Barbara Stanwyck (1907-1990)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Ann Harding »

The Locked Door (1929, G. Fitzmaurice) avec B. Stanwyck, Rod La Roque et Betty Bronson
Image
Ann Carter (B. Stanwyck) suit Frank Devereaux (R. la Roque) sur un navire tripot et débit de boisson clandestin. Elle se retrouve emmenée dans une rafle. Des années plus tard, mariée à Lawrence Reagan (W. Boyd), elle se retrouve nez à nez avec Devereaux qui est devenu le petit ami de sa jeune belle soeur (B. Bronson)...

Ce film est le tout premier film parlant de Barbara Stanwyck. Elle n'avait auparavant tourné qu'un petit rôle dans un film muet ; on peut donc dire qu'il s'agit de son premier film sans mentir. Dans ces premières années du parlant, les productions United Artists sont en général de bonne qualité et échappe au statisme infernal des films Paramount par exemple [voir Interference (1928) qui est d'un statisme absolu]. Le production designer est William Cameron Menzies qui habille le décor avec habilité. Fitzmaurice a réalisé dans ces années-là, à la UA, de très bons films comme The Devil To Pay! (1930). Mais, on ne peut comparer un film de 1929 avec 1930 car, en l'espace d'une année, les techniques de prise de vue et du son ont énormément évoluées. En fait ce film de 1929 rappelle son origine théâtrale avec ses coups de théâtre et par la manière de jouer. Néanmoins, on remarque immédiatement la très jeune Barbara par son charisme et son habilité à transmettre ses émotions. Elle est déjà dans un univers de film criminel, portant la culpabilité sur son visage. Son partenaire Rod La Roque, un bon interprète du cinéma muet, tire son épingle du jeu en mauvais garçon. Le film est une pure curiosité et je ne le recommanderais pas à quelqu'un qui ne connaît pas le début du parlant. A réserver aux afficionados de Barbara.

Ever in My Heart (1933, Archie Mayo) avec B. Stanwyck, Otto Kruger et Ralph Bellamy

Ann Archer (B. Stanwyck) issue d'une famille bourgeoise de la Nelle Angleterre épouse un professeur allemand (Otto Kruger) récemment immigré en Amérique. Il devient citoyen américain. Mais, en 1917, suite au torpillage du Lusitania, son mari perd son travail et peu de temps après leur enfant meurt...

Voilà un film dans lequel on attend pas à priori Stanwyck; nous sommes dans un mélo qui pourrait être joué par Irene Dunne ou Margaret Sullavan. Mais, Barbara réussit à nous émouvoir en fille de bonne famille mariée à un allemand. D'ailleurs, le sujet du film m'a intrigué. Il est assez rare de voir évoqué le sort des américains d'origine allemande à l'époque de la première Guerre Mondiale. Et au lieu de les présenter comme des traîtres, le film montre au contraire Otto Kruger comme une victime d'une suspicion née de la propagande des journaux. Bien qu'il ait montré son amour pour les USA an devenant citoyen, il est impitoyablement rejeté par toute la société. Cette attitude le poussera à quitter le pays et à retourner en Allemagne. La scène finale est également intéressante car elle échappe aux stéréotypes. Ann, devenue auxiliaire de l'armée US sur le front, retrouve son mari qui est devenu espion à la solde de l'Allemagne.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Elle se refuse à le dénoncer. Mais, elle prend la décision de le tuer et de se tuer avec lui, sans le lui dire.
Le film est très court avec seulement 69 min. Mais, pour la performance de Stanwyck et pour son scénario inhabituel, il vaut le détour.
Dernière modification par Ann Harding le 2 oct. 10, 10:55, modifié 1 fois.
someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par someone1600 »

Tiens ca a l'air intéressant. Et en plus je l'ai enregistré a TCM je crois. :wink: D'autant que j'adore Stanwick. :D
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Ann Harding »

Image
Ladies of Leisure (1930, Frank Capra) avec Barbara Stanwyck, Ralph Graves, Lowell Sherman et Marie Prevost

Kay Arnold (B. Stanwyck) est une 'party-girl' qui vit avec son amie Dot (M. Prevost). Un soir, elle rencontre Jerry Strong (R. Graves), un fils à papa qui a décidé devenir artiste peintre. Il l'embauche comme modèle...

Ladies of Leisure est un film important car il marque la première collaboration entre Frank Capra et Barbara Stanwyck. Elle n'avait alors tourné que deux films (dont The Locked Door, voir ci-dessus). Mais, c'est dans ce film que sa personnalité éclate à l'écran. Capra utilise un scénario sur un sujet éculé au possible : la pauvre fille qui se prostitue et le fils à papa qui tombent amoureux provoquant l'ire de son père. On est devant une version modernisée de La Dame aux camélias issue d'une pièce produite par David Belasco à Broadway. Mais, Capra arrive à surmonter ce handicap grâce à une subtile direction d'acteurs. Barbara, dès sa première apparition, impose son personnage de fille entretenue, gouailleuse et naturelle. Son visage encore enfantin est en contraste avec son attitude de fille revenue de tout. Elle dérobe le portefeuille de Ralph Graves avant de lui restituer plus tard, car entre temps, elle est tombée amoureuse de lui et veut changer de vie. Comme le dit Capra dans ses mémoires (qui sont parfois sujet à caution) elle donnait tout dès la première prise. On sent une jeune actrice sensible qui s'implique à 100% dans son personnage. Elle apprendra plus tard à conserver une saine distance avec son rôle. Joseph Walker, le collaborateur habituel de Capra, fait des merveilles à la photo particulièrement sur les gros plans du visage radieux de Barbara. Dans les rôles secondaires, on remarque un excellent Lowell Sherman en fêtard éméché (qui fait des peintures sur le dos dénudé de jeunes femmes) et Marie Prevost, une actrice du muet qui jouait souvent les filles de mauvaise vie, qui est maintenant un peu replète et joue avec ironie de son physique face à la très mince Barbara. Le film est réellement un produit de la période Pre-Code en n'hésitant pas à nommer un chat un chat. La première scène est de ce point de vue parfaite avec les fêtards dans l'appartement de Ralph Graves qui jettent des bouteilles dans la rue depuis le toit du gratte-ciel et se livrent aux pires délires sous l'emprise de l'alcool. Si l'on considère que le film est de 1930, Capra réussit brillamment à donner du mouvement à sa caméra. Il n'y a aucun statisme dans ce film qui conteint de nombreux travellings et qui est monté très intelligemment. Espérons qu'il sera un jour disponible en DVD comme les autres grands films de Capra avec Stanwyck que sont The Miracle Woman et The Bitter Tea of General Yen.
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Cathy »

Tu m'appartiens, You belong to me (1941) - Wesley Ruggles

Image

Suite un accident de ski, un jeune homme riche et oisif rencontre une médecin. Ils se marient, mais la jalousie maladive du mari empêche le couple d'être heureux.

Trois ans après Mad Miss Manton et la même année que Lady Eve, le couple formé par Barbara Stanwyck et Henry Fonda se reforme. Ici la première apparaît comme une jeune femme active, raisonnable loin de la fofolle excentrique Miss Manton, quant à Henry Fonda, il est encore dans sa période où îl aborde des rôles légers, ici celui d'un jeune homme qui tombe fou amoureux de son médecin rencontré sur les pistes. Curieusement bien que le film soit une screwball, elle est plus fine, moins déjantée que beaucoup de films de l'époque. Naturellement la jalousie maladive du mari permet des scènes assez drôle comme celle du chapeau à "cornes". Mais le film veut aussi délivrer son message social, l'argent ne fait pas le bonheur, les riches ne doivent pas prendre le travail des gens qui en ont vraiment besoin. Si le film demeure fort sympathique grâce à son duo d'acteur, la comédie est plus tendre que réellement drôle, ce qui est assez inhabituel chez ce réalisateur à qui on doit quand même des pépites du genre.
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Ann Harding »

Image

Forbidden (Amour défendu, 1932) de Frank Capra avec Barbara Stanwyck, Adolphe Menjou et Ralph Bellamy

Lulu (B. Stanwyck) bibliothéquaire célibataire quitte brusquement sa petite ville pour vivre des vacances inoubliables. Sur le paquebot de croisière qui l'emmène à La Havane, elle rencontre Bob (A. Menjou). Ils ignorent tout l'un de l'autre et tombent amoureux...

Je termine mon exploration de la collaboration Stanwyck/Capra avec ce film rare qui n'est même pas commenté dans le Tavernier/Coursodon. Je suis une inconditionnelle des 4 films de Stanwyck pour Capra dans les années 30: The Miracle Woman, The Bitter Tea of General Yen et Lady of Leisure offrent tous un rôle en or à Barbara. Elle est tour à tour prêcheuse, missionnaire en Chine et fille du peuple. Forbidden a réussi à me surprendre avec une intrigue incroyable. Essayer d'imaginer un croisement entre Now Voyager (1942), Back Street (1932)et The Life of Vergie Winters (1934). :shock: :o Mais, il ne faut pas perdre de vue que le film de Capra est antérieur à tous les fims précités. Avec Jo Swerling, Capra concocte un mélodrame qui commence comme une comédie romantique. Barbara apparaît d'abord en vieille fille avec un pince-nez. Ellle se transforme en cygne à bord du paquebot espérant rencontrer l'amour. Elle s'ennuie d'abord copieusement avant de tomber par hasard sur Adolphe Menjou, légèrement éméché, qui est entré dans sa cabine par accident. Ils ébauchent un marivaudage délicieux en s'appelant par leur numéro de cabine: elle, le 66 et lui, le 99. Ce marivaudage se poursuit à leur retour à New York où ils se retrouvent avec des masques de carnaval pour un dîner. Capra réussit brillamment une scène légère et qui paraît improvisée entre les deux acteurs. Mais, le ton devient plus noir immédiatement après quand Barbara découvre qu'Adolphe est marié. Il se refuse à divorcer car son épouse est une invalide. Barbara désespérée, prend seule son avenir en main et accouche d'un enfant sous un faux nom. Quelques années plus tard, elle retrouve Adolphe et lui tombe dans les bras. Il y a à nouveau une scène superbe où ils se parlent assis dans un escalier, le tout filmé derrière la rembarde comme en cachette. Barbara devient rapidement la maîtresse qu'on cache. Elle doit aussi renoncer à sa fille, adoptée par Menjou et sa femme suite à un quiproquo. Ce thème de la fille-mère sacrificielle qui fera les beaux jours du mélo hollywoodien est déjà là présent avec en prime des rebondissements qui tiennent en haleine jusqu'à la dernière bobine. Ralph Bellamy est un directeur de journal qui enquête sur Menjou, en passe de devenir gouverneur. Il est également amoureux de Barbara. Elle sacrifiera tout pour l'homme qu'elle aime. Je pourrais même lui décerner le premier prix en tant que maîtresse/mère sacrificielle que j'ai jamais vue dans un mélo. :mrgreen: C'est vraiment elle qui va le plus loin. L'intrigue semble par moment totalement délirante s'il n'y avait le jeu aigu et émouvant de Barbara qui réussit à nous faire croire à cet amour totalement désintéressé. Il n'est pas étonnant que Barbara soit devenue une star après avoir fait 4 films de Capra qui lui permettent de jouer quatre rôles différents dans des univers également différents. Forbidden est un mélo d'anthologie. :)
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Cathy »

The man with a cloak (1951) - Fletcher Markle

Image

Aux USA, à la fin du 19ème siècle, une jeune française vient intercéder en faveur de son fiancé auprès de son-père. Celui-ci très malade est un vieillard acariatre qui vit entourée d'une gouvernante, ancienne actrice de théâtre et d'un majordome assez bizarre. La jeune femme trouve le comportement de l'entourage suspect, elle rencontre dans un café voisin, Dupin un homme étrange vétu d'un imperméable qui l'aide à découvrir ce qui se passe dans cette maison

Adapté d'une pièce de théâtre de Frank Fenton sur une histoire de John Dickson Carr, spécialiste des policiers, ce film est donc un film d'atmosphère vaguement gothique, avec cette rue de New York montrée seulement de nuit et souvent sous la pluie et cette maison où les habitants sont spéciaux. L'action se déroule principalement dans la maison du vieux monsieur et dans le café où Dupin passe son temps à boire. L'histoire est fort traditionnelle avec cette gouvernante et ce maître d'hôtel qui n'attendent qu'une chose que le maître meurt afin d'en hériter, mais qui voient leurs plans contrecarrés par une jeune fille innocente, mais qui sent qu'il se passe quelque chose d'anormal. Si le film est rondement mené, on ne peut s'empêcher de sourire devant le talent de Dupin à trouver à partir de peu d'indices ce qui s'est réellement passé dans la maison, notamment lors de la mort du médecin de famille, mais cela est anecdotique, car le film est vraiment prenant, l'histoire bien menée et le twist final assez original ! Joseph Cotten campe donc cet homme mystérieux, alcoolique mais séducteur et séduisant, Barbara Stanwyck est parfaite dans ce rôle de femme partagée entre l'envie d'hériter et le droit chemin, Leslie Caron malgré sa diction spéciale campe avec fraicheur cette jeune fille qui va découvrir en quelque sorte le pot aux roses. Quant à Louis Calhern, il se livre à un véritable numéro en vieux monsieur caractériel, ivrogne et qui n'a comme ami qu'un corbeau nommé Villon. Si le film n'est en aucun cas un chef d'oeuvre, il n'en demeure pas moins un très joli petit film de genre, bien interprété et original, une belle découverte !

Copie TCM
feb
I want to be alone with Garbo
Messages : 8963
Inscription : 4 nov. 10, 07:47
Localisation : San Galgano

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par feb »

Baby Face - Alfred E. Green (1933)
Image

Lily Powers travaille dans le speakeasy tenu par son père, lequel utilise sa fille comme "cadeau" pour les clients qui le souhaitent. Après le décès de son père (dans l'incendie causé par l'explosion de son alambic), Lily quitte la ville sur les conseils d'un client qui l'encourage à utiliser son corps pour profiter des hommes et réussir dans la vie au lieu d'être utilisée par eux. Arrivée à New York, elle est engagée dans une banque en séduisant un des employés des ressources humaines et applique à la lettre le "conseil" prodigué par le client : elle gravit un à un les services de la banque en même temps que les étages du building. Profitant de toutes les ruses pour atteindre son objectif, elle obtient très vite bijoux, argent et fourrures avant de se voir exilée à Paris à la suite d'un scandale. Mais sur place elle séduit le nouveau directeur et revient à New York....

Pur film pré-code, Baby Face est la réponse de la Warner au Red-Headed Woman de la MGM sorti en 1932 avec la blonde platine Jean Harlow. Dans le film de la Warner, Barbara Stanwyck incarne une femme qui ne supporte plus la vie que lui fait subir son père et profite de sa mort pour partir à New York où elle va utiliser ses charmes pour profiter de la faiblesse des hommes. L'actrice incarne une femme qui n'a aucune compassion, aucun sentiment comme on le découvre dès le début lorsqu'elle regarde, avec un visage sans expression, l'incendie dans lequel vient de périr son père. Son seul but est de séduire les hommes (quitte à passer à l'acte) simplement pour progresser au sein de la banque où elle travaille, s'enrichir, vivre la belle vie et effacer les souvenirs de la jeunesse qu'elle a vécue. Et le moins que l'on puisse dire c'est que la demoiselle ne fait pas semblant et applique la méthode dès le début : surprises par le contrôleur du train dans lequel Lily et son amie sont montées sans payer, une habile mise en scène nous fait comprendre qu'elle lui fait une proposition qu'il ne peut refuser (pendant que son amie part à l'autre bout du wagon, Lily s'installe dans un coin en attendant que l'homme la rejoigne)
Image
Telle une veuve noire, Lily va séduire chaque homme qu'elle croise, surtout celui qui peut lui offrir plus que le précédent qu'elle jette alors sans le moindre remord : licenciés ou quittés par leur femme, les hommes ne s'en relèvent pas et vont même jusqu'au point de non-retour en se suicidant sous le regard de la séductrice qui pense déjà à sa prochaine victime. Même le "Duke" tombe sous le charme de la jeune femme :mrgreen:
Image
Le film repose entièrement sur les épaules de la superbe Barbara Stanwyck qui fait corps avec son personnage : ses tenues comme sa coiffure évoluent au fur et à mesure de sa progression la mettent parfaitement en valeur, son regard et sa voix suffisent à maîtriser les hommes qui ne peuvent résister à cette jeune femme. Film pré-code oblige, les allusions au sexe sont présentes lors de chaque rencontre, les regards en direction des coins plus calmes sont nombreux et même Nietzsche est utilisé comme justificatif lorsque le client lui indique l'attitude qu'elle doit avoir pour réussir :
A woman, young, beautiful like you, can get anything she wants in the world. Because you have power over men. But you must use men, not let them use you. You must be a master, not a slave. Look here — Nietzsche says, "All life, no matter how we idealize it, is nothing more nor less than exploitation." That's what I'm telling you. Exploit yourself. Go to some big city where you will find opportunities! Use men! Be strong! Defiant! Use men to get the things you want!
Le seul gros défaut du film concerne la fin en "happy end" :
Spoiler (cliquez pour afficher)
alors qu'elle vient de séduire et d'épouser le nouveau président de la banque, celui-ci est traîné devant les tribunaux et demande à Lily de l'aider à payer sa caution avec les cadeaux et l'argent qu'il lui a donné. Celle-ci refuse et s'enfuit mais prise de remords elle revient à la banque avec l'argent quand elle découvre son mari au sol, un pistolet près de lui. Elle s'effondre en pleur sur son corps, lui annonce qu'elle regrette et que c'est la première fois qu'elle aime un homme quand celui-ci ouvre les yeux....
Cette fin semble avoir été dictée par la morale (et par la peur de la censure ?) en essayant de faire passer le message selon lequel la richesse et la belle vie ne font pas tout, le plus important reste l'amour entre 2 personnes :fiou: 8,5/10

Info : film disponible dans le coffret Forbidden Hollywood Vol. 1 (lisible sur platine zone 2 avec VOSTF pour les 3 films) en 2 versions :
- une version de 71min en VOSTA uniquement qui correspond à la version censurée sortie dans les salles,
- une version de 75 minutes en VOSTF (redécouverte en 2004 et restaurée) avec notamment le passage sur Nietzsche non censuré.
Image
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Cathy »

Déjeuner pour deux, Breakfast for two (1937) - Alfred Santell

Image

Un playboy se retrouve après une nuit alcoolisée chez lui avec une femme. Celle-ci décide de l'épouser et achète sa société.

Alfred Santell réalise ici une petite screwball comedy très courte pour l'époque, vu qu'elle ne dure qu'un peu plus d'une heure. Nous avons les ingrédients habituels réunis, les deux personnes que tout opposent, les dialogues à double sens, les situations cocasses. L'apogée du film sera la scène du mariage ! Assez étonnant par contre de retrouver au casting de cette screwball Herbert Marshall qui est plus habitué aux rôles d'homme rassurant et pas aux fils de famille, noceur, sa partenaire n'est autre que Barbara Stanwyck, grande habituée de ce genre de rôle de casse-pieds de service, comme d'ailleurs toutes les héroïnes des screwball ! Il y a aussi le serviteur complice Eric Blore, le juge de paix interprété par Edward Meek toujours à l'aise dans ce style de rôle, ou Glenda Farrell en fiancée. Une petite comédie qui ne paye pas de mine, pas un chef d'oeuvre mais fort sympathique, même si certaines scènes auraient pu être plus approfondies au niveau de l'explication comme le premier mariage et les laveurs de carreaux !
Lord Henry
A mes délires
Messages : 9466
Inscription : 3 janv. 04, 01:49
Localisation : 17 Paseo Verde

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Lord Henry »

A noter pour les admirateurs de l'actrice que l'on trouve sur YouTube les deux téléfilms qu'elle a interprétés au début des années soixante-dix sous la direction de John "Movie of the Week" Moxey. Le premier, The House That Would Not Die, sur un scénario de Henry Farrell (Whatever Happened to Baby Jane) et le second A Taste of Evil, écrit par Jimmy Sangster. Des productions qui emprunte leur atmosphère au cinéma d'épouvante; un créneau dans lequel le réalisateur a établi sa réputation.

Image
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Ann Harding »

Image
So Big! (Mon Grand, 1932) de William A. Wellman avec Barbara Stanwyck, Dickie Moore, Alan Hale, Robert Warwick, Bette Davis et George Brent

Selina Peak (B. Stanwyck) est la fille d'un joueur professionnel (R. Warwick). A sa mort, elle part pour High Prairie dans une communauté hollandaise de fermiers pour devenir institutrice...

Ce roman d'Edna Ferber, qui s'étend de 1880 à 1930, a été adapté sous la forme d'un film de 80 min. C'est là un des défauts majeurs de ce film car la destinée de Selina prend un caractère épisodique qui ne permet guère une évolution des personnages. Ceci dit, le film de Wellman nous offre un beau portrait de femme en la personne de Selina, une véritable Mère Courage au sein de l'Americana. Barbara Stanwyck, qui est encore une très jeune femme de 25 ans, doit interpréter son personnage de 20 ans à 50 ans environ. C'est déjà une bien belle performance d'actrice pour une Stanwyck qui a déjà son nom au-dessus du titre. De son côté, Bette Davis, elle, n'est encore qu'un second rôle qui n'a pas encore crevé l'écran. Elle y joue une artiste commerciale très chic et laisse percer ça et là le tempérament que nous connaissons bien. Pour en revenir à l'intrigue du film, ce morceau d'Americana nous emmène dans une communauté de fermiers d'origine hollandaise qui triment dur pour joindre les deux bouts. Selina qui débarque de Chicago provoque le fou rire de ces paysans frustes en admirant leurs champs de choux. Elle se prend d'affection pour le jeune fils du fermier, Roelf Pool, qui veut s'instruire. Puis, elle épouse Pervus De Jong et devient elle aussi une femme de fermier qui trime toute la journée dans les champs. Lorsque son mari meurt, elle se retrouve seule à mener l'exploitation tout en élevant son jeune fils, Dirk (D. Moore). Selina a des idées et va faire fortune en cultivant des asperges. Mais, son fils dans lequel elle plaçait tant d'espérance, délaisse l'architecture pour devenir agant de change. Tous ces éléments pourraient donner un film passionnant; mais, malheureusement, nous passons d'un époque à une autre très rapidement et sans aucun enchaînement. Certes, Barbara Stanwyck occupe l'écran avec son charisme habituel. Sa réaction à la mort de son père montre une actrice déjà arrivée à maturité. Elle arrive et découvre son père mort. Elle apprend alors qu'il était joueur professionnel et qu'il a été tué d'un coup de révolver. Aucune réaction, puis elle fait signe à tout le monde de sortir. Alors, elle s'effondre en larmes. Il est bien dommage que l'adaptation et le scénario soient si faibles, car le film aurait pu avoir une toute autre ampleur. Un remake a été réalisé par Robert Wise en 1953 avec Jane Wyman.
feb
I want to be alone with Garbo
Messages : 8963
Inscription : 4 nov. 10, 07:47
Localisation : San Galgano

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par feb »

L'Ange blanc (Night Nurse) - William Wellman (1931)
ImageImageImage
Lora Hart (Barbara Stanwyck) est embauchée en tant qu'aide-soignante dans hôpital et parvient à décrocher son diplôme d'infirmière. Durant cette période, elle se lie d'amitié avec B. Maloney (Joan Blondell) et vont toutes les 2 travailler chez le même particulier en tant qu'infirmière à domicile. Elles ont en charge 2 petites filles malades et, au fur et à mesure, Lora va découvrir que les deux enfants sont victimes du chauffeur Nick (Clark Gable) : l'homme profite de l'alcoolisme de leur mère pour la controller et chercher à se débarrasser des 2 enfants pour toucher le fond de pension de la mère....

Night Nurse est clairement un film original dans son traitement et dans son histoire : une première partie prenant place dans un hôpital, mettant en scène les 2 infirmières rattachées au service des urgences et nous présentant leur quotidien puis une seconde partie plus dramatique prenant place chez un particulier. SI l'histoire peut paraître assez confuse et l'intrigue basée sur une pseudo-machination un peu légère, le film tient néanmoins la route de par son coté pré-code parfaitement revendiqué et s'avère être un nouvel exemple de petit guide illustré de tout ce que le bon William Harrison Hays ne veut pas voir (j'imagine la tête du jeune homme devant le film de Wellman :mrgreen: ) : festival de déshabillages qui permet de profiter de la mode des années 30 :fiou: , bootlegger qui file un coup de main aux jeunes femmes, mère alcoolique qui abandonne ses enfants, soirées très arrosées, atmosphère générale de prohibition. Le film trouve parfaitement sa place dans le coffret Forbidden Hollywood Vol. 2 et offre une nouvelle vision de ce que la période Pré-Code a pu engendrer à Hollywood.
ImageImageImage
Si on peut passer sur la prestation de Clark Gable dont la présence à l'écran se limite à quelques scènes et dont le jeu est "oubliable" (il est bien meilleur par exemple dans ses 2 films tournés avec Joan Crawford en cette même année 1931 Dance, Fools, Dance et Laughing Sinners et sera vraiment interessant à partir de 1932 dans des films comme Polly of the Circus ou Red Dust), il faut vraiment s'attarder sur les 2 ravissantes jeunes femmes qu'on aimerait avoir comme infirmière : Barbara Stanwyck et Joan Blondell sont charmantes comme tout et chacune apporte un style de jeu bien à elle et une fraicheur bien agréable. A une Stanwyck investie, dynamique et touchante, répond une Blondell pétillante, comique et vraiment naturelle (cette actrice a vraiment une décontraction étonnante devant la caméra) et cette complémentarité se ressent devant la caméra de Wellman qui fait son travail sans fioriture, avec une caméra toujours bien placée et un sens du montage qui fait mouche (même sur un film comme celui-ci où les scènes se limitent à 2 décors : hôpital et maison de la mère des 2 fillettes).
ImageImageImage
Si le film n'est pas un chef d'oeuvre du réalisateur William Wellman, Night Nurse est intéressant du fait du fort esprit Pré-Code qui règne tout au long du film :
- celui qui émoustille avec ses infirmière qui se déshabillent, qui se baladent en petites tenues...
ImageImage
- celui qui critique la société avec cette fascination pour l'alcool, les bootleggers ou les violences conjugales...
ImageImageImage
Mais il est également intéressant par le ton général qui ne prend pas de pincettes avec les sujets traités et il suffit pour s'en convaincre de voir la fin du film et le sort réservé au personnage de Clark Gable : une ambulance passe devant la voiture de Lora et de son copain Mortie le bootlegger puis arrive aux Urgences où on comprend que les copains du bootlegger s'en sont occupés....un an plus tard, il est inconcevable de clore un film sur une telle fin et le personnage de Nick le chauffeur doit finir en prison pour être jugé pour ses crimes.
ImageImageImage
Night Nurse est avant tout un film Warner et on y retrouve tout ce qui fait la force de la major : traitement direct, sans fioritures, importance de la classe ouvrière et toujours en rapport avec la société américaine du début des années 30.
Dernière modification par feb le 1 nov. 11, 08:27, modifié 2 fois.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Jeremy Fox »

Miam miam ; Hâte de débuter ce coffret Wellman Pré-code !
feb
I want to be alone with Garbo
Messages : 8963
Inscription : 4 nov. 10, 07:47
Localisation : San Galgano

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par feb »

Jeremy Fox a écrit :Miam miam ; Hâte de débuter ce coffret Wellman Pré-code !
Attention Jeremy, ce film ne fait pas partie du coffret Forbidden Hollywood Vol. 3 (avec les 6 films de Wellman) mais il fait partie du coffret Forbidden Hollywood Vol. 2

Vol. 3 (couverture Joan Blondell)
Image
Other Men's Women / The Purchase Price / Frisco Jenny / Midnight Mary / Heroes for Sale / Wild Boys of the Road

Vol. 2 (couverture Norma Shearer)
Image
The Divorcee / A Free Soul / Night Nurse / Three on a Match / Female
Abronsius
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 23 oct. 04, 12:29
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Abronsius »

Baby Face (1933) Alfred E. Green

Lily (Barbara Stanwyck) n'en peut plus de vivre dans le speakeasie de son père. C'est la prohibition, les ouvriers sortent des usines et viennent y boire abondamment, profitant de la présence de la jeune femme au passage. Même un politique véreux vient, sous la bienveillance du père, profiter de la peau jeune et laiteuse de la belle. En quelques plans toute une atmosphère misérable est installée. Il y a une maîtrise évidente de la mise en scène, le plan où Chico, la domestique noire, lave les bouteilles en chantant un blues, seule dans une pièce en retrait fait écho à cette misère en lui ajoutant une dignité, une sérénité impressionnantes.
Seul le vieux Cragg veille sur Lily, lui prêtant des volumes de Nietzsche et lui soulignant des passages qui doivent la convaincre de prendre sa liberté, de quitter toute sentimentalité et d'utiliser les hommes pour se sortir de sa situation. Le destin lui force la main, son père meurt et elle part à New York pour changer de vie.
Dès son arrivée c'est une ascension sociale fulgurante qui va avoir lieu, la propulsant au sommet, lui procurant fortune et réussite. La caméra accompagnera cette ascension en s'élevant en parallèle le long de la façade où elle va opérer : une banque. De l'agent en faction jusqu'au président elle séduira plusieurs hommes (dont un jeune John Wayne), les laissant parfois s'entre-tuer sans qu'elle ne s'en émeuve. Cette partie est rondement menée. Stanwyck est parfait dans le rôle et use de ses charmes en usant de répliques cinglantes qui font mouche à chaque coup. Le film a été censuré et c'est une version qui est plus complète qui nous est donnée dans le coffret "Forbidden Hollywood Volume One", même si le happy ending n'est pas dans le projet initial. Période pré-code oblige, le film est osé et va assez loin dans la description du parcours de Lily. Les hommes n'étant que des mâles ne pouvant s'extraire de la possession vampirique qui les envoûte absolument.
Un plan est sublime, simple et sublime. Il se trouve au tout début du film, Lily, que le spectateur voit pour la première fois, monte l'escalier extérieur (symbole de sa trajectoire sociale), Stanwick regarde la caméra comme pour à la fois prendre le spectateur en témoin, témoin de sa condition misérable, mais aussi et surtout pour anticiper tout jugement moral qu'il pourrait avoir à la fin, un regard de défi. Green coupe très vite après ce regard caméra fugace, si bien qu'il n'est pas si évident que cela. Néanmoins il infléchit fortement le propos et oriente le point de vue que nous pourrions avoir.
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Barbara Stanwyck (1907-1990)

Message par Cathy »

Liliane, Baby Face (1933) - Alfred E. Green

Image

une jeune femme décide après la mort d'échapper à sa vie sordide de province américaine et monte à New York où elle grimpera l'échelle sociale en couchant avec tous les hommes influents.

Voici un film diantrement précode, le sujet déjà avec cette jeune femme qui va arriver à ses fins en couchant mais aussi avec la manière dont tout est montré, de manière crue, avec un erotisme saisissant que ce soit dans les plans du premier homme qui veut coucher avec elle et qui lorgne la jeune femme des pieds à la tête (Ce plan sera d'ailleurs coupé dans la version "officielle") ou dans la manière dont Liliane suggère aux hommes de la suivre. On comprend que le film ait été coupé tant les situations sont claires et peu suggerées, comme la rencontre avec ce cheminot et cette relation sexuelle dans un wagon sous les yeux témoins de l'amie noire puis celle avec ce premier employé puis successivement tous ces amants d'un soir ou plus qui lui permettent de grimper dans la hiérarchie de cette banque et de réaliser ce qu'a prédit un ami féru de philosophie et qui lui préconise de vivre sa vie pour elle. C'est d'ailleurs sans doute un des points faibles du scenario, comment les hommes de cette banque ne connaissent pas la réputation de cette femme qui est certes une habile menteuse, mais bon. Tout est sordide dans le film et Liliane n'est pas une personne sympathique pourtant Barbara Stanwyck arrive à rendre "attachante" cette fille qui veut réussir quitte à ce que des hommes meurent pour elle. Le film va nettement plus loin que Red Headed woman dans le traitement et dans l'aguichement sulfureux. Le film reste moral toutefois avec cette jeune femme qui finira sans doute par revenir dans le droit chemin contrairement à l'héroïne de Red headed woman qui continue ses agissements. Un superbe exemple de film precode qui montre à quel point le cinéma allait loin à l'époque dans les sujets.
Répondre