Pulp Fiction (Quentin Tarantino - 1994)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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cracoucas
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par cracoucas »

Là où je rejoins les Tarantinophiles, c'est sur le bien fondé , au final, de cette palme.
Evidemment, Pulp Fiction n'est pas dans mon top 10 de la selection 1994 (excellente cuvée, il faudra un jour que nous parlions des cuvées cannoises: bonnes ou mauvaises).
Mais cette palme a eu un impact évident.
Je rapprocherais la palme de Pulp Fiction à celle des frères Dardenne: Rosetta.(si si), les deux palmes récompensant un style radicale (j'emets d'ailleurs les mêmes reserves sur le système Dardenne que sur le système Tarantino, tout en respectant leur travail).
Pulp Fiction et Rosetta sont la quintescence d'un genre: "bd action" pour l'un "réalisme social" pour l'autre. Dans leur genre ils approchent la perfection, quitte à laisser à la porte tout une catégorie des spectateurs.
Il s'agit là de deux palmes dont on se souviendra, notamment pour avoir marqué la prédominence d'un genre et d'un style bien marqué à travers deux maifestes cinématographiques.
Bien des années après, Tarantino et les frères Dardenne (qui avaient déjà marqué leur territoire avec Rervoir dogs et La promesse) sont des cinéastes incontournables.
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AtCloseRange
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par AtCloseRange »

cracoucas a écrit :Pulp Fiction et Rosetta sont la quintescence d'un genre: "bd action" pour l'un "réalisme social" pour l'autre.
Encore?
C'est dingue de ne voir dans le cinéma des frères Dardenne qu'un "cinéma social", une captation du réel. Je connais peu de choses plus romanesques que leur cinéma. Et d'ailleurs ce qui m'a fait adorer leur cinéma dès le premier film que j'ai vu d'eux, la Promesse, c'était le rapprochement que je pouvais faire avec le film qui me donne mon pseudo. Je trouve qu'il y a un vrai héritage du polar et du drame social américain chez les 2 frères. Pour tout dire, ils me semblent presque les héritiers les plus dignes d'un Kazan. Et la littérature russe me semble aussi jouer un rôle important dans leur cinéma.
cracoucas
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par cracoucas »

C'est pas mal ce que tu dis, parce que pas mal de personnes défendent cette idée là et que je suis d'accord avec toi au fond.
Mais l'un empeche pas l'autre.
Attention, tu me parles de littérature russes, mais en france aussi nous avons eu la preuve que le "réalisme", ou même le naturalisme est un mouvement romanesque.
Qui se fonde aussi sur l'opposition au romantisme, mais un Flaubert prouve que le réalisme est romanesque.
je ne veux pas ergotter, tout ça est loin pour moi, mais à partir du moment où il y a oeuvre, il y a romanesque.
J'aime trop DeSica pour faire des Dardennes de simples "capteur du réel".
Quand on cadre Gourmet de dos (de nuque plutôt), dans "Le Fils", c'est un choix esthétique.
Rosetta procède de choix esthétique non pas pour simplement retranscrire la réalité.
Comme Tarantino ne film pas les flignues pour faire l'apologie de la violence, mais pour en tirer tout ce que la violence peut avoir d'esthétique et donc, quelque part, la "romancer".
Je t'avoue ne pas avoir vraiment saisi le rapport avec Kazan, mais je te suis sur les romans russes.

Soyons clairs: le "réalisme" au cinéma,comme en littérature est romanesque.
La mise en scène des frères Dardenne est tout aussi fouillé que celle de Tarantino, mais procède d'une vision du cinéma différente.
DeSica, Loach, Carpita ne sont ni des assistants sociaux ni des journalistes, ce sont des cinéastes, il n y aucune ambiguité la dessus.
Le réalisme est un genre..
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par bronski »

Vic Vega a écrit :
bronski a écrit :la violence qu'il montre avec une délectation malsaine
Le fait qu'il ait toujours dit aimer le spectacle de la violence au cinéma et seulement au cinéma parce que "c'est faux" est quand même un milliard de fois plus sain que d'autres cinéastes qui masquent leur fascination pour la violence derrière un vernis moralisateur (suivez mon regard...).
La violence mise en images par Tarantino est parée d'une certaine "cool attitude" que n'a pas Hanneke, qui joue cartes sur tables et s'intéresse d'ailleurs à une multitude de formes de violence, à commencer par la plus banale et quotidienne, ce qui ne veut pas dire la moins destructrice. Là où c'est parce que "c'est faux" chez Tarantino, c'est le contraire chez Hanneke.

Disons que la violence de Hanneke me touche bien plus, ainsi que celle de Noé par ailleurs. L'acte barbare central de Irréversible justifie tout le film qui le dénonce. Celui de Pulp Fiction est posé là comme certes aussi absurde que la vie, mais il ne justifie pas le film. Je ne m'identifie pas du tout à Butch ou à Wallace et à leurs déboires, ils me sont vides.
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Watkinssien
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Watkinssien »

cracoucas a écrit :Pulp Fiction et Rosetta sont la quintescence d'un genre: "bd action" pour l'un "réalisme social" pour l'autre. Dans leur genre ils approchent la perfection, quitte à laisser à la porte tout une catégorie des spectateurs.
J'avoue que, tout en comprenant tes dires, je suis quand même perplexe sur les termes choisis pour les genres.
Ce qui n'est pas si facile, je te l'accorde.

Et Rosetta me semble beaucoup plus rentrer dans la tradition typique du palmarès cannois que le film de Tarantino, qui est une sorte d'exception "exceptionnelle" (dans les dernières années du moins).
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Vic Vega
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Vic Vega »

bronski a écrit :
Vic Vega a écrit : Le fait qu'il ait toujours dit aimer le spectacle de la violence au cinéma et seulement au cinéma parce que "c'est faux" est quand même un milliard de fois plus sain que d'autres cinéastes qui masquent leur fascination pour la violence derrière un vernis moralisateur (suivez mon regard...).
La violence mise en images par Tarantino est parée d'une certaine "cool attitude" que n'a pas Hanneke, qui joue cartes sur tables et s'intéresse d'ailleurs à une multitude de formes de violence, à commencer par la plus banale et quotidienne, ce qui ne veut pas dire la moins destructrice. Là où c'est parce que "c'est faux" chez Tarantino, c'est le contraire chez Hanneke.

Disons que la violence de Hanneke me touche bien plus, ainsi que celle de Noé par ailleurs. L'acte barbare central de Irréversible justifie tout le film qui le dénonce. Celui de Pulp Fiction est posé là comme certes aussi absurde que la vie, mais il ne justifie pas le film. Je ne m'identifie pas du tout à Butch ou à Wallace et à leurs déboires, ils me sont vides.
Chercher absolument des justifications thématiques à la violence à l'écran me paraît très idéologique. La violence fait partie de l'histoire du cinéma, elle s'est souvent révélée comme une des choses les plus cinégéniques qui soient (cf. les scènes de meurtre "filmées comme des scènes de sexe" chez Hitchcock, les fusillades filmées comme des ballets chez Woo et Peckinpah...), en particulier dans le cinéma de genre. Tarantino ne fait qu'assumer ouvertement cet héritage-là. Et puis qui dit que le plaisir du spectateur (ou lecteur...) face à l'oeuvre d'art est toujours forcément moral?
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Dominique
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Dominique »

Clint n'a jamais caché .... après le festival .... et ce fut confirmé par des membres du jury ... qu'il avait dit "You give the Palme to Pulp Fiction ... I let you care of the other prices ..." Quant au fait que ça sortait un peu de l'ordinaire ... sans aucun doute ... tout le reste n'est d'ailleurs qu'académisme à Cannes ... ça pue le rance à un point inimaginable .... enfin ..
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Jeremy Fox
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Jeremy Fox »

Dominique a écrit :Clint n'a jamais caché .... après le festival .... et ce fut confirmé par des membres du jury ... qu'il avait dit "You give the Palme to Pulp Fiction ... I let you care of the other prices ..." Quant au fait que ça sortait un peu de l'ordinaire ... sans aucun doute ... tout le reste n'est d'ailleurs qu'académisme à Cannes ... ça pue le rance à un point inimaginable .... enfin ..
L'ironie ('mordante' ?) n'amène pas forcément un argumentaire intéressant... en l'occurence... peut mieux faire... enfin...
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Dominique »

Oui je suis mordant mais c'est une déformation naturelle puisque j'étudie les vipères et les ours ... je ne manquerai pas d'argumenter mais il faudrait que je revois ce film ... parce que 15 ans déjà ... ma mémoire n'est pas aussi infaillible que la votre ...
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Jeremy Fox
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Jeremy Fox »

Dominique a écrit :Oui je suis mordant mais c'est une déformation naturelle puisque j'étudie les vipères et les ours ... je ne manquerai pas d'argumenter mais il faudrait que je revois ce film ... parce que 15 ans déjà ... ma mémoire n'est pas aussi infaillible que la votre ...
Oui mais, ceci dit sans agressivité, avant de foncer bille en tête dans la provocation à peine arrivé dans un endroit que tu fréquentes depuis peu, encore faut-il un peu mieux connaître ses interlocuteurs. En effet, si nombreux ici sont ceux qui aiment le cinéma de Tarantino, les mêmes n'en apprécient pas moins autant le reste du cinéma 'rance' et 'académique' que tu sembles lui opposer. On peut apprécier sur une même échelle de valeur Tarantino, Satyajit Ray, John Carpenter, Ozu, Renoir et Rossellini. [mode private Joke] Danny Kaye et Laurel et Hardy aussi :mrgreen: :wink:
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Dominique »

Bonjour,
C'est vrai que je n'aime pas ces résidents habituels des sélections cannoises ... j'apprécie Raoul Ruiz par exemple et ses films plus anciens ... j'ai fait du montage avec lui dans les années 80 !! Un type adorable ... mais ses films maintenant n'ont rien à faire à Cannes ... et encore je ne choisis pas celui que j'aime le moins :mrgreen:
Je ne voulais pas choquer les personnes qui apprécient QT ... moi je ne l'aime pas ... y'a pas de quoi en faire un Saint-Nectaire ... ce n'est même pas une question de génération ... j'ai 48 ans .. l'un de mes potes cinéphile a 65 ans et il adore Pulp Fiction !
Je n'ai pas trouvé d'endroit où se présenter non plus ici ...
Je vous écris de Slovénie et je pars dormir quatre nuits dans la forêt pour observer les ours ... je ne vous écrirais peut-être plus ... :shock: Man in the Wilderness c'est déjà arrivé ici ...
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Jeremy Fox
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Jeremy Fox »

Dominique a écrit :
Je ne voulais pas choquer les personnes qui apprécient QT ... moi je ne l'aime pas ... y'a pas de quoi en faire un Saint-Nectaire
C'est clair et tu n'as certainement choqué personne en aimant pas un film ; il ne manquerait plus que ça. C'est la pénible ironie permanente en si peu de messages qui pouvait sembler agressive ou moqueuse à certains.

Fais gaffe quand même... aux ours :wink:
Jihl
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Jihl »

N'ayant pas beaucoup aimé le peu de QT que j'avais vu jusque là (je ne suis pas allé au bout de Kill Bill 1 ou de Reservoir Dogs), je n'avais jamais vu Pulp fiction et pour être franc, je n'en attendais pas grand chose. Et bien je dois avouer que comme pour Jackie Brown et (pour des raisons différentes)que j'ai vu dans la foulée, c'est plutôt une bonne surprise. L'artificialité assumée du film dans sa structure de film à sketchs, dans ses références multiples et permanentes (bande son, décors, dialogues) fait effectivement que le film n'est pas ennuyeux (malgré sa longueur) et souvent drôle. Il est même parfois un peu plus que celà dans la relation que noue Mia et Vincent, où passe même un peu de romantisme dans un film qui fonctionne d'abord sur la parodie et l'humour.
Au final pour moi un film intéressant, plaisant, parfois drôle mais que trop rarement touchant. 6/10
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Père Jules
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994)

Message par Père Jules »

Revu pour la première fois depuis fort longtemps.
Mon avis a peu changé. J'aime son humour décalé, les dialogues et la BO.
Je n'aime toujours pas la banalisation, l'esthétisation de la violence.
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Jeremy Fox
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Re: Pulp Fiction (Quentin Tarantino - 1994)

Message par Jeremy Fox »

J'ai hésité et j'hésite encore à l'intégrer dans mon top 20. Il faudrait que je le revoie un de ces jours mais en tout cas, en salles à la première vision, c'est probablement un de mes tous meilleurs souvenirs de cinéma. J'en étais ressorti enchanté comme rarement.
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