La Soif du mal (Orson Welles - 1958)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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ex-beldvd man
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par ex-beldvd man »

T-Bird a écrit :salut bonjour! j'ai vu un documentaire (enfin les derniere minutes) sur Orson Welles et plus precisemment sur sa vie passer en espagne andalousie ou il est enterré le documentaire se terminait la dessus ... estce que quelqun aurait le nom de se doc. Je crois que c'etait diffusé sur ciné classic au début de l'année voila ! merci
Orson Welles, un homme mystérieux par delà la mort diffusé en octobre/novembre 2007 sur CC Classic.
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Watkinssien
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par Watkinssien »

ex-beldvd man a écrit :
T-Bird a écrit :salut bonjour! j'ai vu un documentaire (enfin les derniere minutes) sur Orson Welles et plus precisemment sur sa vie passer en espagne andalousie ou il est enterré le documentaire se terminait la dessus ... estce que quelqun aurait le nom de se doc. Je crois que c'etait diffusé sur ciné classic au début de l'année voila ! merci
Orson Welles, un homme mystérieux par delà la mort diffusé en octobre/novembre 2007 sur CC Classic.

Voilà, ce doit être celui-là. C'est un Suédois qui a signé ce documentaire.
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T-Bird
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par T-Bird »

merci pour ta réponse ex-beldvd man et bonjour Watkinssien! j'ai cherché sur le net mais j'ai rien trouvé sur se doc.
sinon j'aime beaucoup La soif du mal et je trouve que le décor et l'ambiance étrange de Venice en californie est génial, meme si Welles voulait au départ que ça soit tourné à Tijuana.
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par T-Bird »

ça yé j'ai chopé le dvd Edition 50eme anniv en import à la fnac 27,85 euro :
2 documentaires sous-titré en français (40 mn) interessants avec les interviews de Charlton Heston, Janet Leigh, Peter Bogdanovich... et autres acteurs du film + George Lucas qui fait une apparition et parle de l'ambiance et le son du film qui la inspiré pour American Graffity + beaucoup d'anecdotes du tournage à Venice. Le commentaire de Charlton Heston et Janet Leigh sur la version restaurée est sous titré en anglais.

les 3 versions du film (1958-76-98) sont sous titrés en francais

voila! pour ceux qui voulait avoir quelques petits détail vite fait de ce coffret import (surtout pour les sous titres).

je vais me mater la version ciné de 1958 que j'ai jamais vu
blaisdell
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par blaisdell »

T-Bird a écrit :ça yé j'ai chopé le dvd Edition 50eme anniv en import à la fnac 27,85 euro :
2 documentaires sous-titré en français (40 mn) interessants avec les interviews de Charlton Heston, Janet Leigh, Peter Bogdanovich... et autres acteurs du film + George Lucas qui fait une apparition et parle de l'ambiance et le son du film qui la inspiré pour American Graffity + beaucoup d'anecdotes du tournage à Venice. Le commentaire de Charlton Heston et Janet Leigh sur la version restaurée est sous titré en anglais.

les 3 versions du film (1958-76-98) sont sous titrés en francais

voila! pour ceux qui voulait avoir quelques petits détail vite fait de ce coffret import (surtout pour les sous titres).

je vais me mater la version ciné de 1958 que j'ai jamais vu
A acquérir absolument alors !
J'avais trouvé scandaleux que le documentaire (présenté au cinéma de minuit) ne soit pas sur le Zone 2 édité il y a trois ans et demi !!
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Watkinssien
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par Watkinssien »

Déjà acquis ! Je suis heureux !
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blaisdell
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par blaisdell »

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La soif du mal

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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par someone1600 »

J'ai moi aussi fait l'achat du coffret et regarder la version cinema ce week-end. Il me reste que la version preview a regarder.... pour la version cinema, trop de coupe n'ont pas aider le film... l'essence est la et le génie de Welles, mais on voit bien que c est pas lui qui a réalisé ce montage.
kerala
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par kerala »

Watkinssien a écrit :Touch of Evil, quelle que soit la version est un film d'atmosphère tout d'abord.

Ensuite, c'est un film sur les frontières, celles que l'on ne peut franchir, celles que l'on doit franchir, celles qui sont dangereuses à franchir !

Le fameux plan-séquence du début, l'un des plus beaux de l'histoire du cinéma (pour moi le plus beau) raconte toutes les recherches thématiques de la frontière du bien et du mal, ce manichéisme que Welles a toujours positionné dans son cinéma pour rendre cette limite aussi abstraite et imprévisible que possible.
Ce plan utilise aussi avec une maestria hallucinante des paradigmes indiciaires du genre (une bombe donc un meurtre, des victimes, un couple fragile, la ville comme personnage principal, l'injustice, la violence, la fatalité) !

La mise en scène est sans cesse en train d'accumuler inventivité et performances, aidée en cela par la prodigieuse photographie atmosphérique du film. Il est à noter que l'histoire est très compliquée, l'important ce n'est pas l'intrigue, c'est la manière de raconter l'intrigue. Charlton Heston trouve son meilleur et plus beau rôle et Welles est génial dans son personnage de flic pourri.

Le film poursuit et transcende les particularités narratives du film noir puisque l'intrigue, aussi embrouillée soit-elle, n'est qu'un prétexte pour dépeindre des personnages complexes et fascinants.
Dès lors, je peux comprendre le désintérêt.

Mais le film est une illustration superbe et définitive des thèmes abordés plus haut.
Il contient des prolongements cauchemardesques et sa puissance nocturne est perceptible dans toute son attractive répulsion.

Dramatiquement parlant, la confrontation des deux flics est absolument prodigieuse, car malgré le caractère de dualité accessible qui se dégage, c'est bien par la mise en scène, à son langage cinématographique que la lutte se fait sentir. Pas un plan n'est gratuit, tout prend signification au fur et à mesure des révisions. Sa propension à monter la tension, à transformer petit à petit la violence morale à une violence physique (plusieurs moments pour un film de 1958 sont bien brutaux), sa science génialissime de la composition du cadre et la qualité des comédiens en font un film unique, très loin de ce que l'on a pu voir avant.
L'intrigue qui paraît incompréhensible ou brouillonne est en réalité claire ! Le film, finalement, commence très vite, des personnages arrivent, les situations s'enchaînent sans que le spectateur n'arrive à comprendre le pourquoi du comment. Pourtant, les personnages sont compréhensibles uniquement par leurs actions.
Le gros plan de Pianola (joué par Marlene Dietrich) lorsqu'elle reconnait Quinlan (Welles au sommet de la composition) est largement plus significatif que n'importe quel discours.
Autre utilisation remarquable, c'est la musique inoubliable de Mancini ! Une musique lointaine, qui illustre à la fois l'action, ou qui sortirait du coeur même de la ville, comme fantômatique ! Elle participe grandement à cette atmosphère poisseuse !

Chez Welles, il y a toujours un côté prophétique ! Après avoir deviné à l'instar de Kane qu'il deviendrait une personne oubliée un peu de tous, c'est après avoir interprété ce personnage de flic pourri américain qu'il se fâcha définitivement avec l'Amérique !

Touch of Evil est une oeuvre majeure, a priori difficile d'accès, donc exigeante, mais artistiquement puissante, foudroyante et terriblement impressionnante !
Que dire de plus ? Rien, j'adore.
Le cinéma, ce nouveau petit salarié de nos rêves on peut l'acheter lui, se le procurer pour une heure ou deux, comme un prostitué.

Louis-Ferdinand Céline
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Re: La soif du mal (Orson Welles)

Message par someone1600 »

C'est clair, dans ce texte Watkinssien dit pas mal tout sur ce film. :wink:
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Watkinssien
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Re: La soif du mal (Orson Welles - 1958)

Message par Watkinssien »

:oops: Merci !
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kerala
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Re: La soif du mal (Orson Welles - 1958)

Message par kerala »

Je reviens sur ce sujet car je suis un peu perdu sur les versions dvd. La soif du mal édition collectors qui est sorti il y a pas longtemps en zone1 existe en zone2 (je trouve ça nul part) ? Si non, est ce que ça va sortir un jour ? Merci.
Le cinéma, ce nouveau petit salarié de nos rêves on peut l'acheter lui, se le procurer pour une heure ou deux, comme un prostitué.

Louis-Ferdinand Céline
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Sybille
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Re: La soif du mal (Orson Welles - 1958)

Message par Sybille »

Le film m'a moins impressionné que lors de ma découverte en 2007, ça reste quand même excellent. :roll: :)

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Touch of evil / La soif du mal
Orson Welles (1958) :

Comme cela m'arrive souvent avec Welles, je me retrouve à la fois enthousiasmée, mais aussi étrangement déroutée par son film.
La scène d'ouverture, avec son formidable plan-séquence, nous fait survoler la ville, nous met côte-à-côte du couple incarné par Charlton Heston et Janet Leigh, et nous comprenons immédiatement que quelque chose cloche dans cette ville située en bordure de la frontière américano-mexicaine. L'excellente musique de Henry Mancini participe d'ailleurs pour beaucoup à cette impression : moderne, rapide, rythmée, et comme annonciatrice du désastre qui s'annonce.
L'intrigue est quant à elle assez complexe. Mélangeant trafic de drogue, corruption et trahison, elle témoigne aussi des relations humaines. Celles qui s'établissent au sein d'un couple, en particulier lorsque confronté à des séparations brutales, mais également les rapports complexes qui se tissent entre des collègues de travail, ou entre des amis de longue date qui se retrouvent tandis que de nombreuses années ont passées.
C'est une histoire sèche et froide, désillusionnée (l'espoir n'intervient que pour mieux se faire éliminer), et finalement très violente, tant sur le plan moral que physique. Les acteurs interviennent tous avec talent. Difficile de faire prévaloir une interprétation sur une autre, même si celle d'Orson Welles en Hank Finlan ne peut que retenir l'attention. Ce dernier a cependant la sagesse de ne pas s'accaparer la totalité du film, et les autres acteurs peuvent à leur tour entrer avec bonheur dans la ronde orchestrée avec talent par le réalisateur.
La mise en images, enfin, est de toute beauté. Une lumière contrastée distillatrice d'émotions, une maîtrise des cadrages parfaite, et surtout une caméra toujours très mobile, qui sautille, passe d'un personnage à un autre, accélère ou ralentit l'action en cours, bref ne laisse presque jamais l'oeil du spectateur en repos. Grâce à son histoire forte et étonnante, et bénéficiant d'un sens visuel exacerbé jusqu'à la perfection, "La soif du mal" est un de ces films qui accrochent inévitablement l'attention. 7,5/10
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Demi-Lune
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Re: La soif du mal (Orson Welles - 1958)

Message par Demi-Lune »

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Je me suis mis le film hier soir, car cela faisait quelques temps que je ne l'avais pas revu. Révision salutaire pour me rappeler à quel point Welles était un génie. Il est vraiment singulier que La Soif du mal soit sorti la même année que Vertigo d'Hitchcock, tant ces deux films me semblent adopter une démarche similaire, consistant en l'adoption des codes éculés du film noir pour livrer une oeuvre très personnelle qui s'inscrit à la fois pleinement dans ce registre, mais en est aussi, en son genre, une sorte d'aboutissement. Là où Hitchcock reprend les figures du détective et de la femme fatale pour mieux les déconstruire et finalement parler d'un amour post-mortem, Welles épouse les clichés du noir (flic droit et intègre, pègre omniprésente, cadre urbain oppressant, etc) mais détourne rapidement son intrigue vers des sentiers inattendus. D'abord, il y a cette volonté de pousser le film noir ultra-codifié dans une atmosphère très sinistre, parfois aux lisières du fantastique (la silhouette qui épie avec sa lampe-torche, le gardien de nuit), et dans ce qu'on peut faire de plus sombre : introduction explosive, ville-frontière délabrée, inquiétante et fantomatique, personnages féminins soit kidnappé et drogué (et peut-être violé ?) par un gang de jeunes défoncés, soit rendu à l'état de spectre, comme un souvenir d'une certaine époque (Marlene Dietrich), meurtres, mise sur écoute... et puis la figure centrale et massive d'Hank Quinlan (impérial Orson Welles), policier usé par la vie, cynique mais indéniablement charismatique, corrompu jusqu'à la moëlle, n'hésitant pas à faire coffrer des innocents en plaçant de fausses preuves chez eux, mais bénéficiant d'une sorte d'aura incroyable, qui malgré toute la pourriture qui coule dans ses veines, ne nous le rend jamais tout à fait antipathique. Welles injecte une grande humanité dans son personnage (on le sait ex-alcoolique, hanté par le meurtre de sa femme, ayant une foi totale dans son travail de policier), le rendant sans cesse fascinant, bien plus intéressant que le preux et lisse policier mexicain Mike Vargas.

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La conception très différente que tous deux se font de la Justice, l'une réaliste, l'autre idéaliste, nous invite ainsi à nous interroger sur les frontières entre le Bien et le Mal dans une démarche que William Friedkin semble avoir scrupuleusement assimilée. En faisant de Quinlan, le pourri, le personnage le plus profond, et de Vargas, le gentil policier, un personnage propret et ennuyeux, Welles nous perd sciemment. Cela a été dit plus haut : La Soif du mal est un film sur la limite. La limite que l'on peut transcender (Welles qui dynamite le film noir en le poussant dans ses derniers retranchements), la limite géographique (Los Robles, la ville frontière entre les États-Unis et le Mexique), ou encore la limite mentale (Quinlan qui n'hésite pas à franchir la ligne rouge pour faire triompher sa conception de la Justice). Quinlan est-il rongé par le Mal ? Mais n'obéit-il pas, candidement, à une forme de Justice aveugle ? Peut-être. Mais c'était avant tout un être humain, un homme. Comme Dietrich le dit dans l'inoubliable réplique finale. Formellement, je reste toujours aussi impressionné par la fulgurante modernité de la mise en scène de Welles, qui compose des cadres alambiqués et virtuoses, dans le noir et blanc hypnotique et inquiétant de Russell Metty. Le plan-séquence inaugural est une leçon de mise en scène. Surtout, il parvient à créer un environnement quasi désertique que l'on sent immédiatement très menaçant, aussi vermoulu que le personnage de Quinlan, suintant et oppressant comme l'est cette partition lointaine et sourde de Henry Mancini. Bref, un incontournable chef-d'œuvre.
Dernière modification par Demi-Lune le 8 oct. 10, 17:59, modifié 1 fois.
O'Malley
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Re: La soif du mal (Orson Welles - 1958)

Message par O'Malley »

Demi-Lune a écrit :Je me suis mis le film hier soir, car cela faisait quelques temps que je ne l'avais pas revu. Révision salutaire pour me rappeler à quel point Welles était un génie. Il est vraiment singulier que La Soif du mal soit sorti la même année que Vertigo d'Hitchcock, tant ces deux films me semblent adopter une démarche similaire, consistant en l'adoption des codes éculés du film noir pour livrer une oeuvre très personnelle qui s'inscrit à la fois pleinement dans ce registre, mais en est aussi, en son genre, une sorte d'aboutissement. Là où Hitchcock reprend les figures du détective et de la femme fatale pour mieux les déconstruire et finalement parler d'un amour post-mortem, Welles épouse les clichés du noir (flic droit et intègre, pègre omniprésente, cadre urbain oppressant, etc) mais détourne rapidement son intrigue vers des sentiers inattendus.
Le lien entre La Soif du mal et Hitchcock est encore plus évident au regard de Psychose : la séquence caucuhemardesque du motel avec Janel Leigh annonce l'intrigue de Psychose où l'on retrouve cette même Janet Leigh dans une situation similaire. De même, le personnage de Norman Bates renvoie au personnage de gérant de motel voyeur et taré incarné par Dennis Weaver dans le film de Welles. Hitchcock et Bloch ont sûrement du voir La soif du mal avant de s'attaquer au projet de Psychose (deux années d'écart entre les deux réalisations) tant l'atmosphère poisseuse d'un motel du Grand Sud-Est des Etats-Unis se ressemble étrangement, avec des personnages, voir des rebondissements qui se font écho.
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