Jean Renoir (1894-1979)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Federico
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Federico »

DavidDunn a écrit :
Cathy a écrit :French Cancan (1954)
Je rejoins ton avis Cathy: Magnifique film que j'ai découvert pour ma part subjugué par sa beauté avec le transfert qui va avec..
Etonnante surprise car j'ai pris les 2 Gaumont "french cancan" et "la beauté du diable" et j'etais persuadé de préferer ce dernier alors qu'il s'est produit l'inverse :) Cela dit deux beaux films dans deux beaux ecrins et moi qui ai de grosses lacunes en cinéma naphta français , je me régale !
L'extrême qualité de la photo couleur dans French Cancan a été l'objet de plusieurs échanges sur le blog de Bertrand Tavernier.
http://www.tavernier.blog.sacd.fr/quelq ... -films-us/
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Commissaire Juve
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Commissaire Juve »

Ben moi, je vais faire mon scrogneugneu... Ce film, je le trouve un peu tarte (du reste, je n'avais pas éprouvé le besoin de l'acheter -- et j'avais bien fait -- lorsqu'il était sorti chez René Chateau). On l'a regardé en famille. Ma mère -- qui l'avait vu à sa sortie (elle était gamine) -- a trouvé également que ça avait bien mal vieilli.

Quant aux couleurs : il est clair que c'est autre chose que Le rouge et le noir (Je rejoins la critique de Bertrand Tavernier), mais, dans bien des cas, j'ai trouvé ça "criard". A un moment, j'ai même enlevé les couleurs, pour voir, et on s'est tous dit : "Hé, c'est pas mal ! c'est presque mieux !" :lol:

Bon, il n'y a pas mort d'homme, hein ! Cela nous arrive à tous de passer à côté de films qui font l'unanimité. :wink:
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit : mais, dans bien des cas, j'ai trouvé ça "criard". A un moment, j'ai même enlevé les couleurs, pour voir, et on s'est tous dit : "Hé, c'est pas mal ! c'est presque mieux !" :lol:
Sacrilège !
Tiens ça me rappelle un certain ressenti envers les couleurs de Péché Mortel avec Gene Tierney :twisted: Ce commissaire est fou ! :mrgreen:
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Commissaire Juve »

Nan nan nan... le commissaire aime les expériences. :mrgreen:

Quand j'y repense : j'ai toujours visionné les laserdiscs de "le ciel peut attendre" et "Péché mortel" en ayant enlevé les couleurs (ça me rappelait sans doute le temps où nous avions une télé noir & blanc). :uhuh:
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit : Quand j'y repense : j'ai toujours visionné les laserdiscs de "le ciel peut attendre" et "Péché mortel" en ayant enlevé les couleurs (ça me rappelait sans doute le temps où nous avions une télé noir & blanc). :uhuh:
Ce serait presque un motif de bannissement ; je vais en référer à mes supérieurs.
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par jacques 2 »

Jeremy Fox a écrit :
Commissaire Juve a écrit : mais, dans bien des cas, j'ai trouvé ça "criard". A un moment, j'ai même enlevé les couleurs, pour voir, et on s'est tous dit : "Hé, c'est pas mal ! c'est presque mieux !" :lol:
Sacrilège !
Tiens ça me rappelle un certain ressenti envers les couleurs de Péché Mortel avec Gene Tierney :twisted: Ce commissaire est fou ! :mrgreen:
+ 1 (mais il est cultivé et très gentil ce qui équilibre la balance ...) :lol:
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Strum »

Jeremy Fox a écrit :
Commissaire Juve a écrit : Quand j'y repense : j'ai toujours visionné les laserdiscs de "le ciel peut attendre" et "Péché mortel" en ayant enlevé les couleurs (ça me rappelait sans doute le temps où nous avions une télé noir & blanc). :uhuh:
Ce serait presque un motif de bannissement ; je vais en référer à mes supérieurs.
Mais, mais, si nous le bannissons, nous ne pourrons plus lui dire à loisir à quel point il a tort. :mrgreen: Parce que, quand même, voir Le Ciel peut attendre en N&B... tss...tss...
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par jacques 2 »

Strum a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Ce serait presque un motif de bannissement ; je vais en référer à mes supérieurs.
Mais, mais, si nous le bannissons, nous ne pourrons plus lui dire à loisir à quel point il a tort. :mrgreen: Parce que, quand même, voir Le Ciel peut attendre en N&B... tss...tss...
Mais il le sait pertinemment bien qu'il a tort : il s'en fout, il cultive son individualité ... :roll: :lol:
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Commissaire Juve »

Bande de fadas ! :mrgreen: (qui a dit : "C'est l'hôpital qui se moque de la Charité ?")
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Bugsy Siegel »

Commissaire Juve a écrit :Nan nan nan... le commissaire aime les expériences. :mrgreen:

Quand j'y repense : j'ai toujours visionné les laserdiscs de "le ciel peut attendre" et "Péché mortel" en ayant enlevé les couleurs (ça me rappelait sans doute le temps où nous avions une télé noir & blanc). :uhuh:
J'ai raconté cette anecdote par ailleurs, mais quand j'étais petit nous avions une télé en noir & blanc et j'aimais tellement certains films que je croyais qu'ils passaient en couleurs.
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par jacques 2 »

Touchante anecdote, il est vrai, mais - si c'était durant l'époque psychédélique - tout cela peut s'expliquer très rationnellement ... :wink: :lol:
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Federico »

Commissaire Juve a écrit : Quand j'y repense : j'ai toujours visionné les laserdiscs de "le ciel peut attendre" et "Péché mortel" en ayant enlevé les couleurs (ça me rappelait sans doute le temps où nous avions une télé noir & blanc). :uhuh:
Gasp ! Je ne vois qu'une explication d'ordre physiologique : le Commissaire a le cœur trop fragile pour soutenir le laser vitrificateur du regard aigue-marine de Gene Tierney, le premier effet spécial 100% naturel de l'histoire du Technicolor. En un sens, je compatis même si voir en noir et blanc le travail de Cronjager et surtout de Shamroy revient à écosser des petits pois avec des gants de boxe debout dans un hamac :D .
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Commissaire Juve »

Arrêtez les mecs, vous critiquez sans savoir :mrgreen: . Vous n'avez même pas essayé !
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par jacques 2 »

Il n'y a pas besoin d'essayer pour savoir que c'est du masochisme pur que de regarder en noir et blanc un film conçu pour la couleur ... :roll:
De la même manière que regarder en colorisé un film conçu pour le noir et blanc : l'absurdité de la démarche est similaire ...

Ceci dit, tu fais ce que tu veux bien évidemment mais de là à nous convaincre du bien fondé d'une telle démarche ... :wink:
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Re: Jean Renoir (1894-1979)

Message par Alligator »

Les bas-fonds (Jean Renoir, 1936) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... fonds.html

_______________

J'avais un souvenir beaucoup plus ému de la dernière fois que je l'avais vu, il y a bien 20 ans de cela ; un ciné-club du vendredi soir sur Antenne 2 ou le cinéma de minuit de FR3?

Jean Renoir est un cinéaste adulé et qui m'échappe encore une fois. Je ne le situe pas, n'arrivant même pas à repérer ses caractéristiques élémentaires, un style, une marque de fabrique, quoi! Quels sont les liens entre ces "bas fonds" et "La grande illusion" par exemple? Ils ne me sautent pas aux yeux. C'est quoi le cinéma de Jean Renoir? Sais pô. Je ne vois rien, je ne sais rien et pourtant mon petit doigt me dit qu'un jour je nagerai là-dedans comme dans une piscine de lait chaud, avec quelques litres d'alcool, histoire de finir de m'enivrer. Je le sens ce cinéma, mais cela ne dépasse pas le bout du nez, ne débouche sur rien d'analysable, de concevable, rien que je ne puisse écrire. Mes sensations restent floues. Je ne sais trop que dire.

Alors l'humanisme? Oui, ma foi, oui, m'enfin, n'est-ce pas une tarte à la crème, une notion qu'on ressort chez tant d'autres réalisateurs? Bien sûr ses personnages sont d'une belle et jouissive truculence. Bien entendu, Renoir les aime, les accompagne, les cajole.

Louis Jouvet en tête s'offre une douce rigolade avec un aristocrate sans le sou, je m'en foutiste et dont le fantasme ultime consiste à dormir dans l'herbe, un petit prince de l'anarchisme, dont le regard perçant s'amuse avec espièglerie des bases agitations de la bête humanité, la vaniteuse et l'intéressée. Un très beau rôle, le plus intrigant et le plus racé du film.

Face à lui, son double, son alter ego, son Yang, opposable parfait, ça colle entre eux à la première poignée de main, pacte naturel et tacite. Jean Gabin en effet est né dans la rue. Sa mâchoire se serre facilement à l'évocation de la bêtise humaine. Sa misanthropie provient des coups qu'il a reçu et de ceux qu'il a été obligé de donner. Il méprise par impulsivité, comme un réflexe de survie. Il aspire à la quiétude, la bourgeoise, celle qu'offre l'assurance d'être aimé et de pouvoir construire une histoire à deux. Un romantique fatigué des bas fonds.

C'est à ce croisement de deux trajectoires, deux vies que Renoir pose sa caméra.

Après, le reste... que ce soit l'adipeux André Gabriello, le couple de Ténardier (Vladimir Sokoloff / Suzy Prim) ou encore l'halluciné Robert Le Vigan décidément abonné aux rôles de barjoteux toxico, toute cette engeance ne bouleverse ni mon petit cœur, ni ma frêle cervelle.

Un peu déçu par le jeu bizarroïde de Junie Astor, très théâtral, un peu figé. Son visage ultra maquillé, sur-dessiné évoque la marionnette ou la poupée de porcelaine, un objet fragile et plutôt inerte, artificielle, par conséquent un être peu attirant finalement.

La réalisation, comme je le disais plus haut en préambule, ne me parle pas vraiment. La caméra se déplace tout doucement. Les zooms ou retraits sont délicats et jamais sur la profondeur. Le travail sur la photographie de Fédote Bourgasoff et Jean Bachelet est beaucoup plus évident pour moi. La composition des cadres est parfois très recherchée, savante, très fine. Forts appréciables soins qui donnent à l'ensemble une vision formelle des plus agréables.

La propreté du dvd Criterion est magnifique bien entendu et assure une délicieuse lecture malgré un film par moments visiblement abimé.

Voyez, je vous avais bien dit : je n'ai pas grand chose à dire et ce n'est pas normal. Je sens bien qu'il y a des livres à écrire sur Renoir et ses films, mais mes yeux restent blancs. Je ne vois rien. Un jour, à force de chercher dans la filmographie de Renoir, je trouverai la clé. Persuadé!
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