Robert Parrish (1916-1995)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Saddle the wind (Libre comme le vent), 1958

Un western vraiment intéressant dans sa façon de mêler les grands thèmes de l'Ouest à un drame plutot intimiste, entre deux frères. Bien qu'excellent, j'ai trouvé Cassavettes un peu trop âgé pour ce rôle de jeune chien fou. Tout le monde autour de lui s'obstine à le traiter de gamin alors qu'il affiche quand même une certaine maturité de visage et de corps. L'alchimie du couple qu'il forme avec Robert Taylor aurait sans doute pu mieux fonctionner. Par son talent Julie London parvient heureusement à donner une belle présence à un personnage à la limite du mobilier (très belle scène chantée). Le film est également parfois un peu plombé par des inserts pas très finauds de gros plans manifestement tournés en studio.

Parrish dépeint finalement un monde qui est en train de perdre ses rêves de grandeur. La guerre de Sécession n'a créé que des rancoeurs, la conquête de l'Ouest s'achève dans la désillusion, les migrants sont persécutés, les prairies ouvertes à l'élevage vont devoir accepter l'arrivée du fil de fer barbelé, les brigands d'autrefois et leur code d'honneur appartiennent au passé. N'acceptant pas cette évolution, le jeune Cassavettes sombre dans la violence gratuite, substitue la vanité à l'héroïsme. Les grands espaces reprendront tout de même un temps leur place, lors du douloureux final situé dans un magnifique champ de lavande. Dommage que la conclusion (imposée ?) fasse sonner une fausse note de happy ending.

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Et pour répondre à une question posée plus haut, Parrish a effectivement donné une suite à J'ai grandi à Hollywood son autobio, apparemment seulement disponible en VO : Hollywood doesn't live here anymore.
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Max Schreck a écrit :Et pour répondre à une question posée plus haut, Parrish a effectivement donné une suite à J'ai grandi à Hollywood son autobio, apparemment seulement disponible en VO : Hollywood doesn't live here anymore.
Ayant lu les deux volumes, j'ai trouvé que le volume deux (Hollywood doesn't live here anymore) était très décevant par rapport au premier (Growing up in Hollywood) qui est formidable. Il semble à cours d'inspiration...
Fatalitas
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Re: Robert Parrish

Message par Fatalitas »

diffusion en novembre, dans l'integrale Dick Powell, de L'Implacable (Cry danger). Ce film a, parait-il tres bonne reputation (Tavernier notamment).
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franzgehl
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Re: Robert Parrish

Message par franzgehl »

Fatalitas a écrit :diffusion en novembre, dans l'integrale Dick Powell, de L'Implacable (Cry danger). Ce film a, parait-il tres bonne reputation (Tavernier notamment).
Pas mal du tout Cry danger, en prime avec l'excellent William Conrad. Sinon Les brutes dans la ville dans la ville m'avait fait bonne impression il y a quelques annees.
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Re: robert parrish.

Message par Wagner »

Une personne dispose-t-elle de certitudes sur le format de The purple plain? Dvd 1.85 sur amazon.com, 1.37 sur imdb, sur le dvd lui-même annonce avant le film d'un recadrage pour correspondre à l'écran.
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Jeremy Fox
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Re: robert parrish.

Message par Jeremy Fox »

Wagner a écrit :Une personne dispose-t-elle de certitudes sur le format de The purple plain? Dvd 1.85 sur amazon.com, 1.37 sur imdb, sur le dvd lui-même annonce avant le film d'un recadrage pour correspondre à l'écran.
Voici ce qu'en pense DVDsavant
MGM has presented the film full frame, which is probably a good call. Although the main titles appear to be composed for 1:66, a 1:78 crop-off is too much. Released in 1954 and shot by an English crew, it could easily have been planned as a 1:37 release
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Wagner »

Merci pour cette recherche plus efficace que la mienne :mrgreen:

J'ai vu seulement la première heure du film, et certains cadrages présentaient un aspect quelque peu "étriqué" en 1.37.
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Wagner »

Une autre info dans la chronique sur une sortie attendue qui ne vient pas, celle de The Big country, "another film kept from DVD by music rights problems". Tant pis pour les fans.
Dernière modification par Wagner le 12 mars 09, 09:24, modifié 1 fois.
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Jeremy Fox »

Wagner a écrit :En lisant une chronique sur dvdtalk, une info sur une sortie attendue qui ne vient pas, celle de The Big country, "another film kept from DVD by music rights problems".
The Wonderful Country, l'un des films que j'attends le plus moi aussi (pour au moins que Mme Fox arrête de me poser la question toute les semaines de savoir s'il est enfin prévu) :mrgreen:

Il est déjà sorti en Espagne, toi qui peut regarder un film sans sous titres :idea:
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Wagner »

Jeremy Fox a écrit : Il est déjà sorti en Espagne, toi qui peut regarder un film sans sous titres :idea:
Pas vraiment, j'ai une mauvaise oreille qui ne s'améliorera a priori plus, j'ai au moins besoin de sous-titres anglais, je viens encore de m'en rendre compte avec Wolf Creek :?
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Jeremy Fox
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Jeremy Fox »

Wagner a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Il est déjà sorti en Espagne, toi qui peut regarder un film sans sous titres :idea:
Pas vraiment, j'ai une mauvaise oreille qui ne s'améliorera a priori plus, j'ai au moins besoin de sous-titres anglais, je viens encore de m'en rendre compte avec Wolf Creek :?
Ah désolé :|

Ils n'indiquent malheureusement pas les sous titres

http://www.dvdgo.com/product~catgid~45~ ... ountry.htm
Nestor Almendros
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Nestor Almendros »

LIBRE COMME LE VENT (SADDLE IN THE WIND) - 1958

Je poursuis le coffret WESTERN CLASSIC COLLECTION (z1) avec un film plus complexe qu’il n’y parait et qui semble adopter, derrière les codes du genre, des réminiscences de tragédie grecque (déchirement entre frères, personnage qui se perd) par une intrigue resserrée autour de quelques personnages et qui garde comme ligne directrice des tourments familiaux et moraux.

SPOILERS

LIBRE COMME LE VENT utilise beaucoup d'ingrédients classiques du genre: conflit de personnages unis au départ, bandit menaçant, violence qui envahit une vallée tranquille, etc. L'un des atouts majeurs du scénario est de contourner quasi-systématiquement ces figures "imposées". Dommage que le scénario perde un peu de son énergie dans sa dernière partie, notamment à cause de la confrontation un peu redondante entre les deux frères. Mais l'ensemble garde un intérêt certain. On est, par exemple, surpris dès la première scène (avec un excellent Charles McGraw) de la sécheresse du ton et de la profondeur apparente des personnages. Larry Venables, le tueur assoiffé de vengeance, semble moins bestial que son rôle ne le laisse penser. Il essaye d’esquiver les attaques frontales de Tony, personnage assez prévisible (comme tout jeune chien fou dans un western, Tony n'a pas, par exemple, une très longue espérance de vie). Mais le duel tourne soudainement à la surprise, provoquant un dénouement inattendu, relançant l'intrigue et donnant un sursis supplémentaire à ce personnage de frère « déséquilibré ». Le film se terminera également sur une note surprenante pendant le duel final.

SADDLE IN THE WIND s’attache à la relation fraternelle et aux conflits de tempérament. Steve Sinclair (Robert Taylor) est le grand frère, le modèle. Il a l'expérience de celui qui a vécu et la sagesse de celui qui a eu le courage de regarder sa vie en face et de faire les bons choix, reniant la violence de son passé. Ancien hors la loi, Steve Sinclair est un être en pleine rédemption, ayant choisi de repartir à zéro sur des bases saines.
Tony (John Cassavetes) est l'enfant élevé dans l'adoration du frère et de son maniement de la gâchette. Lorsque Steve se range, Tony voit là l'occasion de l'égaler, d'inverser les rôles, de devenir à son tour le protecteur. Mais ce sentiment de puissance va l'envahir démesurément, devenant un défaut. Derrière un tempérament exalté de jeune chien fou se profile un ego en puissance (la photographie prise en ville) et un besoin évident de reconnaissance qui ne peuvent s’exprimer qu'à l’occasion de manifestations de violence. Tony n'a pas encore trouvé sa place, toujours relégué au rang de petit frère, souffrant d’un complexe d’infériorité. Il se satisfait donc des moments où il vole la vedette à son frère, où il ressent de l'importance dans le regard des autres. Malheureusement, il choisit mal ceux qui l'observent puisque ce sont essentiellement des camarades de bar à la jugeotte limitée.

Il se dégage de LIBRE COMME LE VENT une sorte d'amertume palpable qu'on sent peser sur les personnages et les situations, comme avec Steve, le héros tranquille à qui la vie a offert une seconde chance et qui souffre de cette fratrie qui se déchire sous ses yeux. Joan Blake (Julie London), la promise de Tony, évolue aussi dans ce registre: c'est une femme qui n'a pas encore trouvé sa place, qui a été déconsidérée par le passé (c'est la première fois, qu'on l'appelle "Mademoiselle"), qui a probablement dû se prostituer pour survivre. Elle aussi connait la dureté de la vie, ce qu'on ressent par son jeu retenu (comme avec beaucoup de personnages du film). Mais c'est quelqu'un qui est tourné vers l'avenir, qui est dans l'espoir.

On note également un sentiment désabusé concernant l'Amérique. Max Schreck parle judicieusement d'un monde en perte de rêves, j'ajouterai que c'est un mode de vie en pleine mutation, d'abord chamboulé par une guerre civile qui a divisé la population et provoqué des rancoeurs encore vives. On évoque même la place de l'homme et de la propriété dans un pays désormais tourné vers le commerce et l'élevage intensifs. L'époque de la conquête de l'Ouest, avec ses utopies, est désormais remplacée par l'envie démesurée de profit, laissant de côté les aspirations individuelles et les hommes. C'est assez habilement rendu dans le film avec l'arrivée du campement de nordistes exilés et de cet héritier qui doit se battre pour obtenir des terres confisquées au nom de l'élevage (bannissement des barbelés).
En même temps il se dégage du film une sorte de sagesse, de volonté de plénitude face aux mauvaises surprises que réserve la vie. C'est notamment ce qu'incarne Deneen (Donald Crisp). Il fait partie de ces figures que se réapproprie le film, celle du maitre de la vallée qui contrôle tout. Habituellement associé à l'idée d'abus de pouvoir et de violence, il est ici presque comme un guide spirituel, parlant comme un homme d'église. C'est un patriarche bon et réfléchi, s'appliquant à maintenir une paix juste dans sa vallée. C'est une figure paternelle pour toute la population et en particulier pour Steve.

Adapté par Rod Serling (créateur de la série LA QUATRIEME DIMENSION), LIBRE COMME LE VENT bénéficie de très bons dialogues. C’est en tout cas une très bonne surprise. La découverte de ce coffret.

Le master est très bon, propre, belles couleurs, bonne définition. Aucun bonus.
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Boubakar
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Boubakar »

Nestor Almendros a écrit :LIBRE COMME LE VENT (SADDLE IN THE WIND) - 1958

Je poursuis le coffret WESTERN CLASSIC COLLECTION (z1) avec un film plus complexe qu’il n’y parait et qui semble adopter, derrière les codes du genre, des réminiscences de tragédie grecque (déchirement entre frères, personnage qui se perd) par une intrigue resserrée autour de quelques personnages et qui garde comme ligne directrice des tourments familiaux et moraux.
Pas mieux, j'y vois dans ce film un des derniers westerns dits "classiques", où l'histoire se complexifie plus qu'il n'y parait. On y trouve de la tragédie grecque dans le trio principal. Et si la mise en scène est assez plate, la photo y est absolument superbe, mettant bien en exergue les paysages montagneux qui entourent les personnages, à l'image de leur histoire.
Décidément, ce coffret Western édité par Warner recèle de bonnes pépites. Pourvu que ça dure. :)
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Jeremy Fox
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Jeremy Fox »

Boubakar a écrit :Décidément, ce coffret Western édité par Warner recèle de bonnes pépites. Pourvu que ça dure. :)
Il te reste encore le meilleur et le pire. Mais je ne t'influencerai pas en te disant lesquels le sont pour moi :wink:
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Re: Robert Parrish (1916-1995)

Message par Boubakar »

Jeremy Fox a écrit :
Boubakar a écrit :Décidément, ce coffret Western édité par Warner recèle de bonnes pépites. Pourvu que ça dure. :)
Il te reste encore le meilleur et le pire. Mais je ne t'influencerai pas en te disant lesquels le sont pour moi :wink:
Le "pire" ne serait pas Many rivers to cross ? (que je n'ai vraiment pas trouvé terrible)
Après ça, il me reste Cimarron et The stalking moon à voir.
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