Shining, mon film de chevet sur la pile de blu-ray qui commence à trôner fièrement sur l'étagère, enfin la version de 144 minutes parce que je n'ai que ce montage (histoire de frimer) est un des grands films de Stanley Kubrick, enfin c'est dur de dire un des grands car tout les films qu'il a tourné sont d'immenses oeuvres d'arts à la forme si définitive que je ne vois que Antonioni qui pourrait arriver à sa hauteur de cheville. Kubrick c'est le mec qui se fout du monde du cinéma en portant si haut le respect et la croyance en la technique de ce même cinéma qu'il a fini par devenir un dieu tout puissant de la pelloche. Voir
The Shining c'est comme être devant la Joconde, nos yeux sont captivés par autant de perfection, parfaite composition dans l'agencement de séquences toutes plus travaillées les unes que les autres, ce type est si libre et si lâche dans sa marge de manoeuvre qu'il peut faire de la photographie en prenant son temps en trouvant le cadrage le plus pointu, le mieux adapté à la situation,on peut s'étonner du côté perfectible de l'ouverture sur le Sabbat des Sorcières (électronisée), puisque l'on peut voir l'ombre de l'hélico brièvement, mais ce choix n'est pas l'aboutissement d'une erreur technique malencontreuse, mais bien un choix hautement conscient qui pourrait bien venir se répercuter dans la conscience qu'à kubrick d'être un démiurge (après Barry Lyndon quel réalisateur n'aurait pas conscience de son propre génie devant pareil film?).
Dans
Shining tout est glacé et glaçant d'ailleurs Jack Nicholson lui-même fini en Ice cream et alors que Halloran qui a entrevu les capacités du fils de Jack à voir le futur et qu'il est conscient du talent hors norme du petit garçon, s'apprête à deviner les pensées de Danny et se faisant donc on peut entendre d'une voix d'outre tombe qui n'est que la résonance extérieure de ce qu'entendra prochainement Danny le : - You want an ice-cream Doc ? - La photo de John Alcott et l'aspect froid, bleuté concourt à rendre le métrage déshumanisé mais non.. l'hiver est souvent comme ça révélateur d'une ambiance d'hôpital où tout est clinique, propre et trop clean pour être honnête, et certains comme moi adorent se conforter dans une ambiance mélancolique où l'invisibilité n'est pas totalement traduite et accessible, ce phénomène que l'on ressent tout à fait dans le film de Kubrick est exactement ce que l'on peut ressentir à l'époque de l'enfance où la perception des choses est décuplée, d'ailleurs avec l'âge on perd énormément de ce phénomène, de cette capacité à entrevoir le merveilleux ou le terrible. Kubrick est à tout le moins l'homme "The Man" qui a eu le plus je pense la capacité à s'émerveiller d'une façon radicalement opposé à la notion habituelle de merveilleux, son point de vue n'est pas exempt pour autant de chaleur humaine.