Wong Kar Wai
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Re: Wong Kar Wai
"In The Mood..." prend beaucoup plus d'ampleur si on l'associe à "2046" dans lequel intervient à nouveau Chow Mo-Wan. Mais pris à part, c'est une histoire d'amour platonique qui me fait autant vibrer que "Sur la route de Madison". WKW joue beaucoup sur les non-dits mais évite à mon sens la froideur tout en faisant baigner son film dans une rigueur certaine (qui tranche un peu avec la spontanéité plus électrique d'un "Chungking Express" il est vrai). C'est un de ces films qui demandent une certaine attention et qui fait appel, je pense, à nos propres désillusions sentimentales.
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Re: Wong Kar Wai
Tout comme Blue. Et j'ajouterais que c'est un film formellement beaucoup plus complexe et ambitieux qu'il n'y paraît à la première vision (on retient généralement les volutes de fumée et les robes fleuries, la dimension "esthétisante" de manière globale), défiant tout du long la représentation d'une pensée nostalgique et selective en jouant des compositions atypiques, des jeux de focales, d'un montage heurté, elliptique et cyclique (la musique), etc. Un puits de fascination pour les âmes mélancoliques que nous sommes...
EDIT : Je ne parle même pas de 2046, le film-cerveau ultime !
EDIT : Je ne parle même pas de 2046, le film-cerveau ultime !
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Re: Wong Kar Wai
Mon avis ce Week-end! J'attend que In the Mood for Love arrive et le regarderait en même temps que 2046
Vous me conseiller de commencer par lequel??
Vous me conseiller de commencer par lequel??
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Re: Wong Kar Wai
Nos années sauvages.Akrocine a écrit :Mon avis ce Week-end! J'attend que In the Mood for Love arrive et le regarderait en même temps que 2046
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Re: Wong Kar Wai
Je ne sais pas s'il faut enchainer ces deux films : il risque d'y avoir un effet de saturation... Comme chacun joue sur un effet de répétition et sur une temporalité en boucle, qu'en plus les deux films se renvoient l'un à l'autre, je dirais, si tu ne connais pas ce réalisateur, attention au trop-plein.Akrocine a écrit :Mon avis ce Week-end! J'attend que In the Mood for Love arrive et le regarderait en même temps que 2046
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Re: Wong Kar Wai
Justement je ne connait pas ce réalisateur, je vais donc commencer par In the Mood for Love étant donné qu'il a été réalisé avant 2046, je garde le second au chaud pour plus tardcinephage a écrit :Je ne sais pas s'il faut enchainer ces deux films : il risque d'y avoir un effet de saturation... Comme chacun joue sur un effet de répétition et sur une temporalité en boucle, qu'en plus les deux films se renvoient l'un à l'autre, je dirais, si tu ne connais pas ce réalisateur, attention au trop-plein.
Merci!
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Re: Wong Kar Wai
Ca me parait une bonne façon de faire. J'espère que ça te plaira, WKW est un cinéaste "à univers", ses films se ressemblent pas mal les uns aux autres, et son approche très formaliste du cinéma peut déplaire, comme elle peut émerveiller (tu l'auras deviné, je suis un fan de la première heure. J'ai vu tous ses films en salle, à l'exception notable de Nos années sauvages, malheureusement). Il faut moins s'attendre à un récit filé classique, même s'il y a des histoires et des péripéties, qu'à des impressions, des ambiances, des rencontres, des personnages et des situations. Ainsi qu'une sacrée dose de nostalgie et d'errance...Akrocine a écrit :Justement je ne connait pas ce réalisateur, je vais donc commencer par In the Mood for Love étant donné qu'il a été réalisé avant 2046, je garde le second au chaud pour plus tardcinephage a écrit :Je ne sais pas s'il faut enchainer ces deux films : il risque d'y avoir un effet de saturation... Comme chacun joue sur un effet de répétition et sur une temporalité en boucle, qu'en plus les deux films se renvoient l'un à l'autre, je dirais, si tu ne connais pas ce réalisateur, attention au trop-plein.
Merci!
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Re: Wong Kar Wai
Voilà, c'est tout à fait ce que j'ai ressenti à l'issue d'In the Mood for Love. Rétrospectivement, malgré toute la lenteur du film, ce sont bien des souvenirs d'impressions, d'ambiances, de rencontres, comme tu le dis si bien, qui me restent en tête comme un parfum profondément entêtant - comme une impression d'émerger délicatement d'un rêve, comment dire... ouaté ? Je deviens même assez enthousiaste à l'idée de lui redonner une seconde chance.cinephage a écrit :Il faut moins s'attendre à un récit filé classique, même s'il y a des histoires et des péripéties, qu'à des impressions, des ambiances, des rencontres, des personnages et des situations. Ainsi qu'une sacrée dose de nostalgie et d'errance...
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Re: Wong Kar Wai
Je te recommande d'en voir d'autres entre-temps... pourquoi pas revenir à la source et suivre le conseil de Nikita ?
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Re: Wong Kar Wai
Je note.Gounou a écrit :Je te recommande d'en voir d'autres entre-temps... pourquoi pas revenir à la source et suivre le conseil de Nikita ?
J'ai commandé, aujourd'hui, Chungking Express, dont les critiques ici sont assez dithyrambiques.
EDIT : Un doute m'assaille... C'était bien à moi que tu parlais ?
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Re: Wong Kar Wai
Demi-Lune a écrit :EDIT : Un doute m'assaille... C'était bien à moi que tu parlais ?
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Re: Wong Kar Wai
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Re: Wong Kar Wai
Magnifique film.Nikita a écrit :Nos années sauvages.Akrocine a écrit :Mon avis ce Week-end! J'attend que In the Mood for Love arrive et le regarderait en même temps que 2046
Vous me conseiller de commencer par lequel??
SInon, je maintiens mon idée sur 2046: pouah!!!
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Re: Wong Kar Wai
In the Mood For Love
Superbe histoire d'amour à la fois complexe et enivrante tout autant que l'actrice principale Maggie Cheung. Une mise en scène remarquable ajouté à une musique qui donne l'impression que les scènes passent au ralentit, j'ai adoré cette ambiance spéciale avec les motifs de plantes, les couleurs et l'éclairage qui m'ont fait pensé à celle utilisé par Hitchcock.
Une première plongé dans l'univers de Wong Kar Wai et je n'ai pas du tout été déçu, vivement que je retourne dans la chambre 2046 qui est déjà présente dans In the Mood for Love
Superbe histoire d'amour à la fois complexe et enivrante tout autant que l'actrice principale Maggie Cheung. Une mise en scène remarquable ajouté à une musique qui donne l'impression que les scènes passent au ralentit, j'ai adoré cette ambiance spéciale avec les motifs de plantes, les couleurs et l'éclairage qui m'ont fait pensé à celle utilisé par Hitchcock.
Une première plongé dans l'univers de Wong Kar Wai et je n'ai pas du tout été déçu, vivement que je retourne dans la chambre 2046 qui est déjà présente dans In the Mood for Love
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Re: Wong Kar Wai
In the Mood for Love (2000)
Hong Kong, 1962. M. Chow, rédacteur en chef d'un journal local et Mme Chan, secrétaire de M. Ho, emménagent avec leurs conjoints, le même jour, dans des appartements voisins, le premier chez M. Koo et la seconde chez Mme Suen. La femme de M. Chow est souvent absente et le mari de Mme Chan est fréquemment parti à l'étranger. Très vite, ils vont comprendre que leurs conjoints respectifs entretiennent une relation amoureuse adultère en secret. Ensemble, M. Chow et Mme Chan vont tenter de saisir les éléments de la rencontre des deux amants et surtout la façon dont est né cet adultère. Mais l'amitié débouche rapidement sur d'autres sentiments.
Dans un de ses plus beaux films, Chungking Express il avait fallu à Wong Kar Wai deux partie distincte pour exprimer ce qu'il ce qu'il parvient merveilleusement à associer dans ce In the Mood For Love. Dans la première c'était le mystère, la mélancolie et la solitude urbaine à travers la rencontre entre Lin Ching Hsia et Takeshi Kaneshiro et pour la seconde partie candide et exaltante entre Faye Wong et Tony Leung Chiu Wai. Ici Wong Kar Wai en fait donc un tout cohérent auquel on peut ajouter la dimension nostalgique de Nos Années Sauvages.
Sous sa liberté et sa fougue manifeste, Chungking Express est un film tout aussi maitrisé et stylisé que In the Mood for love même si ce dernier apparaît plus ouvertement comme l'apogée visuelle d'un Wong Kar Wai qui saura apporter un tour plus maladif à son imagerie dans 2046 avant de sombrer dans sa propre caricature édulcorée avec My Blueberry Nights. Wong Kar Wai capture donc par son sens de l'atmosphère ici la solitude des personnages. La vie de couple morne de Mme Chan (Maggie Cheung) se devine ainsi par l'absence du mari, visuelle tout d'abord avec sa seule voix lors des échanges avec son épouse pour signifier son existence. La femme de M Chow (Tony Leung) est-elle réduite à l'état de silhouette indistincte et de conversation téléphoniques fantomatique avant de totalement disparaître du récit à son tour. Wong Kar Wai procède ainsi par des motifs répétitifs pour signaler l'esseulement des héros, les heures supplémentaires de Tony Leung dans un bureau désert, les multiples sorties nocturne de Maggie Cheung pour acheter son repas et s'échapper un temps de cet appartement où elle étouffe. Les deux se croisant de plus souvent dans leurs pérégrinations, chaque frôlement, regard, se voit imperceptiblement chargé d'un sens plus fort. Le réalisateur évite toute lassitude dans ces répétitions en y insérant de brefs moments bouleversant telle cette scène où Maggie Cheung en quête d'une présence va faire la conversation à une voisine sans prévenir tandis que l'on lit toute la détresse dans son regard.
Lorsqu'arrive la fameuse révélation du double adultère, l'histoire d'amour peut naître. Là encore pour comparer avec l'autre grand récit romantique du réalisateur Chungking Express tout est opposé. L'un est moderne, percutant et juvénile tandis que In the Mood For love semble plus figé et codifié, faussement froid. Cette sur stylisation dans les postures très étudiées du couple (où même la manière de fumer une cigarette et souffler sa fumée est chargée de sens), dans le mime sur lequel repose leur rapport (reproduire des éléments du rapprochement qui a provoqué la liaison de leur conjoint) est un reflet de l'époque très différente où se déroule In the Mood For Love, le Hong Kong du début des années 50. Le fétichisme de Wong Kar Wai tient autant de la nostalgie que du fait d'enfermer les personnages dans le rôle que leur donne cette société. Maggie Cheung au sommet de son aura glamour dans ses longues robes fendues à fleurs n'est qu'une prisonnière des apparences tout comme Tony Leung gominé et tiré à quatre épingles, les deux n'osant jamais le rapprochement physique manifeste attendu. C'est sur cette retenue que repose finalement la force de cette histoire d'amour et Wong Kar Wai après avoir longtemps tâtonné lors du tournage à rallonge l'a bien compris en coupant au montage la vraie scène d'amour où les héros couchaient ensemble dans la fameuse chambre d'hôtel 2046.
Wong Kar Wai rend certainement le plus bel hommage qui soit au Brève Rencontre de David Lean qu'il s'approprie en y ajoutant une dimension supplémentaire par cette façon qu'on les personnages de répéter les situations passées et fantasmée de leur conjoint adultère pour se guérir de leur blessures. On sent le basculement opéré dans la dernière partie (et l'amour qui unit désormais les personnages) lorsqu'ils répètent cette fois leur propre séparation future et prolonge ainsi ce sentiment d'attente. Maggie Cheung, poupée de porcelaine prête à se briser à tout moment est magnifique d'émotion rentrée (la fameuse scène de fausse séparation où elle craque...) et Tony Leung Chiu Wai rayonne encore par sa présence magnétique et fragile. Le long épilogue fait d'espoir, de renoncement et de regret est d'une grande poésie. Un des plus beaux films de son auteur dont on attend qu'il retrouve à nouveau de tels sommets. 6/6
Hong Kong, 1962. M. Chow, rédacteur en chef d'un journal local et Mme Chan, secrétaire de M. Ho, emménagent avec leurs conjoints, le même jour, dans des appartements voisins, le premier chez M. Koo et la seconde chez Mme Suen. La femme de M. Chow est souvent absente et le mari de Mme Chan est fréquemment parti à l'étranger. Très vite, ils vont comprendre que leurs conjoints respectifs entretiennent une relation amoureuse adultère en secret. Ensemble, M. Chow et Mme Chan vont tenter de saisir les éléments de la rencontre des deux amants et surtout la façon dont est né cet adultère. Mais l'amitié débouche rapidement sur d'autres sentiments.
Dans un de ses plus beaux films, Chungking Express il avait fallu à Wong Kar Wai deux partie distincte pour exprimer ce qu'il ce qu'il parvient merveilleusement à associer dans ce In the Mood For Love. Dans la première c'était le mystère, la mélancolie et la solitude urbaine à travers la rencontre entre Lin Ching Hsia et Takeshi Kaneshiro et pour la seconde partie candide et exaltante entre Faye Wong et Tony Leung Chiu Wai. Ici Wong Kar Wai en fait donc un tout cohérent auquel on peut ajouter la dimension nostalgique de Nos Années Sauvages.
Sous sa liberté et sa fougue manifeste, Chungking Express est un film tout aussi maitrisé et stylisé que In the Mood for love même si ce dernier apparaît plus ouvertement comme l'apogée visuelle d'un Wong Kar Wai qui saura apporter un tour plus maladif à son imagerie dans 2046 avant de sombrer dans sa propre caricature édulcorée avec My Blueberry Nights. Wong Kar Wai capture donc par son sens de l'atmosphère ici la solitude des personnages. La vie de couple morne de Mme Chan (Maggie Cheung) se devine ainsi par l'absence du mari, visuelle tout d'abord avec sa seule voix lors des échanges avec son épouse pour signifier son existence. La femme de M Chow (Tony Leung) est-elle réduite à l'état de silhouette indistincte et de conversation téléphoniques fantomatique avant de totalement disparaître du récit à son tour. Wong Kar Wai procède ainsi par des motifs répétitifs pour signaler l'esseulement des héros, les heures supplémentaires de Tony Leung dans un bureau désert, les multiples sorties nocturne de Maggie Cheung pour acheter son repas et s'échapper un temps de cet appartement où elle étouffe. Les deux se croisant de plus souvent dans leurs pérégrinations, chaque frôlement, regard, se voit imperceptiblement chargé d'un sens plus fort. Le réalisateur évite toute lassitude dans ces répétitions en y insérant de brefs moments bouleversant telle cette scène où Maggie Cheung en quête d'une présence va faire la conversation à une voisine sans prévenir tandis que l'on lit toute la détresse dans son regard.
Lorsqu'arrive la fameuse révélation du double adultère, l'histoire d'amour peut naître. Là encore pour comparer avec l'autre grand récit romantique du réalisateur Chungking Express tout est opposé. L'un est moderne, percutant et juvénile tandis que In the Mood For love semble plus figé et codifié, faussement froid. Cette sur stylisation dans les postures très étudiées du couple (où même la manière de fumer une cigarette et souffler sa fumée est chargée de sens), dans le mime sur lequel repose leur rapport (reproduire des éléments du rapprochement qui a provoqué la liaison de leur conjoint) est un reflet de l'époque très différente où se déroule In the Mood For Love, le Hong Kong du début des années 50. Le fétichisme de Wong Kar Wai tient autant de la nostalgie que du fait d'enfermer les personnages dans le rôle que leur donne cette société. Maggie Cheung au sommet de son aura glamour dans ses longues robes fendues à fleurs n'est qu'une prisonnière des apparences tout comme Tony Leung gominé et tiré à quatre épingles, les deux n'osant jamais le rapprochement physique manifeste attendu. C'est sur cette retenue que repose finalement la force de cette histoire d'amour et Wong Kar Wai après avoir longtemps tâtonné lors du tournage à rallonge l'a bien compris en coupant au montage la vraie scène d'amour où les héros couchaient ensemble dans la fameuse chambre d'hôtel 2046.
Wong Kar Wai rend certainement le plus bel hommage qui soit au Brève Rencontre de David Lean qu'il s'approprie en y ajoutant une dimension supplémentaire par cette façon qu'on les personnages de répéter les situations passées et fantasmée de leur conjoint adultère pour se guérir de leur blessures. On sent le basculement opéré dans la dernière partie (et l'amour qui unit désormais les personnages) lorsqu'ils répètent cette fois leur propre séparation future et prolonge ainsi ce sentiment d'attente. Maggie Cheung, poupée de porcelaine prête à se briser à tout moment est magnifique d'émotion rentrée (la fameuse scène de fausse séparation où elle craque...) et Tony Leung Chiu Wai rayonne encore par sa présence magnétique et fragile. Le long épilogue fait d'espoir, de renoncement et de regret est d'une grande poésie. Un des plus beaux films de son auteur dont on attend qu'il retrouve à nouveau de tels sommets. 6/6