Carol Reed (1906-1976)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Roy Neary
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Re: Carol Reed (1906-1976)

Message par Roy Neary »

Aujourd'hui, DVDClassik propose une chronique de TRAPEZE de Carol Reed (couplée à celle de Paris Blues de Martin Ritt). :wink:

:arrow: Trapeze / Paris Blues
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Boubakar
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Re: Notez les films naphtas - Mars 2010

Message par Boubakar »

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Trapèze (Carol Reed, 1956)

Après avoir vu des bribes de ce film, étant enfant, j'ai enfin pu le découvrir avec un certain plaisir. L'histoire est certes convenue, mais ce triangle amoureux reste très plaisant, et avec de beaux numéros de trapèze, avec un Burt Lancaster excellent (et, à la différence de Tony Curtis, c'est vraiment lui qui exécute la plupart de ses cascades, surtout celles à la fin). Gina Lollobrigia est certes accessoire dans l'histoire, apportant une touche d'"exotisme" due à son accent italien, le film se basant avant tout sur le duo Curtis/Lancaster et le côté Show must go on du cirque.
Il y a une scène que j'ai trouvé assez dure, voire touchante, c'est quand le personnage de Lancaster se blesse la main par un lion, et on sent son impuissance face au fauve, tant au niveau de la force que dans son handicap qui l'empêche de s'illustre comme il le souhaite dans l'art du trapèze.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2010

Message par Profondo Rosso »

Notre agent à la Havane de Carol Reed (1959)

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Jim Wormald est un modeste marchand d'aspirateurs. Pour subvenir aux besoins de sa fille, il accepte de devenir un espion à La Havane.

Un remarquable film d'espionnage qui tutoie la verve ironique du classique de Mankiewicz L'Affaire Cicéron. La comparaison avec ce dernier n'est pas fortuite puisque Our Man in Havana se présente tout simplement comme le pendant inversé du film de Mankiewicz. On se souvient que dans L'Affaire Cicéron, James Mason campait un modeste majordome de l'ambassade anglaise en Turquie qui allait s'avérer redoutable agent double en quête de réussite sociale délivrant des informations secrètes à l'ennemi allemand. L'ironie étant que (comme dans la réelle histoire dont le film s'inspirait) que les allemands par pure suspicion n'utilisèrent jamais les informations pourtant véridiques qui leur furent données.

Le film de Carol Reed (qui adaptait là Graham Greene pour la troisième fois après Le Troisième Homme et Première Désillusion) reprend donc ce principe mais en l'inversant totalement dans ses personnages et thématiques. Alec Guiness campe donc ici un modeste marchand d'aspirateur installé à la Havane recruté bien malgré lui pour servir d'espion de liaison à la Havane. Guiness est parfait en monsieur tout le monde maladroit et va rapidement piétiner dans la mission de recrutement d'agent et récolte d'information qui lui est assigné. Contrairement au vénal Diello deCicéron, Guiness n'accepte son rôle que pour subvenir à l'avenir de sa fille (jouée par une ravissante Jo Morrow) et finit par inventer les complots les plus farfelus pour s'assurer les confortables revenus d'agent secrets. L'ironie est des plus mordante sur la paranoïa extrême régnant durant la Guerre Froide puisque toute les histoires de Guiness sont prises avec la plus grande importance dans les hautes sphères (il faut voir cette hilarante séquence où l'Intelligence Services décortique les schéma d'armes secrètes dessiné par Guiness et qui ne sont autre que des aspirateurs géant !) donnant à notre héros un prestige inattendu.

Cette tonalité amusée s'estompe pourtant progressivement lorsque cette crédulité gagne le camp adverse qui cherche désormais à recruter où tuer Guiness. La réalisation de Reed oscille entre la distance de la comédie et la pure tension paranoïaque à coup de cadrage alambiqué (qui rappelle son Troisième Homme) et une description étouffante de La Havane où fut tourné le film peu avant la révolution. Avec le recul cette atmosphère de poudrière se ressent et contribue à la menace latente, d'autant que Ernie Kovacs est parfait de charme menaçant en Capitaine de police adepte de la torture. Les dialogues sont brillants de bout en bout porté par une ribambelle de second rôle remarquables notamment du côté britannique avec un excellent Noel Coward en agent recruteur ou Ralph Richardson chef des services secrets. L'émotion est aussi au rendez vous avec une jolie et discrète histoire d'amour entre Alec Guiness et la belle Maureen O'Hara. La conclusion est dans la lignée des deux facettes du film, à un face à face d'un suspense glaçant (où notre vendeur d'aspirateur devient un vrai héros) succède un final brillant où (comme dans L'Affaire Cicéron à nouveau) l'ensemble de l'affaire sera étouffée pour ne pas ternir l'aura des dirigeants s'étant montrés trop crédule. 5/6
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Rick Blaine
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2010

Message par Rick Blaine »

Profondo Rosso a écrit :Les dialogues sont brillants de bout en bout porté par une ribambelle de second rôle remarquables notamment du côté britannique avec un excellent Noel Coward en agent recruteur ou Ralph Richardson chef des services secrets.
Et, en sortant du côté britannique, un excellent Burl Ives que j'avais trouvé très émouvant.
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2010

Message par feb »

Profondo Rosso, sur quel support as-tu regardé "Notre agent à la Havane" (DVD acheté ou enregistré) ? Il est repassé il y a peu de temps sur Ciné Polar et je n'ai jamais réussi à l'enregistrer en VOSTF :x
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2010

Message par Profondo Rosso »

feb a écrit :Profondo Rosso, sur quel support as-tu regardé "Notre agent à la Havane" (DVD acheté ou enregistré) ? Il est repassé il y a peu de temps sur Ciné Polar et je n'ai jamais réussi à l'enregistrer en VOSTF :x
Sur le dvd zone 1 qui comporte des sous titres anglais :wink:
Rick Blaine a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Les dialogues sont brillants de bout en bout porté par une ribambelle de second rôle remarquables notamment du côté britannique avec un excellent Noel Coward en agent recruteur ou Ralph Richardson chef des services secrets.
Et, en sortant du côté britannique, un excellent Burl Ives que j'avais trouvé très émouvant.
Oui c'est vrai que Burl Ives a un très beau personnage.
feb
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2010

Message par feb »

Merci.
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2010

Message par someone1600 »

Tiens j'ai un enregistrement TCM de Our man in Havana, tu me donnes envie de le regarder. :D
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Profondo Rosso
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Re: Carol Reed (1906-1976)

Message par Profondo Rosso »

Train de nuit pour Munich (1940)

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Le 3 septembre 1939 à Prague — juste avant la déclaration de guerre —, le professeur Axel Bomasch, inventeur d'un procédé de blindage, ne voulant pas que sa trouvaille tombe aux mains de l'Allemagne nazie, parvient à s'enfuir à Londres, mais laisse derrière lui sa fille Anna, arrêtée par la Gestapo et envoyée en camp de concentration. Là, elle rencontre Karl Marsen, prisonnier comme elle. Ils parviennent à s'évader et à gagner Londres à leur tour. Par l'intermédiaire d'un agent des services secrets britanniques, Gus Bennett, la jeune femme retrouve son père, mais Karl, en réalité un officier nazi, kidnappe les Bomasch qui sont transférés à Berlin. Gus se rend alors dans la capitale du Reich, sous l'identité d'un officier allemand du Génie — il est germanophone —, pour tenter de ravir Anna et le professeur à la Gestapo et de les ramener en Angleterre...

Un Reed très mineur mais pas désagréable puisque si l'on ressent aisément ses objectifs de film de propagande la décontraction et le rythme enlevé de l'ensemble offre un bon moment. On peut même parler d'exercice Hitchcockien revendiqué puisque l'accumulation des péripéties invraisemblables rappelle grandement les extravagances que le Maître du Suspense se plaît à truffer ses intrigues. Plus précisément c'est à Une Femme disparaît que l'on pense ici puisqu'on en retrouve l'interprète principale Margaret Lockwood, le cadre du train et surtout le duo de scénaristes Sidney Gilliat et Frank Launder qui en signent une intrigue voisine où ils replacent même le duo de personnages comiques Charters et Caldicott incarné par Basil Radford et Naunton Wayne.

L'intrigue dépeint donc une course poursuite et un jeu de faux semblants entre nazis et anglais pour s'assurer les connaissances d'un savant tchèque et de sa fille. Si le début alignant les images oppressantes de la mainmise nazie progressive sur l'Europe donne dans la gravité, c'est vraiment par sa tonalité presque légère que le film surprend. D'abord par la double face de ses héros masculins, Paul Heinreid avec son allure athlétique a tout du héros en puissance avant que l'on déchante grandement à son sujet et à l'inverse Rex Harrison tout en décontraction paraît bien inoffensif en agent dissimulé en chanteur populaire. Ce relâchement de l'ensemble peut également jouer contre le film puisque tout les éléments sont là pour susciter un suspense au cordeau et que finalement la tension ne se fait guère sentir malgré quelques rebondissements bien amenés.

On se raccrochera donc au rythme enlevé (il y aurait de quoi nourrir au moins 2 ou 3 films avec ce qui se déroule ici en 90 minutes), la mise en scène élégante de Reed (qui a bénéficié de gros moyens le temps de quelques séquences spectaculaires ou de décors impressionnants comme les maquettes de l'usine tchèque, l'intérieur du QG de la Gestapo) et d'un Rex Harrison épatant en espion précieux et insouciant (pour un peu James Bond n'est pas loin dans certaines de ses attitudes). Le final spectaculaire en téléphérique fait son petit effet (malgré là encore cette mollesse et manque de tension qu'on peut déplorer) annonçant une scène proche du futur Quand les aigles attaquent et conclu de manière satisfaisante cette production peu mémorable (dans ce mélange de tension et de second degré Reed fera bien mieux plus tard notamment Notre Homme à la Havane) mais sympathique.4/6
Dernière modification par Profondo Rosso le 25 mai 11, 15:02, modifié 2 fois.
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Re: Carol Reed (1906-1976)

Message par riqueuniee »

Le film (en effet très plaisant) est carrément une vraie-fausse suite de Une femme disparaît, concoctée par les mêmes scénaristes. D'où la présence des deux Anglais fans de cricket. Grosse différence : dans le Hitchcock, tout était fictif. Ici, il est question de nazis et de la Tchécoslovaquie...
Notre agent à la Havane est passé il n'y a pas longtemps à la Cinémathèque. J'ai manqué la séance. Le thème rappelle celui du récent Tailor of Panama, où , faute de renseignements, un informateur inventait des faits, de plus en plus "énormes", mais pris au sérieux par l'agent qu'il "renseignait".
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Re: Carol Reed (1906-1976)

Message par Lord Henry »

Sauf que dans le cas du film de John Boorman, en dépit des apparences, c'est l'agent qui tire les ficelles.
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Lord Henry
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Re: Carol Reed (1906-1976)

Message par Lord Henry »

Un titre un peu oublié, c'est sa dernière réalisation, l'Indien avec Anthony Quinn; une oeuvre atypique dans sa filmographie et, pour autant qu'il m'en souvienne, pas vraiment satisfaisante.

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someone1600
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Re: Carol Reed (1906-1976)

Message par someone1600 »

Ca donne envie ta critique de Night train to Munich. :D
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Rick Blaine
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Re: Carol Reed (1906-1976)

Message par Rick Blaine »

someone1600 a écrit :Ca donne envie ta critique de Night train to Munich. :D

Tu devrais te laisser tenter, je l'aime bien moi ce film, peut-être un peu plus que Profondo Rosso. C'est vrai que l'aspect décontracté nuit peut-être au suspens, mais j'avais trouvé ça très agréable. Et j'aime beaucoup le final.
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Re: Carol Reed (1906-1976)

Message par Federico »

riqueuniee a écrit :Notre agent à la Havane est passé il n'y a pas longtemps à la Cinémathèque. J'ai manqué la séance. Le thème rappelle celui du récent Tailor of Panama, où , faute de renseignements, un informateur inventait des faits, de plus en plus "énormes", mais pris au sérieux par l'agent qu'il "renseignait".
Bonne observation car pour son roman, John Le Carré s'était largement inspiré de (ou avait voulu rendre hommage au) roman de Graham Greene*. Je viens d'ailleurs de découvrir que tous deux eurent comme ami commun... Alec Guiness.

http://www.guardian.co.uk/film/2002/oct/05/features1

(*) Et de tous les romans de Le Carré que j'ai lus, le plus sublime est encore plus greene-ien : Un amant naïf et sentimental, que je conseille absolument à tous les passionnés de littérature qui prend aux tripes. Ce n'est pas un roman d'espionnage mais un long récit de trio amoureux à la Jules et Jim et c'est sans doute pour cela qu'il est bien moins cité que ce qui a fait la réputation de Le Carré. Désolé pour ce HS mais ce fut une grosse claque de lecteur. :wink:
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Joseph L. Mankiewicz
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