Jacques Audiard

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

ratatouille a écrit :Regarde les Hommes Tomber de Jacques Audiard : fabuleux comédiens, intrigue complexe, mise en scène classieuse et sèche, photographie hyper froide.....un excellent film, donc !
Jacques Audiard : un des meilleurs auteurs français, à l'heure actuelle. 8)
Comment je me suis emmerdé pendant ce film... pfiou !
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

ratatouille a écrit :Personnellement, j'ai beaucoup aimé ce principe du récit éclaté, nous faisant suivre les pérégrinations de ces gens solitaires et en mal de vivre.
Mais je crois savoir que tu n'apprécies que très peu le style parfois "alambiqué" d'Audiard...me trompe-je ? ;)
Je ne le trouve pas alambiqué, la construction est évidente au bout de 10 minutes et elle me semble trop artificielle
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Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

Un héros très discret

Encore un film bourré de talent de la part de Audiard. Un rêve/cauchemar du début à la fin (la vie de Kassovitz entre le mensonge et la manipulation, la peur de se faire prendre, et la beauté de ce qui lui arrive), un casting ébourrifant et une réalisation au diapason se permettant même quelques plans et séquences étranges et hypnotiques. Un boulot sublime !
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kyle reese
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Message par kyle reese »

Sur mes lèvres.

Je l'avais loupé au cinéma.
Rattrapage donc et ...

La méga claque !


J'avais énormément aimé De battre mon coeur, et finalement avec la vision tardive de son précédent film, Audiard devient tout simplement un de mes cinéastes préférés et se place directement en tête de mon top réalisateur français (en même temps c'est facile). Du très grand cinéma.

Une musique sublime à tomber, des acteurs tous excellents mention spéciale pour Emmanuelle Devos, mais Cassel est absolument parfait lui aussi . Un scénario cousu de fil blanc qui s'attache aux persos et une mise en scène au poil particulièrement lors des moments d'observations de Devos dans le silence, ces moment là sont magnifiques. Son perso est magnifiquement bien écrit tout en subtilité, ses passages devant sa glace filmé comme volé par une caméra timide tout comme elle qui n'ose pas se dévoiler, ses regards qui trahissent une grande frustration dû à sa solitude résultant de son handicap devenu complexe nous faisant deviner la souffrance qu'elle a dû connaitre plus particulièrement au moment du passage de l'adolescence... elle est très touchante limite bouleversante. Le tout filmé avec une caméra épaule sur le vif constamment alerte . Et puis cette superbe idée de point de vue du regard de Devos qui se réduit à une petite ouverture comme si l'on regardait à travers sa main serrée, afin de concentrer toute son attention, ses pensée, ses émotions sur celui qu'elle désir ...

Je suis sur le cul. Une totale réussite, un vrai petit bijoux.
Ce film est vraiment très très fort. Enorme coup de coeur .
Chapeau Jack et vivement le prochain.
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Zelda Zonk
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Message par Zelda Zonk »

kyle reese a écrit :Sur mes lèvres.

Je l'avais loupé au cinéma.
Rattrapage donc et ...

La méga claque !


J'avais énormément aimé De battre mon coeur, et finalement avec la vision tardive de son précédent film, Audiard devient tout simplement un de mes cinéastes préférés et se place directement en tête de mon top réalisateur français (en même temps c'est facile). Du très grand cinéma.

Une musique sublime à tomber, des acteurs tous excellents mention spéciale pour Emmanuelle Devos, mais Cassel est absolument parfait lui aussi . Un scénario cousu de fil blanc qui s'attache aux persos et une mise en scène au poil particulièrement lors des moments d'observations de Devos dans le silence, ces moment là sont magnifiques. Son perso est magnifiquement bien écrit tout en subtilité, ses passages devant sa glace filmé comme volé par une caméra timide tout comme elle qui n'ose pas se dévoiler, ses regards qui trahissent une grande frustration dû à sa solitude résultant de son handicap devenu complexe nous faisant deviner la souffrance qu'elle a dû connaitre plus particulièrement au moment du passage de l'adolescence... elle est très touchante limite bouleversante. Le tout filmé avec une caméra épaule sur le vif constamment alerte . Et puis cette superbe idée de point de vue du regard de Devos qui se réduit à une petite ouverture comme si l'on regardait à travers sa main serrée, afin de concentrer toute son attention, ses pensée, ses émotions sur celui qu'elle désir ...

Je suis sur le cul. Une totale réussite, un vrai petit bijoux.
Ce film est vraiment très très fort. Enorme coup de coeur .
Chapeau Jack et vivement le prochain.
Yes. :) A mon sens, Jacques Audiard est le cinéaste français actuel le plus intéressant (Tavernier ne tourne quasiment plus et Sautet nous a quitté :cry: )
C'est en tout cas celui qui m'impressionne et me touche le plus.
takezo
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Message par takezo »

Memento a écrit : Yes. :) A mon sens, Jacques Audiard est le cinéaste français actuel le plus intéressant (Tavernier ne tourne quasiment plus et Sautet nous a quitté :cry: )
C'est en tout cas celui qui m'impressionne et me touche le plus.
J'incluerais Pierre Jolivet, réalisateur talentueux avec un max de métier, qui navigue discretement (assez rare pour être relevé) dans le paysage du cinéma français, touche à tous les genres avec souvent beaucoup de réussite (Force majeure, ma petite entreprise, Simple mortel et Fred parmi mes préférés).
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Jacques Audiard

Message par Nestor Almendros »

UN HEROS TRES DISCRET

Avec cette histoire étonnante au style personnel, Jacques Audiard (et son deuxième film) confirme sa place grandissante dans le cinéma français. C'est avec ce film que je l'ai découvert à l'époque, déjà complètement charmé par le résultat. Une bonne dizaine d'années après, ça fonctionne toujours.

On retrouve un peu les thématiques de L'EMPLOI DU TEMPS et de L'ADVERSAIRE avec ce personnage qui s'invente une vie. L'originalité du film vient du ton qui est davantage celui de la comédie (pour devenir plus grave par la suite). L'intérêt vient également des circonstances de l'évènement qui montrent une époque troublée. Nous sommes à la fin de la 2e Guerre Mondiale, la société est en reconstruction, les archives ont parfois été détruites, de parfaits inconnus deviennent célèbres ou importants à cause de leur appartenance à la Résistance. C'est un temps où les valeurs sont inversées, où tout est possible, comme le répète le Capitaine (Albert Dupontel, excellent).
C'est un regard sur une société, une époque, où le mensonge est finalement partout: des films de propagande (dans lesquels Dehousse finit d'ailleurs par se retrouver) aux opportunistes qui profitent de l'aura de la Résistance et qui s'inventent un passé. Audiard joue en permanence avec cette réalité qui a existé et donne au film, avec ces parenthèses contemporaines (ces interviews), un réalisme certain et un cachet d'"authenticité". Il joue lui aussi avec la puissance du mensonge inhérente au cinéma (puisque toute cette histoire est fictive) et ses effets sur le spectateur (ambiguité de cette réalité). Car ces usurpateurs ont vraiment existé. Le film est inspiré d'un roman de JF Deniau, de l'Académie Française, qui s'est lui-même inspiré de certains cas rencontrés pour écrire son livre.

C'est une histoire de fantasme, de rêve, d'un personnage qui ne pense pas avoir sa place dans la société, qui ne retrouve pas dans le regard des autres la reconnaissance et l'importance qu'il espère. C'est surtout quelqu'un qui pense perdre son temps dans sa province, qui est destiné à une petite vie tranquille. Kassovitz rend d'ailleurs assez bien la banalité du personnage au début de l'histoire. C'est un gringalet sans assurance qui va faire du mensonge son allié. Tout ne se gagne pas si facilement, le film le montre bien: il y a d'abord un travail d'étude à faire, des noms à retenir, des postures à prendre, pour devenir LE personnage. Dehousse incarne un rêve, une idéalisation. Par le fait du hasard, avec beaucoup de chance, il finit par arriver à ses fins (gagner un grade militaire, avoir des responsabilités et une reconnaissance de la société et des gens qui l'entourent). Mais le hasard le pousse aussi à dépasser ses attentes et à le confronter à la réalité: c'est la scène du bois, peu avant la fin, qui le remet finalement à sa place et qui le dégoûtera du jeu dans lequel il s'était lancé. En jouant son rôle de gradé, en assumant ses actes par la condamnation à mort de ces déserteurs, il dépasse les limites qu'il s'était fixées, il ne joue plus avec des identités mais avec des vraies personnes. D'où sa réaction, celle de se dénoncer.
Dehousse, même dans cette scène de condamnation reste profondément humain. Il n'est pas un opportuniste malsain, n'a pas de méchanceté en lui. C'est un vrai gentil, probablement très idéaliste, qui a juste envie d'une vie meilleure, sans faire de mal aux autres, sans gêner (en étant discret). Mathieu Kassovitz est formidable dans ce rôle, entre crédulité et assurance, entre improvisation et préparation, entre être et paraitre.
On peut aussi parler du casting, vraiment très bon, entre gueules et phrasés particuliers. On peut s'amuser à repérer tous ces visages aujourd'hui assez connus (entre Kiberlain, Putzulu, Levantal, etc.).

Audiard donne à son film un ton particulier, personnel, malin, qui prend la forme d'un film plutôt léger ("tout public") pour raconter une histoire autrement plus profonde. On remarque un vrai style, par ses pauses étranges (images d'orchestre, plans de personnages sur fond noir, entre pastiche de muet et rêves iconoclastes) et par sa façon de filmer (collé aux basques de son personnage principal).

Un très bon film qui me fait patienter jusqu'à la sortie d'UN PROPHETE, fin août...


Posté par Anorya le 23 novembre 2007

Un héros très discret

Sympathique film sur la vie d’un menteur qui s’invente une vie de héros pour échapper a sa petite vie bien rangée à la fin de la seconde guerre mondiale. Audiard nous donne à voir un personnage timide qui par son mensonge, se bâtit sa personnalité mais reste au fond bien humain et attachant. Albert (formidable Mathieu Kassowitz), c’est un peu vous et moi, quelqu’un de très simple qui aspire au plus profond a quelque chose. Le film regorge d’inventivité en tout genre, d’une certaine fraîcheur, d’un ton drôle et ironique, d’une très belle photographie de J.M.Fabre et d’une musique entraînante et rêveuse. Excellent. 5/6
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Watkinssien
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Re: Jaques Audiard

Message par Watkinssien »

J'aime beaucoup le cinéma de Jacques Audiard. Filmographie courte (en tant que réalisateur), mais pas un seul mauvais film.

De battre, mon Coeur s'est arrêté est probablement l'un des tous meilleurs films français de 2005 !
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Jean Itard
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Re: Jaques Audiard

Message par Jean Itard »

Et même un peu plus que cela. Avis strictement personnel. :oops:
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Jeremy Fox
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Re: Jaques Audiard

Message par Jeremy Fox »

Jean Itard a écrit :Et même un peu plus que cela. Avis strictement personnel. :oops:
...que je partage. Certainement l'un des plus beaux films français tout court.
Monnezza
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Re: Jaques Audiard

Message par Monnezza »

Je ne savais pas que "De battre mon coeur s'est arrêté" était un remake d'un film de James Toback avec Harvey Keitel, "Fingers" ; "Mélodie pour un tueur" en VF...

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quelqu'un l'a vu ?
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Kevin95
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Re: Jaques Audiard

Message par Kevin95 »

Du pur cinéma des seventies avec son lot de plans chopés à l'arrache, d'acteurs en roue libre (ici ils sont excellents) et d'un ton naturaliste. Sur certains aspects, les deux films se rapprochent énormément, mais au final ce sont deux regards différents sur une même histoire (personnellement je vénère les deux films).

Et Jim Brown joue le Pimp le plus flippant du cinéma (au coté de Morgan Freeman dans Street Smart). :shock:
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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nobody smith
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Re:

Message par nobody smith »

Colqhoun a écrit :
ratatouille a écrit :Regarde les Hommes Tomber de Jacques Audiard : fabuleux comédiens, intrigue complexe, mise en scène classieuse et sèche, photographie hyper froide.....un excellent film, donc !
Jacques Audiard : un des meilleurs auteurs français, à l'heure actuelle. 8)
Comment je me suis emmerdé pendant ce film... pfiou !
Regarde les hommes tomber était le dernier Audiard qui me restait à découvrir (sans compter celui qui sort en salle aujourd’hui) et je dois avouer que le film a eu le même effet sur moi. Mon dieu quel ennui ce fut. Heureusement que je n’ai pas commencé à découvrir le travail du bonhomme avec celui-ci sinon j’aurais sûrement emballé l’affaire rapidement. Si le film recèle quelques qualités (l’interprétation offre de bons moments), j’ai globalement trouvé l’ensemble d’une prétention auteuriste insupportable. La complexification de l’intrigue ne fait que désservir le mariage des genres qui sera ô combien plus maîtrisé dans ses films suivants. Vraiment très déçu par cette première oeuvre en somme.
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Re: Notez les films /Novembre 2009

Message par Anorya »

Sur mes lèvres (Audiard - 2003)
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La première chose qui m'a surpris et en bien dans ce film, c'est Emmanuel Devos. Chez Desplechin dans Rois et Reine, je la détestais cordialement. Il faut dire qu'elle n'avait pas spécialement non plus le bon rôle, d'autant plus qu' Amalric la laissait complètement sur le carreau par sa prestation en roue-libre. Mais sans doute peut-on dire qu'elle n'était pas si bien dirigée que ça vu que soudainement chez Audiard, mes appréhensions ont étés totalement balayées. Ici, elle est complètement le personnage, jeune femme atteinte de surdité qui doit en plus de son handicap, se frayer un chemin dans son entreprise comme dans sa vie. L'occasion, elle va la saisir quand le jeune Paul Angeli (Vincent Cassel), reclu de prison (pour vol) est embauché dans l'entreprise. Paul ne sait rien faire. Strictement rien. Il ne sait pas non plus vivre, complètement à côté de la plaque. Les deux vont mutuellement s'utiliser pour s'en sortir mais surtout, la jeune femme va pouvoir complètement s'épanouir à travers sa relation avec Paul, voire prendre goût à un certain danger...

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Rien à redire à ce Audiard qui mêle drame, histoire d'amour un peu étrange avec le film policier. Le sujet de la surdité est amplement traité, de même que les relations que l'on peut avoir quand on souffre d'une prothèse auditive qui limite et l'avancement dans son travail comme dans la société. Paul ne voit qu'en Clara un moyen audacieux de pouvoir dérober une grosse somme, celà en utilisant son don de pouvoir lire sur les lèvres. Clara voit en Paul un mec qui ne la déconsidère pas dans l'entreprise et surtout, un moyen de s'affermir. Celà passe par les gestes, les dialogues, les regards et les deux comédiens sont tous deux très bons dans leur registre. Je regretterais juste l'histoire du contrôleur judiciaire qui ne m'a pas semblé apporter quelque chose (d'autant plus que c'est difficilement compréhensible : on ne comprend qu'il se serait débarassé de sa femme qu'en regardant les scènes coupées où 2,3 dialogues le laissent à penser. En enlevant ses scènes, Audiard s'est concentré plus sur la relation presque paternelle que nourrit Paul avec son contrôleur. Mais alors pourquoi faire parfois tourner l'histoire autour de la femme disparue si ça n'apporte plus rien justement ? :? ) et quelques moments peu compréhensibles mais sinon c'est du tout bon.

5/6
Dernière modification par Anorya le 10 nov. 11, 18:26, modifié 2 fois.
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Thaddeus
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Re: Jacques Audiard

Message par Thaddeus »

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(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)


Regarde les hommes tomber
Le premier long métrage d’Audiard impose d’emblée une vision assez originale en tordant le cou aux lieux communs du polar traditionnel, et en assortissant d’une ironie grinçante le portrait assez glauque de ses héros en chute libre, marqués par la solitude, la fatigue et le désespoir. Le ton est plus pessimiste que dans tout ce que le réalisateur proposera par la suite, marqué de notations très contemporaines, et porté par un trio de comédiens particulièrement investis. 4/6

Un héros très discret
Plus léger que le précédent mais sans doute aussi plus profond, plus mûr et plus brillant. Audiard trouve dans la période trouble de l’Occupation matière à de formidables variations romanesques sur les motifs de l’ambigüité, de la duperie et de la manipulation. D’une virtuosité discrète et aérienne, d’une écriture alerte, inventive, ludique, le film s’amuse à brouiller les pistes, virevolte d’une vérité et à l’autre, fait l’éloge du jeu et de l’affabulation, pour dresser le portrait en creux d’un homme insaisissable, imposteur malicieux à la naïveté presque enfantine. 5/6

Sur mes lèvres
Toujours plus maître de ses moyens, Audiard accouche ici d’un polar sentimental parfaitement accompli, qui renouvelle de façon originale le vieux motif du couple maudit de film noir (filou désargenté et femme fatale) en l’inscrivant dans une réalité sociale et contemporaine très marquée. Tendu dans le moindre plan, orchestrant un suspense passionnant au fil d’une intrigue au cordeau, le film instaure un climat paradoxal de violence âpre et de douceur mêlée, et parvient à détourner les figures du genre tout en les magnifiant. 5/6

De battre mon cœur s’est arrêté
On est dans une veine assez similaire ici. Précis, documenté, minutieux à tous les stades de sa conception, c’est un autre polar de très haute tenue, un thriller dense et captivant dans le milieu de l’affairisme véreux doublé d’une étude d’émancipation filiale. Audiard élargit encore sa palette en privilégiant une approche intime, vibratile, électrique de son histoire, rivé à l’intériorité fiévreuse de son personnage, de sa marche difficile vers la lumière et l’apaisement, auxquels Romain Duris apporte une grande intensité. 5/6

Un prophète
Deux heures et demie de nitroglycérine, pas un bout de gras, un don inné pour agripper le spectateur dès la première seconde et ne plus le lâcher. Ample et physique, riche et étouffante, cette étude saisissante d’un rapport de servitude et de l’ascension d’un jeune truand malgré lui impose une fois de plus la maîtrise assez soufflante de son auteur. Audiard subordonne son considérable travail de mise en lumière du fonctionnement interne d’une microsociété à la logique haletante et chauffée à bloc du pur film noir, dans le sillage des maîtres du genre (Scorsese, Dassin) : la réussite est totale. 5/6

Mon top :

1. Un prophète (2009)
2. De battre mon cœur s’est arrêté (2005)
3. Sur mes lèvres (2001)
4. Un héros très discret (1996)
5. Regarde les hommes tomber (1994)

Mon top est parlant : depuis ses débuts, Audiard suit une irrésistible montée en puissance, mais ça fait depuis quelques films maintenant que je le considère comme l’un des plus brillants cinéastes français actuellement, un réalisateur dont l’ambition n’égale que la richesse et la maîtrise de traitement de ses sujets.
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