Père Jules a écrit :Je suis intéressé par cette interview. Un petit scan stp, diiiiiiis
Je n'ai plus le cd d'installation de mon scanner (qui date pas mal). Il me faudrait Epson Scan pour une bécane Epson Stylus CX3600, et système Windows 7 (64 bit)... impossible de trouver. (ya pas sur le site de epson)
N'ayant pas trouvé de topic consacré à Toshiro Mifune, je me permets de poster ici une petite vidéo le concernant. Les noms de l'acteur et de Kurosawa étant à jamais liés, ça ne devrait pas poser de problème.
Quel film! Le premier mot qui vient à l'esprit après le visionnage de ce film est maitrise. La maitrise formidable de son art par Akira Kurosawa, qui réussit chaque plan. A titre d'exemple, la cérémonie de mariage qui ouvre le film est époustouflante. Kurosawa transforme ce qui pourrait être une scène d'introduction des personnages linéaire et morne en une véritable leçon de cinéma, notamment par sa gestion de l'espace, qui lui permet de définir clairement, mais sans lourdeur les relations qui unissent les différents personnages, les enjeux et les tensions qui guiderons le film, le tout dans une recherche esthétique de chaque instant.
Cette recherche esthétique sera d'ailleurs présente durant tout le métrage. J'ai particulièrement été frappé par les images de l'usine détruite riche en contrastes, qui ont du être un casse tête pour le chef opérateur du film. Ces images portent toute une partie du message de Kurosawa, sur le désordre morale qu'a engendré la seconde guerre mondiale pour le Japon.
On retrouve une certaine lenteur dans Les Salauds dorment en Paix, à l'image de celle de Chien Enragé, tout au profit de la caractérisation des personnages servie par l'interprétation sans faille d'un casting très réussi en tête duquel on retrouve, évidemment, le talent incroyable de Toshiro Mifune.
Aux côtés de Chien Enragé et d'Entre le Ciel et l'enfer, les salauds dorment en Paix confirme qu'en plus des innombrables qualités de Kurosawa, celui-ci s'impose comme un maitre incontestable du film noir. Mais comment pouvait il en être autrement pour ce maitre du cinéma?
Rick Blaine a écrit :Les Salauds dorment en Paix (1960)
Quel film! Le premier mot qui vient à l'esprit après le visionnage de ce film est maitrise. La maitrise formidable de son art par Akira Kurosawa, qui réussit chaque plan. A titre d'exemple, la cérémonie de mariage qui ouvre le film est époustouflante. Kurosawa transforme ce qui pourrait être une scène d'introduction des personnages linéaire et morne en une véritable leçon de cinéma, notamment par sa gestion de l'espace, qui lui permet de définir clairement, mais sans lourdeur les relations qui unissent les différents personnages, les enjeux et les tensions qui guiderons le film, le tout dans une recherche esthétique de chaque instant.
Cette recherche esthétique sera d'ailleurs présente durant tout le métrage. J'ai particulièrement été frappé par les images de l'usine détruite riche en contrastes, qui ont du être un casse tête pour le chef opérateur du film. Ces images portent toute une partie du message de Kurosawa, sur le désordre morale qu'a engendré la seconde guerre mondiale pour le Japon.
On retrouve une certaine lenteur dans Les Salauds dorment en Paix, à l'image de celle de Chien Enragé, tout au profit de la caractérisation des personnages servie par l'interprétation sans faille d'un casting très réussi en tête duquel on retrouve, évidemment, le talent incroyable de Toshiro Mifune.
Aux côtés de Chien Enragé et d'Entre le Ciel et l'enfer, les salauds dorment en Paix confirme qu'en plus des innombrables qualités de Kurosawa, celui-ci s'impose comme un maitre incontestable du film noir. Mais comment pouvait il en être autrement pour ce maitre du cinéma?
Moins enthousiaste que toi. Si je suis entièrement d'accord avec la recherche esthétique et l'impeccable interprétation, que la scène du mariage est en effet époustouflante et celle de l'enterrement d'une épouvantable cruauté, j'ai trouvé cependant que le film traînait en longueur sans vraiment se justifier au niveau de l'intrigue et m'a donc un petit peu ennuyé...
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
joe-ernst a écrit :
Moins enthousiaste que toi. Si je suis entièrement d'accord avec la recherche esthétique et l'impeccable interprétation, que la scène du mariage est en effet époustouflante et celle de l'enterrement d'une épouvantable cruauté, j'ai trouvé cependant que le film traînait en longueur sans vraiment se justifier au niveau de l'intrigue et m'a donc un petit peu ennuyé...
C'est intéressant ce que tu dis, parce que cette lenteur que j'ai vu comme une qualité pour le Kurosawa, j'aurais tout à fait pu la ressentir comme un défaut dans un autre film (tiens j'ai vu La Canonnière du Yang-Tse hier, et ça m'est apparu comme un gros défaut).
Je n'arrive pas à savoir pourquoi des fois je trouve que c'est un plus (c'était aussi le cas dans Chien Enragé) et d'autre fois un défaut.
Pour ma part, six de ses films figurent dans mon top 100: Rashomon, Les sept samouraïs, Le château de l'araignée, Entre le ciel et l'enfer, Barberousse, Dodes'Kaden.
Je n'en ai pas encore vu suffisamment, mais ceux que j'ai vu etaient tous des chef d'oeuvre ou tout du moins d'excellents films. Dans l'ordre d'appréciation.
Les sept samourai
Rashomon
Chien enragé
Yojimbo
Sanjuro
Rick Blaine a écrit :C'est intéressant ce que tu dis, parce que cette lenteur que j'ai vu comme une qualité pour le Kurosawa, j'aurais tout à fait pu la ressentir comme un défaut dans un autre film (tiens j'ai vu La Canonnière du Yang-Tse hier, et ça m'est apparu comme un gros défaut).
Je n'arrive pas à savoir pourquoi des fois je trouve que c'est un plus (c'était aussi le cas dans Chien Enragé) et d'autre fois un défaut.
Chez Kurosawa, cette lenteur correspond à une pédagogie. Kurosawa est un cinéaste d'idée où l'idée est portée par une intrigue et une mise en scène très expressive. Cela se ressent beaucoup dans Les Salauds dorment en paix qui fait figure de démonstration. Kurosawa veut montrer la corruption d'un certain capitalisme industriel du Japon des années 60 et pour ce faire, démontre. Chaque étape du film correspond à l'étape d'une pédagogie. Rien n'est gratuit dans l'agencement des séquences, tout est rouage. Personnellement, je trouve de ce point de vue là Les Salauds dorment en paix un peu trop dirigiste et démonstratif. Dans Chien Enragé, que je trouve plus puissant car plus libre en apparence, la lenteur relative due au point de vue néoréaliste s'inscrit également dans un schème pédagogique : démontrer documentairement la misère et la désorientation du Japon de l'après-guerre.
Dans un film comme La Cannonière du Yang-Tse, il n'y a pas ce genre de pédagogie de maitre d'école, il y a des péripéties. Peut-être es-tu plus sensible à la pédagogie d'un Kurosawa et moins réceptif à un enchainement de péripéties qui ne s'intègrent pas dans les mailles d'une démonstration et qui du coup te paraissent rattachées au tronc du récit de manière trop lâche.
Strum a écrit :
Dans un film comme La Cannonière du Yang-Tse, il n'y a pas ce genre de pédagogie de maitre d'école, il y a des péripéties. Peut-être es-tu plus sensible à la pédagogie d'un Kurosawa et moins réceptif à un enchainement de péripéties qui ne s'intègrent pas dans les mailles d'une démonstration et qui du coup te paraissent rattachées au tronc du récit de manière trop lâche.
Ça me parait effectivement correspondre à mon ressenti, je n'aurais pas eu le recul nécessaire à cette analyse, mais il y a effectivement cette notion de rouage indispensable à la démonstration dans chaque séquence chez Kurosawa à laquelle je suis très sensible.
Les rouages dans Les salauds dorment en paix sont aussi liés à la position des protagonistes, qui souffrent en silence et dans l'ombre. Malgré les révoltes individuelles, l'action semble toujours subie, sans pouvoir apporter sérénité et rédemption. Le film est largement pessimiste dans sa tonalité démonstrative, et je trouve que cela lui donne une ampleur et une intensité particulières. En tout cas, il ne souffre pas de la comparaison avec L'ange ivre, Chien enragé, et Entre le ciel et l'enfer pour ma part.
Petite publicité pour une revue internet, avec un dossier cinéma japonais : réception du cinéaste Akira Kurosawa en Occident, interview de Toshio Matsumoto, et du critique et historien du cinéma japonais, Mathieu Capel.