
L'évocation d'une pension pour jeunes artistes en manque de travail.
Gregory la Cava réalise ici non pas une comédie mais un beau mélodrame (bien que paru dans le coffret que Warner a consacré aux comédies américaines). Certes il y a quelques scènes de comédie amère dans la pension, notamment toutes les relations entre les différentes pensionnaires aux caractères opposés parfois mais que l'envie de faire du théâtre réunit. Le réalisateur aborde aussi un thème cher au cinéma américain, l'évocation du monde du spectacle et ici du théâtre, avec un portrait sans concession des producteurs qui ne songent qu'à additionner leurs conquêtes féminines mais aussi aux jeunes femmes qui sont prêtes à succomber à ceux-ci pour avoir des rôles, même si morale aidant, c'est celle qui lui tient tête qui obtiendra le rôle principal. Ce film permet de dresser le portrait de plusieurs jeunes femmes, celle fragile qui cherche désespérement un rôle, celle plus forte qui décroche des petits rôles de danseuse, celle qui finit par abandonner son rêve pour se marier, il y a aussi la vieille actrice qui n'a plus d'engagement ou encore la fille de riche famille qui cherche à monter sur scène. Bref Gregory la Cava décrit avec finesse ces différentes personnalités, il décrit aussi ce monde cruel. Comment ne pas être sensible au désarroi de Kay, subtilement interprété par Gail Davis, il y a aussi les confrontations succulentes entre les deux fortes personnalités de la pension et qui sont interprétées par Ginger Rogers et Katharine Hepburn. La première montrera ses talents de danseuse aux côtés d'une autre future grande de la comédie musicale Ann Miller, la seconde est un peu too much dans la scène qui précède la première du théâtre. C'est assez curieux de la voir jouer avec trop d'emphase à ce moment-là, alors qu'elle est totalement juste dans le reste du film. Il y a aussi Adolphe Menjou, seul véritable homme du casting en producteur obséquieux. Stage Door est une comédie dramatique subtile, sombre et finalement très émouvante.