V for Vendetta (James McTeigue - 2005)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Robert 'Butch' Haynes
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Message par Robert 'Butch' Haynes »

Natalie Portman fête ses 25 ans !
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Jordan White
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Message par Jordan White »

Un film intéressant dans sa première partie, grosso modo pendant 1 heure durant laquelle il développe ses thématiques dont la principale est celle de la construction de la peur et l'effet qu'elle produit sur la population. L'autre grande thématique étant celle de la contamination de cette meme population par un gouvernement qui l'a utilisé à des fins despotiques.
Plus intéressant encore le fait de retrouver John Hurt vingt ans après 1984 le film dans lequel il était oppressé, ici dans le role de l'oppresseur avec tous les clichés qui vont avec : poigne de fer, visage ultra tendu, nervosité surlignée, pouvoir indéfectible sur ses bras droits etc. L'acteur se prete à l'exercice en frolant parfois le grotesque, mais la dictature et ses réprésentations visuelles l'ont souvent été (en regardant des images d' archives des dictateurs du XXème siècle on retrouve une théatralité exagérée dans le mouvement corporel et le phrasé, Hitler ayant été le plus incroyable à ce niveau là). C'est valable durant son dernier discours, où dans son role de Chancelier il exhorte ses concitoyens à lui faire confiance. Dans pareille situation, ça en dévient un pléonasme, pourquoi insister là dessus si ce n'est que par la crainte obsessionnelle de perdre de son emprise ?

La façon dont le film montre un pouvoir en place dévitalisant l'espace urbain (une grande place et c'est tout, le reste semble invisible et surtout les gens semblent tous terrés chez eux) est assez bien vue, meme si là encore le fait de dénoncer par une oeuvre de fiction un pouvoir totalitaire ne peut faire oublier que celui revé par V l'est tout autant alors que son idéal est fondé sur le seul espoir d'un autre Londres . Une forme de dictacture étatique qui serait remplacée par un ordre venu d'un peuple opprimé, mais quid de l'action des dirigeants à nouveau en place en l'absence de V
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Puisque dans la dernière scène il meurt.
A mon sens c'est le gros problème de l'utopie crée de toutes pièces par un contrepouvoir qui ne peut lutter sur la longueur contre quelque chose qui a été établi, qui a dérivé mais qui constituait à la base une société démocratique. La démocratie concentrée dans les mains d'un révolutionnaire qui oeuvre dans un seul sens (où la police n'existe plus de meme que la justice) c'est une forme de récupération de pouvoir, et ce n'est plus la démocratie mais une autre forme d'emprise. Alors évidemment en tant que spectateur selon sa sensibilité, on préferera un choix à un autre, un mode de vie à un autre, mais l'utopie pour moi amène forcément sur la table la question du plausible et de l'organisation du pouvoir avec séparation de ces memes pouvoirs. Le role de Creedy m'a rappellé le souvenir effroyable de Mangele le medecin nazi et ses expérimentations. Le film fait une sorte de vulgarisation de politique, dans un sens c'est bien, mais dans un autre c'est un peu court, notamment quand dans le final
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Tout sembler couler de source, les mrots sont vengés, les politiciens abattus et ce sans procès
J'ai trouvé l'interprétation de Natalie Portman convaincante, difficile de juger de celle d'Hugo Weaving prostré derrière son masque et tentant à chaque fois de tirer le meilleur partie de ses répliques qu'il enquille à la chaine. Je trouve judicieux meme si là encore ça me pose problème de montrer cet homme qui veut tout faire péter (pour reconstruire sur quelles bases ? Des bases plus saines ?), y compris ce symbole à priori inviolable qu'est Big Ben, en usant de sa science, homme lettré, qui vole les oeuvres d'art, est mélomane et cite Macbeth. Ce coté je suis très intelligent alors qu'il m'est aussi apparu comme quelqu'un de très dangereux (je ne conçois pas l'action qu'il entreprend comme un acte justifiable, d'autant plus quand il est couvert par l'acte terroriste) est très dérangeant. Pour un film qui n'est pas forcément une oeuvre d'extreme gauche mais une oeuvre plutot engagée à gauche, ça m'a semblé très propre sur la forme et le fond, très film de gros studio, donc au final assez inoffensif. La séquence avec les flingues m'a un peut fait penser à Blade, j'ai trouvé cela limite nul.

Pas trop mal, surtout pour Portman, la lettre lue dans la prison est une très belle séquence. Un étrange moment de poésie lesbienne dans un ensemble finalement assez convenu.

5/10
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hansolo
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Re: V for Vendetta

Message par hansolo »

je viens de découvrir le film que j'ai bcp apprecié.
Y a t il un moyen de se procurer le Monte Cristo de Rowland V. Lee (apparemment il n'existe pas en Dvd); serait il dans le domaine public?
(il est peut être evoqué dans le topic mais je n'ai pas le courage de faire les 12 pages ...)
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Watkinssien
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Re: V for Vendetta

Message par Watkinssien »

Enfin vu, cette adaptation de Moore !

Eh bien, j'ai été rellement emballé par ce spectacle hautement jouissif et révolté.

McTeigue signe avec une efficacité indéniable un film de super-héros anarchiste, en amenant une cohérence dans les propos de fond tout en soignant avec solidité le visuel de son film.
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hansolo
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Re: V for Vendetta

Message par hansolo »

Watkinssien a écrit :Eh bien, j'ai été rellement emballé par ce spectacle hautement jouissif et révolté.
McTeigue signe avec une efficacité indéniable un film de super-héros anarchiste, en amenant une cohérence dans les propos de fond tout en soignant avec solidité le visuel de son film.
+1
je n'aurais pas dit mieux!
irreversible a écrit :Le film se veut beaucoup plus consensuel et politiquement correct et surtout ose un parallèle plus que déplacé avec l'Amérique d'aujourd'hui (il fallait oser sous entendre que les attentats du 11 septembre étaient peut-être le fait du gouvernement américain lui-même ! Vive Thierry Messan et le culte de la théorie du complot).
je ne saisis pas ton propos ... si le film se voulait des plus politiquement correct; il n'aurait pas frolé le thème de la collusion gouvernementale qui est un sujet particulièrement sensible ...
d'ailleurs je n'ai pas l'impression que ce parralèle - comme tu le dis - avec l'Amérique d'aujourd'hui soit particulièrement appuyé; on le ressent tout simplement car la marche du monde actuel s'y prete ... de même pour le "noyautage" des médias; on a l'impression d'une fable de la fontaine ... personne n'est cité explicitement mais les personnes concernées se reconnaissent!
Dernière modification par hansolo le 17 avr. 08, 20:02, modifié 1 fois.
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Ben Castellano
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Re: V for Vendetta

Message par Ben Castellano »

Je n'ai jamais lu la BD en entier, mais ça se sent que le film a le poids de l'adaptation sur ses épaules avec de nombreux passages survolés en mini-montages peu convaincants. James McTeigue a le mérite d'éviter souvent l'épate gogo mais sa mise en scène est réellement limitée dans ce contexte foisonnant, aussi bien dans les idées que dans les références, transformant en banale série B ce qui aurait pu être simplement énorme. Au moins sur From Hell, les frères Hugues s'affranchissaient un peu de leur adaptation impossible via des idées de mise en scène inventives et une réelle ambiance. Par ailleurs le final me semble coller un peu trop à une valorisation de l'espoir un chouille naive par rapport à une dimension politique plus dure des évènements... Je ne doute pas que la BD doit-être plus subversive, en tout ça ça m'a donné envie de la finir. Natalie Portman (qui s'était fait une année maso en 2006, entre ça et le Forman)et Hugo Weaving sont bons et j'aime vraiment beaucoup le personnage de V: ça aide à faire passer le reste plus inégal niveau interprétation avec un John Hurt qui en fait des caisses et un Stephen Réa endormis.
Joe Wilson
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Re: V for Vendetta

Message par Joe Wilson »

Manifestement, James McTeigue s'est vite retrouvé dépassé par le poids de son sujet...malgré le potentiel et le charisme de V. et l'investissement d'Hugo Weaving, le film échoue systématiquement à porter une réflexion politique. Au contraire, du premier sauvetage de Nathalie Portman au désincarné défilé final, on reste dans une structure conventionnelle, basique, où les thèmes du fascisme et de l'anarchisme sont survolés jusqu'à l'excès et la caricature.
L'échec le plus marqué vient sans doute des personnages de Sutler et Creedy...le pouvoir en place est ici décrit de manière tellement grotesque et ridicule qu'à aucun moment on ne ressent un quelconque danger, une oppression. On bascule finalement dans un second degré permanent qui désamorce toute ambition de mise en scène.
La vengeance est linéaire, inoffensive et n'est que rarement soutenue par une quelconque ambiguité. La pauvreté du visuel, incapable de créer les conditions d'une tension ou d'un vertige, achève de décrédibiliser cette adaptation.
Seul le personnage de V., dans quelques séquences, montre autre chose...une incertitude, une angoisse, une incohérence. Mais la subtilité est toujours rapidement désamorcée, à l'image de la relation avec Evey (Nathalie Portman, comme souvent anonyme et absente) qui, par son déroulement, n'évite que rarement une dimension mièvre, complètement hors de propos.
Au final, V for Vendetta fait l'effet d'un film se regardant certes sans ennui, mais dont la tonalité prévisible et anodine ne provoque qu'une relative indifférence.
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Anorya
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Re: V for Vendetta

Message par Anorya »

Vu samedi mais j'avais pas recopié mon avis encore ici donc...

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V pour Vendetta (McTeigue - 2005).

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J'adore Alan Moore et V pour Vendetta avec The killing Joke et Watchmen font partie de mes oeuvres préférées du monsieur.
Autant dire que j'avais clairement peur d'être déçu comme j'avais pu l'être de From Hell et La ligue des gentlemen extraordinaires.
Et en fait curieusement, j'ai plutôt bien apprécié. Les Wachowski Bros' ont assez bien retranscrit l'essence du roman graphique de Moore même si évidemment pas mal de choses passent à la trappe. Notamment l'ironie et la subversion de Moore, plutôt assagie ici.
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Dans le comics...

- Evey (ici Nathalie Portman) se prostitue (ou du moins se préparait à le faire). Elle ne travaille même pas à la chaîne de télé BTN, elle n'en a même pas les moyens il faut dire.
- L'évêque pédophile est empoisonné par une hostie que lui donne V (alors que dans le film, bah il le tue mais on en sait pas plus), c'est là toute l'ironie retournée envers l'église.
- Prothero n'est pas tué immédiatement (V l'élimine dans sa douche dans le film), au contraire, avec un rare sadisme, V lui fait revisiter le camp et lui fait perdre la boule...
- Evey ouvre la fenêtre de notre cher évêque mais ne va pas non plus tenter de se confesser et de s'échapper par la suite au contraire du film...
- La femme de Derek, personnage fascinant qui en viendra à commettre un attentat contre le gouvernement n'est pas dans le film. Beaucoup de personnages passent à la trappe ou sont simplifiés...
Néanmoins le film reprend à la moëlle l'idée de révolution et de soulèvement envers la dictature qui fait tout le sel du comics. Certaines scènes, reprises tel quel du comics, en tirent même une force étonnante (Evey au camp, la mort du docteur sur son lit) et en arrivent à devenir plus que bouleversantes (l'histoire de Valérie qui fut internée parce qu'elle aimait d'autres femmes). Et puis des détails minimes du comics sont mis en valeur (la petite fille à lunette des pages 184 - 185 dans l'acte III devient dans le film un vrai personnage secondaire auquel s'attacher), d'autres sont déplacés, changés, parfois en bien (l'attentat contre la chaîne de télé arrive très tôt au contraire du comics), parfois en mal (Finch dans le comics est construit comme l'opposé de V, sa némésis, mais en refaisant le même parcours que ce dernier afin de le comprendre, il devient son égal jusqu'a un affrontement jouissif. Dans le film, le bonhomme (joué par Stephen Rea) semble constamment avoir un train de retard... même jusqu'a à la fin, étouffant son rôle de pion plus qu'important dans l'engrenage qu'a tracé V. :| ). Mais bon, retranscrire une oeuvre des plus denses est toujours casse-gueule et il faut savoir accepter de perdre des choses et d'en trouver d'autres (John Hurt qui jouait un opprimé dans 1984, qui joue ici le chancelier suprême, bien trouvé !) d'un média à un autre. Et c'est quand même malgré quelques réserves (edit : Demi-lune les donne plus bas au passage), une bonne adaptation.

3,5/6.
Dernière modification par Anorya le 22 mars 11, 13:19, modifié 1 fois.
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Jericho
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Re: V for Vendetta

Message par Jericho »

Ca fait du bien de voir un long métrage de cette trempe, quand on sait que le cinéma Hollywoodien est moribond depuis quelques années voire une bonne décennie...
A l'époque j'attendais pas grand chose de ce film. Et après la séance, je fus émerveillé.
Reste que la mise en scène est un peu trop sage à mon goût, mais pour ce qui est du reste, c'est du tout bon.
V est un personnage très charismatique et avec la voix d'Hugo Weaving, ça le fait encore plus !

Un de mes nombreux coups de coeur de l'année 2006 !
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Demi-Lune
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Re: V for Vendetta

Message par Demi-Lune »

Je n'ai pas beaucoup aimé. Deux facteurs (VF et image recadrée entrecoupée de pubs) sont à prendre en compte dans ce constat, mais pas exclusivement, car le film, au-delà de ces facteurs, me paraît fragile et faible dans ce qu'il propose. Je ne connais pas la BD originelle - V pour Vendetta a au moins ceci d'appréciable qu'il donne vraiment envie de partir à sa découverte -, mais en tant qu'œuvre de cinéma, le film de James McTeigue se regarde certes sans grand déplaisir, mais échoue totalement à donner le moindre souffle dramatique, la moindre ampleur (pourtant, me semble-t-il, attendue au vu du postulat) à cette histoire qui révèle d'excellentes idées, mais qui ne paraissent cependant pas exploitées convenablement par le cinéaste ou les adaptateurs. La mise en scène est parfaitement anecdotique, fonctionnelle, d'un flagrant manque d'inventivité ; quelques scories visuelles héritées du style matrixien des Wachowski ponctuent épisodiquement, avec un résultat hélas ridicule, une mise en images impersonnelle qui, le temps d'un flash-back (l'histoire de Valeria), se vautre d'ailleurs dans un grotesque sitcomesque à côté de la plaque. Natalie Portman est toujours aussi merveilleusement belle, mais n'a que peu à jouer. Hugo Weaving campe effectivement un personnage furieusement charismatique dans son énigme vivante, son verbiage de poète et ses manières paradoxales, entre raffinement et bouillonnement nihiliste. Mais de la même manière qu'il est un corps sans visage, V pour Vendetta est presque un film sans film. Il veut raconter une histoire dure, d'une portée politique percutante, mais ne parvient pratiquement jamais à s'en donner les moyens, sauf le temps du finale. Pour un film se posant violemment contre les dictatures et appelant à la révolution générale, la violence physique est timorée, la violence mentale n'est pas prégnante. Comme l'indiquait Joe Wilson, V pour Vendetta ne dégage aucune oppression, aucun malaise. C'est particulièrement visible lors de la séquence d'emprisonnement de Natalie Portman, qui se voulait être un moment viscéral. On suit les choses tranquillement, en savourant éventuellement le ton exceptionnellement politisé de ce blockbuster, mais en ne se sentant jamais bousculé, dans un sens comme dans l'autre, par les idées politiques énoncées par les deux camps. Quant à la violence politique (le discours anarchiste porté par le film), elle est présente mais desservie par un simplisme scénaristique, à gros renforts de tirades sur la vérité, sur la justice, et de personnages caricaturaux. Sans consistance, Sutler et Creedy, figures repoussoir du fascisme dénoncé mais finalement méchants d'opérette chaque fois présentés de façon dédramatisante, sont illustratifs de cette relative vacuité générale. Je dis "relative" car il faut reconnaître que le fond de l'œuvre dénote une remarquable volonté de proposer un divertissement politique. J'ai relu les interventions précédentes, dont certaines pointaient, avec insatisfaction, les - vraisemblables - échos entretenus avec l'administration Bush, au prix d'un détournement des intentions de Moore ; mais je dois dire que, en définitive, V pour Vendetta, quelles que soient ses visées au moment de sa sortie, est presque intemporel de par ses thèmes. Bref, pour moi tout ceci est globalement désincarné, et très moyen.
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J'ajoute que je me suis senti floué, en tant que spectateur... j'ai franchement adoré l'idée qu'on ne sache finalement jamais qui était V. Le personnage n'en reste que plus mystique, et sa fin, qui scelle son éternel anonymat, apporte au spectateur une frustration exquise. Mais en voulant rattacher au personnage un cortège d'évènements passés (tout l'épisode lesbien en flash-back, relié à V par différents éléments mis d'ailleurs en exergue par l'inspecteur), il y a comme la promesse implicite de donner une piste solide sur l'identité du héros. Or, il n'y aura pas d'éclaircissements et je trouve par conséquent la démarche inutile (à quoi bon vouloir donner une "carrure", une vague connexion passée entre les lesbiennes et V, si cela n'apporte rien à l'intrigue ?) et presque hypocrite (on donne des clés, comme pour nous appâter, et finalement, tu l'as dans l'os !). Oui, je dois dire que j'ai eu un peu l'impression qu'on s'était foutu de ma gueule, sur ce coup-là.
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Re: V for Vendetta

Message par Anorya »

Tu recites très bien des frustrations que je n'avais pas cité, me basant exclusivement alors sur le comics (*).
Rétrospectivement c'est à la lecture du comics que je me plais à apprécier un peu le film, je m'en rends compte (ma chronique justement enchaînait en spoiler de nombreux points manquants) et je constate avec étonnement réjoui que tu livres en spoiler une idée qui est déjà dans le comics de base et qui n'a, encore plus étonnant, pas été massacrée lors du film ("le mystère V"). Bien sûr qu'il y a frustration mais là encore le film ne tente jamais de donner corps à celle-ci, ce que le comics parvient admirablement bien : Ainsi, tout le chapitre 9 de l'acte III, "La veillée" (pages 240 à 247 de l'édition intégrale chez Delcourt) revient sur V et comment doit agir Evey. Là où le film se plante c'est en ayant voulu donner un corps concret à V (cf, les scories Wachowskiennes que tu rappelles) alors que dans le comics, il devient depuis le début une idée abstraite et le restera en tant que tel. Là où le comics va très loin (comme toujours chez Moore. Je me marre en voyant la version cinéma de From Hell où les cinéastes n'ont pas eu le courage de mettre en scène les visions démentielles de folie de l'assassin tel qu'on les ressent violemment dans le comics, c'est dire), c'est d'arriver par le biais du personnage d'Evey à nous faire accepter ça. La narration est un tel modèle (3 actes avec 10 chapitres à chaque fois + 2 conclusions en post-scriptum qui n'ajoutent rien au récit si ce n'est faire jubiler le lecteur aux anges), l'histoire est si dense et complexe qu' évidemment le film ne peut tenir un tel postulat. C'est un peu le problème d'un film à grand spectacle essayant d'adapter une oeuvre qui n'accepte peu de compromis, on finit généralement par se retrouver avec un produit expurgé de beaucoup de choses. L'aspect politique du film en lui-même, on est à milles lieues en dessous de l'intelligence d'un Marker (Le fond de l'air est rouge, fresque de près de 3,4h que je n'ai pas encore eu le courage de voir en entier) ou d'un Watkins, c'est dire.

Par contre je serais sans doute moins sévère que toi mais sans doute pour l'unique raison qu'en tant que fan de l'oeuvre de Moore, j'ai été surpris de me retrouver devant quelque chose qui n'était pas une trahison totale du comics. Même si on ne retrouve qu'une partie de la substance (le personnage de V, de menus détails comme la fillette à lunettes, la relation entre Evey et V...), il y a quelque chose de conservé en regard de tout ce qui a été adapté de Moore. On a pas par exemple un changement radical de la nature d'un personnage ni même un ajout inutile pour rallier une partie du public (je fais référence à Mina Harker, Tom Sawyer et Dorian Grey dans La ligue des gentlemen extraordinaire. La première opère d'un contresens total par rapport au comics, je me souviens avoir écarquillé de gros yeux en pensant "mais qu'est-ce que c'est que ce truc ???". Le second n'apparaît pas dans le comics --de même que le troisième-- et n'a été rajouté que pour que le public américain puisse avoir un élément de sa propre histoire mythologique a identifier). On a pas non plus la fin entièrement modifiée (Watchmen... perd une grande partie de la force du comics pour moi d'un coup), ni même les détails propice à la narration ou à la psychologie du personnage qui s'enfuient littéralement aux oubliettes (From Hell). Mais ça reste une maigre consolation et je conseille évidemment de lire à tout prix les oeuvres de Moore (en bon fan-boy je dirais). :wink:



(*) j'ai donc fait un mini-edit pour te citer !
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Demi-Lune
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Re: V for Vendetta

Message par Demi-Lune »

Anorya a écrit :On a pas non plus la fin entièrement modifiée (Watchmen... perd une grande partie de la force du comics pour moi d'un coup)
Je ne me souviens plus vraiment quelle démarcation caractérisait le film Watchmen de la BD (à moins qu'il ne s'agisse du fait que c'est une boule électromagnétique ou je ne sais quoi et non un monstre qui foute la pagaille à la fin), mais je dois avouer que quand j'avais lu la BD, la fin m'avait déjà un peu déçue, ne semblait pas tout à fait à la hauteur... Watchmen de Snyder est une photocopie animée de l'œuvre de Moore et est blindé de tics de mise en scène atroces (ralentis, choix musicaux, photo dégueulasse, etc), mais c'est un film que j'aime bien, car il respecte globalement le matériau d'origine (logique) et n'édulcore pas la violence graphique de la BD, ce qui est rare pour un tel film de studio. C'est un film qui a de la burne, quoi. Un vrai OVNI dans cet Hollywood des années 2000.
Mais, si j'ai bien compris ton commentaire, la BD V pour Vendetta ne fait pas la connexion entre l'histoire des lesbiennes et V ? Ça me donne envie de découvrir l'œuvre originale, tout ça... et puis From Hell aussi (là encore, film que j'aime bien malgré ses défauts, notamment pour son ambiance apocalyptique, mais qui n'est pas l'œuvre définitive sur l'Éventreur - je me suis passionné pour le sujet il y a des années).
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Re: V for Vendetta (James McTeigue - 2006)

Message par Anorya »

En fait, sans rentrer dans les détails
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et si j'ai bien compris ta question (parce que tu dois lire le comics :mrgreen: ), si, le comics fait le lien entre l'épisode lesbien et V mais pas dans le sens où on pourrais penser que V a personnellement connu les deux femmes et qu'il était leur ami proche bien avant que tout dégénère comme le film avec son flashback tout mignon et sentimental pourrait le laisser penser (c'est du moins le souvenir que j'en ai). Par contre V a bien connu Valérie, ils étaient compagnon de cellule au camp de concentration, donc V n'invente rien, tout est vrai et comme il l'indique, p.170/171, c'est bien Valérie qui a écrit la lettre. Est-ce que ça répond à ta question ? :D
Lis le comics sinon. 8)
Pour From Hell, je n'ai pas beaucoup lu sur le sujet mais Moore et son dessinateur semblent en tracer une remarquable synthèse, Moore se permettant même de livrer après les 508 éprouvantes pages du comics, un appendice de 40 pages de notes revenant sur de nombreux détails (on s'aperçoit alors de l'hallucinante documentation qu'il doit posséder sur le sujet) en plus d'un second "epilogue" dessiné sur plus de 20 pages où le scénariste et son dessinateur n'hésitent pas a se représenter à un bar en train de regarder une femme nue danser. Cet épilogue sert aussi à retracer plusieurs hypothèses et celles que Moore à choisi, quels livres il a consulté. C'est tout bonnement ahurissant. Un livre-somme comme bien souvent chez le monsieur.
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someone1600
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Re: V for Vendetta (James McTeigue - 2006)

Message par someone1600 »

J'ai beaucoup aimé ce film quand je l'ai vu, n'ayant jamais lu le comic (bon en fait, je n'ai jamais lu de comics tout court, aucun), je ne peux pas voir les divergeances. Faudrais que je revois d'ailleurs, ca fait deja 5 ans que je l'ai vu.
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hellrick
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Re: V for Vendetta (James McTeigue - 2006)

Message par hellrick »

Un film que j'avais beaucoup aimé à la première vision (en salle) et que j'ai redécouvert en dvd pour l'adorer encore bien davantage...Un de mes films préférés des années 2000 et un excellent thriller de sf...j'adore sans réserve :wink:
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