cinephage a écrit :Heu... Quand même, là, je ne souscrit à rien de ce qui a été dit récemment : au delà de son extraordinaire beauté formelle, je trouve que Barry Lyndon résonne d'une profonde émotion. L'arrivisme de Lyndon ne se fait pas sans renoncement (j'aurais d'ailleurs tendance à penser que c'est un thème très Kubrickien, que celui de personnages qui doivent perdre une partie de leur âme pour parvenir à ce l'objectif qu'ils s'étaient fixé, entre Lolita et Full Metal Jacket, en passant par les singes de 2001, la "réussite" a toujours un prix en pesée d'âme).
Notamment ici, la séquence du duel m'apparait comme extrêmement troublante sur le plan émotif, et a le mérite de mettre Barry devant ses prises de parti.
Bref, je n'ai pas le temps ici de développer, mais je suis loin de trouver le cinéma de Kubrick aussi "froid" qu'on a tendance à l'affirmer.
Ton message m'avait échappé. J'y souscris entièrement. Quand j'ai découvert la filmographie de Kubrick il y a quelques années, je trouvais justement que son cinéma, tout virtuose et perfectionniste qu'il était, restait relativement froid, distant. Mais en revoyant ses films, en établissant un lien plus intime avec ces oeuvres, j'ai finalement reconsidéré mon sentiment : l'émotion est tout à fait présente dans les films de Kubrick, mais elle n'est pas surlignée à renforts de gros sabots. Chez Kubrick, un regard, une attitude, un simple geste, accompagné du morceau de musique parfaitement adéquat, peut être émotionnellement plus chargé et intense que bien des mélos. De la chanteuse des
Sentiers de la gloire au final de
Spartacus, de la peur de mourir de HAL 9000 dans
2001 à la détresse des Lyndon sur le lit de leur enfant agonisant en passant par l'exécution de la Vietnamienne dans
FMJ, les films de Kubrick regorgent à mon sens de moments d'une profonde humanité. C'est une émotion souvent très digne, très retenue, qui peut en effet ressembler à une forme de froideur. La musique nous renseigne ainsi beaucoup sur ce que les personnages ressentent sur l'instant : voir à ce titre l'utilisation de la B.O. de
Barry Lyndon, absolument magistrale. L'humanité - et la perte progressive de cette humanité - a toujours été au centre de l'oeuvre kubrickienne.