Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
Il y avait déjà eu une allusion de cette peinture de Mantegna dans Mamma Roma de Pasolini. On la retrouve dans pas mal de film d'ailleurs. C'est un peu devenu cliché je trouve.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
C'est cela oui.
Cliché ou pas, cette citation a ici sa place dans la mesure où elle dépasse la simple référence esthétique en prenant sens dans le cadre de la scène même.
Cliché ou pas, cette citation a ici sa place dans la mesure où elle dépasse la simple référence esthétique en prenant sens dans le cadre de la scène même.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
Tout comme l'utilisation du Lac des cygnes lors de la scène du repas.julien a écrit :Il y avait déjà eu une allusion de cette peinture de Mantegna dans Mamma Roma de Pasolini. On la retrouve dans pas mal de film d'ailleurs. C'est un peu devenu cliché je trouve.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
Je ne vois pas en quoi utiliser la musique d'un ballet russe profane pour illustrer le repas d'une communauté de moines est un cliché... Utiliser la musique d'une Passion, par exemple, aurait été, éventuellement, un cliché. Quant à Mantegna, soit c'est la volonté du réalisateur d'exprimer quelque chose par cette référence (par exemple qu'un moine qui prie devant le cadavre d'un ennemi est fidèle à sa croyance, que les militaires ne comprennent pas), soit c'est le spectateur qui fait, culturellement, la connexion et choisit une interprétation. Si on cherche un cliché dans le film, j'en vois plutôt un quand, de mémoire, un moine (Wilson) regarde le paysage et que la caméra élargit jusqu'à ce que le ciel mange une grande partie de l'écran, un ciel nuageux et gris, genre montée des périls.Spongebob a écrit :Tout comme l'utilisation du Lac des cygnes lors de la scène du repas.julien a écrit :Il y avait déjà eu une allusion de cette peinture de Mantegna dans Mamma Roma de Pasolini. On la retrouve dans pas mal de film d'ailleurs. C'est un peu devenu cliché je trouve.
Sur le Lac des Cygnes, en fait la scène pose une question, me semble-t-il : pourquoi les moines rient-ils puis pleurent ? Représentation du conflit intérieur par la musique et la mise en scène ? Émotion devant un geste (Wilson est surpris quand Lonsdale apporte du vin et cette musique non religieuse) hors règle (la règle, c'est repas avec lecture), au moment où les moines ont décidé de rester et accèdent (je crois que c'est un des sens de la scène) à un approfondissement de leur foi, des larmes représentant en quelque sorte une forme d'extase physique (voir la façon dont ils dégustent le vin et écoutent la musique) et religieuse ? J'y vois ces sens et en plus le sens que le spectateur veut donner à la musique (joie et désespoir), car le spectateur connaît la suite, à la différence des moines pour qui c'est un risque, pas une certitude. Le réalisateur filme une Cène pour les spectateurs, une épiphanie (ou théophanie) pour les moines.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
le lac des cygnes c'est du sacré pour la religion culturelle. Cela dit, je n'ai rien contre l'utilisation de ce genre d'oeuvres musicales au cinéma, par exemple à la fin de ce film (japonais forcément) sur un type qui apprend l'art de photographier les petites culottes des filles à leur insu (Love Exposure)... à la fin, donc, il y a la 7eme symphonie de Beethoven, et ça n'a rien de cliché, c'est même très émouvant.Eusebio Cafarelli a écrit : Je ne vois pas en quoi utiliser la musique d'un ballet russe profane pour illustrer le repas d'une communauté de moines est un cliché...
http://www.dailymotion.com/video/xeqa3s ... shortfilms
c'est pas la fin mais c'est bien.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
Merci !Strum a écrit :J'aime beaucoup ta critique et la manière dont tu analyses le film au travers de sa mise en scène Eusebio.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
Bof. Voilà une phrase toute faite, et qui enterre un peu trop vite l'opposition intéressante qu'Eusebio met en avant entre musiques profane et sacrée. Par ailleurs, Le Lac des Cygnes n'est pas et d'assez loin l'oeuvre la plus connue de Tchaïkovski, ni sa plus belle. Et ça reste un morceau beaucoup moins connue que quantité d'autres morceaux classiques utilisés dans quantités d'autres films parfois considérés comme des chef-d'oeuvres de l'histoire du cinéma (Apocalypse Now, L'Incompris, 2001, etc...). De manière générale, je ne vois pas non plus ce qui interdirait d'utiliser du classique au cinéma ou ce qui en ferait un "cliché" (un mot fourre-tout qui n'a guère de sens pour moi). En l'espèce, ce qui est important dans cette scène de repas, c'est que Le Lac des Cygnes n'est pas utilisée comme musique de film que n'écoutent pas les moines, mais comme musique dans le film : avant que nous l'écoutions, ce sont les moines qui écoutent la musique, et cette musique qui les pénètre permet aux moines de mieux comprendre leurs actes, de condenser en l'espace de quelques minutes toutes leurs pensées contradictoires, qui apparaissent alors sur leurs visages. Toutes les scènes du film où les moines s'interrogent sur leurs raisons de rester sont condensées et résumées dans cette scène. La musique plus encore que le cinéma condense, synthétise, accélère la pensée. Elle est plus rapide que la pensée humaine. Cela permet à Beauvois de calquer sa mise à scène sur le rythme de la musique et donc de l'accélérer. Pour moi, l'usage du Lac des Cygnes est avant tout fonctionnel (l'explication prosaïque est sans doute que le rythme rapide et l'atmosphère contrastée du morceau servait les desseins de metteur en scène de Beauvois), mais dans le bon sens du terme : elle sert aux moines dans le film autant qu'elle sert le film. Et si la scène nous touche, ce n'est pas uniquement grâce à la musique et à la mise en scène, mais par ce que nous voyons sur les visages des moines que la musique leur a révélé.boulgakov a écrit :le lac des cygnes c'est du sacré pour la religion culturelle.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
La critique d'Eusebio Cafarelli est profonde et superbe, mettant le doigt sur la justesse de choix qui ne m'avaient pas nécessairement très convaincu sur le moment (je pense notamment à cette Cène sur fond de Tchaïkovski, qui grâce à l'explication d'Eusebio, prend effectivement une dimension spirituelle intense). Modestement, je dirai que j'ai apprécié ce film de Xavier Beauvois, bien que le premier quart d'heure fût assez difficile. Le style totalement dépouillé, ascétique, déstabilise un peu au début, puis fait sens, même si cette rigidité peut être rebutante. La récurrence mécanique des chants liturgiques m'a également ennuyé, au sens littéral. Si les comédiens portent le film, ce sont surtout les dilemmes moraux et théologiques qui tiraillent les moines que j'ai trouvés intéressants, car ils sont présentés avec humilité, sans aucun pathos, sans prosélytisme, sans manichéisme. Il se dégage de Des hommes et des dieux une sagesse, une paix, un équilibre, qui renvoie autant aux tiraillements monastiques sur la situation même qu'ils vivent, qu'à la plénitude spirituelle à laquelle ils parviennent incidemment. Une œuvre sensible et rigoureuse, qui invite à l'introspection, et qui touche quelque chose de l'ordre de l'universel, sur la mort, sur la vie.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
La dernière réalisation de Xavier Beauvois.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
Wow ! Impressionnant. Quel homme. Quel courage.
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Re: Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois - 2010)
Ouais, je préfère me replonger dans son très beau Des Hommes et des Dieux, plus bel acte citoyen dans son indignation que son geste de déçu.
Mother, I miss you