
Sous le règne de l'empereur Tibère, le prophète galiléen Jean le Baptiste prêche contre le roi Hérode Antipas et son épouse, ex-femme de son frère, la reine Hérodiade. Celle-ci souhaite la mort du prêcheur, mais Hérode craint de lui nuire en raison d'une prophétie. Arrive la belle princesse Salomé, fille d'Hérodiade, bannie de Rome pour avoir eu une liaison avec un Romain.Mais à bord du navire qui l'emporte, elle se trouve face à face avec Ponce Pilate et son second, Claudius... La convoitise naissante du roi pour sa belle-fille et nièce Salomé va être utilisée par Hérodiade pour faire plier le roi à ses désirs.
Un excellent péplum biblique, genre où on attendait pas forcément William Dieterle, plus habitué à des sujets intimistes (sur ce que j'ai vu de lui) comme son très beau "Portrait de Jenny".
Le film sort au moment où le genre (surtout dans sa veine biblique) revient en force à Hollywood avec des films comme "David et Bethsabée" ou "La Tunique". C'est surtout à ce dernier qu'on pense (en nettement plus réussi) en voyant le film, dans la manière de mêler le grand drame hollywoodien avec une relative fidèlité au évangiles (le gros changement est ici de faire de Salomé la responsable involontaire de la mort de Jean Baptiste).
Les moyens sont conséquents mais pas encore démesurés comme dans les grands péplums à venir les années suivante, et le film n'est pas particulièrement spectaculaire. Le tout repose essentiellement sur le scénario brillant de Jesse Lasky Jr. et Harry Kleiner. Le film mêle donc récit religieux (avec l'avènement de la religion chrétienne, les premiers fidèles, l'apparition de Jésus Christ...) et intrigue politique de palais (conséquence du nouveau culte sur le pouvoir en place, cohabitation difficile avec les Romains) où se déchirent des personnages aux objectifs différents. Le début fait d'ailleurs un peu peur à ce niveau avec un Stewart Granger rouleur de mécanique qui semble vouloir refaire "Scaramouche" en toge romaine ou encore Charles Laughton dans un rôle de souverain bouffi et pervers voisin de celui qu'il campait dans le déjanté "Signe de la Croix".
Ca se rééquilibre assez vite puisque hormis l'ambitieuse Herodiade (interprété avec une belle perfidie par Judith Anderson) aucun personnages n'est totalement négatif. Stewart Granger trouve un de ses rôle les plus subtils avec ce romain ouvert et progressivement convaincu par la foi chrétienne, tout comme Rita Hayworth formidable Salomé déchirée l'essentiel du film dans ses contradictions. Même le roi Herode joué par Charles Laughton n'est pas sans ambiguité, tout à la fois pervers voulant coucher avec sa belle fille, ironiquement seul protection de jean Baptiste par peur d'une prophétie et bouleversant le temps d'une scène face à ce dernier où il aspire integrer la foi chrétienne mais ne peut s'y résoudre par peur de perdre son trône. Seul ombre au tableau Alan Badel bien trop théâtral en Jean Baptiste, en gros le cliché du prophète barbu exalté roulant des yeux (Charlton Heston était bien meilleur dans le rôle dans "La plus grande Histoire Jamais Contée).
Une approche fine et psychologique dans la réalisation de Dieterle rend le tout des plus convaincant, avec quelques partis pris intéressant (comme celui de filmer Jesus du point de vu des autres bien avant "Ben Hur), de très belles scène comme la danse des sept voiles finale de Rita Hayworth (presque plus hot que celle de Gilda c'est dire!) chargée de tension et le sermon sur la montagne en conclusion magistrale. 5/6