tenia a écrit :Alors c'est sûr que si j'avais plus de sympathie pour le film, je le prendrais probablement comme toi, ils ont des scrupules, et tout.
Mais là, j'y vois juste un mec pas capable d'aller au bout de ce qu'il a monté.
Le film va jusqu'au bout de son idée, cf le dernier plan et le dialogue final, glaçant. J'ai pendant un instant, pensé que cela serait comme
Seul contre tous
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- Qu'il y aurait effectivement une sorte d'alternative à la violence extérieure au couple, et que la famille finirait par se retrouver dans un plan final sans mort collective. L'idée d'une rédemption possible, avec une famille qui vit au delà de l'horreur qu'elle vient de subir. Je vais pas te spoiler la fin de Seul contre tous sinon tu n'auras plus envie de le voir, mais celle-ci est magnifiquement ambigue et l'une des plus discutées du cinéma français des années 90
Maintenant, je ne dis pas que toi, tu sembles dire cela dans ton discours, c'est surtout dans le discours du film, ce sentiment de cliché du pays où toutes les filles doivent se prostituer pour étudier (ce qui fait repenser à Hostel, tiens, effectivement) et que tous les mecs trainent forcément dans des trucs louches.
Il n'est nullement question de prostitution dans
A serbian film mais d'univers de film pornographique undergound, avec un cinéaste maso qui tente de réaliser le film hardcore définitif (de son point de vue).
Hostel ne m'a pas non plus frappé parce qu'il évoquait la prostitution, les deux héroïnes, la très jolie Barbara Nedeljakova et l'actrice blonde ne jouant pas des prostituées mais des filles qui attirent des mecs dans les filets de la mafia locale. Je précise que je ne joue pas forcément sur les mots. Par ailleurs, il y a un gros signal qui est émis au lancement des deux films, c'est celui du cinéma un peu comme les cartons chez Noé ou Godard, ceux-là même qui jouent avec les graphies, les néons, peuvent aussi provoquer des états seconds, jouent sur l'artifice, la perception, le trouble, et sont des outils de cinéma créant des sensations parfois indisposantes, malaisantes mais aussi ludiques. Bref c'est de la fiction.
tenia a écrit :Au final, pourrait-on montrer quelque chose d'extrême avec de l'humour ou de l'esthétisme que ça passerait mieux ?
Oui, à l'instar de
La Grande Bouffe avec tout le génie satirique de Ferreri.
Alors que, par exemple, des trucs complètement gratos comme Saw ou Hostel me dérangent moins, parce que, justement, ils ne cherchent pas à se justifier.
Pourtant tu écris plus haut que
Hostel donne une très mauvaise images des garçons locaux qui se fourvoient dans des bars louches où la lumière serait triste voire glauque et que les filles sont trop facilement influençables, faciles au point de se "livrer" à la prostitution. Je me rappelle du film
La Dérobade, ça date de 1978, et Miou-Miou joue le rôle d'une prostituée qui a dû mal à se sortir de la main mise de Duval dont elle tombe d'abord amoureuse et qui joue un mac. En même temps des personnages de prostitué(e)s dans le cinéma français j'en ai rarement qui soient dépeints sur un ton positif, déculpabilisateur, je n'en ai pas souvenir en tout cas, mais je suis preneur, sauf dans
Les travailleu(r)ses du sexe de Jean-Michel Carré qui n'est pas une fiction mais s'avère être un documentaire. A l'époque le film a pourtant été salué. Et cette semaine il y a
Gigola qui est sorti, sur le sujet de la prostitution lesbienne dans les années 60 à Pigalle.
Tu prends Fight Club comme exemple d'un film excessif, là où je pense que Fight Club est, au contraire, très calculé, très millimétré.
La violence graphique est là, mais elle est une violence calibrée pour attirer un public, pop et clinquante, aussi superficielle que la société qu'elle dépeint. La plus grande ironie de Fight Club est contenue là : un film parfaitement superficiel et ostentatoire que ce sur quoi il tape.
Une finesse de ton que n'a jamais, je trouve, A serbian film.
Bon je la refais. Je prenais
Fight Club comme un film violent et excessif car je n'ai pas grillé tout de suite, mais bien plus tard qu'il s'agissait en réalité d'humour noir. problème de recul, de distance par rapport au ton du film que je trouvais poisseux. Quant à la violence pop, je la retrouve dans Pulp Fiction mais pas du tout dans
Fight Club, et la violence ne me semblait pas superficielle dans
Fight Club mais bel et bien percutante voire marquante, la plupart du combats clandestins notamment et la destruction d' "Angel Face"
C'est surtout les moments de foutoir (la 2e moitié, notamment) combinés aux filtres baveux et aux effets gores nanardesques cités plus haut qui me font penser cela.
La chronique n'est toujours pas arrivée sur Nanarland. Soit ils ne l'ont pas vu, soit le film mérite mieux que ça. Je penche pour la seconde option.