Je trouve pourtant un certain nombre de scènes très drôles dans l'Arbre, le Maire et la Médiathèque, 4 aventures de Reinette et Mirabelle, La femme de l'aviateur. L'humour peut parfois se prêter dans d'autres films à une forme de mélancolie (Le Rayon Vert), ou de sociologie (L'amour l'après-midi). Bref, pour moi derrière la délicatesse du verbe, se trouve un humour que j'apprécie beaucoup, même davantage que celui de Blake Edwards.Memento a écrit : En fait, en regardant ce film, je ne pouvais m'empêcher de faire le rapprochement avec Emanuel Mouret, un réalisateur français atypique qu'on peut "classer" dans la veine Rohmer, mais qui me touche beaucoup plus, peut-être parce qu'il parsème constamment ses films de touches d'humour bienvenues (absentes chez Rohmer).
Voici d'ailleurs un article intéressant à ce sujet
Eric Rohmer (1920-2010)
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Oui, les films de Rohmer regorgent d'humour ; tu fais d'ailleurs bien de citer L'arbre, le maire et la médiathèque, l'une des comédies les plus drôles qui soit (voire à ce propos la séquence de la colère de Fabrice Lucchini envers les prunus ou cette autre d'Arielle Dombasle s'émerveillant devant des saladesJordan White a écrit :Je trouve pourtant un certain nombre de scènes très drôles dans l'Arbre, le Maire et la Médiathèque, 4 aventures de Reinette et Mirabelle, La femme de l'aviateur. L'humour peut parfois se prêter dans d'autres films à une forme de mélancolie (Le Rayon Vert), ou de sociologie (L'amour l'après-midi). Bref, pour moi derrière la délicatesse du verbe, se trouve un humour que j'apprécie beaucoup, même davantage que celui de Blake Edwards.Memento a écrit : En fait, en regardant ce film, je ne pouvais m'empêcher de faire le rapprochement avec Emanuel Mouret, un réalisateur français atypique qu'on peut "classer" dans la veine Rohmer, mais qui me touche beaucoup plus, peut-être parce qu'il parsème constamment ses films de touches d'humour bienvenues (absentes chez Rohmer).
Voici d'ailleurs un article intéressant à ce sujet


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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Les nuits de la pleine lune n'est pas un film parmi les plus accessibles de Rohmer. Il tient en permanence un faux-rythme, évoque un malaise, une frustration, des solitudes. Les scènes d'intérieur provoquent dans leur répétition une sensation d'étouffement. Et l'équilibre du récit tient par le personnage de Pascale Ogier...elle est à la fois agaçante et poignante.Memento a écrit : En fait, en regardant ce film, je ne pouvais m'empêcher de faire le rapprochement avec Emanuel Mouret, un réalisateur français atypique qu'on peut "classer" dans la veine Rohmer, mais qui me touche beaucoup plus, peut-être parce qu'il parsème constamment ses films de touches d'humour bienvenues (absentes chez Rohmer).
Par contre, je pense que tu ne peux qu'être déçu si tu évoques en comparaison Emmanuel Mouret. Pour moi, il n'y a pas la moindre proximité entre son cinéma et celui de Rohmer. Et ce sont deux réalisateurs que j'estime.

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
bon, c'est fini avec Blake Edwards !!Jeremy Fox a écrit :Oui, les films de Rohmer regorgent d'humour ; tu fais d'ailleurs bien de citer L'arbre, le maire et la médiathèque, l'une des comédies les plus drôles qui soit (voire à ce propos la séquence de la colère de Fabrice Lucchini envers les prunus ou cette autre d'Arielle Dombasle s'émerveillant devant des saladesJordan White a écrit :
Je trouve pourtant un certain nombre de scènes très drôles dans l'Arbre, le Maire et la Médiathèque, 4 aventures de Reinette et Mirabelle, La femme de l'aviateur. L'humour peut parfois se prêter dans d'autres films à une forme de mélancolie (Le Rayon Vert), ou de sociologie (L'amour l'après-midi). Bref, pour moi derrière la délicatesse du verbe, se trouve un humour que j'apprécie beaucoup, même davantage que celui de Blake Edwards.). Un humour qui me parle aussi beaucoup plus que celui d'un Blake Edwards



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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Il y a pourtant beaucoup de similitudes : intrigues sentimentales, états d'âme autour des femmes et du couple, dialogues très écrits et "récités", mise en scène épurée, tonalité à la fois tendre et désenchantée, et j'en passe...Joe Wilson a écrit :Par contre, je pense que tu ne peux qu'être déçu si tu évoques en comparaison Emmanuel Mouret. Pour moi, il n'y a pas la moindre proximité entre son cinéma et celui de Rohmer. Et ce sont deux réalisateurs que j'estime.
Pour moi, c'est vraiment le cinéaste français actuel qui est le plus dans la veine et la continuité de Rohmer.

D'ailleurs,si tu tapes "Emmanuel Mouret et Eric Rohmer" dans Google, tu verras que je ne suis pas le seul à oser cette comparaison !

http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Mouret
Encore une fois, je préfère le cinéma de Mouret, un peu plus moderne dans son propos (il n'est pas de la même génération certes), un peu plus rythmé et soigné dans la mise en scène (sur Les nuits de la pleine lune, par exemple, on a l'impression que Rohmer s'en fout complètement de la mise en scène et de la photo), et effectivement lorgnant aussi du côté de Blake Edwards grâce à l'interprétation de Mouret lui-même, personnage candide, décalé, maladroit... Certains parlent aussi de filiation avec Buster Keaton dans le côté burlesque et poétique de son personnage.
Bref, quoi qu'il en soit, tout ça ce sont d'excellentes références !

Un baiser s'il vous plaît est un film formidable en tout cas !

Dernière modification par Zelda Zonk le 16 janv. 10, 11:46, modifié 1 fois.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Memento a écrit : Encore une fois, je préfère le cinéma de Mouret, un peu plus moderne dans son propos (il n'est pas de la même génération certes), un peu plus rythmé et soigné dans la mise en scène (sur Les nuits de la pleine lune, par exemple, on a l'impression que Rohmer s'en fout complètement de la mise en scène et de la photo), et effectivement lorgnant aussi du côté de Blake Edwards grâce à l'interprétation de Mouret lui-même, personnage candide, décalé, maladroit, poétique... Un baiser s'il vous plaît est un film formidable !
La modernité chez Rohmer je la ressens déjà dans son court-métrage La boulangère de Monceau, un petit chef-d'oeuvre. Et on est en 1962. La façon de décrire par petites touches, la naissance du désir amoureux chez la jeune fille, l'attirance qu'elle a pour cet homme est vraiment très bien vue, dans des séquences jouant sur le principe de la répétitivité de l'action (le garçon achète toujours la même chose et en même temps à chaque fois d'une façon un peu différente). Ma nuit chez Maud est une nouvelle preuve de la modernité du discours (très influencé par Pascal ) du cinéaste, au lendemain de Mai 68 et à l'aube des années 70, avec un script riche et original dans son approche de la théologie. Les nuits de la pleine lune est un film vraiment à part pour moi dans sa filmographie. C'est l'un de ceux que j'aime le moins (avec La collectionneuse, le seul que je trouve véritablement crispant quand d'autres y voient au contraire un film léger, aérien, philosophique, quasi édénien) en sus de Le Rayon Vert. C'est peut-être celui qui est le plus typé (années 80) mais il y a des scènes, des trouvailles, des dialogues que j'aime beaucoup néanmoins (comme la chanson de Jacno sur laquelle se déhanche Luchini).
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Si les thèmes peuvent laisser envisager un rapprochement, le cinéma de Mouret se construit sur des plans (notamment le burlesque et la dimension acteur-personnage), complètement étrangers à l'univers rohmérien. Au niveau de la mise en scène, ce sont aussi des choix opposés. Et si tous deux attachent une extrême importance aux dialogues, ils n'en retirent pas la même portée.Memento a écrit : Il y a pourtant beaucoup de similitudes : intrigues sentimentales, états d'âme autour des femmes et du couple, dialogues très écrits et "récités", mise en scène épurée, tonalité à la fois tendre et désenchantée, et j'en passe...
Pour moi, c'est vraiment le cinéaste français actuel qui est le plus dans la veine et la continuité de Rohmer.![]()
A mon goût, si les intentions sont à la limite comparables, ce n'est pas du tout le cas de leur style.
Pour en revenir chez Rohmer, il ne faut pas hésiter à enchaîner les films. Comme l'ont exprimé Jordan et Jeremy, l'humeur et la tonalité varient énormément.

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Pour ceux qui ne connaissent pas le cinéma de Rohmer, je conseillerais peut-être de regarder ce mini-débat proposé par Serge Moati la semaine dernière sur France 5. Débat assez général mais touchant et instructif qui donnera peut-être l'envie d'essayer Rohmer, avec Arielle Dombasle, Pascal Greggory et l'émouvante Marie Rivière.
http://www.france5.fr/cinemas/index.php ... icle=14858
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Nestor Almendros a écrit :Pour ceux qui ne connaissent pas le cinéma de Rohmer, je conseillerais peut-être de regarder ce mini-débat proposé par Serge Moati la semaine dernière sur France 5. Débat assez général mais touchant et instructif qui donnera peut-être l'envie d'essayer Rohmer, avec Arielle Dombasle, Pascal Greggory et l'émouvante Marie Rivière.
http://www.france5.fr/cinemas/index.php ... icle=14858
Bel hommage des acteurs et de Serge Kaganski.
Marie Rivière est si bouleversée qu'elle ne parvient plus à s'exprimer à la fin. Elle renvoie aussi à l'image des personnages de films qu'elle interprétait provoquant un trouble : j'ai l'impression qu'elle ne jouait pas mais qu'elle incarnait la douleur, la tristesse endormie qu'elle montre à l'écran. Et qu'elle la vit toujours.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Je ne sais pas si ça a été dit ailleurs, ou déja ici, mais Télérama propose sur son site à partir du 10 fevrier, la vente d'un coffret de 21 films d'Eric Rohmer pour 59 euros
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Intéressant mais pas l'affaire du siècle non plus sachant que dernièrement, on pouvait quasiment avoir les 3 coffrets pour à peine 8 euros chacunGrimmy a écrit :Je ne sais pas si ça a été dit ailleurs, ou déja ici, mais Télérama propose sur son site à partir du 10 fevrier, la vente d'un coffret de 21 films d'Eric Rohmer pour 59 euros
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/ind ... brique=914
Marie-Christine Barrault chez Taddéi. A la fin. Elle est vraiment chouette cette dame.
Marie-Christine Barrault chez Taddéi. A la fin. Elle est vraiment chouette cette dame.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
J'ai aussi trouvé ce moment très intense. D'une troublante force émotionnelle.Jordan White a écrit :Nestor Almendros a écrit :Pour ceux qui ne connaissent pas le cinéma de Rohmer, je conseillerais peut-être de regarder ce mini-débat proposé par Serge Moati la semaine dernière sur France 5. Débat assez général mais touchant et instructif qui donnera peut-être l'envie d'essayer Rohmer, avec Arielle Dombasle, Pascal Greggory et l'émouvante Marie Rivière.
http://www.france5.fr/cinemas/index.php ... icle=14858
Bel hommage des acteurs et de Serge Kaganski.
Marie Rivière est si bouleversée qu'elle ne parvient plus à s'exprimer à la fin. Elle renvoie aussi à l'image des personnages de films qu'elle interprétait provoquant un trouble : j'ai l'impression qu'elle ne jouait pas mais qu'elle incarnait la douleur, la tristesse endormie qu'elle montre à l'écran. Et qu'elle la vit toujours.

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
rhah, où la retrouver cette vidéo?? quand je lis Jordan, je revois l'héroine du rayon vertJoe Wilson a écrit :J'ai aussi trouvé ce moment très intense. D'une troublante force émotionnelle.Jordan White a écrit :
Bel hommage des acteurs et de Serge Kaganski.
Marie Rivière est si bouleversée qu'elle ne parvient plus à s'exprimer à la fin. Elle renvoie aussi à l'image des personnages de films qu'elle interprétait provoquant un trouble : j'ai l'impression qu'elle ne jouait pas mais qu'elle incarnait la douleur, la tristesse endormie qu'elle montre à l'écran. Et qu'elle la vit toujours.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Comme je l'ai déjà dit, je reviens régulièrement et avec plaisir vers le cinéma de Rohmer. Cette fois-ci, c'est dans des circonstances bien tristes mais c'est en même temps l'occasion de voir diffusés sur le hertzien des oeuvres malheureusement plus rares, d'habitude. C'est désolant d'attendre les décès pour que passent des films pourtant réputés. En tout cas, pour une fois, ça nous change des sempiternels "contes des quatres saisons" qu'on commence à connaitre par coeur
. J'ai donc redécouvert trois films pas vus depuis très longtemps qui, s'ils ne m'ont pas "contenté" de façon égale, reflètent complètement le travail et l'esprit de ce réalisateur hors norme dont je me lasserai pas de découvrir les films.
J'ai commencé avec MA NUIT CHEZ MAUD (1969) diffusé sur France 3. On retrouve déjà les caractéristiques de l'oeuvre Rohmerienne par une importante base dialoguée et très écrite et par une observation fine des comportement humains pour ce qui a trait aux jeux de l'amour et à la séduction. Je suis un peu moins emballé par les références philosophiques (à Pascal) et religieuses qui me touchent moins (et qui me sont plus obscures, j'avoue). Néanmoins, je m'amuse encore du personnage de Trintignant au profil de catho à la vie déterminée, préprogrammée, dont la volonté va peu à peu se fissurer devant les avances plus ou moins directes d'une Françoise Fabian au charme classieux dévastateur (quelle femme magnifique
).
Ce fut ensuite LES NUITS DE LA PLEINE LUNE (1984) diffusé sur Arte, qui se laisse suivre assez agréablement (sans réelle passion de ma part, je pense) et qui est surtout l'occasion pour moi de parler de cette comédienne si particulière, Pascale Ogier. C'est, je crois, sa seule participation chez Rohmer et elle crève l'écran avec un certain charme et une présence (et un jeu) tout en délicatesse et en fragilité: elle m'a vraiment rappelé Marie Rivière sur ces points précis, notamment le jeu assez identique. Pascale Ogier est morte deux mois après la sortie des NUITS DE LA PLEINE LUNE, on peut penser que Rohmer a trouvé en Marie Rivière une sorte de remplaçante. Du film, je retiendrai aussi Fabrice Luchini en meilleur ami complètement intéressé.
J'ai terminé hier avec la meilleure surprise: L'AMOUR L'APRES-MIDI (1972) diffusé sur TV5. J'y ai trouvé tout Rohmer mais sans lourdeur, avec une grande simplicité apparente et une observation psychologique très fine, toujours dans un style très littéraire avec des dialogues pourtant très écrits mais sonnent vrais et justes. L'un des meilleurs passages du film, pour moi, se situe à la fin du prologue, pendant l'un de ces monologues captivants, quand le héros parle de ses rapports furtifs et platoniques avec les femmes croisées dans les rues de Paris. Un texte magnifique, une pensée originale, un très beau moment. Le film m'a aussi beaucoup intéressé dans ses descriptions de l'amour sous différentes formes et dans ces pensées exprimées sur les rapports personnels et quotidiens de l'homme par rapport à la femme. Au-delà d'une certaine remise en cause du mariage, les aventures du héros (formidable Bernard Verley, j'adore son phrasé) font se succéder diverses confrontations à caractère plus ou moins sexuel. De la séduction consentente et inavouée (avec ses secrétaires) aux pulsions qu'il faut contrôler et aux jeux de l'amour (platoniques) si agréable à expérimenter, le film se révèle passionnant dans ces suspenses amoureux. On remarque, de nouveau, des comédiens inhabituels et pourtant si marquants. Ici, je pense à Zouzou (qui joue Chloé) et cette attitude assez différente de ce que Rohmer pourra proposer plus tard. Car, au contraire de la douceur d'une Pascale Ogier/Marie Rivière, Zouzou fait preuve d'une certaine froideur, d'un déterminisme implacable et, également, d'un charme certain. Je repense au débat de Moati où il était question de l'érotisme permanent chez Rohmer. Je l'ai souvent retrouvé dans ce film: l'entourage féminin permanent du héros, les tensions sexuelles de plus en plus fortes et les rapprochement physiques dans le cadre, par exemple, ou les gestes de plus en plus tactiles. Très belle surprise.
Pour les parisiens qui ont du temps (ce qui n'est désormais plus trop mon cas pour l'instant) le Reflet Médicis propose quelques Rohmer réputés mais invisibles sur le hertzien depuis longtemps, comme L'AMI DE MON AMIE ou LA FEMME DE L'AVIATEUR. J'en ai encore beaucoup à découvrir. Vivement.

J'ai commencé avec MA NUIT CHEZ MAUD (1969) diffusé sur France 3. On retrouve déjà les caractéristiques de l'oeuvre Rohmerienne par une importante base dialoguée et très écrite et par une observation fine des comportement humains pour ce qui a trait aux jeux de l'amour et à la séduction. Je suis un peu moins emballé par les références philosophiques (à Pascal) et religieuses qui me touchent moins (et qui me sont plus obscures, j'avoue). Néanmoins, je m'amuse encore du personnage de Trintignant au profil de catho à la vie déterminée, préprogrammée, dont la volonté va peu à peu se fissurer devant les avances plus ou moins directes d'une Françoise Fabian au charme classieux dévastateur (quelle femme magnifique

Ce fut ensuite LES NUITS DE LA PLEINE LUNE (1984) diffusé sur Arte, qui se laisse suivre assez agréablement (sans réelle passion de ma part, je pense) et qui est surtout l'occasion pour moi de parler de cette comédienne si particulière, Pascale Ogier. C'est, je crois, sa seule participation chez Rohmer et elle crève l'écran avec un certain charme et une présence (et un jeu) tout en délicatesse et en fragilité: elle m'a vraiment rappelé Marie Rivière sur ces points précis, notamment le jeu assez identique. Pascale Ogier est morte deux mois après la sortie des NUITS DE LA PLEINE LUNE, on peut penser que Rohmer a trouvé en Marie Rivière une sorte de remplaçante. Du film, je retiendrai aussi Fabrice Luchini en meilleur ami complètement intéressé.
J'ai terminé hier avec la meilleure surprise: L'AMOUR L'APRES-MIDI (1972) diffusé sur TV5. J'y ai trouvé tout Rohmer mais sans lourdeur, avec une grande simplicité apparente et une observation psychologique très fine, toujours dans un style très littéraire avec des dialogues pourtant très écrits mais sonnent vrais et justes. L'un des meilleurs passages du film, pour moi, se situe à la fin du prologue, pendant l'un de ces monologues captivants, quand le héros parle de ses rapports furtifs et platoniques avec les femmes croisées dans les rues de Paris. Un texte magnifique, une pensée originale, un très beau moment. Le film m'a aussi beaucoup intéressé dans ses descriptions de l'amour sous différentes formes et dans ces pensées exprimées sur les rapports personnels et quotidiens de l'homme par rapport à la femme. Au-delà d'une certaine remise en cause du mariage, les aventures du héros (formidable Bernard Verley, j'adore son phrasé) font se succéder diverses confrontations à caractère plus ou moins sexuel. De la séduction consentente et inavouée (avec ses secrétaires) aux pulsions qu'il faut contrôler et aux jeux de l'amour (platoniques) si agréable à expérimenter, le film se révèle passionnant dans ces suspenses amoureux. On remarque, de nouveau, des comédiens inhabituels et pourtant si marquants. Ici, je pense à Zouzou (qui joue Chloé) et cette attitude assez différente de ce que Rohmer pourra proposer plus tard. Car, au contraire de la douceur d'une Pascale Ogier/Marie Rivière, Zouzou fait preuve d'une certaine froideur, d'un déterminisme implacable et, également, d'un charme certain. Je repense au débat de Moati où il était question de l'érotisme permanent chez Rohmer. Je l'ai souvent retrouvé dans ce film: l'entourage féminin permanent du héros, les tensions sexuelles de plus en plus fortes et les rapprochement physiques dans le cadre, par exemple, ou les gestes de plus en plus tactiles. Très belle surprise.
Pour les parisiens qui ont du temps (ce qui n'est désormais plus trop mon cas pour l'instant) le Reflet Médicis propose quelques Rohmer réputés mais invisibles sur le hertzien depuis longtemps, comme L'AMI DE MON AMIE ou LA FEMME DE L'AVIATEUR. J'en ai encore beaucoup à découvrir. Vivement.
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