A Serbian Film (Srdjan Spasojevic - 2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Aragorn Elessar
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par Aragorn Elessar »

nobody smith a écrit :
Ratatouille a écrit :En tout cas, il aura eu le "mérite" de mettre en scène l'une des séquences les plus abjectes que j'ai vue de ma vie :
Spoiler (cliquez pour afficher)
le nouveau-né à peine sorti du ventre de sa mère, et pénétré par un mec
Uniquement à cause de cette scène, je sais que je ne verrai surement jamais ce film. Rien que d'imaginer ce que ça doit donner sur un écran, je sens que je suis à deux doigts de gerber.
Pareil.

D'ailleurs je me suis toujours demandé si j'aurais aimé - ou plutôt ce qu'aurait été Irréversible (parce que je ne l'aurais même pas regardé) si Noé avait raconté l'histoire d'un homme qui venge le viol de son enfant, et donc en remplaçant la scene de viol explicite de 10 minutes de Monica par celle d'un enfant. Je pense, sans en être sur, que les qualités visuelles et sonores, les qualités purement abstraites pour amener au carpe diem final n'auraient pas suffit, et qu'il aurait été détestable.

Je me suis aussi dit avec tous ces récents torture porns qu'un auteur devrait aller au bout de l'excès, pour qu'enfin on puisse arrêter avec ce genre complètement vain (et pervers), vu que les limites auraient enfin été atteintes par quelqu'un, que les auteurs qui voudront suivre ne pourront pas aller plus loin et donc ne se lanceront pas, vu que le genre repose uniquement sur l'excès, et que le spectateur de cette catégorie de films sera enfin comblé, et espérons-le gavé. Visiblement ce Serbian film a atteint les limites.
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tenia
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par tenia »

Jordan White a écrit :Le personnage principal est un personnage de cinéma féroce, avec un visage qui marque.
Etant fan de la série Rules Of Engagement, voilà qui j'ai eu en tête lors de chaque scène où le personnage principal est présent :

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Pour ceux qui connaissent la série et son personnage, autant dire qu'il est difficile d'y voir un personnage féroce et marquant. :mrgreen:
nobody smith a écrit :
Ratatouille a écrit :En tout cas, il aura eu le "mérite" de mettre en scène l'une des séquences les plus abjectes que j'ai vue de ma vie :
Spoiler (cliquez pour afficher)
le nouveau-né à peine sorti du ventre de sa mère, et pénétré par un mec
Uniquement à cause de cette scène, je sais que je ne verrais surement jamais ce film. Rien que d'imaginer ce que ça doit donner sur un écran, je sens que je suis à deux doigts de gerber.
Nan mais A serbian film, c'est un film jusqu'au boutiste. Ainsi, la scène dont tout le monde parle est... hors-champ. Normal, quoi.
Jordan White a écrit :Le truc c'est que A serbian film ne pouvait pas sortir il y a quinze ans, et qu'il déboule seulement aujourd'hui.
Et possède ainsi 10 ans de retard sur la situation locale, notamment à Belgrade.
C'est principalement ce que je reproche au film : un opportunisme d'export fonctionnant sur le fait que tout l'Occident industriel pense que la Serbie aujourd'hui est dans le même état que la Corée du Nord. Certes, c'est toujours fort corrompu, mais on parle d'un pays dont la capitale compte 29 cinémas, rien que ça.
Jordan White a écrit :Personne ne m'a obligé à voir Irréversible ou A Serbian Film et pourtant ce sont deux films qui racontent à peu près la même chose sur la violence.
Faudra qu'on m'explique comment une love story tragique doublé d'un vigilante raconte la même chose sur la violence qu'un film sur fond de snuff et de barbarie soit-doisant sous-titrés politique.
Jordan White a écrit :A serbian film n'a pas la même puissance et le même impact émotionnel, mais pour un premier film, je pense qu'en voulant frapper fort, Spasojevic a réussi son coup d'essai avec d'une façon paradoxale une certaine manière et un art du suspens.
Ce qui me parait, dans A serbian film, fortement contre-productif, c'est justement qu'il n'y a aucun sens du suspense. On tient un film qui, à la manière de Die Welle, veut faire une démonstration par A + B du point qu'il veut faire, et l'énonce dès le départ. Forcément, niveau suspense, c'est un peu limite. En plus, A serbian film le fait à grand coups de scènes extrêmes filmées n'importe comment mais toujours trop bien pour faire réellement snuff, et surtout, avec trop trop d'effets ringardo-nanardesques (comme dit plus haut, la bite dans l'oeil) pour faire un quelconque effet émotionnel.


Bref.

Je peux comprendre qu'on puisse trouver quelque chose à voir là-dedans, mais sans entrer dans une quelconque perversité (ou là, je trouverais que c'est quand même fortement abusé, surtout que le gore hardcore et tout le toutim existe depuis Mathusalem), A serbian film me parait surtout être très très bas du front, et vainement provocateur pour essayer de faire croire à une quelconque dénonciation de quoique ce soit.

Ou alors, c'est tellement peu fin que cela rate sa cible, complètement. Là où Pasolini, avec son final voyeuriste de Salo, avait le mérite de soulever avec bien plus de finesse beaucoup de questions sur la passivité des gens face à de telles atrocités.
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par hellrick »

Bizarrement je n'ai pas trop envie de voir ce film, le torture porn me gave et j'en ai vraiment soupé de ces excès...je pense avoir atteint mes propres limites avec Guinea Pig 2, Red Room et surtout August Underground Mordum...je ne suis pas sur que A Serbian Film aille plus loin que ce dernier mais perso je ne suis pas pressé de vérifier même si je le ferais peut être par curiosité malsaine :|
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par Rockatansky »

En fait en lisant tout ça, je me dis que je suis trop vieux pour ces conneries en fait
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par bronski »

Rockatansky a écrit :En fait en lisant tout ça, je me dis que je suis trop vieux pour ces conneries en fait
+1

Passé 40 ans on aspire à un peu de calme :mrgreen:
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par Rockatansky »

Il doit y avoir de ça, mais je me surprends des fois à tourner la tête devant des scène gore, alors que bon...
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par hellrick »

Un peu pareil mais en fait c'est surtout le gore actuel qui pour moi n'est pas du vrai gore grand guignol, c'est toujours de la boucherie provoc pseudo snuff / torture...le vrai gore c'est Evil Dead, Re Animator, Toxic Avenger, Cannibal Ferox, Brain Dead,...

Du divertissement sanglant mais inoffensif et distrayant...Ce qui sort actuellement (cf les porn gore de chez Uncut) ça n'a rien à voir...
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par riqueuniee »

Tout à fait d'accord.D'ailleurs,bien que n'étant pas particulièrement fan du genre,j'ai bien aimé Evil Dead ou Toxic Avenger,que j'ai trouvé plus distrayants qu'effrayants.Même chose,d'ailleurs,pour le Piranhas d'Alexandre Aja.
Pour en revenir à ce Serbian film,ce qui en est dit ici ne me donne guère envie de jeter un oeil sur ce film.Je ne crois pas trop,en plus,à cette histoire de métaphore politique.Ou alors c'est que l'auteur a une drôle d'idée (ou veut donner une drôle d'idée) de son pays et de ses habitants.
Pour la politique,mieux vaut revoir Baril de poudre (Goran Paskjalevic),même si le film date de 1998.Film où joue Sergej Trifunovic,présent dans le casting de A Serbian film
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par Rockatansky »

A noter que je ne veux aucunement lancer un débat style c'était mieux avant ou un truc du genre, c'était juste un réflexion que je me faisais, alors que je pensais que toute cette vague de torture porn saurait gagner mes faveurs, j'avoue n'avoir pris aucun plaisir devant Hostel ou autre Saw, peut être le réalisme au service d'un scénario tenant sur un timbre poste aussi...
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par hellrick »

Rockatansky a écrit :A noter que je ne veux aucunement lancer un débat style c'était mieux avant ou un truc du genre, c'était juste un réflexion que je me faisais, alors que je pensais que toute cette vague de torture porn saurait gagner mes faveurs, j'avoue n'avoir pris aucun plaisir devant Hostel ou autre Saw, peut être le réalisme au service d'un scénario tenant sur un timbre poste aussi...
Et pourtant Hostel et Saw (le 1 seulement!) c'est vraiment du scénario béton comparé à des trucs affligeants comme The Collector (un mec installe en 30 secondes cinquante pièges dans une baraque pour tuer des gens. Il en tue plein. fin. ) ou Red Room (on met 4 personnes dans une pièce et le dernier en vie il a gagné du pognon. tout le monde meurt sauf un. fin. ) ou Grotesque (un mec capture un couple et torture le mec sous les yeux de la fille. fin). Sans oublier bien sur Guinea Pig 2, le plus intéressant du lot, qui date déjà de 25 ans (un type capture une fille, la torture, la tue. Fin)
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par Jordan White »

tenia a écrit :Pour ceux qui connaissent la série et son personnage, autant dire qu'il est difficile d'y voir un personnage féroce et marquant. :mrgreen:
J'attendais avec impatience le smiley vert.
tenia a écrit :Nan mais A serbian film, c'est un film jusqu'au boutiste. Ainsi, la scène dont tout le monde parle est... hors-champ. Normal, quoi.
La séquence en dit suffisamment long sans passer par les dialogues, mais uniquement sur les effets sonores pour ne justement pas tomber dans l'excès et le graphique à tout prix. Il y a une forme de morale dans A Serbian Film.
tenia a écrit :Et possède ainsi 10 ans de retard sur la situation locale, notamment à Belgrade.
C'est principalement ce que je reproche au film : un opportunisme d'export fonctionnant sur le fait que tout l'Occident industriel pense que la Serbie aujourd'hui est dans le même état que la Corée du Nord. Certes, c'est toujours fort corrompu, mais on parle d'un pays dont la capitale compte 29 cinémas, rien que ça.
Tu connais bien la Serbie ? Tu y es allé ? Juste une interrogation comme ça.
Sinon je n'ai pensé à aucun moment en regardant A Serbian Film que la Serbie ressemblait à La Corée du Nord, que le film soit dans la lignée de Hostel bien davantage, notamment par rapport aux rôles féminins, celui des pornstars en particulier.
tenia a écrit :Faudra qu'on m'explique comment une love story tragique doublé d'un vigilante raconte la même chose sur la violence qu'un film sur fond de snuff et de barbarie soit-doisant sous-titrés politique.
A partir du moment où nos deux points de vue sont diamétralement opposés et quasi irréconciliables, ça me semble difficile de me justifier au delà de ce que j'ai pu écrire, sur l'écriture de la violence, la représentation de la violence, les artifices utilisés dans les deux films (ce n'est finalement que du cinéma et tant mieux, mais on pourrait le dire tout aussi bien de Cannibal Holocaust sauf la scène de la tortue comme des mondo et des torture porn de ces dernières années, dont je n'aime rien en particulier ou spécifiquement, si ce n'est que les deux volets d'Hostel). Irréversible raconte comment un couple va être foudroyé par les évènements extérieurs sur le principe du film à l'envers, A Serbian film procède de la façon inverse, mais je pense que le fait de montrer une violence parfois extrême avec un penchant pour la stylisation évite justement au film d'être simplement un exercice de style glauque pour le glauque. A serbian film m'a surtout semblé au bout du compte être une comédie très noire, où l'humour est présent en filigrane, avec des situations par moments grotesques, et une forme de gand-guignol dans l'excès. Ce qui est excessif me paraît aussi libérateur dans ce film. J'ajoute que j'ai cru pendant un moment après l'avoir vu une première fois la semaine de sa sortie, avant de le revoir quelques années plus tard que Fight Club était un film ouvertement anarchiste ou plus exactement très contestataire, comme si Fincher était un réalisateur d'extrême-gauche qui disait que la vie était aussi pourrie de l'intérieur que ne le sont les quelques caves sombres où se battent des mecs désespérés. J'ai dû me faire violence pour le revoir car j'étais resté sur une impression extrêmement négative, j'avais haï le film. J'étais complètement passé à côté de l'humour et du second degré. A Serbian film c'est un film qui tient sur une frontière ténue entre l'imagerie la plus glauque qui soit et le romantisme le plus passionné, pas celui de Friedrich, mais celui de Seul contre tous, avec le côté paternel et aimant.
tenia a écrit :En plus, A serbian film le fait à grand coups de scènes extrêmes filmées n'importe comment mais toujours trop bien pour faire réellement snuff, et surtout, avec trop trop d'effets ringardo-nanardesques (comme dit plus haut, la bite dans l'oeil) pour faire un quelconque effet émotionnel.
Je ne sais pas si c'est filmé n'importe comment, il me semble au contraire que techniquement le film tient ô combien la route, cela dit je pense que la photographie du film à dominante argentique et désaturée peut être un argument contre le film.
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tenia
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par tenia »

Jordan White a écrit :La séquence en dit suffisamment long sans passer par les dialogues, mais uniquement sur les effets sonores pour ne justement pas tomber dans l'excès et le graphique à tout prix. Il y a une forme de morale dans A Serbian Film.
J'ai, compte tenu du reste du film, du mal à y voir une morale.
Plus une forme de ballon de baudruche se dégonflant quand il s'agit d'y aller franco.
Alors c'est sûr que si j'avais plus de sympathie pour le film, je le prendrais probablement comme toi, ils ont des scrupules, et tout.
Mais là, j'y vois juste un mec pas capable d'aller au bout de ce qu'il a monté.
Jordan White a écrit :
tenia a écrit :Et possède ainsi 10 ans de retard sur la situation locale, notamment à Belgrade.
C'est principalement ce que je reproche au film : un opportunisme d'export fonctionnant sur le fait que tout l'Occident industriel pense que la Serbie aujourd'hui est dans le même état que la Corée du Nord. Certes, c'est toujours fort corrompu, mais on parle d'un pays dont la capitale compte 29 cinémas, rien que ça.
Tu connais bien la Serbie ? Tu y es allé ? Juste une interrogation comme ça.
Sinon je n'ai pensé à aucun moment en regardant A Serbian Film que la Serbie ressemblait à La Corée du Nord, que le film soit dans la lignée de Hostel bien davantage, notamment par rapport aux rôles féminins, celui des pornstars en particulier.
Une amie d'un ami rencontrée à une soirée il y a quelques temps et avec qui j'avais vaguement discuté de ça. A cela s'ajoute mon collègue de bureau monténégrin.
Après, plus que ça, je ne saurais dire, mais bon.

Maintenant, je ne dis pas que toi, tu sembles dire cela dans ton discours, c'est surtout dans le discours du film, ce sentiment de cliché du pays où toutes les filles doivent se prostituer pour étudier (ce qui fait repenser à Hostel, tiens, effectivement) et que tous les mecs trainent forcément dans des trucs louches.
Jordan White a écrit :
tenia a écrit :Faudra qu'on m'explique comment une love story tragique doublé d'un vigilante raconte la même chose sur la violence qu'un film sur fond de snuff et de barbarie soit-doisant sous-titrés politique.
A partir du moment où nos deux points de vue sont diamétralement opposés et quasi irréconciliables, ça me semble difficile de me justifier au delà de ce que j'ai pu écrire, sur l'écriture de la violence, la représentation de la violence, les artifices utilisés dans les deux films (ce n'est finalement que du cinéma et tant mieux, mais on pourrait le dire tout aussi bien de Cannibal Holocaust sauf la scène de la tortue comme des mondo et des torture porn de ces dernières années, dont je n'aime rien en particulier ou spécifiquement, si ce n'est que les deux volets d'Hostel). Irréversible raconte comment un couple va être foudroyé par les évènements extérieurs sur le principe du film à l'envers, A Serbian film procède de la façon inverse, mais je pense que le fait de montrer une violence parfois extrême avec un penchant pour la stylisation évite justement au film d'être simplement un exercice de style glauque pour le glauque. A serbian film m'a surtout semblé au bout du compte être une comédie très noire, où l'humour est présent en filigrane, avec des situations par moments grotesques, et une forme de gand-guignol dans l'excès. Ce qui est excessif me paraît aussi libérateur dans ce film. J'ajoute que j'ai cru pendant un moment après l'avoir vu une première fois la semaine de sa sortie, avant de le revoir quelques années plus tard que Fight Club était un film ouvertement anarchiste ou plus exactement très contestataire, comme si Fincher était un réalisateur d'extrême-gauche qui disait que la vie était aussi pourrie de l'intérieur que ne le sont les quelques caves sombres où se battent des mecs désespérés. J'ai dû me faire violence pour le revoir car j'étais resté sur une impression extrêmement négative, j'avais haï le film. J'étais complètement passé à côté de l'humour et du second degré. A Serbian film c'est un film qui tient sur une frontière ténue entre l'imagerie la plus glauque qui soit et le romantisme le plus passionné, pas celui de Friedrich, mais celui de Seul contre tous, avec le côté paternel et aimant.
En même temps, autant je pourrais être d'accord avec toi sur la stylisation de la violence extrême, autant ça me gêne car ça va dans le sens d'une banalisation de la violence (ce bon vieux débat). Au final, pourrait-on montrer quelque chose d'extrême avec de l'humour ou de l'esthétisme que ça passerait mieux ?

Ca me gêne, personnellement, dans le cadre d'un A serbian film car je trouve cela raccoleur, parce que je ne trouve pas que le film possède une justification suffisamment épaisse pour aligner tout ce qu'il aligne. Alors que, par exemple, des trucs complètement gratos comme Saw ou Hostel me dérangent moins, parce que, justement, ils ne cherchent pas à se justifier.

Tu prends Fight Club comme exemple d'un film excessif, là où je pense que Fight Club est, au contraire, très calculé, très millimétré.
La violence graphique est là, mais elle est une violence calibrée pour attirer un public, pop et clinquante, aussi superficielle que la société qu'elle dépeint. La plus grande ironie de Fight Club est contenue là : un film parfaitement superficiel et ostentatoire que ce sur quoi il tape.
Une finesse de ton que n'a jamais, je trouve, A serbian film.

Après, pour Seul contre tous, je ne l'ai pas vu, et ne saurai donc me prononcer là-dessus.
Jordan White a écrit :Je ne sais pas si c'est filmé n'importe comment, il me semble au contraire que techniquement le film tient ô combien la route, cela dit je pense que la photographie du film à dominante argentique et désaturée peut être un argument contre le film.
C'est surtout les moments de foutoir (la 2e moitié, notamment) combinés aux filtres baveux et aux effets gores nanardesques cités plus haut qui me font penser cela.
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Re: A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par bruce randylan »

Je n'ai pas vu le film (ça ne m'intéresse pas du tout) mais si vous voulez en savoir un peu plus sur la dimension politique du film ou sur les volontés du réalisateur, on a interviewé le scénariste (vraiment passionnant) lors de l'étrange festival :wink:

http://www.1kult.com/2010/10/22/a-serbi ... cenariste/

Par ailleurs, le redac' chef pense aussi que le film est un cartoon pour adulte (même si à la re-vision il trouve le film bien mauvais)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Re: A serbian film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par Jordan White »

tenia a écrit :Alors c'est sûr que si j'avais plus de sympathie pour le film, je le prendrais probablement comme toi, ils ont des scrupules, et tout.
Mais là, j'y vois juste un mec pas capable d'aller au bout de ce qu'il a monté.
Le film va jusqu'au bout de son idée, cf le dernier plan et le dialogue final, glaçant. J'ai pendant un instant, pensé que cela serait comme Seul contre tous
Spoiler (cliquez pour afficher)
Qu'il y aurait effectivement une sorte d'alternative à la violence extérieure au couple, et que la famille finirait par se retrouver dans un plan final sans mort collective. L'idée d'une rédemption possible, avec une famille qui vit au delà de l'horreur qu'elle vient de subir. Je vais pas te spoiler la fin de Seul contre tous sinon tu n'auras plus envie de le voir, mais celle-ci est magnifiquement ambigue et l'une des plus discutées du cinéma français des années 90
Maintenant, je ne dis pas que toi, tu sembles dire cela dans ton discours, c'est surtout dans le discours du film, ce sentiment de cliché du pays où toutes les filles doivent se prostituer pour étudier (ce qui fait repenser à Hostel, tiens, effectivement) et que tous les mecs trainent forcément dans des trucs louches.
Il n'est nullement question de prostitution dans A serbian film mais d'univers de film pornographique undergound, avec un cinéaste maso qui tente de réaliser le film hardcore définitif (de son point de vue). Hostel ne m'a pas non plus frappé parce qu'il évoquait la prostitution, les deux héroïnes, la très jolie Barbara Nedeljakova et l'actrice blonde ne jouant pas des prostituées mais des filles qui attirent des mecs dans les filets de la mafia locale. Je précise que je ne joue pas forcément sur les mots. Par ailleurs, il y a un gros signal qui est émis au lancement des deux films, c'est celui du cinéma un peu comme les cartons chez Noé ou Godard, ceux-là même qui jouent avec les graphies, les néons, peuvent aussi provoquer des états seconds, jouent sur l'artifice, la perception, le trouble, et sont des outils de cinéma créant des sensations parfois indisposantes, malaisantes mais aussi ludiques. Bref c'est de la fiction.
tenia a écrit :Au final, pourrait-on montrer quelque chose d'extrême avec de l'humour ou de l'esthétisme que ça passerait mieux ?
Oui, à l'instar de La Grande Bouffe avec tout le génie satirique de Ferreri.
Alors que, par exemple, des trucs complètement gratos comme Saw ou Hostel me dérangent moins, parce que, justement, ils ne cherchent pas à se justifier.
Pourtant tu écris plus haut que Hostel donne une très mauvaise images des garçons locaux qui se fourvoient dans des bars louches où la lumière serait triste voire glauque et que les filles sont trop facilement influençables, faciles au point de se "livrer" à la prostitution. Je me rappelle du film La Dérobade, ça date de 1978, et Miou-Miou joue le rôle d'une prostituée qui a dû mal à se sortir de la main mise de Duval dont elle tombe d'abord amoureuse et qui joue un mac. En même temps des personnages de prostitué(e)s dans le cinéma français j'en ai rarement qui soient dépeints sur un ton positif, déculpabilisateur, je n'en ai pas souvenir en tout cas, mais je suis preneur, sauf dans Les travailleu(r)ses du sexe de Jean-Michel Carré qui n'est pas une fiction mais s'avère être un documentaire. A l'époque le film a pourtant été salué. Et cette semaine il y a Gigola qui est sorti, sur le sujet de la prostitution lesbienne dans les années 60 à Pigalle.
Tu prends Fight Club comme exemple d'un film excessif, là où je pense que Fight Club est, au contraire, très calculé, très millimétré.
La violence graphique est là, mais elle est une violence calibrée pour attirer un public, pop et clinquante, aussi superficielle que la société qu'elle dépeint. La plus grande ironie de Fight Club est contenue là : un film parfaitement superficiel et ostentatoire que ce sur quoi il tape.
Une finesse de ton que n'a jamais, je trouve, A serbian film.
Bon je la refais. Je prenais Fight Club comme un film violent et excessif car je n'ai pas grillé tout de suite, mais bien plus tard qu'il s'agissait en réalité d'humour noir. problème de recul, de distance par rapport au ton du film que je trouvais poisseux. Quant à la violence pop, je la retrouve dans Pulp Fiction mais pas du tout dans Fight Club, et la violence ne me semblait pas superficielle dans Fight Club mais bel et bien percutante voire marquante, la plupart du combats clandestins notamment et la destruction d' "Angel Face"
C'est surtout les moments de foutoir (la 2e moitié, notamment) combinés aux filtres baveux et aux effets gores nanardesques cités plus haut qui me font penser cela.
La chronique n'est toujours pas arrivée sur Nanarland. Soit ils ne l'ont pas vu, soit le film mérite mieux que ça. Je penche pour la seconde option.
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Re: A Serbian Film (Srdjan Spasojevic, 2010)

Message par hellrick »

Les organisateurs du festival de Sitges et le réalisateur de A Serbian Film devant les tribunaux pour pornographie pédophile!!!! :shock:

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