Jericho a écrit :Il me semble que c'est l'histoire d'amour la plus émouvante filmée par Cameron.
Pour moi, ça ne fait aucun doute. Non seulement il s'agit de la plus belle histoire d'amour de toute la filmo de Cameron, mais également l'une des plus belles que je connaisse - des trois ou quatre que j'emmènerais sur une île déserte, quoi.
Le film, quant à lui, est sublimissime : je le considère rien moins que comme des 15 ou 20 plus beaux du monde. Tout ce que j'aime chez Cameron s'y épanouit avec une délicatesse infinie, depuis la gracieuse et délicate profusion de l'élément aquatique jusqu'à l'exaltation des sentiments humains dans ce qu'ils ont de plus beau et de plus fort. Il fait partie de ces oeuvres capables de me flinguer plusieurs mouchoirs à chaque vision.
L'une de ses grandes vertus réside dans la proximité qui se tisse entre nous et les personnages, et dans la vérité avec laquelle Cameron parvient à parler des liens très forts existant entre tous les membres de la station, qu'ils relèvent de l'amitié ou de l'amour. C'est un film qui magnifie l'un des ressorts les plus universels du cinéma d'aventures : un groupe d'individus se solidifie face aux événements extérieurs.
Tous les personnages ont leur place, leur importance, tous sont traités avec la même attention.
Ed Harris et Mary Elizabeth Mastrantonio sont absolument formidables ici, leurs personnages m'accompagneront toujours, que ce soit celui du chef d'équipe au coeur d'or, qui retrouve sa faculté d'émerveillement, ou celui de la femme de tête capable de remuer terres et montagnes pour défendre ses valeurs.
La trajectoire suivie par ce merveilleux couple atteint des sommets d'émotion : ils réapprennent à s'aimer, redécouvrent les liens qui les unissent à travers leur aventure. D'un bout à l'autre, le film est gorgé d'allusions délicates qui magnifient ce lien plus fort que tout. La façon dont Bud est littéralement sauvé par son alliance (celle qu'il a remis à son doigt après l'avoir jeté aux chiottes dans un accès de colère). La manière dont il sauve Lindsay en lui hurlant de revenir la vie. Le lien ténu mais plus fort que tout qui palpite encore lorsqu'elle lui parle, à la fin, à travers l'immensité de l'abysse.
La scène de réanimation, de retour à la vie, est l'une des plus puissantes, des plus inoubliables que je connaisse, je suis dévasté à chaque coup. C'est un miracle, cette séquence, au sens propre comme au sens figuré. Cette communion émotionnelle qui submerge le groupe à ce moment-là, c'est la nôtre, on est avec eux, là... Ah la la...
C'est vraiment l'un de mes films de chevet, je pourrais en parler longtemps...
En ce qui concerne le débat version courte vs version longue, je trouve la version longue moins pertinente et moins forte que la version cinéma, à cause l'insistance un brin moralisatrice de la "leçon" donnée par les aliens aux humains.
Je me rappelle avoir été assez déçu quand j'ai découvert cette nouvelle fin parce que c'est un film qui me touche par sa frémissante délicatesse, son flirt avec l'indicible, le tactile, le sensoriel. Toute l'oeuvre tourne autour d'enjeux humains fondamentaux qui ne s'alourdissent à aucun moment d'effets soulignés à coups d'explications plus ou moins lourdingues. Et là, soudain, paf, Cameron nous balance un gros prêchi-prêcha bien signifiant sur la nature guerrière de la race humaine.
Du coup, je préfère revoir en boucle mon
Abyss chéri palpitant de formes ondoyantes et de personnages fabuleux, où la vie, l'amour et l'amitié triomphent de la mort sans jamais pédaler dans le discours pompier.