Don Siegel (1912-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Nestor Almendros
Déçu
Messages : 25327
Inscription : 12 oct. 04, 00:42
Localisation : dans les archives de Classik

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Nestor Almendros »

CA COMMENCE A VERA CRUZ - THE BIG STEAL (1949)

Vu également via le coffret Films Noirs vol.4 (avec un très bon master) et je confirme: très bonne surprise! Une histoire condensée (1h10), un rythme soutenu, dynamisé par une triple course poursuite simultanée et un mélange des genres effectivement assez jouissif. La comédie romantique associée au film noir (en plein jour, au Mexique) donne un résultat original, jamais ridicule, très "fun". Les dialogues sont très bons et le couple vedette étonne par une sorte de détachement, une décontraction résolument bénéfique. C'est un film très agréable, bien fait. J'en redemande.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
Frank Bannister
The Virgin Swiss Hyde
Messages : 6874
Inscription : 22 févr. 04, 18:02

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Frank Bannister »

Est-ce que quelqu'un pourrait me dire ce que vaut L'Enfer est pour les héros?
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 102684
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Jeremy Fox »

Frank Bannister a écrit :Est-ce que quelqu'un pourrait me dire ce que vaut L'Enfer est pour les héros?

Je me suis assoupi devant et n'ai pas eu l'envie de poursuivre d'autant que mon épouse, pourtant férue de films de guerre, n'a pas non plus été emballée. Bref, je l'ai revendu illico presto sans être allé jusqu'au bout. :oops:
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3830
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par joe-ernst »

Nestor Almendros a écrit :CA COMMENCE A VERA CRUZ - THE BIG STEAL (1949)

Vu également via le coffret Films Noirs vol.4 (avec un très bon master) et je confirme: très bonne surprise! Une histoire condensée (1h10), un rythme soutenu, dynamisé par une triple course poursuite simultanée et un mélange des genres effectivement assez jouissif. La comédie romantique associée au film noir (en plein jour, au Mexique) donne un résultat original, jamais ridicule, très "fun". Les dialogues sont très bons et le couple vedette étonne par une sorte de détachement, une décontraction résolument bénéfique. C'est un film très agréable, bien fait. J'en redemande.
Je l'ai vu samedi dernier et je suis entièrement d'accord avec Nestor. Moi qui n'apprécie guère d'ordinaire Mitchum, je l'ai trouvé très bon dans ce film. Ce film noir de série B est en effet une très bonne surprise !
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Nestor Almendros
Déçu
Messages : 25327
Inscription : 12 oct. 04, 00:42
Localisation : dans les archives de Classik

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Nestor Almendros »

CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS (1974)

Je m'étonne un peu de l'absence de commentaires sur ce film pourtant diffusé à maintes reprises depuis quelques années sur les chaînes hertziennes. En même temps, c'est loin d'être une oeuvre sensationnelle, l'intérêt étant surtout à trouver dans son cachet 70's et un casting original. Aux côtés d'un Michael Caine imperturbable et solitaire (façon GET CARTER) on croise en effet Donald Pleasance en administrateur rigide d'un groupuscule d'espionnage, ou la charmante Delphine Seyrig (quelle voix! :oops: ) en terroriste conspiratrice et sexy.
L'un des principaux atouts de ce BLACK WINDMILL vient de la mise en scène de Siegel. Même en mode semi-automatique comme ici, le spectateur trouve toujours un certain plaisir à suivre une histoire bien menée, bien racontée, dans ce style fortement documentaire (tournage en équipe légère et décors réels, caméra très mobile) que le réalisateur adoptait déjà dans L'INSPECTEUR HARRY (au passage, CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS met de nouveau en scène un fonctionnaire aux prises avec une administration lente, figée, en qui on ne peut faire entièrement confiance). Allant peut-être de pair avec un scénario un peu chiche, l'inspiration de Don Siegel semble néanmoins un peu évaporée, absente, même pour certaines séquences prometteuses. C'est par exemple le cas pendant la poursuite dans le métro qui laisse une légère impression d'acte manqué.

Plaisant mais oubliable.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Federico »

Nestor Almendros a écrit :CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS (1974)

Je m'étonne un peu de l'absence de commentaires sur ce film pourtant diffusé à maintes reprises depuis quelques années sur les chaînes hertziennes. En même temps, c'est loin d'être une oeuvre sensationnelle, l'intérêt étant surtout à trouver dans son cachet 70's et un casting original. Aux côtés d'un Michael Caine imperturbable et solitaire (façon GET CARTER) on croise en effet Donald Pleasance en administrateur rigide d'un groupuscule d'espionnage, ou la charmante Delphine Seyrig (quelle voix! :oops: ) en terroriste conspiratrice et sexy.
L'un des principaux atouts de ce BLACK WINDMILL vient de la mise en scène de Siegel. Même en mode semi-automatique comme ici, le spectateur trouve toujours un certain plaisir à suivre une histoire bien menée, bien racontée, dans ce style fortement documentaire (tournage en équipe légère et décors réels, caméra très mobile) que le réalisateur adoptait déjà dans L'INSPECTEUR HARRY (au passage, CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS met de nouveau en scène un fonctionnaire aux prises avec une administration lente, figée, en qui on ne peut faire entièrement confiance). Allant peut-être de pair avec un scénario un peu chiche, l'inspiration de Don Siegel semble néanmoins un peu évaporée, absente, même pour certaines séquences prometteuses. C'est par exemple le cas pendant la poursuite dans le métro qui laisse une légère impression d'acte manqué.

Plaisant mais oubliable.
Malgré l'affiche prometteuse (Siegel et Caine, ça avait de la gueule !), la présence toujours indéfinissable, extra-terrienne de Delphine Seyrig et un possible clin d'oeil à la séquence du moulin de Correspondant 17 d'Hitchcock, je me suis ennuyé. J'ai eu constamment la sensation que ce grand réalisateur et une partie de son équipe n'étaient pas super motivés. Ceci dit, Pleasance est - comme souvent - excellent et j'ai bien aimé l'interprétation très fine de Janet Suzman (j'ai mis un temps fou à chercher dans quel film je l'avais également trouvée remarquable avant de me rappeler Meurtre dans un jardin anglais). J'en veux beaucoup à Siegel (ou à la production ?) de n'avoir pas davantage développé le personnage de la bien trop jeune et ravissante épouse du vieux Lord. Comment peut-on avoir la chance et le plaisir de diriger Catherine Schell et ne lui laisser que des miettes ? :roll:

Cette grosse déception me donne très envie de revoir un autre Siegel de la même période, Un espion de trop (je préfère nettement le titre original, Telefon). Un bon petit polar d'espionnage de 1977 où Charles Bronson est un officier du KGB enquêtant sur des agents dormants infiltrés depuis des lustres aux USA et réveillés par un étrange message téléphonique. Pleasance y joue le vilain avec délectation et il y a Lalo Schifrin à la baguette, ça ne mange pas de pain :wink: .

Image
Dernière modification par Federico le 31 oct. 10, 15:22, modifié 1 fois.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Avatar de l’utilisateur
Sybille
Assistant opérateur
Messages : 2164
Inscription : 23 juin 05, 14:06

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Sybille »

Image

The big steal / Ca commence à Vera Cruz
Don Siegel (1949) :

Film de série aux moyens donc limités, "The big steal" est surtout décevant pour son manque d'ambitions ici un peu trop préjudiciable. La longue course-poursuite mexicaine à quatre voitures qui constitue l'enjeu principal du film devient au contraire vite lassante car manquant d'attrait, de péripéties. La réalisation de Siegel est certe énergique, mais l'humour des situations ou des dialogues restent malheureusement toujours plus ou moins ternes. Le couple principal, composé de Robert Mitchum et Jane Greer n'a pas non plus soulevé mon enthousiasme. Car si l'actrice réussit à imposer un certain cachet et pas mal de charme, lui n'est pas vraiment au diapason, dans un type de rôle dont il a pourtant l'habitude.

6/10
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Julien Léonard »

Arf, Ca commence à Vera Cruz, c'est une sucrerie à consommer un soir de coup de cafard ! J'ai beaucoup d'affection pour cette série B bien conçue. Mitchum fait du Mitchum, et il le fait bien ! :wink:
Image
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 102684
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Jeremy Fox »

Julien Léonard a écrit :Arf, Ca commence à Vera Cruz, c'est une sucrerie à consommer un soir de coup de cafard ! J'ai beaucoup d'affection pour cette série B bien conçue. Mitchum fait du Mitchum, et il le fait bien ! :wink:

Je ne m'en lasse pas pour ma part ; l'exemple de la série B qui ne se prend pas une seule seconde au sérieux pour mon plus grand plaisir.
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Julien Léonard »

Jeremy Fox a écrit :
Julien Léonard a écrit :Arf, Ca commence à Vera Cruz, c'est une sucrerie à consommer un soir de coup de cafard ! J'ai beaucoup d'affection pour cette série B bien conçue. Mitchum fait du Mitchum, et il le fait bien ! :wink:

Je ne m'en lasse pas pour ma part ; l'exemple de la série B qui ne se prend pas une seule seconde au sérieux pour mon plus grand plaisir.
C'est vrai que le film est très détendu, toujours dans un registre léger. Et après La griffe du passé (très lourd, très sombre... le prototype même du film noir de chez noir), je trouve que ça le sert bien, c'est un film qui agit comme une petite brise fraîche. :wink:
Image
Léo Pard
Machino
Messages : 1134
Inscription : 29 sept. 10, 18:33

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Léo Pard »

Nestor Almendros a écrit :CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS (1974)

Je m'étonne un peu de l'absence de commentaires sur ce film pourtant diffusé à maintes reprises depuis quelques années sur les chaînes hertziennes. En même temps, c'est loin d'être une oeuvre sensationnelle, l'intérêt étant surtout à trouver dans son cachet 70's et un casting original. Aux côtés d'un Michael Caine imperturbable et solitaire (façon GET CARTER) on croise en effet Donald Pleasance en administrateur rigide d'un groupuscule d'espionnage, ou la charmante Delphine Seyrig (quelle voix! :oops: ) en terroriste conspiratrice et sexy.
L'un des principaux atouts de ce BLACK WINDMILL vient de la mise en scène de Siegel. Même en mode semi-automatique comme ici, le spectateur trouve toujours un certain plaisir à suivre une histoire bien menée, bien racontée, dans ce style fortement documentaire (tournage en équipe légère et décors réels, caméra très mobile) que le réalisateur adoptait déjà dans L'INSPECTEUR HARRY (au passage, CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS met de nouveau en scène un fonctionnaire aux prises avec une administration lente, figée, en qui on ne peut faire entièrement confiance). Allant peut-être de pair avec un scénario un peu chiche, l'inspiration de Don Siegel semble néanmoins un peu évaporée, absente, même pour certaines séquences prometteuses. C'est par exemple le cas pendant la poursuite dans le métro qui laisse une légère impression d'acte manqué.

Plaisant mais oubliable.
Film qui sera rediffusé dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 novembre vers 3h20 sur TF1.
Avatar de l’utilisateur
Père Jules
Quizz à nos dépendances
Messages : 16965
Inscription : 30 mars 09, 20:11
Localisation : Avec mes chats sur l'Atalante

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Père Jules »

Si Invasion of the Body Snatchers reste mon Siegel préféré j'ai tout de même une immense affection pour The Lineup, trop rarement cité. Un petit polar nerveux, porté par un Eli Wallach pour le moins remarquable, à la réalisation tendue comme un slip.

Image

A ma connaissance il n'est disponible qu'en zone 1 au sein du coffret Columbia Films Noir classics vol. 1.
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 19138
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Profondo Rosso »

Tuez Charley Varrick (1973)

Image

Charley Warrick cambriole une banque avec sa femme et un acolyte. Mais il comprend vite que la somme énorme qu'il a dérobé appartient a la mafia qui lance un tueur a ses trousses.

Don Siegel avait amorcé avec Les Tueurs la mutation du film noir vers le polar urbain et hard-boiled, réalisé un classique absolu du genre avec L'Inspecteur Harry et ce Charley Varrick s'affirme comme sa quintessence absolue et jubilatoire. Moins célébré et connu que Dirty Harry dans la filmographie du réalisateur, Charley Varrick en constitue en quelque sorte le film jumeau par les nombreuses similitudes qu'on trouve entre les deux films où la manière dont les différences s'inscrivent dans un parallèle forcément pensé.

A l'opposé de l'enfer urbain et tentaculaire de San Francisco, Charley Varrick s'ouvre une des images rurales ensoleillée et idylliques bientôt interrompue par la frénésie de violence et d'action d'un hold-up. Problème pour le héros incarné par Walter Mathau, le montant du butin s'avère bien plus élevé que prévu, et pour cause, la banque sert clandestinement de transit à l'argent de la mafia. Siegel rythme alors son intrigue policière avec un sens du rythme et une limpidité narrative exemplaire (où se ressent sa formation à la série allant droit au but) entre Charley Varrick tentant par tout les moyens de s'extraire de ce mauvais pas tandis que l'étau se resserre autour de lui, entre la police et la mafia à ses trousses. Tout comme Inspecteur Harry, le film se fait le portrait d'un homme seul face à son environnement hostile et usant de méthode toute personnelle pour y échapper. La bonhomie naturelle de Walter Matthau devant la caméra de Siegel dissimule finalement le calcul et la malice d'un personnage condamné à perdre son identité et humanité pour s'en sortir. La transformation se fait en deux temps, tout d'abord la fameuse scène d'ouverture où son épouse meurt de ses blessures le contraignant à l'abandonner puis lorsqu'il se rend compte que son acolyte (jeune chien fou joué par Andy Robinson, l'inoubliable Scorpio de Dirty Harry) est incontrôlable et qu'il devra procéder sans lui. Les rouages de son plan se mette en marche, mais ça on ne s'en rendra compte que bien plus tard tant Warrick semble faussement dépassé et tant ses adversaires paraissent redoutables. Cette finesse en creux dans la manière de fouiller son personnage tout en s'inscrivant dans le pur film de genre est une des grandes qualités de Siegel qui n'a pa besoin d'appuyer outre mesure pour se faire comprendre.

Parmi eux Joe Don Baker compose un mémorable personnage de tueur. Look texan extravagant, sourire carnassier et manière de brute épaisse c'est paradoxalement le personnage le plus drôle du film même lors de ses pires excès de violence. Joe Don Baker lui confère une allure décontractée et menaçante à la fois ce qui le rend d'autant plus terrifiant. Il n'a guère à envier au duo de The Killers lorsqu'on le voit malmener sans vergogne un vieillard en fauteuil roulant. John Vernon compose une figure de banquier mafieux tout aussi étrange et renforçant l'aura paranoïaque du film par les ramifications qu'il implique et le fait qu'il soit lui même menacé par une entité criminelle nébuleuse qu'on ne connaîtra jamais complètement. En résulte une des scènes les plus étranges du film avec cette échanges en campagnes près d'un pré de vache où il s'imagine bien à leur place vu le sort qui l'attend. L'autre point fort c'est la patine seventies bien sentie du film qui renforce encore le plaisir de visionnage. Le score cool et percutant de Lalo Schiffrin accompagne donc la vision de ses figures féminines en bikini ou en mini short, des situations dont la teneur sexuelle s'amène de la manière la plus naturelle et inattendue qui soit (hilarante séquence entre Joe Don Baker et la photographe qui cède avec le sourire avec avoir reçu une gifle retentissante, l'aventure entre Matthau et Miss Ford...). Le cadre rural permet aussi les rencontres et la traversées de lieux les plus extravagants qui soient tel cette maison close au milieu de nulle part, où l'ironie de Siegel (le paillasson en forme de dollar !) accompagne toujours avec justesse la tension voulue par l'intrigue puisque ces différents décors constituent tous des points d'ancrage de l'omniprésente et invisible mafia.

La mention last of the independant accompagnant le titre effectue définitivement le rapprochement entre un Harry Callahan et Charley Varrick. Tout les deux sont des insoumis face au système (juridique pour Harry, criminel pour Varrick) qui entravent leur avancée et à la force d'action d'Harry, Varrick use lui d'une intelligence redoutable pour perdre tout le monde. La conclusion implacable montre le pallier franchi par Varrick (précédé par une séquence d'action parfaite de sécheresse filmée par Siegel avec une poursuite voiture/avion) dans un vrai/faux happy end (à nouveau similaire à Dirty Harry) où notre héros sa tâche remplie s'éloigne au loin en voiture. Sous la classe indéniable de surface d'un Walter Matthau génial et imperturbable, c'est bien la mélancolie d'un renoncement à son identité qui domine finalement en clou de ce très grand polar. 6/6
Avatar de l’utilisateur
feb
I want to be alone with Garbo
Messages : 8988
Inscription : 4 nov. 10, 07:47
Liste DVD
Localisation : San Galgano

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par feb »

L'homme en fuite (Stranger on the Run) - Don Siegel (1967)
Image

Un vagabond, Ben Chamberlain (Henry Fonda), se retrouve accusé à tort du meurtre d'une serveuse de saloon par Vince McKay (Michael Parks), le shérif d'une toute petite ville desservie uniquement par une ligne de chemin de fer. McKay lui laisse une chance de s'en sortir en le relâchant dans le désert avec un cheval et en lui accordant un peu d'avance avant qu'ils ne se remettent à sa recherche. L'homme poursuivi trouve refuge dans la ferme de Valverda Johnson (Anne Baxter), une veuve dont le fils a intégré la bande du shérif, mais il est retrouvé par ses poursuivants.

Tourné pour la télévision en 1967 par Don Siegel, L'homme en fuite en porte les traces : filmé en 1.33 (alors qu'un tournage en Scope aurait pu parfaitement se prêter au film), éclairage parfois trop important sur les scènes en intérieur, décors de studio pour certains extérieurs nocturnes, décors minimalistes. Mais à part ces détails liés au budget et à sa destination finale, le film de Siegel est un honnête western qui semble annoncer le western crépusculaire où les hommes de loi perdent rapidement la notion du bien et du mal, où l'ancien cowboy est devenu un anti-héros marqué par les malheurs de la vie, par l'alcoolisme, errant au gré des villes à la recherche d'un peu d'argent pour assouvir son envie de boisson et qui s'apparente plus à une mauviette qu'à un sauveur droit dans ses bottes.

Don Siegel s'appuie sur un casting de qualité pour ce Téléfilm haut de gamme : Henry Fonda dans le rôle de cet homme rongé par l'alcool qui se rend dans la ville de Banner pour apporter un message à la soeur d'un ex-compatriote de cellule et qui va se retrouver accusé du meurtre de cette dernière. L'acteur incarne avec beaucoup de sobriété cet homme faible qui n'est plus que l'ombre de lui-même et qui va trouver en la personne de Valverda Johnson une aide pour se sortir de cette impasse. Anne Baxter est cette femme qui va aider et s'attacher à Ben tout en essayant d'empêcher son unique fils de rejoindre les rangs de la bande à McKay et qu'il finisse comme ce dernier, sheriff sans pitié qui utilise une la loi de la compagnie des chemins de fer en lieu et place de la loi officielle. L'actrice, qui entame là une longue série de téléfilms, incarne avec beaucoup d'énergie cette veuve qui élève seule son fils et également avec beaucoup d'élégance et de charme :oops: Du coté des hommes de loi, on retrouve un excellent Dan Duryea, déjà très fatigué, dans le rôle de l'adjoint au shériff McKay, interprété lui par un Michael Parks au jeu sérieux et ambigu. A noter également de bons seconds roles comme Sal Mineo ou Matt Johnson.

Si le film de Siegel souffre de cet aspect téléfilm (certaines scènes ou la musique monte crescendo semble annoncer la page de publicité :mrgreen: , tournage en studios où les projecteurs font un peu trop leur boulot), s'il avait hérité d'un budget un peu plus conséquent pour pouvoir proposer plus de scènes extérieures tournés hors des studios et d'une photo au format Scope pour exploiter ces décors naturels, il n'en est pas moins un agréable western au ton grave et désabusé, aux personnages bien définis, à l'interprétation de qualité (Henry Fonda et Anne Baxter offrent une très bonne prestation) et qui offre des scènes dignes d'un western réalisé pour le cinéma (belle scène de gunfight au pied d'une colline, bel affrontement final avec des gros plans à la "Sergio Leone" sur les visages de ces hommes). Un honnête téléfilm mais auquel il manque des moyens pour pouvoir rivaliser avec un film fait pour le cinéma.

Image
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Julien Léonard »

Très intéressant. :)

Je n'ai que peu de souvenirs de ce téléfilm... Je le reverrais probablement pour le casting. Don Siegel était vraiment un homme à tout faire...
Image
Répondre