***légers spoilers***Boubakar a écrit :Quatre étranges cavaliers (1954)
Pour un début, on peut dire que ça commence très fort !
C'est assez court, mais le rythme effréné de l'histoire en fait un film absolument passionnant, et blindé de sous-textes qui le rendent plus intéressant qu'une vulgaire série B (le grand méchant s'appelle McCarthy, et la liberté fera sa justice, ce qui est assez savoureux), et une bonne interprétation.
Techniquement, ça reste aussi très bon, avec un superbe plan-séquence, vers la fin, où Ballard tente d'échapper à ses ravisseurs, qui part de la gauche vers la droite sur un plan qui dure quelques dizaines de mètres pour finir dans le fond du décor, c'est impressionnant de maitrise.
Ce premier film de Dwan que je vois m'a beaucoup plu, me faisant parfois penser à du Boetticher dans la brièveté et l'efficacité.
D'accord avec tout cela pour ce film découvert hier soir et que j'ai beaucoup aimé. Deux choses ont cependant retenu mon attention, outre les allusions au mccarthyisme : tout d'abord j'ai trouvé que c'était un western plutôt féministe, puisque les seuls personnages valant réellement quelque chose au sein de cette petite communauté sont la fiancée de Ballard et la fille de saloon. Ensuite les institutions restent malgré tout relativement épargnées, la justice avec la figure du juge, certes complètement dépassé par la tournure prise par les événements mais que l'on sent prondément dubitatif face aux accusations portées contre Ballard, et l'Eglise, le pasteur cherchant à protéger le fugitif, même si en fin de compte la populace ne respectera pas un lieu a priori sacré. On pourrait encore ajouter la presse, puisqu'un des deux télégrammes est adressé à un journal.
Côté interprétation, John Payne ne m'a pas paru tout à fait convaincant. Dan Duryea est génial comme toujours et Lizabeth Scott et Dolores Moran ont fait de l'excellent boulot.
Les bonus de l'édition Carlotta valent le détour et l'évocation d'Allan Dwan par Bogdanovich est émouvante. Son interview de Dwan est franchement amusante (Dwan avait surnommé Bogeaus "Marceline" en référence au clown maladroit de la Belle Epoque ! ). Harry Carey Jr. m'a aussi beaucoup touché.