La Rue rouge (Fritz Lang - 1945)
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La Rue rouge (Fritz Lang - 1945)
C'est la rentrée ! ...
Pour débuter cette nouvelle saison, quoi de mieux qu'un film noir d'un maître du cinéma ?
Monsieur ed de DVDClassik fait aussi sa rentrée avec ce classique (parfois mal aimé) du grand Fritz Lang.
La Rue rouge
Pour débuter cette nouvelle saison, quoi de mieux qu'un film noir d'un maître du cinéma ?
Monsieur ed de DVDClassik fait aussi sa rentrée avec ce classique (parfois mal aimé) du grand Fritz Lang.
La Rue rouge
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Re: La Rue rouge
Deux films noirs de deux maîtres du cinéma ? J'ai bon ?Roy Neary a écrit : Pour débuter cette nouvelle saison, quoi de mieux qu'un film noir d'un maître du cinéma ?
Plus sérieusement, bonne rentrée aux chroniqueurs !
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
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Re: La Rue rouge
Superbe film avec un excellent Edward G. Robinson à ne pas confondre avec La Maison rouge, les titres se ressemblent, Edward G. Robinson est excellent dans les deux film, mais ce dernier n'est pas de Lang. Je vous conseil les deux
Merci pour cette chronique.
Merci pour cette chronique.
Le cinéma, ce nouveau petit salarié de nos rêves on peut l'acheter lui, se le procurer pour une heure ou deux, comme un prostitué.
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Re: La Rue rouge
Si c'est du niveau de "La femme au Portrait", alors je me lance.
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Re: La Rue rouge
J'évoque les similitudes et les différences dans les premiers paragraphes, mais si je dois évoquer mes propres goûts, je préfère La rue rouge, plus implacable, plus sombre et plus tragique.Ouf, bricolo rigolo a écrit :Si c'est du niveau de "La femme au Portrait", alors je me lance.
Après, il se trouvera des avis pour dire exactement le contraire, le mieux serait encore que tu voies le film
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Re: La Rue rouge
Oui, j'en fais partie !ed a écrit :J'évoque les similitudes et les différences dans les premiers paragraphes, mais si je dois évoquer mes propres goûts, je préfère La rue rouge, plus implacable, plus sombre et plus tragique.Ouf, bricolo rigolo a écrit :Si c'est du niveau de "La femme au Portrait", alors je me lance.
Après, il se trouvera des avis pour dire exactement le contraire, le mieux serait encore que tu voies le film
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Re: La Rue rouge
Certains éléments développés m'avaient échappé au visionnage (par manque de connaissance des autres œuvres de Lang, aussi).
Agréable à lire et intéressante chronique, merci.
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Re: La Rue rouge (Fritz Lang - 1946)
Scarlet Street (Fritz Lang, 1945) :
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Ayant vu le film original de Renoir, j'ai peu été transporté par le suspense du film et me suis plus posément laissé porter par le jeu d'Edward G. Robinson, tout en subtilité, économie de geste et airs ahuris. Sa métamorphose d'être servile et doux en cloche dépressive est une belle démonstration de talent. La prestation du Duryea est également assez intéressante ; le bougre s'en tire pas mal de son rôle de crétin primaire. Je ne peux malheureusement pas en dire autant de celui de Joan Bennett que j'ai trouvé d'un conventionnel qu'on oublie vite.
A part quelques plans épars (l'attaque dans la rue, les jeux d'ombres vers la fin) la réalisation de Lang est somme toute assez pépère, un brin décevante.
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Ayant vu le film original de Renoir, j'ai peu été transporté par le suspense du film et me suis plus posément laissé porter par le jeu d'Edward G. Robinson, tout en subtilité, économie de geste et airs ahuris. Sa métamorphose d'être servile et doux en cloche dépressive est une belle démonstration de talent. La prestation du Duryea est également assez intéressante ; le bougre s'en tire pas mal de son rôle de crétin primaire. Je ne peux malheureusement pas en dire autant de celui de Joan Bennett que j'ai trouvé d'un conventionnel qu'on oublie vite.
A part quelques plans épars (l'attaque dans la rue, les jeux d'ombres vers la fin) la réalisation de Lang est somme toute assez pépère, un brin décevante.
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Re: La Rue rouge (Fritz Lang - 1946)
Pour commencer, je dois dire que je considère Scarlett Street comme une des œuvres majeures de Lang (malgré sa réputation sous-estimée).
Cette relecture du roman adapté par Renoir dans son merveilleux La Chienne (1931) est une œuvre brillante du grand Fritz Lang, dans laquelle son sens de l'atmosphère, sa violence des sentiments et cette notion de culpabilité tenace (et intimement personnelle chez le cinéaste) s'imbriquent avec une harmonie, un accord remarquables. Et Edward G. Robinson est impeccable !
Mais si la comparaison avec le film de Renoir est inévitable (deux styles "s'affrontent" mais ce sont deux grands styles), Scarlett Street est surtout un prolongement du film précédent de Lang, le superbe The Woman on the Window (1944) avec les mêmes acteurs principaux.
Cette relecture du roman adapté par Renoir dans son merveilleux La Chienne (1931) est une œuvre brillante du grand Fritz Lang, dans laquelle son sens de l'atmosphère, sa violence des sentiments et cette notion de culpabilité tenace (et intimement personnelle chez le cinéaste) s'imbriquent avec une harmonie, un accord remarquables. Et Edward G. Robinson est impeccable !
Mais si la comparaison avec le film de Renoir est inévitable (deux styles "s'affrontent" mais ce sont deux grands styles), Scarlett Street est surtout un prolongement du film précédent de Lang, le superbe The Woman on the Window (1944) avec les mêmes acteurs principaux.
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Re: La Rue rouge (Fritz Lang - 1946)
C'est rigolo, moi je trouve Bennett fabuleuse : l'équilibre auquel elle parvient entre la franche vulgarité et le côté fille du monde bon marché ("cheap" serait vraiment le bon mot) m'a laissé une impression très forte. Ni femme fatale, ni pute au grand coeur, juste un monstre de médiocrité. Pour une actrice ultraglamour c'est pas mal du tout et justement peu conventionnel (à mes yeux).
Cela dit on n'est pas encore au niveau de sa plus belle réussite en tant qu'actrice : la mère de famille qui bascule dans Les Désemparés d'Ophuls. Là elle était à la hauteur des plus grands noms du cinéma, Davis, Hepburn et consoeurs.
Cela dit on n'est pas encore au niveau de sa plus belle réussite en tant qu'actrice : la mère de famille qui bascule dans Les Désemparés d'Ophuls. Là elle était à la hauteur des plus grands noms du cinéma, Davis, Hepburn et consoeurs.
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Re: La Rue rouge (Fritz Lang - 1946)
Découvert ce matin (après "la femme au portrait", revu hier) : c'était une vraie première ...
Et j'ai trouvé ce "Scarlett street" sublime : aussi misanthrope que "la femme au portrait"mais plus sombre, plus tragique, plus désespéré encore ...
Grandes performances d'Edward G. Robinson, de Joan Bennett et de Dan Duryea ...
Il faut que je revoie tout Lang (et découvre ce qui me manque encore) : à quand l'Arlésienne du second coffret chez Wilside (avec "la cinquième victime" et "l'invraisemblable vérité" ?
Et j'ai trouvé ce "Scarlett street" sublime : aussi misanthrope que "la femme au portrait"mais plus sombre, plus tragique, plus désespéré encore ...
Grandes performances d'Edward G. Robinson, de Joan Bennett et de Dan Duryea ...
Il faut que je revoie tout Lang (et découvre ce qui me manque encore) : à quand l'Arlésienne du second coffret chez Wilside (avec "la cinquième victime" et "l'invraisemblable vérité" ?
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Re: La Rue rouge (Fritz Lang - 1946)
Pour faire mon pinailleur de service, le film est de 1945 !
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Re: La Rue rouge (Fritz Lang - 1945)
Les photos de décor de La Rue rouge de Fritz Lang
http://www.cinematheque.fr/fr/musee-col ... rouge.html
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Re: La Rue rouge (Fritz Lang - 1945)
SPOILERS. Je craignais l'effet de redite par rapport à La femme au portrait mais il n'en fut rien. Au contraire, j'ai trouvé La Rue rouge plus abouti : son scénario est sans doute moins "impressionnant" que celui de son prédécesseur, mais il m'apparaît également mieux travaillé dans sa cohérence et moins fragile dans ses effets (sans revenir en détail dessus, je trouve le twist de La femme au portrait aussi intéressant que raté).
La mécanique de l'histoire se déroule parfaitement et on est vite captivé par le méli-mélo dont est victime le personnage naïf de Robinson - toujours aussi excellent quoique plus en retrait que dans La femme au portrait, La rue rouge étant plus axé sur le personnage de la tentatrice Joan Bennett. Lang semble jouer délicieusement avec la censure en redoublant de sous-entendus et offre un personnage de garce assez marquant, pute amourachée de son souteneur cogneur dont les scrupules s'effacent toujours rapidement derrière les perspectives d'une arnaque florissante. Comme l'indiquait francesco, Bennett réussit une belle composition en enrichissant ce personnage difficile, à la fois assez vulgaire pour créer une gentille petite tension érotique où elle est dominatrice (le vernissage des ongles de doigts de pied : "ce sera ton chef-d’œuvre !" ), raisonnablement distinguée pour berner la bonne société, moins mauvaise que son "fils de pute" (Lang) de mac' et pourtant suffisamment détestable pour que l'on épouse les tourments moraux et sentimentaux de l'honnête caissier campé par Robinson. Dan Duryea se montre pareillement plus à l'aise que dans La femme au portrait, bénéficiant d'un rôle plus conséquent qu'il parvient à étoffer subtilement, rendant le personnage moins con qu'il en l'air au départ.
Évidemment les parallèles avec La femme au portrait sont nombreux (le portrait, le suicide, le poids de la conscience qui juge toujours au premier titre l'individu...) et il serait futile de répéter ce qu'ed a déjà écrit. Je trouve personnellement que l'authenticité du scénario, très langien une fois encore, confère à La Rue rouge une portée dramatique qui fait justement un peu défaut à son prédécesseur roublard et moralisateur. Les personnages passionnent dans leur complexité ; le ton est grave, le film est dur, méchant. Méchant dans les rapports humains qu'il propose, méchant aussi au travers d'idées toutes simples et pourtant lourdes de sens (la blonde platine qui attend dans la voiture, le portrait du mari défunt qui toise en permanence, avec son sourire moqueur, la faloterie du caissier, ou cet effet de montage faisant succéder au hors-champ de l'exécution par électrocution un plan sur une enseigne qui clignote). Les inquiétantes dernières scènes apparaissent alors comme la conclusion idéale, comme si Lang corrigeait l'improbabilité de son précédent twist de petit malin, pour aller cette fois jusqu'au bout de son propos sur la culpabilité et l'auto-flagellation et n'offrir aucune bouffée d'air : uniquement une noirceur insondable.
La mécanique de l'histoire se déroule parfaitement et on est vite captivé par le méli-mélo dont est victime le personnage naïf de Robinson - toujours aussi excellent quoique plus en retrait que dans La femme au portrait, La rue rouge étant plus axé sur le personnage de la tentatrice Joan Bennett. Lang semble jouer délicieusement avec la censure en redoublant de sous-entendus et offre un personnage de garce assez marquant, pute amourachée de son souteneur cogneur dont les scrupules s'effacent toujours rapidement derrière les perspectives d'une arnaque florissante. Comme l'indiquait francesco, Bennett réussit une belle composition en enrichissant ce personnage difficile, à la fois assez vulgaire pour créer une gentille petite tension érotique où elle est dominatrice (le vernissage des ongles de doigts de pied : "ce sera ton chef-d’œuvre !" ), raisonnablement distinguée pour berner la bonne société, moins mauvaise que son "fils de pute" (Lang) de mac' et pourtant suffisamment détestable pour que l'on épouse les tourments moraux et sentimentaux de l'honnête caissier campé par Robinson. Dan Duryea se montre pareillement plus à l'aise que dans La femme au portrait, bénéficiant d'un rôle plus conséquent qu'il parvient à étoffer subtilement, rendant le personnage moins con qu'il en l'air au départ.
Évidemment les parallèles avec La femme au portrait sont nombreux (le portrait, le suicide, le poids de la conscience qui juge toujours au premier titre l'individu...) et il serait futile de répéter ce qu'ed a déjà écrit. Je trouve personnellement que l'authenticité du scénario, très langien une fois encore, confère à La Rue rouge une portée dramatique qui fait justement un peu défaut à son prédécesseur roublard et moralisateur. Les personnages passionnent dans leur complexité ; le ton est grave, le film est dur, méchant. Méchant dans les rapports humains qu'il propose, méchant aussi au travers d'idées toutes simples et pourtant lourdes de sens (la blonde platine qui attend dans la voiture, le portrait du mari défunt qui toise en permanence, avec son sourire moqueur, la faloterie du caissier, ou cet effet de montage faisant succéder au hors-champ de l'exécution par électrocution un plan sur une enseigne qui clignote). Les inquiétantes dernières scènes apparaissent alors comme la conclusion idéale, comme si Lang corrigeait l'improbabilité de son précédent twist de petit malin, pour aller cette fois jusqu'au bout de son propos sur la culpabilité et l'auto-flagellation et n'offrir aucune bouffée d'air : uniquement une noirceur insondable.
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Re: La Rue rouge (Fritz Lang - 1945)
La chroniqueQuelques mois après La Femme au portrait, Fritz Lang offrait une fascinante variation autour du même sujet (et avec les mêmes comédiens), sous la forme du remake d'un film de Jean Renoir, La Chienne. Plus grave, plus sombre, plus tourmenté, La Rue rouge est un film méconnu, parfois négligé, mais assez admirablement "langien" par bien des aspects. Swashbuckler Films nous donne l'occasion aujourd'hui de (re)découvrir ce chef-d'oeuvre noir dans les salles, en copie restaurée.