Je ne suis absolument pas d'accord avec cela, d'ailleurs je vais rebondir par exemple sur l'hallucinante maîtrise des deux premières séquences du film qui renvoient vraiment à quelque chose que l'on oublie souvent lorsqu'on parle d'art au cinéma. Mais tout d'abord, je vais répondre à ce que tu n'as pas compris, mon cher makaveli. Le personnage de Maréchal va au cachot, parce que lors du spectacle que les prisonniers font, une ville française qui a été prise par les Allemands vient d'être récupérée par les soldats français. Le personnage de Gabin, porté par son patriotisme, décide de le clamer haut et fort, et une Marseillaise s'entame. Lorsqu'il chante avec ferveur l'hymne national, Maréchal se dirige de manière provocante vers les officiers allemands. Hop, ça justifie le cachot !makaveli a écrit :la grande illusion (1937)
j'ai bien aimé le film mais je m'attendais à mieux.je m'explique, déjà je trouve que le film commence brutalement ,puis les scènes s'entrecoupent sans véritable lien,par exemple on en sait pas pourquoi maréchal va au cachot.
4.75/6
Pour revenir sur le commencement du film de Renoir : rien que le début donne la preuve que l'expression écriture cinématographique n'est pas une expression abstraite. En effet, au début du film, nous voyons un disque, émanant la chanson populaire française "Frou-Frou', puis il y a un panoramique sur Jean Gabin fredonnant. Puis nous voyons des gens boire un coup, présentation des personnages principaux et la séquence se termine par un cadre sur une affiche guerrière bien de chez nous. Ellipse. Nous sommes du côté allemand, la séquence commence par une affiche guerrière allemande, on présente les prisonniers français Maréchal et Boïeldieu, escortés par le commandant Rauffenstein, puis les personnages se mettent à table et vient après une chanson victorieuse allemande. Ce début se révèle être donc un véritable chiasme cinématographique. Un chiasme est une figure de style, utilisée souvent en poésie, qui consiste à mettre des rimes dans la position suivante : a-b-b-a. Le a serait la chanson, le b l'affiche. Or dans la construction et le montage narratif, nous avons, pour récapituler, du côté français la musique (le a) puis on termine sur l'affiche (b), puis le côté allemand avec la séquence qui commence sur l'affiche (le b) pour terminer sur une chanson (le a).
En regardant cette figure de style poétique, cela témoigne de la sensibilité artistique de Renoir pour développer un propos d'égalité qu'il veut renforcer dans les relations et les situations entre les personnages.