Michael Powell (1905-1990) / Emeric Pressburger (1902-1988)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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beb
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

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Dernière modification par beb le 31 mars 23, 13:13, modifié 1 fois.
Alligator
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

Message par Alligator »

The phantom light (Michael Powell, 1935)

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Encore un quota-quickie sur lequel Powell s'est fait la main. Après avoir vu Red Ensign, je pense pouvoir dire que mon estime pour Powell ne me fera plus tenter le coup sur ce genre de moyen-métrage dont les scénarii sont d'une rare médiocrité. Le film dure 1h12, mais parait ne pas finir. Mou du genou comme on dit. Malgré le fait que le récit se base une intrigue mystérieuse censée engendrer le suspense.

A part quelques éléments très powelliens comme la présentation des décors avec de beaux paysages du Pays de Galles, ainsi qu'un humour clin d'oeil sur le folklore local et des personnages très pittoresques (la vieille à la gare ou les oeillades du gros policier avec la grosse barmaid), le film est par moments d'une lourdeur éléphantesque.

Un film où il faut véritablement partir en expédition pour retrouver le ciné de Powell.
Nestor Almendros
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

Message par Nestor Almendros »

Posté par Joe-Ernst le 8 janvier 2008

Les chaussons rouges (The Red Shoes, 1948), de Michael Powell et Emeric Pressburger.

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Film étrange et envoûtant, un peu comme si l'on avait demandé à Edward Hopper de peindre des images animées évoquant le monde artistique et mondain du 19ème siècle, mais c'est très réussi. La première partie est vive et enjouée, mais où aussi tous les composants du drame qui va se jouer se mettent en place, jusqu'à cet hallucinant ballet, un modèle du genre pour toutes les comédies musicales futures. Puis la langueur s'installe, et les métaphores contenues dans Les chaussons rouges sont développées jusqu'à la tragédie finale aux accents très tolstoïens, comme si le romantisme incarné par le poète Lermontov, homonyme du directeur des ballets, devait laisser la place au réalisme de Léon Nicolaiévitch. Powell et Pressburger ont magnifiquement réussi leur pari de montrer une création collective dans le monde artistique avec ce film, tout en mettant l'accent sur le dévouement total pour l'Art que certains exigent des artistes, avec tous les drames et tous les déchirements que cela entraîne. Anton Walbrook, terrible Méphistophélès, est d'ailleurs fabuleux en chef de troupe tyrannique. Moira Shearer est émouvante mais sans la moindre miévrerie. Marius Goring en revanche m'a paru un peu vieux et fade pour le rôle de Julian Craster. Une très belle découverte.
Cathy a écrit :Les chaussons rouges montrent admirablement ce qu'était le monde de la danse au début du 20ème siècle avec une évidente allusion aux Ballets russes et à Serge Diaghilev. Il est intéressant de voir la conception de l'époque des ballets avec des musiques créées spécialement pour des oeuvres et pas simplement une réutilsation d'autres musiques (même si certains chorégraphes utilisent encore des créations). Il y avait une adéquation totale, une complémentarité de "troupe" qui n'existe plus aujourd'hui. Il est aussi intéressant de noter pour le balletomane, la présence de Leonid Massine en vieux cordonnier.
J'aime beaucoup Moira Shearer qui allie élégance et charme et niveau danse modernité bienvenue. Elle est aussi admirable dans le sketch d'Histoire de trois amours, où elle incarne aussi une danseuse qui ne peut exercer son métier à cause d'une maladie du coeur !
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

Message par someone1600 »

Je ne connais rien a la danse, mais j'ai adoré ce film, seul Powell / Pressburger que j'aie vu pour l'instant. :wink:
Alligator
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

Message par Alligator »

The Small Back Room (La mort apprivoisée) (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1949) :

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plein de captures
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Quel plaisir de retrouver un bon Powell & Pressburger! D'autant plus que je ne m'attendais pas à un film aussi joli. Formellement on retrouve la patte Michael Powell, une réalisation léchée. La photographie joue sur les ombres et lumières pour quelques séquences de toute beauté.
On apprécie également cette prédilection pour une belle mise en valeur des décors naturels (judicieuse utilisation de filtres sur les plages). A louer encore, l'audace narrative des effets spéciaux que l'on doit sûrement à Hein Heckroth. Je pense ici à cette fameuse scène surréaliste de la pénible attente du héros alcoolique, tenté par une bouteille de whisky de plus en plus grande. Cela rappelle le travail de Dali sur le cauchemar de Spellbound d'Hitchcock.

Et puis l'on savoure la patte de l'ami Pressburger, ces dialogues vifs, la percussion des échanges, avec la juste dose d'humour caustique qui perce en perfide allusion ou bien en coup de glaive féroce.

De cette association fabuleuse sont nés des chefs d'oeuvre tel que le Colonel Blimp, Je sais où je vais ou Black Narcissus ou autres Canterbury Tales. Ici, si j'ai pris énormément de plaisir à voir le cheminement constructif du film, sa belle mécanique structurelle et la manière de mettre cette histoire en image, je ne suis pas complètement parvenu à intégrer parfaitement les enjeux du film, malheureusement. Non que l'évolution de ce couple ne m'ait pas ému, non qu'ils soient hautement sympathiques, mais il s'agit plutôt du fait que la portée de leur histoire n'a pas provoqué en moi un écho persistant au delà du visionnage. Dans les films cités plus haut, j'étais souvent perdu dans mes pensées et émotions, les personnages m'accompagnant bien après les avoir découverts.

Ce n'est pas faute d'avoir été comblé par les comédiens. J'ai une nouvelle fois été enchanté par la prestation de David Farrar. Je l'ai trouvé extrêmement fin dans son jeu d'alcoolo, de malade, donnant avec un équilibre parfait autant de vulnérabilité que de courage à son personnage. Il hérite il est vrai d'un rôle complexe qui demande un investissement important où la subtilité du comédien est exigée, nécessaire pour lui donner un tant soit peu de vraisemblance.

Kathleen Byron propose un personnage beaucoup moins outré que celui de sister Ruth dans le Narcisse noir. Au contraire, elle affiche ici une personnalité longtemps en retrait, lui donnant au début une aura mystérieuse, troublante qui ne réussit pas à la rendre belle (vraiment pas mon style de femme, on s'en fout, oui, on s'en fout). Par la suite, elle demeure peu communicative, dans une posture d'attente auprès de son homme, en attente d'une révolte ou d'une déclaration (bien plus par ses actes que par ses mots d'ailleurs), mais cela ne vient pas, ce qui lui donne l'occasion d'une belle scène d'esclandre, rage qui ne m'a pas totalement convaincu. A sa décharge sans doute que la présence de Farrar en impose tellement que sa petite voix parait un peu fluette. Peut-être.

Il est toujours bon de retrouver cette forme de démonstration d'humanisme fervent, propre à Powell avec l'inclusion dans sa mise en image de plans de visages, de tronches. Je pense d'abord à ces soldats sur la plage, spectateurs comme nous du désamorçage de la bombe. Mais l'on peut penser à toute la galerie de personnages secondaires qui parsèment le récit et qui le parent d'un réalisme bon enfant, sur un ton égal, bienveillant. Là effectivement je songe au barman Sid James. Je pense au ministre joué par un Robert Morley dont la tête vous revient c'est obligé, on l'a vu un peu partout ce gaillard. A ces jeunes collègues en butte à quelques désordres domestiques, aux remontrances du patron dont le regard enguirlandeur sait faire place très vite à un sourire enjoleur. Comment oublier le visage compatissant de la superbe Renée Asherson lisant en pleurs le rapport de Cyril Cusak. Et l'on pourrait continuer ainsi avec l'officier blond dont j'ai oublié le nom sur le quai de la gare ému d'avoir rencontré Farrar. Encore et encore, ces mots, ces regards et ces personnages aux visages profondément humains dans lesquels brillent les mêmes lueurs que celles de leurs auteurs.
Chez ces soldats ou laborantins londoniens, on reconnait les villageois de Je sais où je vais, ou les habitants du Canterbury Tale, une chaleur, une joie de vivre ensemble malgré la guerre, une caractéristique britannique peut-être, une spécificité du couple Powell & Pressburger certainement.
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Sybille
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

Message par Sybille »

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The wild heart / Gone to earth / La renarde
Michael Powell & Emeric Pressburger (1950) :

Film étrange à l'atmosphère envoûtante, "La renarde" est une ode à la nature, à l'espace et à la liberté. Powell et Pressurger y distillent les ingrédients de légendes anciennes, et teintent leur film d'une poésie âpre et sauvage, qui étonne ou séduit, mais ne laisse en tout cas pas indifférent. Le personnage d'Hazel est une héroïne romantique et rêveuse, influençable et mal à l'aise dans le monde des hommes, qu'elle dédaigne pour y préférer celui des animaux de la forêt. Une touche de banalité fait également irruption dans l'histoire par le biais de personnages plus conventionnels et "typiquement" anglais : pasteur de village, chasseurs à courre, ou réunion de vieilles dames autour d'une tasse de thé. Un beau film où les lieux (manoir ou chaumière, tous sombres et lugubres, longues étendues de plaine battues par les vents...), peut-être davantage encore que les personnages, contribuent à instaurer cette ambiance si particulière aux films de Powell et Pressburger. 7/10
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

Message par Alligator »

They're a Weird Mob (Michael Powell, 1966) :

http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... d-mob.html

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Petite production d'un Michael Powell vieillissant et désormais séparé de son alter-ego d'écriture Emeric Pressburger. Si l'on ne s'en est pas toujours rendu compte, force est de constater qu'ici l'absence de rigueur et de finesse dans le rythme plombe pas mal cette comédie.
Powell n'invente pas grand chose. L'esthétique, la manière de filmer sont ordinaires. Tout juste a-t-il introduit quelques effets de distorsion et des ralentis pour faire ressentir l'ivresse ou la fatigue du personnage principal. Il semblerait que Powell se soit concentré sur le parcours de son personnage, un italien venant de débarquer à Sydney et bien décidé à payer les dettes qu'il a contractées aurpès d'une belle plante. Powell s'intéresse beaucoup au vocabulaire typiquement australien, sujet de nombreuses scènes dont le comique touchera essentiellement les australiens et les britanniques. On a droit à une sorte de panorama social de l'australien moyen et citadin. Aussi le film prend-il par moments des allures touristiques. Gentil, il suit son cours, paisiblement et puis se tourne un brin vers la comédie romantique pour pimenter un récit sympathique mais peu dynamique.
Finalement on pourra toutefois apprécier une distribution d'abord italo-australienne avec quelques têtes connues. Mais le fanatique de Powell s'en trouve un peu décontenancé. Certes, la bonne humeur qui imprègne le film rappelle l'espèce de fraicheur, que d'aucuns pourront appeller "candeur", des films de Powell, cet amour, cette confiance dans l'humanité, les liens de solidarité mais le film reste désespérement plat, tranquille, trop tranquille.
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2009

Message par Profondo Rosso »

Les Contes d'Hoffman de Michael Powell et Emeric Pressburger (1951)

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Méga grosse claque avec cette adaptation de l'Opera de Jacques Offenbach inspiré d'histoires de Hoffman, ici au centre du récit puisque héros du prologue et de trois histoires narrant ses amours tragique. Totalement inculte en opéra et n'ayant pas lu de récits de Hoffman, un peu de mal a rentrer dans le film au départ mais la magie de Powell opère assez vite. Un vraie sensation de rêve éveillé à travers les 3 histoires, l'ambiance féérique de la première avec l'automate, celle de luxure et de sorcellerie avec la seconde se déroulant à Venise et la pure tragédie avec la dernière chaque conte portant le nom d'un des amours de Hoffman, Olympia, Giulieta et Antonia. Visuellement c'est tout simplement époustouflant, en gros il faut imaginer la séquence de danse de 20 minutes des "Chaussons Rouges" (on retrouve d'ailleurs son héroïnes Moira Shearer ici) étalée sur tout un film de 2h, en encore plus abouti. Costumes magnifiques, décors somptueux, technicolor à tomber et les chansons et les orchestration des musiques de Offenbach sont particulièrement réussis. Bien évidemment film du mois d'office, qui sera bien difficile à détroner... 6/6
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2009

Message par Gounou »

Profondo Rosso a écrit :Les Contes d'Hoffman de Michael Powell et Emeric Pressburger (1951)

Bien évidemment film du mois d'office, qui sera bien difficile à détroner... 6/6
Gageons qu'il devienne le mien également ! :)
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2009

Message par Strum »

Profondo Rosso a écrit :Totalement inculte en opéra et n'ayant pas lu de récits de Hoffman, un peu de mal a rentrer dans le film au départ mais la magie de Powell opère assez vite.
... de Powell et Pressburger. Powell lui-même tenait beaucoup à ce que l'on n'oublie pas son complices des Archers. :wink: Et effectivement, c'est visuellement à tomber.
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2009

Message par Profondo Rosso »

Strum a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Totalement inculte en opéra et n'ayant pas lu de récits de Hoffman, un peu de mal a rentrer dans le film au départ mais la magie de Powell opère assez vite.
... de Powell et Pressburger. Powell lui-même tenait beaucoup à ce que l'on n'oublie pas son complices des Archers. :wink: Et effectivement, c'est visuellement à tomber.
Oui effectivement ne jamais oublier Pressburger ! Seul regret l'édition dvd Studio Canal est vraiment pauvre en bonus ça aurait mérité d'être aussi bien ganri que les très belles éditions de l'institut Lumière sorti il y a quelques années. A la rigueur si je trouve le Critérion à prix abordable mais j'en doute...
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

Message par Strum »

Je signale aux amateurs de Powell et Pressburger que j'ai ouvert un topic sur le duo magique dans le cadre de la quinzaine thématique Cinéma et Théâtre. C'est ici :

Powell & Pressburger

N'hésitez pas à y faire un tour et à participer. :wink:
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2009

Message par Profondo Rosso »

La Bataille du Rio de la Plata de Michael Powell et Emeric Pressburger (1956)

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Le film retrace l'épisode de la Bataille du Rio de la Plata qui eut lieu durant la Seconde Guerre mondiale, dans laquelle la British Navy localisa et détruisit un puissant cuirassé de poche allemand (panzerschiffe), l’Admiral Graf Spee qui menaçait les convois de ravitaillement

Un des derniers films ensemble du duo, relatant un fameux épisode maritime de la seconde guerre mondial. Les réalisateurs disposent ici de moyen assez colossaux et font de nouveau des miracles avec un tournage essentiellement en studio à Pinewood. Les intérieurs des cuirassé sont monumentaux et foisonnant de détails, les scènes en pleine mer font constamment illusion et les affrontements sont très spectaculaires. Powell et Pressburger adoptent ici une méthode quasi documentaire, en décrivant dans le détail toutes les forces en présence, que ce soit l'équipage de Graf Spree et son commandant charismatique campé par Peter Finch, les navires anglais où John Gregson est tout aussi impressionnant et le contre espionnage anglais. La première heure du film montre ainsi la puissance du cuirassé allemand en décrivant la destruction impressionnante de plusieurs navire anglais, tout en eexrimant l'humanité de Peter Finch par le respect mutuel accordé aux prisonnier anglais. C'est donc à une longue partie d'echec stragique qu'on assiste, où chaque mauvaise manoeuvre se paie cash pour aboutir à une bataille monumentale en pleine mer entre les trois navire anglais et le cuirassé allemand. Forcé de se réfugier dans le port de Montevideo en Uruguay, le Graf Spree est le jouet de divers jeu de faux semblant avec le gouvernement manipulé par les anglais pour un nouveau duel stratégique où chacun doit anticiper les mouvements de l'autre. On s'attend donc à une bataille dantesque en conclusion (le tout commenté comme un match de boxe par les journalistes anglais présent et la population en quête de sensation forte) mais le tout va prendre un tour étonnant et très noble. Je ne spoile pas au pire consulter wikipedia ou voyez carrément le film :mrgreen:. Seul petit soucis, ce côté méthodique et ultra fidèle aux évènement a un revers, le film est vraiment très froid pour ne pas dire ennuyeux par instants. C'est impressionnant mais on ne se passionne pas forcément tout le temps de se qui se déroule à l'écran, même si la conclusion fait son petit effet. Heureusement Powell et Pressburger parviennent à préserver quelques moment so british dont ils ont le secret et qui permet d'alléger un peu l'atmosphère. 5/6
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Re: Notez les films naphtas - Octobre 2009

Message par Droudrou »

la bataille du rio de la plata effectivement quelques articles intéressants sur Wikipedia !
John Wayne : "la plus grande histoire jamais contée" - It was true ! This man was really the son of God !...
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Re: Michael Powell / Emeric Pressburger

Message par Phnom&Penh »

The Battle of the River Plata – La bataille du Rio de la Plata (1956)

Ce film est l’un des derniers de la collaboration Powell / Pressburger. Dans ses mémoires, Michael Powell parle avec plaisir des souvenirs qu’il a du tournage de ce film et se félicite du scénario "viril" construit par Emeric Pressburger. Mais on sent aussi, quand il parle d’autres scénarios qui n’aboutiront pas à des films, un certain agacement vis-à-vis de son camarade, comme si une trop longue collaboration finissait par aigrir leur relation. C’est seul que Michael Powell finira par réaliser son prochain chef d’œuvre, Peeping Tom – Le voyeur (1960).

C’est en lisant le second tome des mémoires de Michael Powell, Million dollar Movie, que j’ai trouvé la curiosité de voir ce film, qui a été édité en DVD l’an dernier avec une copie restaurée et 16/9, alors qu’il a plutôt mauvaise réputation. Powell, en effet, en parle longuement. Il souhaitait, comme Emeric Pressburger, travailler sur une fresque navale et le choix d’évoquer cette glorieuse première victoire de la marine britannique, au début de la seconde guerre mondiale, en décembre 1939, lui permis de s’assurer la pleine collaboration de l’Amirauté. Reçu par le président Peron en Argentine, il put aussi en profiter pour découvrir cette région et se gaver de la meilleure viande du monde. Powell et Pressburger ont préparé le scénario avec soin, notamment en visitant tous les commandants des différents navires impliqués durant cette bataille.
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Dès les premières images, on est au moins rassuré sur un point : il n’existe pas de mauvais film britannique sur la Marine. Le sujet est abordé avec le sérieux de mise dans ce pays quand on parle de mer : les bateaux sont crédités au générique un par un (le HMS Jamaica dans le rôle du HMS Exeter), quand on parle d’un navire, on dit « she » et pas « it » comme chez les américains, et on ne sort le gin qu’une fois le soleil passé au dessus de la grande vergue. Blague à part, la première partie du film intéressera surtout les inconditionnels du genre mais la réalisation, quoique plus sévère qu’originale, est irréprochable.

La bataille du Rio de la Plata, évènement historique majeur des débuts du conflit et fidèlement reconstitué dans ce film, est le combat qui eut lieu entre le cuirassier allemand Admiral Graaf Spee et trois navires de la marine britannique, le croiseur lourd HMS Exeter et les croiseurs légers HMS Ajax et HMNZS Achilles (celui-ci est un navire du Commonwealth, néo-zélandais). Le Graaf Spee était un navire allemand très moderne, particulièrement rapide et doté d’une impressionnante puissance de feu. Il se trouvait dans l’Atlantique sud et, dès l’entrée en guerre de l’Angleterre le 3 septembre 1939, son commandant, le capitaine de frégate Hans Langdorff (Peter Finch), reçut l’ordre de couler un maximum de navires marchands britanniques. Pendant près de trois mois, le Graaf Spee fit un véritable carnage dans les eaux de l’Océan indien et de l’Atlantique sud.
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Un responsable de la flotte alliée dans la région, le commodore Hartwood (Anthony Quayle), calcula que le Graaf Spee arrivait au bout d’une tournée en mer de trois mois, qu’il allait devoir revenir en Allemagne et qu’il était très probable qu’avant de remonter dans l’Atlantique nord, il passe par l’embouchure du Rio de la Plata, entre l’Argentine et l’Uruguay, zone dans laquelle croisaient de très nombreux navires marchands britanniques.
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La première partie du film nous présente les différents navires impliqués et les protagonistes de la bataille. Le commandant Langdorff n’est pas campé en nazi, mais présenté comme un compétent et audacieux officier allemand (il est d’ailleurs le seul de son bord à saluer militairement et non le bras tendu) qui fraternise volontiers avec les officiers britanniques prisonniers à son bord. Plusieurs manœuvres du navire sont détaillées, notamment la façon dont le navire était ravitaillé en mer, point d’une importance capitale dans les pérégrinations d’un chasseur solitaire comme le Graaf Spee.
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Le second tiers du film présente la bataille elle-même. Si Powell a eu l’autorisation de filmer à bord des navires, il n’a malheureusement pas eu celle de pouvoir les faire pilonner. Les scènes de carnage à bord des bateaux sentent un peu trop le studio et, cette fois, les moyens sont franchement limités. Mais ce que Powell et Pressburger ne peuvent mettre en moyens, ils l’ont donné dans la précision des manœuvres et la véracité des réactions aux différents évènements de la bataille. On sait exactement ce qui se produit, pourquoi et la réaction qui est mise en œuvre. Sur ce plan, le film est très agréable à suivre.
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Il faut bien avouer cependant que dans tout cela, on ne sent guère la particularité de la patte Powell / Pressburger. Les deux premiers tiers du film ne satisferont que les amateurs du genre. La fin de cet épisode historique, en revanche, est assez originale et on retrouve d’un coup l’humour et le talent des deux compères, dès lors que le Graaf Spee, gravement touché, se réfugie dans le port neutre de Montevideo, capitale de l’Uruguay. L’Uruguay était un pays neutre et devait respecter les conventions internationales. Le Graaf Spee doit donc débarquer tous ses prisonniers, ne peut effectuer que des réparations ne touchant pas à l’armement du navire, et doit quitter le port au bout de 48 heures. 48 heures qui deviendront 72 heures au cours de négociations diplomatiques entre les anglais, les français et les allemands auprès du chef de gouvernement uruguayen, dont nous n’ignorerons rien.
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Dès que le Graaf Spee aborde le port de Montevideo, une séquence très dynamique fait alterner les publicités lumineuses des hôtels, restaurants et boîtes de nuit de la ville. On sent effectivement que Michael Powell a apprécié l’endroit. La séquence se termine dans un bar typique et le film prend un caractère amusant et primesautier très différent de ce que nous avions eu auparavant. Le film conserve cependant son unité sur un point : la précision des faits. Nous voyons les ambassadeurs des différents pays se succéder auprès du chef de gouvernement d’un petit pays, qui devient soudainement le centre de l’attention du monde.
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Powell utilise la culture uruguayenne gaucho et la chaleur de caractère régionale pour dynamiser son film, sans pour autant caricaturer le pays où il tourne. Il en reste au niveau de l’étonnement d’un touriste qui découvre un nouveau pays et c’est assez amusant. A la limite, le seul étranger ridicule, dans le film, c’est l’ambassadeur français qui fait plus penser à un représentant de la maison Pernod qu’à un diplomate.
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On trouve aussi des décors typiquement powelliens, comme la pièce avec son bric-à-brac, dans laquelle deux espions britanniques surveillent le Graaf Spee, où le ciel de décor nocturne sous lequel un aviateur dans son hydravion, observe le navire quittant le port. Le commandant Langdorff, coincé par le blocus des navires britanniques et contraint à devoir partir, recevra l’ordre de se saborder au milieu de l’embouchure du Rio de la Plata. L’équipage rejoindra l’Argentine et lui se suicidera le lendemain matin.
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On pourra aussi apprécier l’élégance et la légèreté avec laquelle Powell et Pressburger parviennent à faire de cette aventure une discrète allégorie de la surpuissance allemande au début de la guerre, et de son isolement à la fin. La bataille du Rio de la Plata n’est pas un chef d’œuvre, mais c’est un bon film de mer, un film digne de la filmographie des deux complices, bref, un film intelligent qui devrait plaire aux amateurs.
Dernière modification par Phnom&Penh le 29 déc. 09, 12:39, modifié 1 fois.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

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