L'Appât (Bertrand Tavernier - 1995)

[Rick Blaine]

Vu hier. Je n'ai pas trouvé le film daté, simplement parsemé de référence à son époque, mais traitant d'un sujet très actuel. Effectivement, le film est beaucoup plus didactique que beaucoup d'autres Tavernier. Dans le commentaire, il revient beaucoup sur la bêtise et l'absence de pensée des protagonistes, peut-être a-t-il inconsciemment voulut mieux se faire comprendre.
On constate également la part très restreinte donnée au décors, fait inhabituel chez le réalisateur, mais c'est évidemment lié à l'histoire traité, et au fait que, comme il le précise également dans le commentaire, les protagonistes ne voient pas leur environnement et donc le spectateur non plus.

Un film un peu moins bon que les nombreux grands films de son réalisateur, mais malgré tout prenant et extrêmement choquant. Le casting est formidable, du premier au dernier rôle. Tavernier reste à mes yeux le plus grand réalisateur français depuis bien longtemps.

[Jericho]

Afin de sortir de leur quotidien morose, trois jeunes colocataires se mettent en tête de cambrioler des gens riches. Par le biais de la jeune femme du groupe, faisant semblant d'être séduite et servant de "cheval de troie" pour l'occasion. Ce long métrage est une sorte de croisement entre le polar et le film sociétal (pour ne pas dire le gros mot "film d'auteur").
Les comédiens livrent une prestation irréprochable, ce qui est une constante chez Tavernier. Sinon j'ai l'impression que le film a réussi là ou Assassin(s) de Kassovitz a échoué. C'est à dire que c'est beaucoup moins lourd dans le traitement des thématiques.

[Boubakar]

Vraiment une très belle découverte, et la preuve que Bertrand Tavernier n'est jamais là où on l'attend (et la preuve par deux fois qu'il semble mépriser Bernard Tapie), pour le meilleur.

Revu hier, accompagné du commentaire audio de Tavernier et son (ex)épouse, également coscénariste du film. C'est toujours aussi brillant, toujours aussi bien joué, et dans le commentaire, Tavernier souligne l'incrédulité dans laquelle baignent les deux garçons, car ils recopient ce qu'ils voient dans les films policiers US (Scarface en particulier).
C'est un projet qu'il a monté très vite, alors qu'il a repris en main La fille de D'Artagnan sans que ça soit prévu, et tourne ses derniers plans quand il avait déjà démarré Capitaine Conan.
D'ailleurs, la plus belle anecdote viendra de la part d'André De Toth, survenant au second tiers de l'histoire ;

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lors du meurtre du personnage incarné par Richard Berry, on ne voit que Marie Gillain dans la voiture, écoutant de la musique à tue-tête. A ce moment-là, De Toth se sentait "prisonnier" comme elle, dans l'ambiance étouffante recherchée par Tavernier.

Un très grand film, toujours aussi marquant, et d'autant plus d'actualité qu'il en est Warholien.