California (Michele Lupo)
Il est toujours très intéressant de voir (avec une certaine culpabilité) un genre mourir, victime de sa surproduction, de sa volonté de plaire et non plus de faire et en ce sens, le cinéma de genre italien, s'il est l'un des meilleur au monde (historiquement parlant) il est aussi le plus éclectique et par la même à la fois génial et vulgaire.
Ici nous sommes en 1977, pour les plus sceptiques le genre "western italien" est mort il y a une dizaine d'années avec
Il était une fois dans l'ouest de Leone, mais c'est une facilité et un mépris des quelques bons films qui le suivent que je ne pratiquerai pas. L'année 1976 est marqué dans le genre par la sortie de
Keoma qui se veut être un film testament (et qui l'est) à l'heure où les ersatz de
Trinita on réduit les westerns transalpins en un concours d'humour potache rarement fin souvent ridicule, le film de Castellari revient aux sources et se tire pour le panache une balle dans la tête histoire de ne pas finir sur une note honteuse. Après cela, quelques courageux réalisateurs réutilisèrent le style de
Keoma pour eux aussi inscrire le mot fin (mais sans trop y croire) comme Sergio Martino et son sympathique
Manneja et donc l'invisible Michele Lupo et son
California.
Et bien c'est une très heureuse surprise auquel j'ai eu droit, car
California est loin d'être un film mineur dans le genre et offre même une vision certes plus romantique de la fin du genre que Castellari mais tout aussi noir. Aidé par l'implication de son acteur chouchou (Giuliano Gemma), Lupo met tout ce beau monde dans la boue, le brouillard et la pluie (sans être aussi cynique que Corbucci), il montre la corruption, la violence encrée sur le territoire américain et la fin des mythes westerniens de la famille, de la terre et de la conquête du territoire. Il utilise le thème de
The Searchers de Ford non pour montrer la solitude du chercheur mais la noirceur et la tristesse de ce qui l'entour. Ainsi lorsque Gemma retrouve sa bien aimé, celle-ci est un objet de consommation, elle a été violé on s'en doute de multiples fois à la vue d'un client qui paye le produit sans une once de retenu, car pour Lupo tout y est vendable du moment qu'on y mette le prix.
Le scénario n'est pas un modèle du genre, mais la mise en scène elle, inspiré, suffit à rendre le récit captivant et désenchanté. Oui
California mérite vraiment le coup d'œil pour tout ceux qui ne hurlent pas au blasphème dès qu'il voient un western spaghetti.