Speed Racer (Wachowski Brothers - 2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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O'Malley
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Re: Speed Racer (Wachowski Brothers - 2008)

Message par O'Malley »

Poussé par les critiques plutôt positives lus sur ce topic, je me suis risqué sur ce film CGI (si on peut utiliser ce terme comme on pourrait qualifier un film d'animation) qui m'a totalement conquis. Le chef d'oeuvre des Washowski Brothers à mon avis: univers débridé totalement jouissif et hilarant (mention spéciale à Spritle et Choom-Choom), film visuellement audacieux (le mot "avant-gardiste"ne serait pas galvaudé, je pense) à la mise en scène d'une inventitivé de tout les instants (ah, le défilement horizontal des personnages jusque dans les scènes de dialogue...), à la narration savamment complexe (la présentation conjointe des deux frères dans les quinze première minutes est très audacieuse tant dans sa construction que dans ses choix de réalisation) ,séquences de vitesse à couper le souflle, personnages certes caricaturals mais suffisamment croqués (John Goodman) ou bénéficiant de suffisament de charisme ( Racer X...) pour remporter l'adhésion. Au vu des quelques scènes visualisées sur YouTube, le film semble en tout point fidèle aux dessins-animés d'origine, jusqu'à en reprendre le très entrainant thème musical et l'aspect très sixties, qui contribuent beaucoup à sa réussite artistique. Surtout, les Frères Washowski arrivent à faire une oeuvre totalement personnelle en abordant quelques uns de la leur thème de prédilection : dérive totalitaire d'un système perverti par l'argent, éloge de la différence, de la marginalité, goût pour les arts martiaux et plus généralement la culture asiatique et comme la fait remarqué justement Ender, un sous-texte homosexuel discret mains néanmoins présent... Un film gonflé, imprévisible qui dynamite les codes du blockbuster pour nous donner une oeuvre singulière qui a toutes les chances de prétendre, dans quelques années (si ce n'est pas déjà fait), au statut d'oeuvre culte.
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Demi-Lune
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Re: Speed Racer (Wachowski Brothers - 2008)

Message par Demi-Lune »

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Speed Racer est un jeune prodige de la course automobile, né pour la course au sein d'une famille de pilotes. Or, lorsqu'il défie M. Royalton, président-directeur général corrompu des Industries Royalton, le jeune homme découvre que tout n'est pas rose dans le sport qu'il adore.

Eh bien, j'en sors également conquis. Et j'en suis le premier surpris, car après les tristes suites de Matrix et les images incroyablement flashy entrevues à l'époque de la sortie cinéma de Speed Racer, je n'étais plus prêt à miser le moindre centime sur les Wachowski.
Mais Speed Racer, contre toute attente, s'avère être une expérience hors normes et très stimulante. Après les errements scénaristiques de Matrix, les Wachos reviennent à une histoire accessible et naïve, avec des personnages élémentaires mais bien campés, qui viennent donner du corps à ce qui est, à l'évidence, le principal intérêt des cinéastes : la création d'une nouvelle forme, faisant fi des convenances.
Ce qu'il y a de plus réjouissant, c'est que les frangins vont au bout de leur vision, ne concèdent rien, construisent une œuvre, leur œuvre, qui ne ressemble à rien de connu et qui en laissera forcément sur le carreau. Comme au temps du premier Matrix, ils sont presque porteurs, sinon d'une nouvelle grammaire, du moins d'une façon totalement neuve de voir le média cinématographique, à la confluence de différents supports contemporains qu'il tente d'ingérer : Speed Racer, c'est une tentative de fusion entre différents médias que sont le cinéma, le cartoon, le manga et le jeu vidéo. Comme disait Odelay, il n'y a peut-être guère que Dick Tracy qui puisse être comparable à Speed Racer, avec ses partis pris irréalistes déjà osés.

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Le premier quart d'heure tient lieu de phase d'apprivoisement du spectateur, jeté dans une narration complexe et dans cet univers plastiquement fou, idéal pour régler les couleurs de son téléviseur. Et s'il est docile et réceptif, ce même spectateur deviendra scotché. Ça dégueule littéralement de couleurs fluo, de décors psychédéliques, et d'idées de mise en scène. Un truc tout bête par exemple : voir comment les couleurs des costumes trouvent un écho dans le plan avec une couleur du décor ; ou voir ces allers-retours entre Speed et Trixie, lors de la course automobile, qui reproduisent presque le mouvement rétinien qu'on peut avoir lorsqu'on lit les cases d'une BD.
Ces partis pris hautement casse-gueule, pour ne pas dire suicidaires, font du film quelque chose de jamais vu, une sorte de grand-huit survitaminé et drôle (j'avoue que le chimpanzé m'a bien fait marrer). On a l'impression que la caméra ne se repose jamais, c'est plein de mouvements improbables et impossibles. Tout est factice, tout n'est que CGI. Mais là où je gueule contre le tout-CGI dans les films US qui sortent par pelletées toutes les semaines, ici le trucage numérique est pensé, dès le départ, comme entièrement constitutif d'un univers qui ne vise en rien une quelconque crédibilité. La surenchère devient alors acceptable, car au contraire d'une scène où Néo se bat contre 300 agents Smith, les courses automobiles restent le cœur du récit. Ce ne sont pas des digressions. Les Wachowski veulent encore en mettre plein la vue, mais les séquences d'action sont suffisamment variées et, même s'ils sont moindres, servent au moins quelques enjeux dramatiques.
Malgré tout, les Wachowski ont cette fâcheuse tendance d'en faire trop, ce qui donne lieu à des redondances stylistiques (le montage dans le plan avec ces personnages qui passent horizontalement, par exemple, ça va bien un moment mais le procédé perd rapidement de son charme à force d'être systématisé) ou à des séquences de poursuites automobiles pas toujours très claires à cause d'une accumulation de couleurs ultra saturées et de mouvements très rapides.
Mais tout imparfait qu'il soit, Speed Racer demeure un blockbuster incroyablement couillu, déjanté, porteur d'une vision novatrice et hallucinante. En ce sens, le clin d'œil des Wachowski à 2001, même si peut-être un peu prétentieux, n'est pas forcément idiot.

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Un très bonne surprise, qui, je le sens, maturera bien dans mon esprit, et qui vient en tout cas rappeler que les Wachowski peuvent être brillants.
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