) m’a semblé être un exemple intéressant des transformations que peu subir un texte pour servir un genre cinématographique : à la base on avait un roman, signé « Mrs Henry Wood » typiquement victorien, dans la lignée des succès de M-E Braddon ou de Wilkie Collins, avec une dose importante de mystère (Les Mystères d’East-Lynne est d’ailleurs le titre français) et d’invraisemblances. Le film s’en éloigne beaucoup, au niveau de l’intrigue, pour se rapprocher davantage des mélodrames « mère sacrificielle » si caractéristique du début du des années 30. On se retrouve donc à mi-chemin entre Anna Karénine et La Marchande de Pain. Au demeurant le film auquel il manque hélas la dernière bobine (soit une dizaine de minutes sur les 100 originales) est réussi dans son double registre : film en costumes d’une part (il rappelle un peu le faux style anglais de la MGM et en particulier Chagrin d’Amour de Franklin, de la même année je crois. Je ne sais pas quel film a été tourné en premier mais la ressemblance entre Ann Harding et Norma Shearer est accentuée de manière vraiment troublante, en particulier de profil), plutôt luxueux, avec une certaine ampleur, mais pas figé pour autant, la caméra est assez souple, avec quelques belles idées (de caméra subjective en particulier –l’arrivée au château ou le réveil de l’héroïne avec la vue troublée- ou d’ellipse – la porte qui se ferme entrainant le scandale). Mélodrame sentimental d’autre part, sauvé de son artificialité par la très belle performance d’Ann Harding (bien accompagnée par Clive Brooks, moins par ses autres partenaires), remarquable dans un rôle difficile, nuancée et pleine de conviction à la fois et très imaginatives (les scènes où elle joue avec son fils, souvent figées à Hollywood, sont très réussies par exemple.) Bref un beau film qu’on ne peut pas juger absolument avec cette fin tronquée et la copie un peu fragile, mais qui ne démérite pas du tout à côté de l’Anna Karénine de Clarence Brown auquel il fait souvent penser (et il faut bien dire qu’Harding est beaucoup plus directe et naturelle dans son rôle que Garbo dans le sien.) Et pour le cinéphile curieux un moyen d’analyser la transformation du patrimoine victorien par Hollywood.

A noter que le film a été nommé aux oscars, mais pas Ann Harding, probablement parce qu'elle l'était déjà la même année pour Holiday et que les nouvelles règles interdisaient les nominations multiples pour un seul interprète.

Et comme d'habitude merci à Ann Harding (celle du forum :mrgreen: ) pour cette jolie découverte.
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Prestige (1932, Tay Garnett) avec Melvyn Douglas, Ann Harding et Adolphe Menjou

A Paris, Thérèse du Flos (A. Harding) est sur le point d'épouser le Lieutenant André Verlaine (M. Douglas). Mais, quelques jours avant leur marriage, il reçoit son affectation pour diriger une colonie pénitentiaire en Indochine. Il part seul et sombre rapidement dans l'acoolisme...

Cette production Pathé-RKO a été tournée en partie dans les Everglades en Floride. Il faut mentionner ce choix de tourner en extérieurs à une époque où pratiquement tous les films sont réalisés en studio. Le film se caractérise également par une virtuosité des mouvements de caméra tout à fait inhabituelle pour l'époque. Tay Garnett commence le film par un travelling (quasiment en un seul plan) survolant les toits de Paris (en fait une maquette). Et cette virtuosité sera mise au service des personnages d'un bout à l'autre du film. Le scénario illustre sans fard l'esprit colonialiste de l'époque avec son racisme assumé. L'histoire étant située en France et en Indochine, il semble que les scénaristes américains en profitent pour montrer une image fort peu glorieuse du colonialisme français (et probablement très proche de la vérité). Le titre du film fait référence au 'prestige de l'homme blanc' face aux indigènes qui sont censés reconnaître la supériorité intrinsèque de celui-ci par rapport à eux. Melvyn Douglas y est un officier français posté dans au milieu de la jungle indochinoise. Il doit diriger un pénitencier avec pour seul soutien un escadron d'indochinois sous l'uniforme français. Il est le seul homme blanc aux alentours. Puis, Ann Harding vient le rejoindre dans cette jungle où les hommes se délitent sous une chaleur torride. Douglas n'a pas résisté longtemps à l'isolement et au climat accablant. Il s'est mis à boire sous le regard ironique de ses hommes. Seul son serviteur noir (joué par Clarence Muse) lui reste totalement fidèle. L'arrivée de Harding va le sortir momentanément de sa torpeur. Mais, le désespoir reprend le dessus suite à la visite du Capitaine Rémi Baudouin (Adolphe Menjou) qui lui annonce que son affectation est permanente. Son effondrement moral provoque le soulèvement de ses soldats qui libèrent les prisonniers. Au milieu de tous ces indigènes en révolte, la blonde Ann Harding semble être l'image mème de la femme blanche menacée par les 'sauvages'. La scène finale du film fait presque rire (ou grincer des dents) par son extrémisme : on y voit un Douglas désarmé qui remet littéralement à leurs places les indigènes à coups de fouet. Ann Harding avait tellement détesté ce film qu'elle avait demandé à la RKO de le détruire. Il faut dire qu'elle avait des idées progressistes sur les droits civiques des noirs et ne devait pas partager cette idée du 'prestige blanc'. Mais, le message raciste du film s'autodétruit presque de lui-même. On nous montre une société de surhommes et de sous-hommes tellement outrancière qu'on ne peut y adhérer. Garnett ménage de nombreuses surprises visuelles dans ce film. L'arrivée de Ann Harding dans le pénitencier est suivie d'un long panoramique (presque à 360°) où elle balaie des yeux la cour de celui-ci. De même, la cérémonie de marriage traditionnelle entre Douglas et Harding est introduite par un mouvement de grue spectaculaire au-dessus de la foule jusqu'au couple. Il faut reconnaître qu'à partir d'un matériel assez stéréotypé, Tay Garnett a réussi à faire un film passionnant visuellement et riche en atmosphère (grâce également à la photo du français Lucien Andriot). Prestige est un film à découvrir.
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Re: Ann Harding (1902-1981)

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The Flame Within (La Femme errante, 1935) d'Edmund Goulding avec Ann Harding, Herbert Marshall, Louis Hayward, Maureen O'Sullivan et Henry Stephenson

Mary White (A. Harding) est médecin psychiatre. Elle est appelée au chevet de Linda Belton (M. O'Sullivan) une riche héritière qui a tenté de se suicider. Elle apprend que la jeune fille est désespérément amoureuse de Jack Kerry (L. Hayward) un alcoolique invétéré. Mary accepte d'aider Jack pour qu'il arrête de boire...

Ce film produit par la MGM a été écrit et réalisé par Edmund Goulding. C'est un 'star vehicle' pour Ann Harding qui retrouve là un rôle de femme forte en médecin psychiatre. Comme dans The Right to Romance (1933, E. Santell), elle est une femme tiraillée entre son métier et sa vie sentimentale. Elle aime son confrère le Dr. Phillips (H. Marshall), mais celui-ci veut qu'elle renonce à sa carrière pour l'épouser. Elle s'y refuse. Mais sa vie va être bouleversée par sa rencontre avec un patient alcoolique. Sans qu'elle en est vraiment conscience, elle tombe amoureuse de ce jeune homme fragile qui doute de lui-même et noie son chagrin dans l'alcool. De son côté Maureen O'Sullivan est une jeune fille très gâtée qui ne comprend pas pourquoi ce garçon ne répond pas à son amour. Tout ce méli-mélo sentimental se révèle finalement adulte et intéressant. Ann Harding y joue avec sa maîtrise habituelle. Elle est sincère et sans fioritures. Si le film déraille à la fin, c'est que la période pre-code est bel et bien terminée. Le Dr. Mary White se doit d'oublier rapidement sa profession et rentrer dans le rang. Une femme n'a qu'une seule destinée : être une épouse parfaite au service de son époux. Si vous trouvez cette morale rétrograde, sachez qu'on la retrouve jusque dans les années 50 comme dans L'Amour d'une femme (1953, J. Grémillon) où Micheline Presle est enjointe aussi à quitter son travail de médecin pour convoler en justes noces. Malgré ce final - que Ann joue d'ailleurs comme si c'était une tragédie- ce film de Goulding a des qualités. En premier lieu, il y a la photo signée James Wong Howe qui offre des ombres et lumières dignes d'un film noir. Et puis, il y a la qualité de l'interprétation. En plus d'Ann, Herbert Marshall, Maureen O'Sullivan et Louis Hayward sont excellents dans leurs rôles respectifs.
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Double Harness - John Cromwell (1933)
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Pas grand chose à rajouter au texte de Ann à propose de ce Double Harness. Prenant place dans une famille aisée de San Francisco au début des années 30, le film de Cromwell aurait pu être un film caricatural et ennuyeux sur les affaires de coeur entre une femme, pour qui le mariage n'est qu'une affaire commerciale, et un homme, pour qui le mariage est un mot exclu de son vocabulaire, préférant son confort de "bachelor" et ses parties de polo. Mais c'était sans compter sur l'intelligence de Cromwell derrière la caméra et surtout sur la qualité des 2 interprètes principaux.
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La réalisation de Cromwell est un plaisir de fluidité et d'intelligence, ses mouvements de caméra accompagnent les personnages où qu'ils soient, sa mise en scène ne se laisse pas enfermer par les décors et le réalisateur sait parfaitement gérer son film en donnant l'impression que ce dernier fait le double de ses 67 petites minutes. La sophistication et la classe de ses décors, la qualité de sa production et la sobriété de sa photographie font mouche dès le début et donnent l'impression que le film est issu des studios de la MGM. Si du coté de la Major au lion on s'attend à trouver Norma Shearer et Robert Montgomery dans un film produit par le "Wonder Boy" Irving Thalberg, du coté de la RKO et du non moins "Wonder" Merian C. Cooper, on profite d'un duo d'acteurs qui semblent faits pour ce type de film. Ann Harding et William Powell - qui retrouvera la MGM l'année suivante pour le premier épisode de la série The thin man - sont simplement idéaux dans ce film et éclipsent, sans le moindre effort, le reste du casting.
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William Powell semble fait pour ce type de personnage où classe et charisme font mouche et où son phrasé si particulier le rend si agréable à suivre dans le film. L'acteur a ce petit "je ne sais quoi" qui fait briller sa partenaire (il suffit de jeter un oeil aux 2 films où il partage l'affiche avec Kay Francis) et c'est sur ce point qu'il fait toute la différence avec d'autres : plutôt que de jouer sur le physique, l'acteur utilise une classe naturelle, un jeu élégant et une pointe d'humour pour rendre ce type de personnage si attachant. Face à lui, et pour l'unique fois, Ann Harding est elle aussi parfaite et colle idéalement à son personnage de femme dont la conception du mariage n'est pas hypocrite mais simplement stratégique : être autre chose qu'un objet pour l'homme, elle souhaite capitaliser sur ce dernier pour s'épanouir et devenir quelqu'un, laissant de coté l'amour. Si cette description du personnage le montre froid et calculateur, il n'en est rien car Ann Harding insufle à celui-ci une grace et une élégance que peu d'actrices de cette période peuvent prétendre avoir. Au fur et à mesure, je découvre une actrice dont le jeu naturel, la fragilité et l'élégance font mouche dans chacun des films que j'ai pu découvrir avec elle. Face à William Powell, Ann Harding est une fois de plus superbe dans un rôle qui montre à quel point elle est une très belle actrice : discrétion, élégance et fragilité semblent être les mots qui décrivent le mieux son personnage. Alors que l'amour, au début absent, prend une place de plus en plus importante dans son rapport avec John, le personnage de Joan va devoir jongler entre ses sentiments pour son mari et son envie de voir celui-ci réussir professionnellement....le talent de l'actrice fait le reste.

En 68 minutes, Cromwell réalise un film à la mise en scène élégante, avec ce qu'il faut de mélancolie et dont les dialogues riches de sous-entendus offrent des passages délicieux (Joan qui s'inquiète pour les gardénias qu'elle porte sur son corsage - "My flowers !" - alors que John l'embrasse et que les 2 jeunes gens sont prêts à se donner l'un à l'autre). Quant au couple vedette, que dire sinon qu'il se montre irresistible, mélange de grace et de classe, et que c'est un plaisir de les suivre...
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Re: Ann Harding (1902-1981)

Message par francesco »

Tout à fait d'accord avec l'ensemble de cette riche critique. La comparaison avec les véhicules de Shearer à la MGM me semble tout à fait pertinente (d'autant plus que j'y ai pensé :mrgreen: ), mais il y a incontestablement "un truc" en plus qui tient vraiment à la sensibilité et à l'intelligence à la fois du scénario et de la réalisation.
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Cathy
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Re: Ann Harding (1902-1981)

Message par Cathy »

Oui Ann Harding et Norma Shearer sont aussi horripilantes dans leur genre respectif :fiou: ! L'une est plutôt fade, l'autre plus piquante, mais je dois avouer avoir du mal avec les deux. Ceci étant j'ai beaucoup aimé ce Double harness vu hier, et je te rejoins sur ta critique et sur le fameux "My Flowers" tellement riche de sous-entendus, le gardenia étant le symbole de la virginité et de l'amour sincère !
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feb
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Re: Ann Harding (1902-1981)

Message par feb »

francesco a écrit :La comparaison avec les véhicules de Shearer à la MGM me semble tout à fait pertinente (d'autant plus que j'y ai pensé :mrgreen: )
Ah oui je n'avais pas fait attention à ce que tu en avais dit :wink: J'avais vraiment l'impression de regarder une production MGM et Shearer est la première actrice à laquelle j'ai pensé :mrgreen:
Cathy a écrit :Oui Ann Harding et Norma Shearer sont aussi horripilantes dans leur genre respectif :fiou: !
Cela ne t'a pas empêchée d'apprécier ce film heureusement :mrgreen:

Sinon ce film est clairement le genre de petites pépites que j'aimerais voir plus souvent au programme de TCM et merci à Ann pour sa critique qui m'a donnée envie de le regarder :wink:
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Cathy
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Re: Ann Harding (1902-1981)

Message par Cathy »

feb a écrit :Cela ne t'a pas empêchée d'apprécier ce film heureusement :mrgreen:

Sinon ce film est clairement le genre de petites pépites que j'aimerais voir plus souvent au programme de TCM et merci à Ann pour sa critique qui m'a donnée envie de le regarder :wink:
J'ai eu du mal au départ, car je n'arrivais pas à y entrer, mais je l'ai revu tranquillement hier et l'ai beaucoup aimé, je crois en grande partie grace à William Powell. Ce qui est assez étonnant c'est ce passage continuel de la comédie romantique sentimentale, voire dramatique à la comédie légère comme en témoigne l'altercation entre le majordome et le cuisinier lors du grand diner final. En tout cas, je suis contente d'avoir vu ce film comme Stingaree ou l'encore plus léger Rafter Romance !
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Ann Harding
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Re: Ann Harding (1901-1981)

Message par Ann Harding »

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The Fountain (Fontaine, 1934) de John Cromwell avec Ann Harding, Brian Aherne, Paul Lukas et Jean Hersholt

Durant la première guerre mondiale, l'anglaise Julie von Marwitz (A. Harding) vit avec la famille de son oncle, le baron Van Leyden (J. Hersholt) en Hollande. Elle se retrouve face à son ami d'enfance, Lewis Allison (B. Aherne) qui en tant que prisonnier de guerre est envoyé en résidence chez Van Leyden. Mais, son époux, un officier Allemand (P. Lukas) est renvoyé dans ses foyers après de graves blessures...

Cette production RKO est certainement typique des mélodrames faits sur mesure pour leur star féminine Ann Harding. Mais, contrairement, à bien d'autres mélo de l'époque, il garde une résonnance moderne en évitant les clichés de la mère ou de l'amante sacrificielle. Au contraire, ici, l'intrigue nous touche car elle montre une femme réelle en proie à un choix douloureux et impossible. Julie von Marwitz est déchirée de bien des façons. Elle est anglaise et vit dans une Hollande neutre, mais pro-germanique, alors que la Grande Guerre bat son plein. En plus, elle est mariée à un officier allemand (un excellent Paul Lukas) qui est parti au front. Ses sentiments vis à vis de lui sont complexes. Il y a un mélange d'admiration et de sympathie, mais pas véritablement d'amour. Elle souhaite cependant la victoire de l'Angleterre ce qui la met en conflit avec sa famille d'accueil, celle de son oncle. Cette dérive des sentiments est encore accrue par l'arrivée de Lewis Allison (B. Aherne) qu'elle a toujours aimé sans se l'avouer. Alors qu'elle se torture l'esprit pour sortir de cette impasse, son époux revient gravement blessé. Il est de toute évidence passionnément épris de sa femme. Le trouvant soudain diminué, elle se retrouve dans le registre de la compassion qui lui premet de développer des sentiments plus tendres à son égard. Mais, au fond d'elle-même, elle ne peut se passer de Lewis. Et contrairement à un mélo traditionnel, c'est le mari qui réalise les vrais sentiments de sa femme et va pratiquement se sacrifier pour la délivrer du poids du remords. Le film à sa sortie fut un échec. Il ne correspondait pas à ce que le public attendait en terme de divertissement: le film est lent et se déroule presqu'à huis-clos avec les trois personnages principaux pratiquement tout le temps à l'écran. Mais, pour un public d'aujourd'hui, l'introspection au cinéma n'est certainement pas un défaut. Les dialogues feutrés entre Julie, Lewis et Rupert sont par moment poétiques et toujours émouvants. Ils tentent de mettre des mots sur leurs sentiments sans toujours y parvenir. Il reste un élément de mystère dans la relation entre Julie et Lewis, censure oblige certainement. Mais, finalement, ce non-dit est tout bénéfice pour le film qui gagne en profondeur. Ce film de John Cromwell fait partie des touts meilleurs films d'Ann Harding. Il mérite d'être découvert pour mesurer le talent de cette actrice oubliée. Le film est disponible en DVD en Z2 (Espagne).
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