Le cinéma japonais
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
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Re: Topic naphtalinippon
Retour sur un nouveau (petit) cycle à la Maison de la culture du Japon dédié au décorateur Takeo Kimura surtout célèbre pour sa collaboration avec Seijun Suzuki. Sa carrière a alterné grosses productions pour les studios de Majors et films indépendants. De quoi patienter en attendant le cycle Toei le mois prochain et qui s'annonce démentiel
Journal d'un policier (Seiji Hisamatsu - 1955)
Un petit film sans prétention qu'on pourrait qualifier de "gentillet". on y suit le quotidien d'un modeste commissariat d'un village pauvre et isolé. Un quotidien qui voit les famille sans le sous vendre leur fille comme quasi-esclave ou encore s'adonner au vol, les problèmes de transport, des enfants abandonnées ou la venue d'un ministre...
Pétris de bons sentiments, c'est un film qui fait partie de ce genre typiquement japonais racontant des chroniques et non sur une vraie histoire. On nous présente des moments de différentes vies avec leurs joie et leurs malheurs. Normalement très bon client de ce genre fait de moments simples, d'émotions retenus, de personnage choral et d'une approche tragi-comique, ce titre-là laisse une impression un peu tiède.
Hisamatsu n'a pas la fibre d'un grand réalisateur : il fait un travail appliqué mais n'est pas capable d'apporter une vision, une personnalité ou une sensibilité qui transcenderait le scénario. Il manque donc au film un souffle que porterait la mise en scène. Si le film s'avère réussi par moment c'est avant tout par ses situations et ses acteurs mais non par les images. Par exemple le passage qui devrait être très émouvant où la mère qui a abandonné ses enfants les regardent depuis une jeep est filmé sans imagination.
Par ailleurs, la naïveté de l'intrigue est tout de même désarmante : les policiers sont d'immenses humanistes et philanthropes qui sont toujours prêt à rentre service et aider leurs prochain. Un peu idéalisé même s'il est possible que dans des régions aussi reculés, les policiers de l'époque jouaient peut-être plus ce genre de rôle d'assistants sociaux. Le film est tout cas tiré d'un roman engagé du côté des prolétaires et paysans.
Malgré donc quelques longueurs et quelques poussées fugaces mélodramatique maladroites, le journal d'un policier est un attachant petit film qui à l'avantage d'offrir quelques scènes touchantes ou drôles (l'opposition entre les policiers et d'autres fonctionnaires d'état, les pannes sur le camion des pompiers, la relation attendrissante entre un jeune policier et une fille sacrifiée par sa famille, l'amour d'une enfant pour son petit frère encore bébé etc...).
Baraquement n°8 à Sandakan (Kei Kumai - 1974)
Un film qui connut un succès d'estime hors du Japon (nomination à l'oscar à la clé). Il faut dire que le film est assez formaté avec une mise en scène académique, une voix-off explicative, une histoire mélodramatique pas toujours très subtile, un histoire en flash-back, un aspect un peu exotique dans sa peinture du monde des prostituées vendue à l'étranger durant la guerre...
Je dois avouer que j'ai un peu eut l'impression de voir du Mizoguchi-light pour les pauvres dans sa critique du machisme de la société japonaise où la femme sortira toujours perdante. On retrouve même l'actrice fétiche de Mizoguchi, la grande Kinuyo Tanaka qui est toujours aussi émouvante et talentueuse.
Passé cette bonne surprise, j'ai trouvé le film dans l'ensemble beaucoup trop froid et mécanique avec des problèmes de rythme et de cohérence visuelle. Le personnage de l'étudiante cherchant à se renseigner sur la vie des prostituée des années 1920 à Bornéo n'est pas du tout crédible et manque vraiment de caractère. Les parties contemporaines viennent donc à chaque fois casser la narration principale, qui, si elle s'avère plus prenante n'en demeure pas moins elle aussi trop traditionnelle pour marquer les esprits.
En fait, le film manque de naturel, de recul et de respiration... La scène où tous les marins arrivent dans le quartier des bordel est une vraie délivrance. Sur un thème proche, Zegen de Imamura était autrement plus original et réussi.
Après la relation entre le deux femmes parviendrait à émouvoir sur la fin si le manque de finesse ne gâchait pas la scène.
Voilà, je fais sous doute mon grincheux difficile puisque le film possède toujours sa réputation mais je me suis vraiment senti exclut durant pratiquement toute la durée
Journal d'un policier (Seiji Hisamatsu - 1955)
Un petit film sans prétention qu'on pourrait qualifier de "gentillet". on y suit le quotidien d'un modeste commissariat d'un village pauvre et isolé. Un quotidien qui voit les famille sans le sous vendre leur fille comme quasi-esclave ou encore s'adonner au vol, les problèmes de transport, des enfants abandonnées ou la venue d'un ministre...
Pétris de bons sentiments, c'est un film qui fait partie de ce genre typiquement japonais racontant des chroniques et non sur une vraie histoire. On nous présente des moments de différentes vies avec leurs joie et leurs malheurs. Normalement très bon client de ce genre fait de moments simples, d'émotions retenus, de personnage choral et d'une approche tragi-comique, ce titre-là laisse une impression un peu tiède.
Hisamatsu n'a pas la fibre d'un grand réalisateur : il fait un travail appliqué mais n'est pas capable d'apporter une vision, une personnalité ou une sensibilité qui transcenderait le scénario. Il manque donc au film un souffle que porterait la mise en scène. Si le film s'avère réussi par moment c'est avant tout par ses situations et ses acteurs mais non par les images. Par exemple le passage qui devrait être très émouvant où la mère qui a abandonné ses enfants les regardent depuis une jeep est filmé sans imagination.
Par ailleurs, la naïveté de l'intrigue est tout de même désarmante : les policiers sont d'immenses humanistes et philanthropes qui sont toujours prêt à rentre service et aider leurs prochain. Un peu idéalisé même s'il est possible que dans des régions aussi reculés, les policiers de l'époque jouaient peut-être plus ce genre de rôle d'assistants sociaux. Le film est tout cas tiré d'un roman engagé du côté des prolétaires et paysans.
Malgré donc quelques longueurs et quelques poussées fugaces mélodramatique maladroites, le journal d'un policier est un attachant petit film qui à l'avantage d'offrir quelques scènes touchantes ou drôles (l'opposition entre les policiers et d'autres fonctionnaires d'état, les pannes sur le camion des pompiers, la relation attendrissante entre un jeune policier et une fille sacrifiée par sa famille, l'amour d'une enfant pour son petit frère encore bébé etc...).
Baraquement n°8 à Sandakan (Kei Kumai - 1974)
Un film qui connut un succès d'estime hors du Japon (nomination à l'oscar à la clé). Il faut dire que le film est assez formaté avec une mise en scène académique, une voix-off explicative, une histoire mélodramatique pas toujours très subtile, un histoire en flash-back, un aspect un peu exotique dans sa peinture du monde des prostituées vendue à l'étranger durant la guerre...
Je dois avouer que j'ai un peu eut l'impression de voir du Mizoguchi-light pour les pauvres dans sa critique du machisme de la société japonaise où la femme sortira toujours perdante. On retrouve même l'actrice fétiche de Mizoguchi, la grande Kinuyo Tanaka qui est toujours aussi émouvante et talentueuse.
Passé cette bonne surprise, j'ai trouvé le film dans l'ensemble beaucoup trop froid et mécanique avec des problèmes de rythme et de cohérence visuelle. Le personnage de l'étudiante cherchant à se renseigner sur la vie des prostituée des années 1920 à Bornéo n'est pas du tout crédible et manque vraiment de caractère. Les parties contemporaines viennent donc à chaque fois casser la narration principale, qui, si elle s'avère plus prenante n'en demeure pas moins elle aussi trop traditionnelle pour marquer les esprits.
En fait, le film manque de naturel, de recul et de respiration... La scène où tous les marins arrivent dans le quartier des bordel est une vraie délivrance. Sur un thème proche, Zegen de Imamura était autrement plus original et réussi.
Après la relation entre le deux femmes parviendrait à émouvoir sur la fin si le manque de finesse ne gâchait pas la scène.
Voilà, je fais sous doute mon grincheux difficile puisque le film possède toujours sa réputation mais je me suis vraiment senti exclut durant pratiquement toute la durée
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Re: Topic naphtalinippon
Une ruelle sous le soleil (Tomotaka Tasaka -1958)
Une jeune préceptrice est engagée dans une riche famille pour aider une adolescente légèrement handicapée à la jambe. Le deuxième grand frère de celle-ci découvre qu'il est un enfant adopté.
3h08 sur un tel scénario ça fait sans doute beaucoup et en effet le film ne mérite pas cette longueur d'autant que nous ne sommes pas dans une grande fresque familiale qui se déroule sur des années.
C'est au contraire une comédie (dramatique) qui repose sur un scénario digne d'un soap opéra mais qui est sauvée par la direction prise par le réalisateur. Loin du mélo pesant, pleurnichard et torturé, il opte pour un ton léger et dédramatisé à l'extrême avec des personnages qui agissent de manière assez moderne pour une certaine liberté de ton.
Pour un film grand public, les allusions sexuelles sont également très nombreuses entre le frère qui s'amuse à toucher les seins de la préceptrice, la soeur mineure qui va donner des leçons à un gynécologue (chose inimaginable dans le cinéma américain de la même époque!) et autres références plus ou moins sous-entendues. Quant aux bouleversements et aux révélations qui frappent tous les protagonistes, ils prennent ça avec un recul, une philosophie positive et une ouverture d'esprit assez étonnante.
Tasaka (qui a co-écrit cette adaptation d'un célèbre roman japonais) semble vouloir prendre en contre-pied les clichés inhérents du genre en rendant les rebondissements comme évidents pour tout le monde. Ils sont à peine surpris et réagissent comme si on leur disait qu'il n'y avait plus de baguette en boulangerie. Il en ressort une fraîcheur contagieuse et une certaine vitalité qui évoque très bien l'insouciance d'une jeunesse découvrant le rock 'n' roll et s'émancipant des conventions et des traditions familiales.
Tasaka en profite pour donner une caméra très mobile là aussi assez moderne. Presque tous les plans sont en mouvements et certains sont assez techniques. Presque trop même car tous les travelling ou plans à la grue ne sont pas justifiés. On pourra toujours dire qu'il accompagne littéralement les déplacements des acteurs mais ils ne soulignent pas à chaque fois une émotion.
On ne se plaindra pas cependant ce dynamisme qui apporte une grande fluidité à la narration d'autant que le découpage n'a rien de champ-contre champs basiques et que les transitions d'une séquence à l'autre sont bien gérées. Il choisit aussi de filmer le seul flash-back dans une série de cadrages audacieux très influencés par la bande-dessinée.
Sa mise en scène est tout cas très intelligente car elle met très bien en relation le décor, les personnages et la manière dont ils occupent l'espace au point qu'on pourrait comprendre certaines scènes sans les dialogues.
Là où malheureusement le mat blesse, c'est dans la dernière heure où une intrigue secondaire vient apporter beaucoup trop de répétitions et de redites sur une psychologie que les dialogues expliquées déjà un peu trop. Le rythme en prend un coup comme la spontanéité initiale. On pourrait ainsi enlever aisément une demi-heure. Des longueurs qui viennent entacher les nombreuses qualités de la ruelle sous le soleil.
En tout cas, Tomotaka Tasaka me fait ici une très bonne impression avec un travail sur la mise en scène et la direction d'acteur que je trouve épatants. J'avais pu voir lors de la rétrospective Nikkatsu il y a trois ans un autre de ses films : Terre et soldat, un époustouflant film de guerre, là aussi d'une modernité incroyable. Il faudrait que je retrouve mon avis que j'avais posté sur le précédent forum.
Avec Tadashi Imai et Koreyoshi Kurahara, voilà bien un réalisateur totalement méconnu ici dont je rêve de découvrir plus de films et de connaître leur place au seins de l'industrie cinématographique japonaise.
Une jeune préceptrice est engagée dans une riche famille pour aider une adolescente légèrement handicapée à la jambe. Le deuxième grand frère de celle-ci découvre qu'il est un enfant adopté.
3h08 sur un tel scénario ça fait sans doute beaucoup et en effet le film ne mérite pas cette longueur d'autant que nous ne sommes pas dans une grande fresque familiale qui se déroule sur des années.
C'est au contraire une comédie (dramatique) qui repose sur un scénario digne d'un soap opéra mais qui est sauvée par la direction prise par le réalisateur. Loin du mélo pesant, pleurnichard et torturé, il opte pour un ton léger et dédramatisé à l'extrême avec des personnages qui agissent de manière assez moderne pour une certaine liberté de ton.
Pour un film grand public, les allusions sexuelles sont également très nombreuses entre le frère qui s'amuse à toucher les seins de la préceptrice, la soeur mineure qui va donner des leçons à un gynécologue (chose inimaginable dans le cinéma américain de la même époque!) et autres références plus ou moins sous-entendues. Quant aux bouleversements et aux révélations qui frappent tous les protagonistes, ils prennent ça avec un recul, une philosophie positive et une ouverture d'esprit assez étonnante.
Tasaka (qui a co-écrit cette adaptation d'un célèbre roman japonais) semble vouloir prendre en contre-pied les clichés inhérents du genre en rendant les rebondissements comme évidents pour tout le monde. Ils sont à peine surpris et réagissent comme si on leur disait qu'il n'y avait plus de baguette en boulangerie. Il en ressort une fraîcheur contagieuse et une certaine vitalité qui évoque très bien l'insouciance d'une jeunesse découvrant le rock 'n' roll et s'émancipant des conventions et des traditions familiales.
Tasaka en profite pour donner une caméra très mobile là aussi assez moderne. Presque tous les plans sont en mouvements et certains sont assez techniques. Presque trop même car tous les travelling ou plans à la grue ne sont pas justifiés. On pourra toujours dire qu'il accompagne littéralement les déplacements des acteurs mais ils ne soulignent pas à chaque fois une émotion.
On ne se plaindra pas cependant ce dynamisme qui apporte une grande fluidité à la narration d'autant que le découpage n'a rien de champ-contre champs basiques et que les transitions d'une séquence à l'autre sont bien gérées. Il choisit aussi de filmer le seul flash-back dans une série de cadrages audacieux très influencés par la bande-dessinée.
Sa mise en scène est tout cas très intelligente car elle met très bien en relation le décor, les personnages et la manière dont ils occupent l'espace au point qu'on pourrait comprendre certaines scènes sans les dialogues.
Là où malheureusement le mat blesse, c'est dans la dernière heure où une intrigue secondaire vient apporter beaucoup trop de répétitions et de redites sur une psychologie que les dialogues expliquées déjà un peu trop. Le rythme en prend un coup comme la spontanéité initiale. On pourrait ainsi enlever aisément une demi-heure. Des longueurs qui viennent entacher les nombreuses qualités de la ruelle sous le soleil.
En tout cas, Tomotaka Tasaka me fait ici une très bonne impression avec un travail sur la mise en scène et la direction d'acteur que je trouve épatants. J'avais pu voir lors de la rétrospective Nikkatsu il y a trois ans un autre de ses films : Terre et soldat, un époustouflant film de guerre, là aussi d'une modernité incroyable. Il faudrait que je retrouve mon avis que j'avais posté sur le précédent forum.
Avec Tadashi Imai et Koreyoshi Kurahara, voilà bien un réalisateur totalement méconnu ici dont je rêve de découvrir plus de films et de connaître leur place au seins de l'industrie cinématographique japonaise.
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Re: Topic naphtalinippon
L'oie sauvage ( Shiro Toyoda - 1953)
Un titre qui me laisse dubitatif
Comme souvent, l'aspect purement plastique est régulièrement époustouflant avec un noir et blanc magnifique qui devient sublime dans les scènes finales noyé le brouillard. Le décor est également épatant même si discret avec un Takeo Kimura qui aligna 3 plateaux ensemble pour reconstituer une longue ruelle. Même chose aussi pour le charme juvénile et timide de Hideko Takamine (décédée récemment donc).
Mais le gros problème vient une nouvelle fois de l'histoire et du rythme qui pourrait tenir en 1 heure : une veuve devient la maitresse d'un usurier mais tombe amoureux d'un étudiant en médecine. Le scénario ne va pas plus loin que ça, ne développe aucune autre sous-intrigue et n'aborde aucun autre thème. C'est juste un film qui prend bien trop son temps pour des scènes très répétitives (les étudiants qui chantent, les deux amoureux se croisant dans la rue, la servante devant sortir pendant que l'usurier visite sa maitresse, l'épouse délaissée de l'usurier qui se plaint etc...). La lourdeur de la mise en scène est en plus appuyée par de long silence qui n'apporte rien de plus aux sentiments ou à l'émotion que transmettent déjà les acteurs et les images.
C'est donc rapidement ennuyeux même si quelques moments amusants ou touchants viennent vraiment nous faire regretter que la durée joue à ce point contre la qualité esthétique.
Shiro Toyoda aura droit à près d'une demi-douzaine d'œuvres dans la prochaine rétro Toho. Je croise les doigts pour qu'ils soient plus dégraissés tant en restant à ce niveau visuel.
Un titre qui me laisse dubitatif
Comme souvent, l'aspect purement plastique est régulièrement époustouflant avec un noir et blanc magnifique qui devient sublime dans les scènes finales noyé le brouillard. Le décor est également épatant même si discret avec un Takeo Kimura qui aligna 3 plateaux ensemble pour reconstituer une longue ruelle. Même chose aussi pour le charme juvénile et timide de Hideko Takamine (décédée récemment donc).
Mais le gros problème vient une nouvelle fois de l'histoire et du rythme qui pourrait tenir en 1 heure : une veuve devient la maitresse d'un usurier mais tombe amoureux d'un étudiant en médecine. Le scénario ne va pas plus loin que ça, ne développe aucune autre sous-intrigue et n'aborde aucun autre thème. C'est juste un film qui prend bien trop son temps pour des scènes très répétitives (les étudiants qui chantent, les deux amoureux se croisant dans la rue, la servante devant sortir pendant que l'usurier visite sa maitresse, l'épouse délaissée de l'usurier qui se plaint etc...). La lourdeur de la mise en scène est en plus appuyée par de long silence qui n'apporte rien de plus aux sentiments ou à l'émotion que transmettent déjà les acteurs et les images.
C'est donc rapidement ennuyeux même si quelques moments amusants ou touchants viennent vraiment nous faire regretter que la durée joue à ce point contre la qualité esthétique.
Shiro Toyoda aura droit à près d'une demi-douzaine d'œuvres dans la prochaine rétro Toho. Je croise les doigts pour qu'ils soient plus dégraissés tant en restant à ce niveau visuel.
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- Père Jules
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Re: Topic naphtalinippon
J'ai mis la main sur un classement effectué par le magazine japonais Kinema Jumpo. On y trouve, selon la critique nippone, les 100 meilleurs films japonais.
Toujours intéressant ces classements ethnocentrés. Et ici, une information de taille, Mizoguchi semble bien plus célébré à l'international.
Toujours intéressant ces classements ethnocentrés. Et ici, une information de taille, Mizoguchi semble bien plus célébré à l'international.
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Re: Topic naphtalinippon
Il y a quand même 4 films de Mizoguchi dans ce top. Je suis bien plus surpris par la présence massive de Keisuke Kinoshita avec pas moins de 5 films présents ce qui confirme le bien que je pensais de ce cinéaste. Autre précision à signaler, Kon Ichikawa n'est pas présent avec les titres que j'attendais, preuve qu'il y a du potentiel inexploité en dvd pour ce réalisateur. Enfin, dernière surprise, pas de Hideo Gosha... Hitokiri quand même !Père Jules a écrit :Toujours intéressant ces classements ethnocentrés. Et ici, une information de taille, Mizoguchi semble bien plus célébré à l'international.
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Re: Topic naphtalinippon
L'absence de Gosha est quand même extrêmement frappantehomerwell a écrit : Enfin, dernière surprise, pas de Hideo Gosha... Hitokiri quand même !
Je ne connais pas encore assez le cinéma japonais pour avoir un jugement fiable, mais le fait qu'un cinéaste aussi important ne soit pas l'auteur d'un des 100 films japonais les plus importants, ça parait bizarre. Méconnu dans son pays?
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Re: Topic naphtalinippon
Si j'ai bien compté, trois Ozu, qui passe pour le plus japonais des réalisateurs classiques, contre cinq Oshima, qui n'a jamais ménagé ses critiques à l'encontre de son pays. Un classement vraiment intéressant.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Topic naphtalinippon
Hâtivement je n'avais effectivement pas relevé l'absence de Gosha et le faible nombre de films d'Ozu classés.
Ça relativise notre vision du cinéma japonais. En tout cas, y'en a pas mal dont je n'ai jamais entendu parler.
Ça relativise notre vision du cinéma japonais. En tout cas, y'en a pas mal dont je n'ai jamais entendu parler.
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Re: Topic naphtalinippon
Très intéressant top.
Merci Père Jules...
Petit retour sur deux naphtalinipponeries vues ce mois :
- Le révolté - Amakusa shiro tokisada (Nagisa Oshima) 1962
Avec ce film de commande, Oshima se penche sur le problème de la persécution des chrétiens sous l'ère des shoguns Tokugawa au travers de la destinée de Shirō Amakusa, chrétien japonais connu pour avoir mené une rébellion et avoir défendu une communauté chrétienne contre la répression du pouvoir en place en 1638. Certes, la mise en scène est assez classique, la narration est relativement linéaire et le film parait bien sage en regard des audaces formelles auxquelles l'auteur nous habituera dans les films suivants (je pense par exemple, pour ceux que j'ai vu, aux formidables Il est mort après la guerre et au Journal d'un voleur de Shinjuku) et qui à priori déjà bien présentes dans sa trilogie de la jeunesse et dans Nuit et Brouillard au Japon (pas encore vus), mais c'est sans compter sur le talent d'Oshima. Sur un sujet comparable au Silence de Masahiro Shinoda, au film réflexif sur la foi et le doute, sur la relativité d'une certaine "Vérité (avec un grand V)", Oshima livre un Jidai Geki de très bonne facture qui ne mérite pas le dénigrement dont il souffre, mais axe sa thématique sur la révolte (voire la révolution) contre le pouvoir en place et ses dictats. En ce sens, le film ne s'éloigne pas tant que ça des thématiques de son auteur. Là où le film de Shinoda pèchait par son interprétation (surtout les acteurs occidentaux qui plombaient le film) et une mise en scène finalement assez plate pour l'auteur de L'attentat ou de Double suicide à Amijima (!!!), le film d'Oshima, hormis une ou deux petites baisses de rythme et en dépit d'un rythme justement assez lent m'a passionné de bout en bout et révèle même quelques bons morceaux de bravoure. Oshima dépeint de manière assez crue les sévices subis par les communautés chrétiennes et la scène de la "danse de la paille" reste dans les mémoires.
- Adieu, clarté d'été - Saraba natsu no hikari (Kiju Yoshida) 1968
Deuxième film que je découvre de Yoshida après Flamme et Femme (Honô to onna )et deuxième semi-déception. Pourtant il avait tout pour me plaire, à commencer par un synopsis à priori intéressant. Un jeune architecte japonais se rend en Europe pour trouver une cathédrale qui aurait servi de modèle à une église détruite durant le bombardement de Nagasaki. Il y fait la rencontre d'une japonaise qui voyage elle aussi à travers l'Europe et qui est mariée à un américain vivant à Paris. Les deux expatriés vont faire une série de rencontres plus ou moins arrangées dans diverses villes d'Europe et nouer un semblant de relation. Au final, le film est intéressant à défaut d'être tout à fait passionnant. J'aime assez la façon dont Yoshida livre ses personnages par bribes, de rencontres en rencontres. Cette façon de faire est probablement la raison pour laquelle je trouve la deuxième partie du film (à partir du Mont Saint-Michel) beaucoup plus réussie que la première. A partir de là, on sent le réalisateur plus inspiré et nous offre pas mal de très jolies scènes comme ces retrouvailles par vitre interposée... Malheureusement, Yoshida abuse un peu des effets de caméra (jeu de mise au point d'abord un objet de premier plan pour finalement mettre au point sur les personnages par exemple - procédé qui revient régulièrement) et aurait gagné à réaliser certains plans en plan séquence par exemple parce que le changement d'angle de prise de vue casse parfois la tension ou l'émotion d'une scène. Et surtout le film souffre de tics de mise en scène tout à fait artificiels surtout dans la première partie. Les personnages se suivent, puis on change de plan, se croisent, s'arrêtent, on change de plan, se resuivent et ce de manière tout à fait artificielle... Dommage... Puis enfin, je trouve décidément Mariko Okada assez froide, ce qui m'empêche de m'attacher un tant soit peu à ses personnages. C'est mal parti pour Yoshida qui en fait l'héroïne de pas mal de ses films. Beau film quand même, mais petite déception.
Merci Père Jules...
Petit retour sur deux naphtalinipponeries vues ce mois :
- Le révolté - Amakusa shiro tokisada (Nagisa Oshima) 1962
Avec ce film de commande, Oshima se penche sur le problème de la persécution des chrétiens sous l'ère des shoguns Tokugawa au travers de la destinée de Shirō Amakusa, chrétien japonais connu pour avoir mené une rébellion et avoir défendu une communauté chrétienne contre la répression du pouvoir en place en 1638. Certes, la mise en scène est assez classique, la narration est relativement linéaire et le film parait bien sage en regard des audaces formelles auxquelles l'auteur nous habituera dans les films suivants (je pense par exemple, pour ceux que j'ai vu, aux formidables Il est mort après la guerre et au Journal d'un voleur de Shinjuku) et qui à priori déjà bien présentes dans sa trilogie de la jeunesse et dans Nuit et Brouillard au Japon (pas encore vus), mais c'est sans compter sur le talent d'Oshima. Sur un sujet comparable au Silence de Masahiro Shinoda, au film réflexif sur la foi et le doute, sur la relativité d'une certaine "Vérité (avec un grand V)", Oshima livre un Jidai Geki de très bonne facture qui ne mérite pas le dénigrement dont il souffre, mais axe sa thématique sur la révolte (voire la révolution) contre le pouvoir en place et ses dictats. En ce sens, le film ne s'éloigne pas tant que ça des thématiques de son auteur. Là où le film de Shinoda pèchait par son interprétation (surtout les acteurs occidentaux qui plombaient le film) et une mise en scène finalement assez plate pour l'auteur de L'attentat ou de Double suicide à Amijima (!!!), le film d'Oshima, hormis une ou deux petites baisses de rythme et en dépit d'un rythme justement assez lent m'a passionné de bout en bout et révèle même quelques bons morceaux de bravoure. Oshima dépeint de manière assez crue les sévices subis par les communautés chrétiennes et la scène de la "danse de la paille" reste dans les mémoires.
- Adieu, clarté d'été - Saraba natsu no hikari (Kiju Yoshida) 1968
Deuxième film que je découvre de Yoshida après Flamme et Femme (Honô to onna )et deuxième semi-déception. Pourtant il avait tout pour me plaire, à commencer par un synopsis à priori intéressant. Un jeune architecte japonais se rend en Europe pour trouver une cathédrale qui aurait servi de modèle à une église détruite durant le bombardement de Nagasaki. Il y fait la rencontre d'une japonaise qui voyage elle aussi à travers l'Europe et qui est mariée à un américain vivant à Paris. Les deux expatriés vont faire une série de rencontres plus ou moins arrangées dans diverses villes d'Europe et nouer un semblant de relation. Au final, le film est intéressant à défaut d'être tout à fait passionnant. J'aime assez la façon dont Yoshida livre ses personnages par bribes, de rencontres en rencontres. Cette façon de faire est probablement la raison pour laquelle je trouve la deuxième partie du film (à partir du Mont Saint-Michel) beaucoup plus réussie que la première. A partir de là, on sent le réalisateur plus inspiré et nous offre pas mal de très jolies scènes comme ces retrouvailles par vitre interposée... Malheureusement, Yoshida abuse un peu des effets de caméra (jeu de mise au point d'abord un objet de premier plan pour finalement mettre au point sur les personnages par exemple - procédé qui revient régulièrement) et aurait gagné à réaliser certains plans en plan séquence par exemple parce que le changement d'angle de prise de vue casse parfois la tension ou l'émotion d'une scène. Et surtout le film souffre de tics de mise en scène tout à fait artificiels surtout dans la première partie. Les personnages se suivent, puis on change de plan, se croisent, s'arrêtent, on change de plan, se resuivent et ce de manière tout à fait artificielle... Dommage... Puis enfin, je trouve décidément Mariko Okada assez froide, ce qui m'empêche de m'attacher un tant soit peu à ses personnages. C'est mal parti pour Yoshida qui en fait l'héroïne de pas mal de ses films. Beau film quand même, mais petite déception.
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Re: Topic naphtalinippon
Merci pour cette liste, Père Jules. 9 Kurosawa, c'est énorme, et d'autant plus frappant que l'on a souvent dit qu'il était considéré en son pays comme un cinéaste trop occidentalisé (c'était une des litanies des Cahiers dans les années 50/60 quand ils opposaient Kurosawa à Mizoguchi, qu'ils jugeaient plus "japonais"...).
Apparemment, il s'agit d'une liste publiée par Kinema Junpo en 1999 et classant les 100 plus grands films japonais du 20è siècle. Dans leur plus récente liste de 2009, Voyage à Tokyo d'Ozu est premier et Les Sept Samouraïs de Kurosawa deuxième.
Apparemment, il s'agit d'une liste publiée par Kinema Junpo en 1999 et classant les 100 plus grands films japonais du 20è siècle. Dans leur plus récente liste de 2009, Voyage à Tokyo d'Ozu est premier et Les Sept Samouraïs de Kurosawa deuxième.
- Père Jules
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Re: Topic naphtalinippon
C'est vrai qu'il est toujours étrange de juger un cinéma sur sa simple "spécificité nationale". Etrange, mais je ne doute pas qu'il s'agit plus d'une posture (type frime si chère à certains des Cahiers - hier comme aujourd'hui) qu'autre chose. L'orientalisme c'est tellement plus classe !
Tu aurais la dernière liste de Kinema Jumpo ? Celle de 2009...
Bref. Une autre liste, d'un intérêt moindre (quoique), toujours issue du même magazine. Celle des "films de l'année". Le prix est décerné chaque année depuis 1927. Quelques absents de taille...
Tu aurais la dernière liste de Kinema Jumpo ? Celle de 2009...
Bref. Une autre liste, d'un intérêt moindre (quoique), toujours issue du même magazine. Celle des "films de l'année". Le prix est décerné chaque année depuis 1927. Quelques absents de taille...
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- n'est pas Flaubert
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Re: Topic naphtalinippon
La voici. Je suis content : Chien Enragé est 11e.Père Jules a écrit :Tu aurais la dernière liste de Kinema Jumpo ? Celle de 2009...
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- Père Jules
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Re: Topic naphtalinippon
Bah, 5 films de Kurosawa dans les 20 premiers me semble être un score honorable.Père Jules a écrit :Ben moi pas, Rashomon a perdu une place
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Re: Topic naphtalinippon
Till we meet again de Tadashi Imai qui se retrouve dans ces deux top 100 est diffusé le mois prochain à la MCJP
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