Quantum of Solace (Marc Forster - 2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

lowtek a écrit :A noter, quand même, une très jolie référence à Goldfinger.
Exact mais c'est bien furtif.

Sinon, comme beaucoup, j'en suis sorti peu enthousiaste. CASINO ROYALE devait être l'exception qui confirme la règle: n'étant pas super fan de la saga Bond, j'y avais quand même trouvé un intérêt certain, un bel équilibre entre le scénario et les scènes d'action, et surtout une trame suffisamment forte. Force est de constater qu'on tente vainement de poursuivre le renouvellement de la franchise (surfant sur certains personnages ou intrigues du précédent épisode) mais qu'on en revient, hélas, aux poncifs attendus de la saga sans réelle nouveauté. Je pense, notamment, à ces jolies filles qui apparaissent ça et là (mention à la fausse rousse, en Haiti je crois, qui n'est presque là que pour coucher avec Bond - et accessoirement prendre un bain de pétrole), ou à ce méchant qui, s'il ne reste pas dans sa méga-cachette, reste un industriel manipulateur et machiavélique (davantage crédible aujourd'hui, mais c'était déjà le cas dans un ou plusieurs Bond récents, il me semble).

A l'image de son titre obscur, le scénario propose un fourre-tout faussement compliqué et surtout assez inintéressant au final. Passé un certain temps où l'accumulation des scènes d'action excusait la complexité de l'intrigue (en faisant oublier ses faiblesses), j'en suis venu à carrément m'ennuyer. Le film ne dure qu'1h45, j'ai eu l'impression d'en voir 40 de plus. Non, vraiment, la surenchère géographique et explosive n'arrive pas à cacher la misère d'un scénario écrit pourtant à 6 mains. On ne retrouve jamais l'élan du précédent épisode, même si l'on y fait référence tous les quarts d'heure. J'ai même trouvé que, parfois, les scènes d'action étaient presque mieux écrites que certaines scènes - soporifiques - du film, c'est dire!

Ce n'est pas encore aujourd'hui que je vais ressortir content d'un film signé Marc Forster. Son film lorgne vers la trilogie Bourne, comme son prédecesseur et le montage ultra rapide gâche pas mal le plaisir. J'ai surtout ressenti ça au début, moins sur la fin (l'habitude peut-être?).

Je n'avais encore jamais vu ça, par contre: un vigile inspectait la salle pendant les pubs et l'observait toujours de temps en temps, pendant le film, à la recherche d'éventuels camescopes. Ca va leur coûter bonbon s'ils font ça dans tous les cinémas proposant Bond...
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Nestor Almendros a écrit :Je n'avais encore jamais vu ça, par contre: un vigile inspectait la salle pendant les pubs et l'observait toujours de temps en temps, pendant le film, à la recherche d'éventuels camescopes. Ca va leur coûter bonbon s'ils font ça dans tous les cinémas proposant Bond...
Je n'ai pas eu ça dans mon cinéma, mais je crois que c'est la première fois où je vois avant le film un spot demandant aux gens de ne pas filmer. Dans cette annonce, on voit de très courts extraits du tournage.
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Nimrod »

LucyMuir a écrit :Est-ce que c'est filmé à toute vitesse comme le dernier Jason Bourne, ou pire?
Oui. Les scènes d'action sont de la bouillie visuelle.
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hansolo
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Re: Re:

Message par hansolo »

Boubakar a écrit :Je n'ai pas eu ça dans mon cinéma, mais je crois que c'est la première fois où je vois avant le film un spot demandant aux gens de ne pas filmer. Dans cette annonce, on voit de très courts extraits du tournage.
ça devient de plus en plus fréquent!
on y échappe encore ds les salles d'art et d'essai ...
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Profondo Rosso »

Assez raté dans l'ensemble même si surnage quelques bons moments. Vu qu'on on a toujours pas fini avec l'aspect "begins" du précédent on a encore plus l'impression que le Red Grant de "Bons Baisers de russie" a hérité du rôle de Bond avec un Craig brute épaisse sans classe qui fonce dans le tas sans réfléchir. Hormis l'excellente scène de l'Opéra où il témoigne enfin d'astuce Bondienne pour démasquer les interlocuteurs, l'aspect bulldozer qui apportait une certaine fraîcheur au personnage dans "Casino Royale" est vraiment lassant ici, surtout que le glamour et la sophistication ne sont toujours pas au rendez vous. Après le Chiffre, on a de nouveau affaire à un grand méchant lavette avec un Almaric (malgré des yeux tout fous) pas impressionnant pour un sous (et c'est quoi ces petits cris de pucelle lors du fight final avec Bond :shock: ) ainsi que son homme de main à coupe au bol. Scène d'actions impressionnante mais trop parkinsonienne, si on cligne des yeux impossible de savoir comment la portière de Bond disparait lors de l'ouverture, une séquence en avion qui remake en partie le prégénérique de "Moonraker" en bien moins palpitant et le final est parmis les plus honteux de la série avec un décor potentiellement impressionant (ça aurait pu être l'équivalent desertique du palais des glaces de "Meurt un autre jour") qui évoque plus un centre commercial ou un parking dans le desert qu'autre chose. Tout comme "Au service secret de sa mjesté" prouvait que Bond pouvait tomber amoureux avec plus de brio que "Casino Royale", "Permis de Tuer" est autrement plus convaincant pour traiter d'un Bond menant sa vendetta que ce "Quantum of Solace" qui ne conserve même plus le minimum syndical pour qu'on ai encore l'impression d'être devant un Bond. Et puis il y a vraiment des gamins qui ont envie d'être le Bond de Craig comme ça pu être le cas de Connery, ça se prends trop au sérieux (sans tomber dans le pire d'un Roger Moore) et ça ne fait plus du tout rêver tout ça. 2,5/6
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par 2501 »

Après l'excellent reboot d'un Casino Royale en ayant surpris plus d'un, Quantum of Solace est sans doute l'un des James Bond les plus attendus de l'histoire de la franchise. Les premiers chiffres du box-office tendent à le prouver. Aux manettes Marc Forster, au profil plus auteur que le yes-man bondien moyen, ou même que l'efficace ressusciteur Martin Campbell. A lui la difficile mission de reprendre les hostilités exactement là où elles s'étaient arrêtées, et de prolonger efficacement l'histoire du Bond nouveau.

Autant le dire tout de suite, cette suite directe est un film piège, et Forster n'en sort pas indemne. En l'orientant encore davantage que le précédent vers l'esthétique brute et agitée de la franchise Bourne - en lui piquant carrément le coordinateur des scènes d'action - le réalisateur oriente son Quantum of Solace vers le pur film d'action bourrin. En témoignent dès l'entame ces deux impressionnantes coures poursuites, qui laissent le souffle coupé, et quelques interrogations quant à la logique de tout ce ramdam. Car même pour l'amateur de montage serré et agité l'action se révélera souvent difficilement compréhensible. Là où Paul Greengrass, quand il sort d'une mise en scène de l'espace habilement pensée, compense dans les affrontements avec le bon dosage de sensations brutes pour que le spectateur ne perde pas totalement le fil, Forster empile trop souvent les plans d'une seconde comme des voitures de cascadeurs. D'où une frustration coupant souvent court à l'euphorie.

Ce nouvel épisode voudrait créer l'urgence avant même d'installer correctement les motivations du personnage et les intrigues des nouveaux venus. Résultat, parti trop vite il rame pour réagencer les wagons de sa double (voire triple) histoire. La séquence de présentation du méchant interprété (trop) sobrement par Mathieu Amalric est laborieuse à souhait. Comme James, observateur, on attend que ça passe, et que ça casse, à nouveau. On se fiche donc vite du suspense autour du petit jeu de ce pas si mystérieux Dominic Greene, préférant nous concentrer sur le parcours de Camille, pas très original mais au moins faisant écho à celui de notre brute en smoking, la nouvelle James Bond girl interprétée avec conviction par la sublime Olga Kurylenko. Comme dans l'épisode précédent, une fille inhabituelle dans l'univers de Bond, quasi-coéquipière, mais aussi, une autre jetable (la pauvre Gemma Aterton), juste présente pour une belle image de 3 secondes.

Mais revenons à notre tueur au regard d'acier, dont l'évolution est le véritable intérêt du film... qui semble là aussi s'en rentre compte sur le tard, en collant Mathis dans ses pattes et en multipliant les références au film précédent. On ne comprend alors que trop peu les tourments vengeurs d'un Bond impassible qui tue comme il respire et fonce tête baissée sur tout ce qui lui fait obstacle. Le côté rentre-dedans fait son effet, d'autant que Daniel Craig est toujours aussi à l'aise et incroyable à regarder, de ses cascades à la moindre ligne de dialogue balancée avec froideur et une malice délectable. L'intrigue vengeresse peine à s'incarner malgré un sujet en or, néanmoins trop similaire à La Mort dans la peau, jusqu'à l'épilogue russe.

Cet épisode perd en glamour et en élégance, là où Casino Royale savait subtilement doser l'alternance entre le renouveau et l'ancien. Quantum of Solace débarque furieusement et ne laisse aux fans de la première heure que de savoureux affrontements avec M. Sans l'interprétation de Craig, le film perdrait la matière de tous les enjeux qu'il semble survoler. Le spectacle reste largement au-dessus du piètre niveau dans lequel s'était enfoncée la franchise. Mais on espère pour le prochain une histoire mieux contée et plus incarnée, car ce Bond nouveau la mérite.
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Eusebio Cafarelli
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Eusebio Cafarelli »

D'accord avec ce qui a déjà été écrit. Le réalisateur avait le choix entre le talent de Paul Greengrass et un de ses collaborateurs, il a pris le collaborateur, d'où des scènes tonitruantes de bouillie pour les yeux (la poursuite du début, la scène de la poutre et des échafaudages...)... fut pas copier Bourne, ça n'avance à rien. De temps en temps, lorsqu'il coupe le son et qu'il ralentit, les scènes d'action sont très réussies (l'opéra). Il n'y a plus de gadgets (sauf la table informatique du MI6, ils le font ça ? j'en veux une ! beau comme un début de Minority Report)Olga Kurylenko est superbe (avec un air de Sophie Marceau, en mieux :mrgreen: ) et joue très bien, Amalric a des yeux fous mais un bien petit rôle pour faire le méchant (enfin, la franchise colle toujours à son époque : le pire des USA, un méchant écolo qui s'appelle Green, la denrée précieuse du monde d'aujourd'hui qui est... allez voir le film :mrgreen: ), Daniel Craig est vraiment ce qui est arrivé de mieux au personnage Bond depuis Sean Connery (il suffit de regarder ce soir le gentil Pierce Brosnan...), tout en ironie froide et physique d'acier, un homme, un vrai, un dur, license to kill on y croit (et sur sa moto, on pense vraiment à Steve McQueen) et en plus il porte super bien les costards et les smokings, même froissés.
J'oubliais : générique bof mais bonne chanson
J'aime mieux le précédent, meilleur à tous points de vue ou presque (je préfère Olga à Eva). Mais c'est quand même pas mal.
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hansolo
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par hansolo »

Eusebio Cafarelli a écrit : Daniel Craig est vraiment ce qui est arrivé de mieux au personnage Bond depuis Sean Connery (il suffit de regarder ce soir le gentil Pierce Brosnan...), tout en ironie froide et physique d'acier, un homme, un vrai, un dur, license to kill on y croit (et sur sa moto, on pense vraiment à Steve McQueen) et en plus il porte super bien les costards et les smokings, même froissés.
c'est sûr que si tu compare au James Bond le plus fade (Brosnan), Craig est mieux ... il y a quand même 3 autres acteurs qui ont incarné le personnage!
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Eusebio Cafarelli
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Eusebio Cafarelli »

Je compare avec Brosnan parce que France 2 passait Le Monde ne suffit pas. Ceci dit, même en comparant avec, dans l'ordre de "qualité" Lazenby, Dalton ou Moore (le plus mauvais pour moi), y'a pas photo !
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Watkinssien »

Quantum of Solace est un volet où l'inégalité règne en maître.

Nous avons d'un côté un réalisateur Marc Foster, impersonnel au possible, ce qui est la marque de la saga James Bond, qui est plus à l'aise dans les situations dites plus calmes, que dans les séquences d'action (mal maîtrisées). Du coup, le cahier des charges se trouve déséquilibré par un traitement "entre deux chaises", pas désagréable, mais loin d'emporter une adhésion totale.

Mais heureusement qu'il y a le charisme de Daniel Craig qui fait tout passer. Sa présence, son physique buriné permettent de passer un bon moment dans un film bancal, pas mauvais mais pas extraordinaire.
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par jerongue »

Une assez grande deception dans le sens ou j'avais absolument adorer Casino Royale qui, pour moi , était un nouveaud départ pour la Saga : nouveau Bond, personnage plus humain, et moins de gadgets idiots .

Bref, ce film souffre principalement au niveau du rythme , ne sachant doser les scènes d'actions par rapport au film.
Hormis ça , les acteurs jouent juste ( Daniel Craig parfait, Mathieu Almaric moins inspiré que d'habitude ).

Quelques bonnes scènes, mais deception dans l'ensemble .
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Vazymollo »

Eusebio Cafarelli a écrit :Je compare avec Brosnan parce que France 2 passait Le Monde ne suffit pas. Ceci dit, même en comparant avec, dans l'ordre de "qualité" Lazenby, Dalton ou Moore (le plus mauvais pour moi), y'a pas photo !
Justement dans le Monde ne suffit pas,
Spoiler (cliquez pour afficher)
Brosnan tue Sophie Marceau presque de sang froid
ce qui doit être une des scènes les plus sombres de la franchise, en tout cas dans ce Bond là, il y a un mélange de romantisme et de noirceur dont personne ne semble se souvenir (ou ne voit pas). Alors que c'est ce qui semble plaire dans Casino Royale (entre autres).
Mais il est de bon ton de dénigrer les épisodes avec Brosnan, ce n'est pas nouveau. Ils ont le mauvais goût d'être très ancrés dans le folklore bondien (gadgets et p'tites pépées) et d'avoir été suivis par un certain renouveau de la franchise (moins de folklore, un acteur brut(e), une construction moins balisée).
Personnellement je place Brosnan pas loin de Connery, suivis de Dalton, Lazenby, Moore. Craig j'ai bien aimé sa nouvelle définition du personnage (il est pas mal aidé par le côté Bond Begins quand même), mais je n'ai pas du tout accroché à son jeu, pas fin du tout à mon avis. J'en espère beaucoup dans ce nouvel épisode.
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Megalomanu »

Vu hier soir, sans avoir vu "Casino Royale" ce qui m'a un peu laissé sur ma faim par moments (même si j'ai vite compris ce qui s'était passé plus tôt).
En sortant de la salle j'étais un peu sceptique ; avec du recul je pense dire que j'ai vraiment bien aimé le film. Ce que j'ai le plus apprécié c'est l'humanité qui se dégage du film, même dans les pires clichés.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le personnage de la rousse, joué par Gemma Arterton, qui apparait d'abord comme la potiche habituelle des James Bond, le morceau de viande qu'on tend à 007, et qui finit par se révéler, ... une fois morte, finalement importante. Ce cadavre enduit de pétrole m'a rendu assez triste ... Cette sensation du temps qui passe et que rien ne peut faire arrêter, même pas Bond, impuissant, qui laisse tuer ses conquêtes.
Et puis le personnage de la superbe Olga Kurylenko aussi. Ses motivations sont vues et revues, c'est très cliché. Mais c'est aussi tellement pur, tellement évident. Alors que ce genre d'idées scénaristiques m'ennuie totalement j'ai ici été assez touché, j'ai trouvé que ça coulait vraiment de source, grâce au scénario et puis aussi grâce au visage triste et mystérieux de l'actrice. J'ai compris le personnage. J'ai compris une James Bond girl.
Le scénario est relativement classique mais toujours efficace. La volonté de coller à l'actualité est assez ratée même si louable. J'ai tout de même beaucoup aimé cette humanité, comme je l'ai dit plus haut, ce personnage de Bond qui respire. C'est la première fois que je voyais Craig en Bond et sans être non plus vraiment impressionné il m'a fait forte impression. Il dégage beaucoup de présence physique et son visage exprime vraiment la soif de vengeance et la rage.

Mon principal bémol concerne le méchant. J'adore Mathieu Amalric mais je trouve son rôle assez inconsistant. Je pense qu'il aurait été véritablement génial avec un rôle de méchant caricatural des Bond, ceux avec une base sous marine secrète par exemple, et une volonté de conquérir le monde. Il aurait roulé les yeux et balancé ses motivations avec sa voix monocorde et ça aurait été délirant. Là il peine à exprimer tout son talent.
A part peut être le passage avec la hache, il se bat comme un dandy, on sait que Bond va le laminer sans problèmes (alors qu'en général les types qui se battent contre lui montrent vraiment une grosse résistance, une belle force). Là il donne vraiment l'impression d'un mec qui ne sait pas du tout se battre, mais qui tient absolument à survivre plus que tout. C'est dans ces moments de doute que le méchant devient beau et en cohérence avec le "nouveau" James Bond.

Ensuite vient la mise en scène. C'est de la shaky-cam. De l'action surdécoupée. Mais je dois dire que pour une fois je n'ai pas eu mal au crâne. Certaines séquences sont vraiment ratées (le début) mais d'autres sont finalement assez jouissives (la course poursuite et la baston à Vienne) et m'ont vraiment accroché. Contrairement à "La vengeance dans la peau" où ces scènes étaient je trouve assez poseuses, j'ai trouvé ici qu'elles étaient habitées et généreuses (jolie scène à l'opéra, avec ce montage parallèle, du vu et revu mais c'est toujours sympa). Toujours ce problème d'espace, on ne comprend rien, on ne situe rien, mais dans le genre "urgence" c'est plutôt pas mal. James Bond n'est plus du tout un corps, et redevient plutôt surhomme, ou plutôt une incarnation de la rage, de la colère. C'est finalement là la rupture avec "Casino Royale".
Hier en sortant de la salle, comme je l'ai dit plus haut, j'étais assez sceptique sur tout ça. Avec du recul, je dois dire qu'il y a au moins une vraie maîtrise technique et si on se concentre bien plan par plan on voit que tout est vraiment cohérent dans l'enchaînement et le découpage. Pas d'esbroufe. En fait ce n'est pas ma tasse de thé, mais je m'attendais à tellement pire !
La mise en scène est par contre vraiment impersonnelle dans les autres scènes. Ça n'exprime absolument rien, c'est sans intérêt, heureusement que les acteurs relèvent le niveau.

Ça vaut un 6/10.

J'espère que le prochain Bond continuera dans cette voie en proposant quelque chose d'intéressant et d'assez noir. J'attends aussi avec impatience que la mystérieuse organisation soit dévoilée ... (serait ce le S.P.E.C.T.R.E ?)
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Robert McCall »

Megalomanu a écrit :Ce que j'ai le plus apprécié c'est l'humanité qui se dégage du film, même dans les pires clichés.
Voilà. Alors que Forster m'ennuie poliment quand il fait grincer les violons dans The Kite Runner, cela fonctionne ici parce qu'il permet de rafraîchir un personnage qu'on croyait connaître. Il y a dans QOS un truc qu'on n'avait pas vu depuis 39 ans dans un Bond : de l'émotion. Pas la bonne volonté certes déployée par Brosnan - jusqu'ici le plus coeur d'artichaut - dans Le Monde ne suffit pas, mais de la vraie. Il arrive ici des trucs à des personnages secondaires et pour une fois, on a un pincement au coeur.
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(en particulier, la mort de Mathis - qui remplit le cahier des charges de l'allié sacrifié dans tous les Bond, mais de façon plus poignante)
Il y a de très jolis échos à Casino Royale : la scène de la douche avec Vesper est reprise ici
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- mais dans les flammes, lorsque Bond réconforte Camille dans une sorte de suspension au milieu des fusillades et autres boum-boum.
La dernière scène est
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enfin un ultime cadeau de Bond à la mémoire de Vesper (qui lui avait lancé dans Casino Royale quelque chose comme "ce n'est pas parce que vous continuez à tuer que vous n'avez pas le choix"). Quand il s'en va dans la neige, le fameux quantum of solace du titre est là, à peine une flamme d'allumette, mais bien là.
Voilà, c'est beau.

Un journaliste anglais disait qu'il enviait le Bond de Connery et qu'il plaignait le Bond de Craig. A vous de choisir.
Alan Shore
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Re: Quantum of Solace (Marc Forster, 2008 / les avis)

Message par Alan Shore »

lowtek a écrit :Outre la réalisation bournienne agitée et illisible, les fils narratifs qu'on a parfois du mal à suivre (cette histoire absurde de devises retrouvée dans un hôtel bolivien dans les poches d'un faux géologue mais vrai tueur à gage engagé par Greene), le plus gros défaut du film est pour moi le méchant bien terne, incarné un peu faiblement par Amalric, acteur pourtant admirable mais pas du tout à sa place ici: Amalric est un acteur probablement beaucoup trop subtil, charmant et "psychologique" pour dégager l'opacité et la dangerosité nécessaire à tous bad guy bondien. On finit par se demander pourquoi Bond lui en veut à ce point.
A noter, quand même, une très jolie référence à Goldfinger.

Pareil.

(en particulier, la mort de Mathis - qui remplit le cahier des charges de l'allié sacrifié dans tous les Bond, mais de façon plus poignante)
Et pour finir dans une poubelle ? J'ai trouvé ça risible. Et c'est un comme l'anglaise archiviste qui couche avec bond : apparition de 10 minutes et hop, tu dégages. Bond pas content, qui finit par faire payer Almaric avec le pétrole. Bond pas content parce qu'il a couché avec elle et qu'elle a été tué ? Pff, le personnage de l'archiviste n'a même pas eu le temps d'exister. Alors, pour reprendre Lowtek, on en oublie presque le tueur de Vesper pour se demander pourquoi il en veut tant à Aymeric, hormis le fait qu'il soit un bad guy.

Sinon, le film est bourré d'ellipses et engendre moults problèmes de narration, voire de frustation sur certaines attentes.

Bref, 5 fois en dessous de Casino Royale. J'ai eu l'impression de regarder La mort dans la peau, le côté tourmenté en moins. La froideur totale et absolue, à une séquence près, ça va deux minutes et un peu de nuance n'aurait pas fait de mal.
Dernière modification par Alan Shore le 17 nov. 08, 22:33, modifié 1 fois.
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